mercredi 12 mai 2010

Robin Hood

Robin des Bois, Robin Hood, Les aventures de Robin des Bois, La rose et la flèche, Robin des Bois : prince des voleurs, Trobin Hood (Prince of Beaves) ou encore Robin’s Wood (si si, les deux derniers existent rayon + 18 ans) : il en aura connu des adaptations ce célèbre Croisé devenu voleur et, soi-disant, héros de la veuve et de l’orphelin fauchés comme les blés qu’ils n’ont même plus. Qu’apporte cette nouvelle version signée Ridley Scott, plutôt en déclin ces dernières années ?

Pas grand-chose. Sous prétexte d’aller chercher l’homme derrière la légende, la genèse de ce qui deviendra le plus grand de tous les voleuuuuurs (air connu mais je confonds), Scott propose une approche réaliste de l’histoire. Globalement, c’est une copie de Gladiator, en moins bien : on retrouve un Russel Crowe qui en veut, des seconds rôles réussis et souvent drôles (les compagnons de Robin et surtout frère Tuck), des scènes de combats sympas avec grosse figuration à la clé et une inscription d’un personnage fictif dans un contexte historique authentique (en l'occurrence ici, la vraie mort de Richard Coeur de Lion et l'état politique et socio-économique d'une Angleterre en guerre : Robin ne se bat pas pour aider les pauvres mais pour des égalités sociales, avec une première version de la Grande Charte que signera effectivement Jean Sans Terre en 1215).

Tout cela hélas ne sauve pas le film long et plutôt ennuyeux, d’autant qu’il faut compter sur 2-3 scènes de batailles seulement sur 2h30 de films, le reste étant du bavardage. Et si les décors et les costumes en mettent plein les mirettes, cela ne cache pas non plus des erreurs scénaristiques (des retournements de situations archi-prévisibles, des lacunes au niveau de la cohérence, un Robin des Bois qui joue très peu de son arc ???) ou techniques (magnifique saute d’axe lors de la scène de bataille finale).

Côté casting, car il faut reconnaître qu’il est sympa, on appréciera les performances de Russel Crowe, décidément à l’aise dans ce genre de personnage même si à l’encontre de l’image du Robin fin athlète que l’on a depuis des générations, et une Cate Blanchett qui se défend fort bien aussi. Personnellement, ce sont les seconds rôles qui m’auront séduit, des méchants Mark Strong et Oscar Isaac, plutôt sympas dans le genre « petite crapule qu’on pendrait bien par les orteils pour leur apprendre à vivre à ces baltringues », aux anciens William Hurt et Max Von Sydow (plutôt drôle, ce qui vous avouerez change de ses rôles bergmaniens).

Un film pas désagréable, pas dégueulasse non plus mais qui une fois consommé ne reste guère longtemps en tête.

Note : **

PS : avis à la population : ni les archéologues, ni les scientifiques, ni les historiens, ni la s.p.a., ni les raëliens n’ont pu m’expliquer la présence peu subtile lors de deux plans d’un immense cheval blanc sur le flanc d’une colline, sans que cela interfère le moins du monde sur le reste du film. J’offre donc une folle nuit d’amour ou du moins ma gratitude éternelle et celle de ma descendance à quiconque m’expliquera la présence de ce foutu cheval si ce n’est un pari stupide avec l’infographiste du film.

samedi 1 mai 2010

Steamboat Bill Jr

Comment faire un bon film de Buster Keaton ? La recette est simple mais difficile à exécuter.

Tout d’abord, prenez une histoire d’amour jouée d’avance. Chez Keaton, il n’est nul besoin (la plupart du temps) de conquérir la demoiselle mais de la reconquérir. L’avantage c’est que, de la sorte, la romance ne domine pas le récit, tout en restant le moteur dramatique de l’histoire puisque le personnage de Keaton se surpassera et affrontera tous les dangers pour sa belle.

Prenez ensuite une bonne dose d’humour moderne. Attention, je ne dis pas que Buster Keaton n’a pas recourt à des slapsticks comme les autres comiques du burlesque : lui aussi glisse, tombe, se cogne etc. mais la force comique de Keaton réside pourtant dans une certaine subtilité ou, ce qui est plus ironique, dans des blagues et jeux de mots dans les cartons de texte (je trouve cela ironique dans la mesure où Keaton jouait beaucoup sur les mots… et ne passa jamais le cap du parlant).

Mixer le tout de manière assez équilibrée, sauf dans les 20 dernières minutes. En effet, comptez un bon tiers d’exposition du récit (en gros une transposition moderne de Roméo et Juliette), un second tiers regorgeant de quelques gags et au sein duquel, bien souvent, Buster perd tout, et enfin un dernier tiers enlevé et souvent anthologique dans l’enchaînement des gags et, surtout, des cascades. Ici, en l’occurrence, la séquence de la tempête est inoubliable, Keaton tentant désespérément de se sortir vivant d’un piège grandeur… nature. Le point d’orgue revient certainement à ce plan, hallucinant, où une façade de maison tombe à plat sur lui, qui ne doit sa survie qu’à une petite fenêtre. Immense !



Mais que serait tout cela sans Buster. Cet homme pour qui le cinéma était plus qu’un divertissement. Cet artiste pour qui le burlesque devait reposer sur une précision chirurgicale et des gags extrêmement calculés, cet acteur qui privilégiait le plan d’ensemble au gros plan, car ce qui comptait ce n’était pas lui mais bien la scène. Ce petit gaillard qui, contrairement à Max Linder ou Charlie Chaplin, ne s’était pas inventé un personnage type, mais restait naturel, une sorte de monsieur tout le monde capable de se sortir de n’importe quelle situation et de finalement trouver l’amour. C’est peut-être pour toutes ces raisons, et d’autres encore, que je préfère Buster Keaton à Charlie Chaplin…

Note : ****