mardi 19 juillet 2005

Blue Velvet


Le film décisif de Lynch que ce Blue Velvet, preuve indéniable d’un génie hors du commun pour les uns, fantasme hermétique et superficiel d’un auteur dérangé pour les autres.

Tout commence mal c’est vrai : alors qu’il revient dans sa ville d’enfance pour tenir le magasin de son père malade, un jeune homme découvre une oreille dans l’herbe. Evénement loin d’être anodin qui conduit notre héros à se poser des questions : à qui est cette oreille ? Pourquoi est-elle coupée ? Que faisait-elle là ?

Sur ce début d’intrigue à la Hitchcock va se greffer deux histoires d’amour : celle, platonique, du héros et de son amie d’enfance et celle, perverse et sado-masochiste, du même héros avec une chanteuse que l’on fait chanter (hahaha quel jeu de mots je suis trop fort ^^)

Dans la peau du citadin mêlé de son propre chef à une histoire d’enlèvement et de viol, Kyle MacLachlan, acteur fétiche de Lynch depuis Dune ; dans le rôle de la chanteuse névrosée, Isabella Rossellini, aussi envoûtante que troublante, sensuelle que dérangée ; et dans le rôle du bad guy, Dennis Hopper, plus dingue que jamais, véritable obsédé sexuel et personnage au passé torturé. Tous, sans exception, sont parfait, avec bien évidemment Dennis Hopper en tête même si c’est Isabella Rossellini qui sera récompensée pour sa prestation.

C’est surtout au niveau de l’image que Lynch a accompli, comme à son habitude, un travail d’orfèvre : le mélange de couleur s’opère avec une fluidité exemplaire, conférant au film cet aspect de velours par moments, angoissant le reste du temps ; la lumière également joue un rôle prépondérant, quasiment rythmée par la splendide musique d’Angelo Badalamenti, dont c’est la première d’une longue série de collaboration avec David Lynch.

Dans la complaisance du voyeurisme, Lynch rend hommage à Hitchcock et son Fenêtre sur cour : bien que différents dans leur sujet, l’idée reste la même : est-ce si mal d’espionner des gens pour leur bien-être ? Quitte, pour cela, à rester passif devant un viol ? Et finalement, la victime supposée, morte ou pas ?? Autant de question qui ne trouvent leurs dénouements que dans un final sans réelle surprise mais pourtant saisissant.

A l’époque, les critiques reconnurent le génie de Lynch, mais le public ne se prononça que peu ; depuis, Lynch a ses détracteurs et ses partisans, ceux qui l’accuse de n’être qu’un cinéaste sans fond, obligé de pondre une histoire aberrante pour en dissimuler la béance du scénario ; les autres reconnaissent l’esthétisme certains de ses films et son originalité qui font de lui l’un des cinéastes les plus inimitables qui soit : personnellement, ça ne me déplait mais alors vraiment pas… Après tout, avec Lynch, peut-être que le cinéma a trouvé son rouge-gorge…

Note : ****

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