Ah il nous aura fait attendre le cochon ! Des années que Quentin Tarantino parle de son Inglourious Basterds, son « Il était une fois en France occupée par les nazis », son grand film de guerre, qui a connu des castings fantasques (Stallone, Van Damme, Schwarzenegger) et d’autres moins heureux (Simon Pegg par exemple, obligé de décliner à cause de son emploi du temps). Mais le voilà enfin, ce monument annoncé. Verdict ? Eh bien c’est un drôle de film. Ce que j’appellerais volontiers un « film-relecture ».
Relecture de l’Histoire, au sens général. Certains événements ne manqueront ainsi pas de surprendre le spectateur non-averti, qui aura deux réactions possibles : la première est un rejet total de cette relecture sauvage d’un moment-clé du 20ème siècle, d’autres accepteront le fait que dans l’univers créatif de Tarantino, on peut TOUT modifier à sa guise, y compris la Vérité, et quitte à inventer une histoire autant modifier la grande qui y est incorporée (la mention "Once upon a time" d'introduction est non seulement un hommage à Leone mais aussi l'autorisation de raconter n'importe quelle fable surréaliste). Une audace certaine et assumée qui n’est pas déplaisante.
Relecture de l’univers tarantinesque aussi : on réutilise les même musiques que dans Kill Bill par exemple, on consolide certaines positions (le mélange des genres, la division en chapitres) et on en prend des nouvelles : alors que Tarantino n’hésitait pas à détourner la violence dans ses films précédents (hors-champ, ironie, jeux de lumière, cadrage précis), elle est ici frontale et n’a plus rien de drôle. Si on pouvait s’amuser devant l’absurdité des combats de Kill Bill ou le côté too much des meurtres de Death Proof, ici on rit nettement moins quand un officier nazi se fait exploser la tête à coups de batte de base-ball.
Relecture d’un genre enfin, qui découle de la relecture de l’univers tarantinesque : si on trouve les ingrédients-clés d’un bon film de guerre (la notion de groupe, les stratégies, la revanche), force est de constater que l’action habituellement présente dans ce genre de film est réduite au minimum ! Tant de fois acclamé ou décrié pour ses dialogues excessifs, Tarantino semble avoir prix position une bonne fois pour toutes et bombarde 95% du film de dialogues longs et épurés (ça se passe en général autour d’une table). De plus, ce genre typiquement américain devient ici un film sous influence d’un genre typiquement italien (le western-spaghetti), ce qui fait d’Inglourious Basterds un hybride pour le moins surprenant.
Et pour le reste ? La grande classe : Tarantino se défoule et prouve qu’il est techniquement très bon, il y a énormément d’humour(raaah la première où Brad Pitt doit parler italien !) souvent noir (cfr le plan final, entre autres), les acteurs sont bons (surtout Pitt et Waltz, vraie révélation) et on regrette juste qu’il y ait une demi-heure de trop, et un manque d’équilibre entre les différents chapitres.
Reste que derrière son aspect divertissement pur et dur, Inglourious Basterds est un énorme cri d’amour au septième art de la part de son plus fervent disciple. Le chef-d’œuvre de Tarantino ? Sûrement pas, mais un sacré morceau de bravoure d'un cinéaste qui ne cesse d'affirmer sa personnalité en copiant celle des autres. Tarantino le caméléon absolu et parfait.
Note : ****
jeudi 27 août 2009
Inglourious Basterds
Publié par Bastien à 21:22
Libellés : ****, Années 2000, Tarantino Quentin
Subscribe to:
Publier les commentaires (Atom)
0 Comments:
Post a Comment