dimanche 31 juillet 2005

Aniki mon frère (Brother)


Le premier film américain et, d'un point de vue strictement personnel, le premier film que j'ai découvert de Takeshi Kitano que ce Aniki mon frère.

Autant dire tout de suite que sur le coup, influencé par le nombres d'éloges reçues concernant le travail de Kitano, je m'attendais à du sensationnel, du jamais vu, de l'inédit pour un genre et un style uniques. Je connaissais Kitano l'acteur mais pas Kitano le réalisateur donc... Malheureusement, je fus déçu.

Et puis j'ai réfléchi. Je me suis dit que ce problème se posait à chaque fois : je m'attends toujours, selon les critiques professionnelles ou non et autres 'légendes' sur les films ou cinéastes que je suis à chaque fois un peu rebuté par le résultat final. Nombre de chef-d'oeuvre m'ont ainsi laissé de marbre à la première vision, et pas des moindres : Brazil, Le dernier Empereur, La dolce vita... Et comme à chaque fois, voulant être sur de mon avis, j'ai mûri le film et revisionné une nouvelle fois. Et comme presque chaque fois, je me suis rendu compte que je n'étais vraiment qu'un pitoyable clown d'avoir pensé ce que j'avais pensé.

En effet, comment avoir pu passer à côté de cette oeuvre riche et multiple?

On retrouve de tout ici : du burlesque, du polar, de l'action, du drame, de la comédie... Autant de mélange de genres que de mélange ethnique ici, particularité frappante du film : aucun blanc américain pur souche. Des Japonais, des noirs, des Mexicains, des Italiens mais pas un seul Américain d'origine. Un tour de force pour un pays où le racisme n'a pas du tout disparu...

Pour orchestrer tout ça, un Takeshi Kitano magistral : équivalent du De Palma de Scarface derrière la caméra (l'attaque finale d'Aniki contre la mafia y fait songer d'ailleurs...) et mélange d'un Buster Keaton et d'un Robert de Niro devant elle, il irradie le film d'une aura unique, qui prouve qu'entre les mains d'un autre cinéaste le film n'aurait pas été aussi réussi. D'ailleurs, le film savant mélange de polar et de film de yakusa sort des sentiers battus, et ca ce n'est pas non plus pour déplaire, renouant avec une mythologie et un style depuis longtemps passé à la trappe.

Kitano fait rire et fait peur ici, ce qui révèle déjà d'un véritable savoir-faire, mais parviens en plus à imposer une nouvelle fois ce que tout le monde appelle sa 'patte', à savoir rendre la pire des crapules attachante. Aniki tue sans vergogne mais quand Aniki meurt, on meurt avec lui de tristesse.

Bref tout ceci pour dire qu'Aniki mon frère reste à ce jour mon dernier grand choc cinématographique, découverte d’un homme, qu dis-je d'un artiste dont je n'ai pas fini de visionner ses films...

Note : ***

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