jeudi 27 août 2009

Inglourious Basterds


Ah il nous aura fait attendre le cochon ! Des années que Quentin Tarantino parle de son Inglourious Basterds, son « Il était une fois en France occupée par les nazis », son grand film de guerre, qui a connu des castings fantasques (Stallone, Van Damme, Schwarzenegger) et d’autres moins heureux (Simon Pegg par exemple, obligé de décliner à cause de son emploi du temps). Mais le voilà enfin, ce monument annoncé. Verdict ? Eh bien c’est un drôle de film. Ce que j’appellerais volontiers un « film-relecture ».

Relecture de l’Histoire, au sens général. Certains événements ne manqueront ainsi pas de surprendre le spectateur non-averti, qui aura deux réactions possibles : la première est un rejet total de cette relecture sauvage d’un moment-clé du 20ème siècle, d’autres accepteront le fait que dans l’univers créatif de Tarantino, on peut TOUT modifier à sa guise, y compris la Vérité, et quitte à inventer une histoire autant modifier la grande qui y est incorporée (la mention "Once upon a time" d'introduction est non seulement un hommage à Leone mais aussi l'autorisation de raconter n'importe quelle fable surréaliste). Une audace certaine et assumée qui n’est pas déplaisante.

Relecture de l’univers tarantinesque aussi : on réutilise les même musiques que dans Kill Bill par exemple, on consolide certaines positions (le mélange des genres, la division en chapitres) et on en prend des nouvelles : alors que Tarantino n’hésitait pas à détourner la violence dans ses films précédents (hors-champ, ironie, jeux de lumière, cadrage précis), elle est ici frontale et n’a plus rien de drôle. Si on pouvait s’amuser devant l’absurdité des combats de Kill Bill ou le côté too much des meurtres de Death Proof, ici on rit nettement moins quand un officier nazi se fait exploser la tête à coups de batte de base-ball.

Relecture d’un genre enfin, qui découle de la relecture de l’univers tarantinesque : si on trouve les ingrédients-clés d’un bon film de guerre (la notion de groupe, les stratégies, la revanche), force est de constater que l’action habituellement présente dans ce genre de film est réduite au minimum ! Tant de fois acclamé ou décrié pour ses dialogues excessifs, Tarantino semble avoir prix position une bonne fois pour toutes et bombarde 95% du film de dialogues longs et épurés (ça se passe en général autour d’une table). De plus, ce genre typiquement américain devient ici un film sous influence d’un genre typiquement italien (le western-spaghetti), ce qui fait d’Inglourious Basterds un hybride pour le moins surprenant.

Et pour le reste ? La grande classe : Tarantino se défoule et prouve qu’il est techniquement très bon, il y a énormément d’humour(raaah la première où Brad Pitt doit parler italien !) souvent noir (cfr le plan final, entre autres), les acteurs sont bons (surtout Pitt et Waltz, vraie révélation) et on regrette juste qu’il y ait une demi-heure de trop, et un manque d’équilibre entre les différents chapitres.

Reste que derrière son aspect divertissement pur et dur, Inglourious Basterds est un énorme cri d’amour au septième art de la part de son plus fervent disciple. Le chef-d’œuvre de Tarantino ? Sûrement pas, mais un sacré morceau de bravoure d'un cinéaste qui ne cesse d'affirmer sa personnalité en copiant celle des autres. Tarantino le caméléon absolu et parfait.

Note : ****

vendredi 21 août 2009

Gremlins 2


Peut-on réaliser une suite encore plus drôle que l’original ? Oui, oui, définitivement oui quand voit Gremlins 2 !

Si le premier film misait tout sur l’humour noir, cette suite (bien plus friquée) mise elle tout son potentiel sur l’autodérision : on fait comprendre qu’on s’en fout des histoires de l’héroïne (qui cassait déjà l’ambiance avec l’histoire de son père mort dans le premier Gremlins), on continue de détourner des films (Batman, Rambo, même Marathon Man !) et on se fout même de l’original (un critique cinéma n’hésite pas ainsi à démonter le premier Gremlins avant de se faire attaquer par ceux-ci) ! Un trait d’audace dans l’humour est même cette scène de « film tronqué » où, après que l’image ait sauté et perdu le son, on assiste à des gremlins envahissant l’écran (la toile pour la version ciné, la bande vidéo pour la VHS) offrant deux scènes différentes selon les versions : au cinéma une femme ira se plaindre au directeur (disant même que ce second film est pire que le premier !) forçant le catcheur Hulk Hogan à intervenir, tandis que la version vidéo (ma préférée) montrera les gremlins envahir un film de.. John Wayne et se battre contre lui !

De plus, Joe Dante a l’intelligence de ne pas faire une resucée du modèle original mais bien de pousser encore plus les limites de l’audace et de l’innovation. C’est ainsi que des simples petits monstres destructeurs, ils vont se métamorphoser en « nouvelle génération » grâce à un labo et devenir ainsi des gremlins chauve-souris, araignées, électriques ou même parlants !

Enfin, conscient des limites du premier film (un casting peu connu, un scénario facile), Dante semble en faire fi et concentre son film sur les gremlins en train de tout détruire : point de trame inutile, peu d’intérêt accordés aux humains (même si Christopher Lee fait une apparition hilarante), place aux vraies vedettes semant le chaos !

Allant à l’essentiel et jouant à fond la carte de la comédie fantastique (alors que le premier naviguait entre deux eaux), Gremlins 2 démontre que Joe Dante n’est pas un cinéaste se laissant aller, mieux qu’il fut quand on lui donna l’occasion un grand faiseur de films ; eh, messieurs d’Hollywood, regardez donc ce film, ça vous évitera de faire appel à des tacherons la prochaine fois et de confier vos films à de vrais pros comme Joe.

Note : ****

mercredi 19 août 2009

Gremlins


Comme je l’ai déjà dit quelques fois sur ce blog, les années 80 semblent avoir été la décennie bénie en matière de renouveau de l’horreur. Evil Dead 1 & 2 et Braindead ont joué les films gore drôles, tandis que les monstres étaient détournés en pure comédie familiale avec Ghostbusters ou en l’occurrence Gremlins.

De petits monstres dignes des séries B des années 80 (qui adoraient faire peur avec des monstres haut comme trois pommes, allez comprendre…) vont donc devenir des sources de gags d’un humour très noir (mythique mort de la vieille peau sur son fauteuil électrique !) peu habituel pour une production quand même signée Spielberg !

Si le scénario démarre assez lentement et reste somme toute assez simple et que le casting n’est pas inoubliable sans être mauvais pour autant, force est de constater que les vraies vedettes du film, autrement dit les Gremlins, sont impayables ! Tours de force en matière d’effets spéciaux (ils n’ont pas vieillis d’un poil) mais surtout terriblement travaillé (les émotions passent très bien), leur humour agressif, débile et quatrième degré en font des méchants de haut niveau à la fois pour les enfants et pour les adultes.

Si le film ne trouve pas toujours sa voie (des moments sont franchement enfantins tandis que d’autres sont plus adultes comme l’histoire de la mort du père de l’héroïne ou carrément la mort du dernier Gremlins), il a au moins le mérite de ne pas se prendre trop au sérieux et de n’avoir quasiment pas pris une ride en 25 ans. Joli.

Note : ***

lundi 17 août 2009

Evil Dead


Rah, Evil Dead ! Que de terreur ! Que de nuits de pétoche ! Quel bonheur !

Bon, globalement, c’est l’archétype du film d’horreur en plein : la bande d’ados un peu cons qui vont dans une baraque pourrie paumée au milieu de nulle part et qui, la nuit venue, vont avoir des pépins… Pas de quoi réveiller un mort, ou presque.

En revanche, le génie dérangé de Raimi fait la différence. D’abord, il y a une violence peu commune : entre les corps démembrés, les bagarres, les pourrissements des esprits et le gore en veux-tu en voilà, nous n’avons que l’embarras du choix. Il y a aussi cette imagination débordante du cinéaste débutant et indépendant (la scène du viol de la fille par les arbres, dérangeante et forcément culte), magnifiée par un souci évident, derrière la façade de film fauché (presque film d’étudiant j’ai envie de dire) d’une mise en scène sophistiquée (le travail de la lumière et surtout celui du son sont remarquables).

Car s’il n’avait pas un sou en poche, Raimi avait visiblement bien compris l’essence du cinéma d’angoisse, sachant que tout résidait dans l’ambiance. Et pour de l’ambiance glauque, elle est bien glauque pendant 1h30 ! La caméra subjective alliée au son manipulé et indescriptible (et la musique) donnent parfaitement le ton.

Dommage, car il y a bien une ombre au tableau, que les comédiens soient globalement en-dessous du niveau de tolérance (sauf ce trublion de Bruce Campbell, of course) sans quoi Evil Dead, aussi drôle qu’effrayant et, dans sa dernière partie, ragoûtant, aurait été un chef-d’œuvre. En dépit, il reste une œuvre résolument culte, ce qui n’est déjà pas si mal !

Note : ****

samedi 15 août 2009

Shaolin Soccer


Ah ils sont forts ces Asiatiques. Rois actuels du polar bien ficelé (le cinéma coréen ou Johnnie To à Hong Kong) et du film fantastique surprenant, ils sont aussi de grands audacieux en matière de comédies, comme le prouve Stephen Chow qui fait se rencontrer l’univers de Bruce Lee et celui de Pelé le temps d’un film complètement barré !

Shaolin Soccer, c’est donc du foot mâtiné de kung fu. Enfin, football, entendons nous bien, cela m’a surtout fait penser à toute une partie de mon enfance, Olive et Tom et L’école des champions qui semblent avoir bien influencé Chow pour son film, très proche donc de l’univers des mangas de la génération des années 80.

Original et décalé (surprenante séquence de comédie musicale surgissant de nulle part), le film est aussi prétexte à une formidable démonstration des talents d’artiste martial de Chow : celui-ci, en effet, n’a rien à envier aux grandes stars du film d’action !

Mais hélas, si dans la forme le film tient plus ou moins la route (un peu trop d’effets spéciaux à mon goût), le scénario plombe tout : prévisible, déjà vu cent fois, trop facile et à l’humour parfois (trop) bébête, il empêche le film de s’élever vers quelque chose qui aurait pu être remarquable, une sorte de manga aimé live.

En dépit, c’est un fast-divertissement : agréable sur le coup, vite vu et vite passé à autre chose…

Note : **

jeudi 13 août 2009

The Unholy Three


Tod Browning est un cinéaste bien connu des fantasticophiles pour deux raisons, l’une étant le Dracula avec Bela Lugosi mais l’autre surtout étant son inimitable Freaks qui a influencé des cinéastes comme Lynch (excusez du peu !). Mais il serait dommage d’oublier que, du temps du muet, Browning a aussi réalisé bon nombre de films policiers intéressants avec son fidèle acteur Lon Chaney, dont The Unholy Three est un joli morceau.

La recette est simple : une intrigue policière invraisemblable teintée de mélodrame, le tout avec la thématique de la différence. Ici, c’est donc un nain, Hercule et un ventriloque qui s’associent pour dépouiller de riches acheteurs de perroquets qui ne parle plus une fois chez leur propriétaire ; parallèlement à cela, le ventriloque est fou amoureux d’une pickpocket qui, elle, aimerait bien convoler avec le trop honnête vendeur du magasin où les 4 bandits se cachent…

Aucun doute, Browning sait enchaîner les moments d’invraisemblances et les moments de climax pour créer un suspens intéressant. Rien de neuf dans la mise en scène mais une efficacité redoutable qui ne perd pas son temps en détails inutiles. Même la romance est assez parsemée de retournements de situation pour être agréable.

Mention aussi à Lon Chaney, l’homme aux mille visages, qui s’amuse à se déguiser en vieille femme ici et, comble de l’ironie, à jouer un ventriloque dans un film muet ! On notera aussi le rôle tenu par Harry Earles, le futur Hans de Freaks. A nouveau, la thématique de la différence est présente puisque les bandits de l’histoire ne sont que des phénomènes de foire qui décident de changer de métier. Un prélude conventionnel au message de Freaks qui veut que, même s’ils sont différents de prime abord, ces « phénomènes » sont avant tout des humains avec leurs bons et leurs mauvais côtés.

The unholy three a pris un coup de vieux, certes, mais il reste néanmoins un film agréable à suivre, et une jolie preuve du talent de Tod Browning trop mésestimé dans l’histoire du cinéma muet hollywoodien.

Note : ***

dimanche 9 août 2009

Public Enemies


Autant le dire tout de suite ; je suis un grand fan des films de gangsters, surtout américains. Il y a pas à dire, ils ont la classe, c’est tout. Alors quand Michael « action » Mann (elle était facile j’avoue) s’associe avec l’un des plus brillants acteurs de sa génération (Johnny Depp) et l’oppose à un autre acteur de talent (Christian Bale) sur fond de vie et mort du célèbre et controversé John Dillinger, ça donne plutôt envie de se ruer en salle !

Techniquement c'est la classe américaine : bien filmé, bien monté, beaux effets sonores et belle photo. Le numérique commence à se stabiliser aussi, on dirait (on est loin des essais nocturnes de Collateral voir Miami Vice). C'est du film hollywoodien standard (action, romance et humour de temps a autres) et c’est bien foutu. L’ennui, c’est que c’est « juste » bien foutu…

Je veux dire, pour moi le film est superficiel, constamment en surface : pas de profondeur, pas de réflexion sur le statut "Robin des Bois" de Dillinger, sa manipulation de la presse, la vendetta personnelle d’Hoover… On effleure à peine le contexte historique (la Grande Dépression, la naissance du FBI) quand on ne commet pas carrément des impairs (« Baby Face » Nelson est mort APRES Dillinger, et non l’inverse !) sous prétexte de créer de la dramaturgie. Et, comme The Aviator de Scorsese par exemple, un film trop grand public et pas assez personnel vis-à-vis de l'auteur (où sont ces jeux avec les couleurs propre au style de Mann ?).

Ainsi, à trop rester en surface, on se rend compte du semi-échec du film, et quel chef-d’œuvre il aurait pu être : Michael Mann aurait pu atteindre les sommets de virtuosité et d’expérimentations, Johnny Depp et Christian Bale (tous deux très bons) auraient portés au firmament leurs personnages, Public Enemies aurait pu être LE film de gangsters de ce début de XXIe siècle (coche déjà loupé par American Gangster de Ridley Scott).

En dépit, le film reste un bon divertissement, mais que ce soit Mann ou un autre aux commandes n'aurait rien changé. Dommage.

Note : ***

vendredi 7 août 2009

L'ombre du vampire (Shadow of the vampire)


Le cinéma est un art fascinant : quel autre peut se vanter d’avoir puisé tant d’inspirations dans sa propre histoire jusqu’à en faire un genre en particulier ? Je m’explique : on ne compte plus les films parlants du milieu du cinéma (Les Ensorcelés, Swimming with sharks…), de la réalisation de films (la merveilleuse Nuit américaine) quand il ne s’agit pas de chefs-d’œuvre reconnus comme tels (Citizen Welles). Friand de ce genre et admirateur de Nosferatu de Murnau, autant dire que ce Shadow of a vampire me tentait, d’autant que ces deux têtes d’affiches sont des acteurs que j’apprécie énormément.

Inutile de cacher ma déception : Shadow of a vampire n’est même pas l’ombre du bon film qu’elle prétend être. Tout commence merveilleusement bien pourtant, avec une ambiance travaillée et une ambiguïté concernant Max Schreck (méconnaissable Dafoe) très intéressante.

Hélas, tout sombre bien vite dans une certaine facilité, une perte d’ambiguïté pour une semi-frontalité ridicule concernant le côté vampirique ou non de l’acteur. Soit, ce serait encore pardonnable si en plus le film ne souffrait pas d’un sérieux problème de rythme, d’acteurs pas toujours au top et d’un final imbécile.

Alors du coup, qu’en déduire ? Ben que le seul intérêt pour ceux qui découvriraient ce film serait, peut-être, de susciter l’envie de voir le Nosferatu original de Murnau, véritable chef-d’œuvre lui de son genre, de son temps, de son pays, du cinéma.

Note : **

lundi 3 août 2009

Les vacances de monsieur Hulot


En 1953, il n’y a guère que 17 ans qui se sont écoulés depuis les premiers congés payés. Un phénomène assez vieux pour s’y être habitué mais encore assez jeune pour s’en moquer, comme le fera Tati avec ses Vacances de monsieur Hulot.

Les liens entre Jacques Tati et le burlesque sont assez évidents : d’une part, Hulot est le personnage-type comme l’était Max pour Max Linder, Charlot pour Chaplin ou Malec pour Buster Keaton. Ensuite, Tati attache beaucoup d’importance au visuel, aux gags et slapsticks en tout genre. Enfin, ses films sont plus une enfilade de saynètes qu’un véritable récit uniforme. Mais Tati est aussi un cinéaste on ne peut plus moderne : son utilisation du son, notamment, est admirable. Si dans Jour de fête il n’osait écorcher la langue de Molière que par des accents campagnards, il n’hésite plus (et n’hésitera plus) à bouleverser l’ordre des sons dans un film (voix-musique-bruits pour bruits-musique-voix) pour souligner son lien avec le cinéma muet d’une part, mais pour tirer profit au maximum des différents gags qu’ils pourraient produire. Enfin, Tati possède un sens du cadrage remarquable, occupant TOUT le champ et allant même jusqu’à créer, parfois, des gags à double profondeur (lavant et l’arrière-plan). La séquence, très simple, de Hulot angoissant pour la guimauve qui tombe en est un exemple assez illustre.

Mais tout cela, c’est d’un point de vue technique, car il y a bien plus que cela. Fin subversif, Tati n’hésite pas à rire de tout et surtout de tout le monde dans son film. La mort est tournée en dérision, l’intellectuel est rendu inaudible, le général est ridicule, le vacancier accroché au téléphone ne profite pas de ses vacances, le vieux couple s’ennuie… Pour Tati, il semblerait que les vacances, c'est une autre forme d'aliénation et de métro-boulot-dodo des vacanciers : les même repas dans le même restaurant, les mêmes activités en soirée (et interdiction de les modifier par un quelconque bal masqué)… Tati se moque, gentiment, mais assez violemment de ce simulacre de détente.

Cinéaste inclassable et, surtout, on ne peut plus original (et même unique), Tati était bien l’un des grands maîtres du cinéma moderne que bien plus de spectateurs devraient connaître. Qu’on se le dise !

Note : ****

samedi 1 août 2009

Tarzoon, la honte de la jungle (Tarzoon, shame of the jungle)

Attention, le texte qui suit contient certains passages susceptibles de choquer les plus coincés d’entre les lecteurs. Nous prions ceux-ci de passer à la critique suivante. Merci de votre compréhension.

Car je veux bien être sympa et tout, mais faut pas se foutre de ma gueule. J’accepte d’accorder le bénéfice du doute et dire qu’à son époque, le film de Picha a du faire l’effet d’une bombe mais force est de constater qu’aujourd’hui, on a surtout affaire à un pétard mouillé.

Reprenons : nous sommes donc en 1975 et Picha décide d’offrir sa vision personnelle de Tarzan, subtilement renommé Tarzoon en français. Le film s’inscrit dans une mode de dessins animés érotiques sensés être drôles et provocateurs. C’est ainsi que nous aurons droit à des paires de seins, des zizis qui pendouillent, des Pygmées cannibales, des phallus géants et vivants et des valses viennoises pour agrémenter le tout.

Puisque le film de Picha ne fait pas dans la dentelle, je n’irai pas non plus par quatre chemins : L'humour cul-bite-couille est largement dépassé, l'animation est moche, le scénario inexistant. Il y a bien deux ou trois clins d’œil bien sentis (la pollution, la vision raciste de l'Afrique ou encore Tintin frappant les pauvres noirs à coups de croix chrétienne) mais dans l’ensemble, cela fait assez peu. L’idée du film repose bien dans ce Tarzan de pacotille, bande-mou et éjaculateur précoce qui part sauver sa nana chiante comme pas deux (couillon, va) kidnappée par une armée de glands (c’est le cas de le dire) n’hésitant pas à éjaculer de l’acide à qui les cherche ! Vous aurez compris, pas de quoi se relever la nuit tant les scènes se suivent et ont parfois du mal à se justifier (quid de la parodie du pochetron belge, ou américain selon les versions).

Le film a néanmoins un intérêt : il prouve cinématographiquement que la provocation est un art difficile et éphémère ; en la matière et pour rester dans le belge, je conseillerais cent fois C’est arrivé près de chez vous plutôt que l’œuvre de Picha qui a sans doute du choquer un temps mais aujourd’hui ne ferait plus rire que ceux qui ignorent l’existence d’American Pie et consorts.

Note : *