mercredi 30 décembre 2009

[REC.] 2


Le premier [REC.] m’avait à son époque fait une forte impression : bien que lent à démarrer, la tension allait crescendo dans ce faux reportage virant à l’hécatombe zombiesque en un peu moins de 1h30, au final tendu comme l’élastique de slip d’un puceau face à Carmen Electra nue. Mais, au vu du final, je ne cachais pas une certaine appréhension de cette suite tout en restant attentif à la suite démente qu’elle pourrait constituée.

En fait il n’en est rien : [REC.] 2 est une daube. Bon, allez, soyons sympas, disons qu’il y a encore quelques petits moments qui procure un frisson. Mais ça s’arrête là.

Tout d’abord parce que la force du film est détruite. La caméra subjective faisait la force du traitement dans le premier opus ; ici, le procédé est galvaudé (on passe d’une caméra subjective à… un split-screen d’images subjectives, soit une prise de vue traditionnelle avec l’ubiquité d’une caméra) et si dans un premier temps on garde cette idée de « filmer pour avoir une trace », force est de constater que les auteurs, en panne d’inspiration, bâclent le travail à mi-chemin, lorgnent chez Cloverfield et se plantent royalement.

Côté scénar, le vide : et on répète la même histoire (des couillons qui vont découvrir que c’est pas joli joli ce qui se passe dans l’immeuble), les twists sont lourdingues et le final est très ridicule (et, pire, laisse la porte à un numéro 3).

Je continue ? Ca va pas non, bande de sadiques !

Note : *

lundi 28 décembre 2009

Entuziazm: Simfoniya Donbassa

Dziga Vertov vient de réaliser L’homme à la caméra quand il tourne Entuziazm, un film extraordinaire qu’il situe aux confins du documentaire et de l’avant-garde, et où il expérimente sur le son, sans bien sûr oublier d’explorer le potentiel des images. Idéologiquement conforme à la ligne du parti communiste au pouvoir, le film célèbre les effets du plan quinquennal de Lénine à travers son application dans la région du Donbass où se situaient les plus grands charbonnages du pays.

Dziga Vertov qui joue avec le son. Pourquoi pas ? Sauf que je trouve cela moins séduisant que L'homme à la camera, où le concept de kino-glaz était à son apogée (l'œil-camera, qui voit des choses que personne ne peut voir). Ici ok, il y a un jeu sur le son industriel, le film est assez avant-gardiste de ce point de vue. Mais c’est s’éloigner de ce qui fait justement le charme des films soviétiques d’alors, cette recherche menée sur le cinéma comme art visuel avant tout.

Et puis que c'est lent. Que c'est redondant. Que c'est nauséabond ! L'homme à la camera était propagandiste, bien sûr, mais moins violemment que celui-ci. Il y avait dans le premier le culte du corps, de l’intellect, du marxisme : en soi rien de particulièrement condamnable si ce n’avait pas été inscrit dans le cadre propagandiste. Mais ici, Vertov va au bout de l’idéologie : il dénonce l’alcoolisme des ouvriers, il dénonce les riches patrons, il dénonce la religion, et prône le communisme comme solution parfaite et violente.

Vraiment pas convaincu.

Note : **

samedi 26 décembre 2009

Les Barons


Qui connaît le prénom de la cigale dans La fourmi et la cigale ? Réponse à la fin.

En attendant un Baron, c’est quoi ? C’est un gars qui a compris le secret de la vie : on naît avec un nombre de pas précis, et passé ce nombre, tu meurs. En gros, un Baron, c’est quelqu’un qui fout rien de sa journée pour pas user inutilement ses pas.

Le film est, pardon pour la comparaison mais je la trouve cocasse, du Woody Allen version arabe : une autodérision permanente et même une grosse influence narrative de Annie Hall par moments (les face-camera, le retour en enfance, etc.). C’est dynamique, mené par des acteurs bien sympathiques qui donnent à des personnages bien croqués toute leur saveur.

Gros problème pourtant : le film ne sait jamais vraiment de quel côté pencher, entre la comédie pure et la comédie dramatique (voir le drame simple), trop de moments sérieux plombant la bonne humeur générale du film. C’est ainsi que l’on passe de séquences drôles à un apitoiement du personnage principal ou, pire, un passage à tabac très dur de ce dernier. Le film aurait du être à l’image du final, un grand moment de comédie sur fond dramatique (les Belges vont adorer d’ailleurs !).

Pour un premier film cela reste néanmoins honorable, techniquement c’est assez propre et, surtout, le film a le mérite de s’éloigner de cette sale mode de filmer caméra à l’épaule, style frères Dardenne. Le cinéma belge n’est pas dépressif, il sait même être drôle ! Qu’on se le dise ! Et c'est pas un signe de la fin du monde ça.

(Le prénom de la cigale ? Steven. Steven Cigale)

Note : ***

jeudi 24 décembre 2009

The Limits of Control


Qu'on se comprenne : c'est vraiment pas un film pour amateurs, mieux vaut connaître un peu le Jarmusch avant de s'y frotter.

On est dans du radical ici, Jarmusch n’y va plus avec le dos de la cuillère. L’influence d’Antonioni est plus que jamais évidente, tant au point de vue esthétique (esthétique du vide, autrement dit le personnage devant un fond uni ou presque) que narratif (il ne se passe RIEN dans le film).

On a beaucoup parlé du casting. Le casting. Un casting 5 étoiles qui défile à raison de 5 minutes par personne ! L’acteur ou l’actrice arrive, fait trois petits tours et puis s’en va. Difficile de réellement les juger sur une performance aussi courte, mais l’essentiel de la troupe se montre assez sympa, de l’énigmatique Tilda Swinton au vieux John Hurt.

Les scènes se répètent, et c'est très clairement voulu. Le film fonctionne sur le mode cyclique, on part d’un point, on fait quelques scènes, et on revient à ce même point (seul l’endroit change, et encore). Ca parle cinéma, musique, science, art, bohémiens. Jarmusch réflechit sur son propre art, d’abord, sur l’Art en général, ensuite. Ca se termine dans un meurtre dont on ne comprend ni les tenants ni les aboutissants, ou presque. Chacun son interprétation le moment venu. Moi j’y vois un appel au refus du conformisme, un rejet de la tradition, du convenu, du classique, du standard. Du pur cinéma moderne.

Les limites du titre, ce sont celles du contrôle de soi ; celle du héros, qui pratique le zen et les arts martiaux ; celles du méchant (sur le monde ?) ; celles du spectateur devant ce film. Ce n'est pas du léger, et il aura beaucoup de détracteurs, tant Jarmusch va loin cette fois dans l'inaction.

Personnellement, j'aime les films qui me laissent positivement perplexe, qui me force à réfléchir pour en comprendre le sens et l'intérêt. Avec celui-ci, je suis servi.

Note : ****

mardi 22 décembre 2009

Avatar


James Cameron ceci, Avatar cela, 11 ans d’attente, révolution de la 3D, bla bla. 300 millions de dollars, c’est sûr, faut les rentabiliser, alors on fait un buzz de dingue.

Premier constat : visuellement, c’est la grosse claque. Je veux pas stresser George Lucas, mais Weta (déjà à l’œuvre sur Le seigneur des anneaux) sont en train de les écraser à coup de bottes pointure 53. C’est propre, net, parfaitement calculé, fluide, bref ils deviennent presque transparents tant ils sont réussis, ce sont des effets spéciaux de dingue. Je ne crois pas qu’on reverra une planète sauvage aussi aboutie avant quelques années. Le bestiaire, en plus de son côté impressionnant, est savoureux de « réalisme ».

Mais pour le reste ? Je vais suivre le mouvement des mécontents et dire la fameuse phrase : « tout ça pour ça ». 300 millions de dollars : on aurait pu en consacrer au moins un petit à l’écriture d’un vrai scénario. Ici, c’est Pocahontas chez les Schtroumpfs irakiens : l’étranger ténébreux qui va tomber amoureux de la princesse des sauvages et découvrir la beauté de la Nature, alors que les vilains pas beaux GI Joe veulent leur péter la gueule à coup de bulldozer et de bombes pour piquer les ressources naturelles des dits sauvages à des fins purement économiques. C’est du Disney en plein : les gentils vraiment gentils contre les méchants vraiment méchants (avec même la traditionnelle mort d’un parent de l’héroïne, comme Disney aime en faire). Logique : 300 millions, faut attirer toute la famille, et la seule recette efficace à ce jour c’est Disney alors autant les copier. Ah oui, autre détail significatif : tant qu’à faire, Cameron surfe sur la vague écolo (non mais respectez la nature, svp, bande de brutes, ou elle va s’énerver !) et sert de la réflexion à deux balles sur 2h40.

Déjà ça, c’est agaçant. Mais alors perdre ce qui fait la saveur d’un Cameron au passage fait mal, là non ! Et ça filme l’initiation du héros (vachement longue d’ailleurs), et ça filme la jolie nature (virtuelle mais bon), et ça filme l’Amour naissant. Mais côté action, que dalle ! Cette fameuse bataille dantesque qui devait être un film à elle toute seule dure à peine 15 minutes et on a déjà vu bien mieux. Il y a bien des moments de ci de là mais quand ce n’est pas surchargé d’effets spéciaux, ce qui donne un côté cinématique de jeu vidéo plutôt qu’autre chose, c’est assez basique, surtout venant de la part du réalisateur de Terminator, Aliens ou True Lies. Cameron s’efface donc, perd ce qui faisait sa personnalité (le subtil mélange d’action et de réflexion, l’importance de la Femme…) et tend vers des généralités.

Et tant qu’à faire, concluons en beauté : la 3D. S’il appelle ça une révolution, j’appellerai ça une arnaque. Oh oui, les effets spéciaux sont bien mis en valeur ça c’est sûr. Mais le reste ?? Aucune accroche du spectateur (alors que certains plans auraient pu être juste énormes) et, pire, une fâcheuse tendance à n’utiliser la 3D parce que c’est fashion, sans recherche esthétique (la profondeur de champ) ou attractive (des effets pour scotcher). Moi-même critique envers certains effets faciles de la 3D (comme les utilisent les films d’horreur en ce moment), je me rend compte que c’est bien là le seul intérêt à ce jour de ce procédé qui n’a rien de révolutionnaire rappelons-le (c’est exaspérant d’entendre dire que c’est l’avenir du cinéma alors qu’il y a plus de 50 ans que ça existe).

L’argent a donc finalement été le plus fort : c’est bien beau de faire le film le plus cher de tous les temps, mais faut avoir l’audace de ne pas céder à la pression en faisant n’importe quoi pour attirer le public, comme ici servir une histoire pour enfants de 4 ans et aucune violence. Un divertissement moyen sympathique, mais un Cameron décevant. Je retourne voir Terminator 2 tiens.

Note : *** (tendance **)

dimanche 20 décembre 2009

Darkman


Sam Raimi et les super-héros, première !

Ici, point de grandiloquence (je veux dire cinéma pop-corn) comme dans Spiderman mais un véritable travail psychologique du personnage, torturé, fou, meurtri. Ce n’est pas tant la naissance d’un super héros qui intéresse ici le réalisateur mais sa lutte entre le Bien et le Mal et la frontière entre la raison et la schizophrénie entre son ancienne et sa nouvelle personnalité. De plus, Raimi prend souvent à contre-pied : Frances McDormand en héroïne romantique, fallait oser ! Un faux héros qui ne songe qu'à se venger, même Batman de Tim Burton (auquel le film ressemble parfois, tant au point de vue visuel que musical) et Spiderman n'osent pas aller si loin.

Un mot sur les acteurs : s’ils sont globalement convaincants, j’avoue ne pas les avoir trouvé exceptionnels, pas même Liam Neesson pourtant le meilleur de tous. Et si le choix de McDormand comme héroïne romantique est audacieux comme je l’ai dis, force est de constater qu’elle n’est pas habituée à ce genre de rôle…

Les maquillages sont grandioses, et les effets spéciaux en général tiennent encore le coup. Mais malgré des scènes d'action efficaces (la poursuite en hélicoptère notamment) et un humour qui rappelle parfois celui d'Evil Dead, il manque quelque chose à ce film pour être un chef-d’œuvre.

En dépit, très bon divertissement.

Note : ***

vendredi 18 décembre 2009

La gueule ouverte


Une petite anecdote assez drôle pour commencer : à la même époque que le film de Pialat, Jacques Rouland, homme de télévision français, sortit une comédie intitulée La gueule de l’emploi. Le film eut un joli petit succès, si bien qu’un propriétaire de cinéma à Lorient commanda le film, mais se trompa dans le titre et reçut La gueule ouverte. Sans visionner le film, il fit une vaste campagne publicitaire dans les journaux régionaux disant « Du nouveau dans la comédie française : LA GUEULE OUVERTE de Maurice Pialat ». Sachant que le film de Rouland parle de deux acteurs escrocs et celui de Pialat d’une femme atteinte de cancer, imaginez la tête des spectateurs le samedi soir allant voir le film de Pialat pensant se détendre pour la soirée !

Voici la seule chose drôle concernant ce film.

Une fois encore, le style Pialat fait mouche : des plans-séquences qui s'enchaînent, des acteurs merveilleux (Hubert Deschamps en tête), une authenticité et une émotion certaine... Bref, un film honorable.

Mais voilà, moi, la mort, la maladie, c'est un sujet qui me gêne, surtout quand c'est si frontal, si personnel en plus. Je me sens voyeur, je me sens impuissant, bref je me sens mal. Et du coup, je décroche du film.

Je ne peux donc juger objectivement ce film, qui regorge manifestement de qualités visuelles et narratives, et je m’en veux. Mais la passion à ses limites, et malgré mon admiration pour Maurice Pialat, il est probable que je ne revoie jamais ce film tant il fut pour moi éprouvant et, quelque part, malsain.

Je regrette, mais c’est comme ça.

Note : **

mercredi 16 décembre 2009

Broken Flowers


C’est l’histoire d’un mec au regard vide. C’est l’histoire d’un Dom Juan qui n’est plus que Don, aujourd’hui préoccupé par une lettre qui lui annonce un hypothétique fils. L’histoire d’un loser qui ne voit pas d’herbe plus verte ailleurs, se rendant compte qu’il est bien triste tout seul, mais qu’il n’aurait pas été plus heureux avec ses anciennes maîtresses.

C’est l’histoire d’un mec qui ne fait rien comme les autres. C’est l’histoire d’un cinéaste qui ne voit dans le road-movie que le côté « quête initiatique », tout Jim Jarmusch qu’il est. L’histoire d’un réalisateur qui se fout du comment et du pourquoi, qui préfère observer un paumé qui cherche un sens à sa vie, quitte à ne jamais savoir la vérité : Don a-t-il réellement un fils ? Est-ce ce jeune en voyage rencontré à l’aéroport ? Celui passant en voiture à la fin ? Et qui est la mère ? Et si c’était un coup de Winston ? Et si c’était Don lui-même qui s’était inventer cette lettre pour bousculer sa vie morose ?

C’est l’histoire d’un acteur incroyable. C’est l’histoire d’un Bill Murray inoubliable, pince-sans-rire, dont le regard vide, presque l’air de chien battu, est d’une puissance énorme. L’histoire d’un acteur qui porte le film sur ses épaules sans se forcer, écrasant même ses collègues féminines pourtant toutes plus belles et talentueuses les unes que les autres.

C’est l’histoire d’un film drôle, teinté d’absurde, à la fois doux et amer, comme tous les films de Jarmusch. L’histoire d’un film différent des autres, d’un film à part. Un film à la b.o. à nouveau géniale, et sans véritable fin.

C’est l’histoire d’un amoureux du cinéma qui ne se lasse pas du cinéma de Jarmusch. Qui ne cesse d’être surpris. Et qui ne peut s’empêcher de crier au génie à chaque fois. Et de l’assumer.

Note : ****

lundi 14 décembre 2009

Le vélo de Ghislain Lambert


Bon sang que c’est difficile à réussir les films sportifs. Il y a évidemment ce risque de ne pas toucher un large public (surtout si ils sont, comme moi, peu enclin à s’intéresser au sport) mais il y a aussi cette apologie de l’effort humain pour atteindre les sommets, qui rappelle à d’autres spectateurs (une fois encore, présent) qui n’arriveront jamais à un tel niveau. Eh ben c’est là la force du Vélo de Ghislain Lambert.

En quoi ? Parce que le film ne s’intéresse que partiellement au vélo. Parce que le film ne s’intéresse pas à l’effort surhumain. Parce que le film ne s’intéresse même pas à un héros, comme Merckx, ou celui qui a évolué dans son ombre, comme Poulidor, mais à un perdant, à un loser de première catégorie qui n’a pas eu les jambes à la hauteur de ses espoirs.

C’est donc à travers Ghislain que le réalisateur dresse le portrait d’un quidam, susceptible d’être n’importe qui, et qui ne rêve simplement que de devenir quelqu’un. Et qui de mieux que Benoît Poelvoorde, acteur au physique peu facile et à l’accent belge si prononcé, pour incarner ce rêve de réussite, lui qui est devenu si vite une des valeurs les plus sûres du cinéma francophone ? D’autant qu’il est pile-poil dans le registre qu’il maîtrise à la perfection, celui de la comédie dramatique.

Mais au-delà de la performance de l’acteur, il faut rendre justice au superbe travail effectué par Philippe Harel qui propose un film à la fois juste, sincère et amoureux du vélo, dénonçant ses dérives mais ne pouvant s’empêcher de l’aimer et de le magnifier, tout comme il magnifie la Belgique et ses décors naturels si peu utilisés et pourtant qui rendent si bien à l’écran, sans chauvinisme aucun.

Film méconnu et pourtant réussi, Le vélo de Ghislain Lambert est à découvrir absolument par tous les amateurs du monde de la Petite Reine. Et même les autres.

Note : ****

samedi 12 décembre 2009

Les Autres (The Others)


Le fantastique est un genre merveilleux, mais finalement assez difficile de véritable réussite. Alors quand un bijou comme The Others survient, ce serait un crime de ne pas en profiter.

Le film aborde dans un premier temps des thèmes par dizaines : la famille, la claustrophobie, la folie, la solitude, la vie après la mort, la religion, la guerre... Et puis quel suspens : qui sont ces Autres ? Des fantômes ? Les nouveaux serviteurs ? L'imagination d'une Grace devenant folle ? Le double twist final est par ailleurs grandiose. Attention, cependant, avertissement : ne regardez pas ce film pour avoir la trouille car ici, c’est définitivement la psychologie qui est mise en avant.

Habilement construit, sacrément bien filmé, l'ambiance est parfaite, le film très simple (un décor, peu de lumière et peu d'acteurs) mais d'une efficacité redoutable. Amébar semble effectivement avoir compris qu’un film peut, avec de l’ingéniosité, être efficace avec peu de moyens (ici l’ambiance est travaillée grâce aux décors, au son et la lumière exclusivement, aucun autre gros effet).

Mais surtout, le film est un tremplin énorme pour Nicole Kidman, aussi belle que talentueuse, décidément aussi magnifique dans la lumière du Moulin Rouge (sorti à la même époque) que dans les ténèbres des Autres. Elle démontre, avec ses airs de Grace Kelly, qu’elle est l’une des plus grandes actrices de sa génération.

Assurément l’un des meilleurs films fantastiques de la décennie, ni plus, ni moins.

Note : ****

jeudi 10 décembre 2009

Lost in La Mancha


Depuis l’avènement du DVD, il est incroyable de voir le nombre de making of réalisé pour servir de bonus sur une édition à venir. Mais il est arrivé puisque en voici al preuve qu’un making of survive là où un film a échoué ! Voici donc Lost in La Mancha, le premier making of d’un film jamais fini de l’histoire du cinéma !

L’idée de base était donc de raconter la genèse de ce qui, de toute évidence, aurait pu être le chef-d’œuvre de Terry Gilliam, The man who killed Don Quixotte, avec svp Jean Rochefort, Johnny Depp et Vanessa Paradis dans les rôles principaux ! Mais, suite à une série d’événements parfois surnaturels (une inondation en plein désert !) et souvent plus que contraignant, le film n’a jamais vu le jour.

Ce documentaire est incroyable, non pas tant par sa forme (clairement influencée, à moins que ce ne soit un hommage, par Terry Gilliam) mais par son propos : comment un réalisateur visionnaire se voit, malgré lui, transformé en Don Quichotte moderne dont les moulins sont des producteurs avares, des conditions météos horribles et des imprévus de santé pour ses acteurs.

Derrière le making of, c'est le destin d'un Gilliam malchanceux qui se profile, condamné à souffrir à chaque film et encore plus sur ce projet maudit. Le film n'en est pas moins le portrait d'un cinéaste meurtri et, plus loin encore, une évocation de l'accouchement pénible d'un cinéaste et de son film, quand celui-ci peut voir le jour, sans quoi la douleur est plus insupportable encore, notamment quand on voit le chef-d’œuvre qu'aurait pu être The Man Who Killed Don Quixotte.

Si Truffaut, Minnelli ou autres Woody Allen avaient déjà pu montrer qu’un film pouvait être dur à faire, aucun n’aura eu cette puissance lyrique et réaliste qu’a Lost in La Mancha, parfait manuel de ce qui pourrait arriver de pire à qui voudrait faire un film. Surréaliste.

Note : *****

mardi 8 décembre 2009

Coffee and Cigarettes


Un jour comme tant d’autres. Je vois la vie en noir et blanc magnifiquement contrasté, de grands morceaux de rock en tête. Pressé, j’ai tout de même le temps pour un petit café et une bonne cigarette. Direction donc le café du coin. Quelle surprise de voir l’endroit si bien fréquenté !

A quelques mètres, Roberto Benigni et Steven Wright discute de manière absurde. Un peu trop à mon goût, si bien que je n’adhère qu’à moitié.

A la table voisine, des jumeaux blacks semblent s’emmerder. Arrive alors le garçon, Steve Buscemi, qui leur cause d’Elvis et de sa théorie du jumeau maléfique. J’accroche déjà un peu plus.

Dans le coin de la pièce, j’aperçois Iggy Pop, rejoint par Tom Waits. Les écoutant, les observant, je suis hilare : Iggy Pop le sauvage se fait maltraiter par Tom Waits le marrant. Ca cause musique, café, cigarettes, c’est très drôle. J’adore !

Et puis j’entends une voix rauque derrière moi. Je me retourne et voit deux vieux Italiens, identiques à ceux de Ghost Dog, qui recause café et cigarettes. La classe car ils sont hilarants aussi dans leur genre.

Puis j’aperçois deux tables sur ma droite : à la première, une vraie bombe glaciale, Renée, mais elle n’a rien d’intéressant. A la seconde, deux Français, dont l’un refuse de croire que son pote l’a appelé sans raison grave. Un peu lourdingue.

Puis la surprise ! J’aperçois Cate Blanchett et sa cousine (une vraie jumelle, on dirait la même avec deux coupes différentes). Je les écoute et sourit à défaut de m’esclaffer. Mais ça reste fun.

A ma gauche, Jack et Meg White, du groupe White Stripes. Je ne regarde pas trop, ça ne m’intéresse pas des masses. Ca ne parle même pas de café ou de cigarettes.

J’entends à l’étage supérieur une voix familière : celle d’Alfred Molina. Vient alors une autre voix que je connais bien, Steve Coogan. A les entendre, ils seraient cousins ! Je me marre autant qu’avec Iggy et Tom ou les deux gangsters vieillissants.

Et puis j’ai un flash : imaginez que RZA et GZA arrivent, commence à boire un thé et se fasse servir par un Bill Murray déjanté ! Ce serait trop drôle ! Mais là je délire. Sûrement le café.

Et puis, à l’écart de tout ce monde, j’aperçois deux vieux gars, les paupières tombantes, qui rêvent d’un autre monde. Après avoir bien ri, leur discussion me refroidit un peu, comme quand j’avais regardé Night on Earth de Jim Jarmusch… Du coup, je me dis que ma pause n’a pas été une franche réussite malgré de grands moments.

Oh mais dis donc, je suis à la bourre moi ! Garçon, du café et un paquet de clopes svp !

Note : ***

dimanche 6 décembre 2009

Les Bronzés font du ski


« Ce soir… Je vais conclure. »

Qui ne connaît pas cette réplique ? Et ce n’est qu’une des 1729 répliques cultes du film sur les vacances le plus culte de l’Hexagone ! (et de moi vu que je ne suis pas Français)

Si le premier volet des Bronzés était sympa mais sans plus (jouant trop la corde du mélodrame sur la fin), ce second film est tout simplement une bombe de bonne humeur, une enfilade inhumaine de gags tous plus drôles les uns que les autres, abandonnant le sérieux même dans les scènes qui y semblent l’être pour virer à la farce, à l’ironie voir la moquerie (les bobos parisiens interprétés par Gérard Jugnot et Josianne Balasko en prennent pour leur grade).

C’est un film qui s’inscrit dans une certaine logique de l’humour, celle de ces screwball comedies américaines bien déjantées (je pense aux Marx Brothers ou Laurel et Hardy) jaugeant savamment le timing entre deux gags (le temps que le spectateur reprennent son souffle) ce qui en fait une des comédies françaises les plus populaires de tous les temps (aussi souvent diffusée qu’un De Funès, excusez du peu de la comparaison !).

Moi, en tout cas, c’est le fou rire 75 minutes non stop à chaque fois que je le regarde. Soit la prochaine fois la 59207ème.

Note : *****

vendredi 4 décembre 2009

Assaut (Assault on Precinct 13)


Tout commence en 1959, quand Howard Hawks réalise Rio Bravo. Puis, en 1970, Georges Romero nous fait découvrir sa Nuit des morts-vivants. Deux films, deux influences majeures pour un jeune gars nommé John Carpenter, encore en culottes courtes à l’époque. En 1979, l’heure est enfin venue pour lui de rendre hommage à ces grands films, en les associant à sa manière et en proposant Assaut.

Il faut dire qu’à ce moment-là, Hollywood n’est plus trop friand des productions de westerns classiques, et que le fantastique ben ça limite quand même le public potentiel. Carpenter a alors l’idée de projeter son Rio Bravo dans un contexte actuel, où un commissariat se retrouverait la proie d’un gang sans merci. Mine de rien, c’est un formidable outil sociologique que propose là Carpenter, démontrant que la violence urbaine n’est pas un phénomène actuel mais déjà ancien.

La mise en scène est très subtile. D’une part, l’ambiance qu’elle installe en jouant des contrastes (une violence sous-jacente dans un décor très calme, un commissariat assiégé par des bandits…), de la musique entêtante et des effets de style (les premiers tirs qui ne font que briser des vitres et faire voler de manière hypnotique des feuilles déchiquetées) est géniale ; d’autre part, pour un film fauché, elle contient assez d’action pour tenir la distance (même si, en comparaison, le remake Nid de guêpes est une grosse claque).

Dommage que le scénario manque parfois de cohésion, laisse des questions sans réponses ou trouve des raccords un peu incongrus. Tout ne s’enchaîne pas sans peine et cela fait perdre au film de sa superbe. Il n’en demeure pas moins qu’Assaut signait les débuts professionnels d’un cinéaste trop sous-estimé et pourtant capable, comme ici, d’œuvres non-négligeables pour ne pas dire intéressantes. Eh John, z’auriez pas un clope ?

Note : ***

mercredi 2 décembre 2009

Stella Dallas


Je le dis tout net : le mélodrame, c’est pas mon truc. Autant dire qu’ici, je ne vais pas me retenir.

Le film est larmoyant, agaçant (ouh quelle est énervante la gamine !), prévisible, et bla bla bla. Bon je veux bien croire que les codes étaient sensiblement différents il y a 70 ans mais tout de même, moi, ça me laisse froid. Ou plutôt non, le discours conservateur me révolte : une mère doit savoir se sacrifier pour le bonheur de ses enfants. Chiotte ! Je préfère alors cette dimension tragique qui veut que la mère, n’ayant pas eu accès à la bourgeoisie, reporte tout sur sa fille. C’est de la psychologie facile mais elle marche toujours.

Cela étant, le film vaut à lui seul le déplacement pour la belle, la talentueuse, l’incroyable Barbara Stanwyck, merveilleuse dans ce rôle de femme prolétarienne rêvant de bourgeoisie et qui, à défaut d’y accéder, fait tout pour que sa fille y arrive. Elle apporte au film un vent de folie, de liberté de ton, même d’humour qui sont les bienvenus dans ce film bien triste.

C’est bien là le seul intérêt à mes yeux.

Note : *

lundi 30 novembre 2009

Ghost Dog : la voie du samouraï (Ghost Dog : The Way of the Samuraï)


Les apparences sont souvent trompeuses, et le cinéphile devra apprendre, au risque de se laisser posséder, à ne pas se fier aux apparences. Ainsi, Ghost Dog n’a rien du vulgaire film de gangster.

Tout d’abord parce qu’il s’agit d’un film de Jim Jarmusch, cinéaste en quête de soi-même, cherchant à s’émanciper de toute influence préexistante et voulant trouver sa voie du cinéma dans l’expérimentation, dans le débordement des limites du film de genre : le film de prison avec Down by law, le western avec Dead Man et plus tard le road-movie avec Broken Flowers.

Ensuite parce que le matériau du film est pour le moins surprenant : un black fort comme un bœuf qui joue les fantômes et les samouraïs, déconnecté de son temps qu’il est, bossant pour des caricatures de gangsters italiens, le tout sous fond de hip hop (sublime b.o. de RZA). Sans oublier une esthétique extrêmement soignée qui prouve définitivement l’aisance de Jarmusch à filmer aussi bien en couleur qu’en noir et blanc.

Après parce que le film est une jolie réflexion sur la quête de l’innocence : le retour en enfance des gangsters qui regardent les dessins animés, un espagnol qui construit un bateau sur un toit, un tueur aux valeurs morales féodales, le tout présenté par un Jarmusch qui désire un film pur, sans origine précise, comme l’indique ce final où western, film de samouraï, drame européen et regard enfantin se croisent. C’est aussi un film jarmuschien dans le sens où l’incommunicabilité des êtres joue un rôle prépondérant, du père mafieux qui ne parle pas à sa fille au Ghost Dog qui ne communique que par pigeon voyageur et voit en un Français ne parlant pas anglais son meilleur ami.

Enfin parce que Forest Withaker, avec son physique de camionneur, joue tout en finesse, en subtilité, presque en douceur. Tandis que son corps envahit l’écran, c’est son âme qui domine le film, et son charisme d’acteur trop sous-employé.

Le cinéphile pessimiste, une fois cet enseignement acquis, découvrira sans doute avec joie que le cinéma regorge encore aujourd’hui d’audace et d’originalité. Et que pour cela il doit remercier un maître parmi les maîtres : Jim Jarmusch. Tel est la substance de la voie du cinéphile.

Note : *****

samedi 28 novembre 2009

Running out of time (Aau chin)


Synonymes de Johnnie To : virtuosité, direction d'acteurs parfaite, scénario habilement construit, rythme maîtrisé à la perfection. Running out of time n'échappe pas à la règle.

Virtuosité : comme s’il en était besoin, To démontre avec brio qu’il manie la caméra sans se forcer, enchaînant les plans savoureusement cadrés et construits. Il y a quand même de temps en temps de l’esbroufe mais, globalement, il sait comment filmer telle scène, et surtout comment bien la filmer (cfr la fusillade entre les mafieux et les deux héros).

Direction d’acteurs parfaite : si Lau Ching Wan est plus que correct en inspecteur intègre, c’est évidemment Andy Lau qui emporte tout sur son passage, délicieux manipulateur jouant au chat et à la souris avec la police en ayant, bien sûr, toujours deux coups d’avance sur ceux-ci. Son association avec To semble, de ce que j’en ai vu, un merveilleux tremplin pour cet acteur asiatique qui, paradoxalement, possède un jeu assez occidental.

Scénario : plein de rebondissements (génial twist final) et rempli de thèmes propres à To (la compétition, l’amitié masculine, la frontière entre le Bien et le Mal…), il est suffisamment clair et concis pour tenir en haleine le spectateur durant l’heure trente que dure le film.

Verdict : sans prétention si ce n’est de divertir, Running out of time fait penser à un Heat made in Hong Kong. Cette dernière phrase devrait suffire à convaincre les plus sceptiques de la qualité de ce film d’action où s’immisce souvent la réflexion.

Note : ***

jeudi 26 novembre 2009

Evil Dead 2


On prend les mêmes et on recommence, ou presque : Evil Dead 2, c’est la suite qui ne suit pas vraiment Evil Dead. Vous comprenez ?

Bon, en clair, au lieu de se contenter de faire un flash-back en guise d’intro, Raimi retourne à vitesse grand V un remake d’Evil Dead en 8 minutes en modifiant l’histoire originale (cette fois ils ne sont plus 4 mais deux, et c’est Ash qui conduit jusqu’à la cabane hantée). Une fois les faits remis en mémoire, le film peut enfin démarrer là où Evil Dead finissait…

Evil Dead 2 n’offre cependant pas beaucoup de nouveauté ; bizarrement, l’imaginatif Sam Raimi semble à court d’idées pour cette suite et reprend ainsi 80% des scènes de son premier film (le zombie dans la cave, l’attaque des arbres…). Pire, parfois le cinéaste pousse le vice à s’autoréférencer de manière trop précise, ce qui pose problème : soit on a pas vu le premier Evil Dead et on ne capte pas la subtilité, soit on a vu le premier justement et la surprise d’Evil Dead 2 n’est plus là.

Néanmoins, peut-être conscient des limites de son film, Sam Raimi mise davantage cette fois sur l’humour que le gore ; exit l’ambiance flippante, les maquillages affreux et la musique horrible, place à la dérision (mythiques disputes entre Ash et… sa main !), l’exagération (les hectolitres de sang pour une petite blessure) et plus d’effets spéciaux, ce qui contribue à la distanciation avec le film d’horreur classique pour le film fantastique plus simple.

Mais si j’ai eu l’impression d’un travail moins fourni, force est de constater que le film est surtout un grand moment car il permet à l’un des plus grands héros de notre temps de naître véritablement : ainsi ai-je nommé Ash, le héros mi-homme mi-tronçonneuse et tueur de zombies à l’occasion. Accessoirement s’agit-il du grand rôle de Bruce Campbell, meilleur encore que dans le premier film.

Un manque d’originalité donc et un travail plus pépère de prime abord empêche donc à mon sens Evil Dead 2 d’atteindre (alors qu’il aurait même pu le dépasser) Evil Dead premier du nom. Rendez-vous au troisième volet !

Note : ***

mardi 24 novembre 2009

Dead Man


« Chaque nuit, chaque matin, certains naissent pour le chagrin. Chaque matin, chaque nuit, certains naissent pour le délice exquis. Certains naissent pour le délice exquis, certains pour la nuit infinie. » Jarmusch, lui, semble être né pour le génie.

Je suis un énorme fan de western. De tous types : de The Great Train Robbery au remake de 3h10 pour Yuma, en passant par John Ford, Howard Hawks, Samuel Fuller, Sam Peckinpah, Clint Eastwood ou évidemment par Sergio Leone. Et je pensais avoir tout vu. Jusqu’à ce Dead Man.

Le western, genre classique par excellence, entre les mains d’un cinéaste (post)moderne. Le western, genre d’action par excellence, par un réalisateur qui privilégie l’inaction. De quoi se poser des questions. A tort, évidemment.

Evidemment car Jarmusch est quelqu’un d’assez cinéphile pour respecter le genre. Ainsi trouve-t-on autant de références à Ford qu’à Leone, deux marshalls qui se nomment Lee et Marvin, et les ingrédients basiques du western : les colts, la prostituée, les tueurs à gages, l’indien, les paysages magnifiques et grandioses.

Sauf que Jarmusch ne s’arrête pas là : pour lui, le western moderne, ce n’est pas un divertissement, ce n’est pas un chant du cygne, ce n’est pas une renaissance, c’est une quête. Ouvertement métaphysique, Dead Man est le portait d’un esprit, celui de William Blake, qui doit retrouver la pureté. Le lent passage de la civilisation et de Machine Town à la nature sauvage et « miroir » où le ciel et la mer se rejoignent n’est pas anodin. L’inaction désacralise également le mythe du western sauvage (toute action est ici très courte et, parfois, à l’instar du duel final, lointain), tout comme la musique électrique de Neil Young, qui confère au film un aspect plus irréel encore.

C’est aussi comme la synthèse des films précédents de Jarmusch : la solitude du héros rappelle celle des personnages de Stranger than Paradise, la descente en canoë celle de Down by law, l’ouverture avec le train celle de Mystery Train… Comme si Jarmusch arpentait une nouvelle voie, ce qu’il fera effectivement avec ses films suivants comme Ghost Dog et Broken Flowers. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agisse de son plus beau film en noir et blanc.

Je pourrais également parler de Johnny Depp et dire centaines de louanges sur cet acteur jarmuschien idéal, mais ce serait inutile.

Il est dit au début du film qu’il est toujours préférable de ne pas voyager avec un mort. Ici, en l’occurrence, cela m’aurait éviter de me rendre compte que Jarmusch est un cinéaste inégalable, parvenu à trouver une voie unique à un genre pourtant mainte fois manipulé.

Note : *****

dimanche 22 novembre 2009

Sportif par amour (College)


Ah, l’éternel combat entre les beaux gosses et les intellos ! Un sujet inépuisable chez les Américains dirait-on. Et pas récent récent puisque Buster Keaton en jouait déjà dans College.

Vous vous rendez compte ? Buster Keaton et le sport, de quoi prévoir une bonne dose de cascades, slapsticks et performances inoubliables ! Eh ben non. Visiblement à court d’idées, le film finit par se répéter, les échecs du personnage de Keaton aussi, quand on ne tombe pas dans des gags faciles (Buster Keaton en serveur noir).

La romance n’est pas non plus des plus intéressantes, à mes yeux en tout cas, la demoiselle convoitée m’apparaissant bien antipathique.

Reste néanmoins de ci de là de très bons gags (le costume trempé qui rétrécit en séchant), un final speedé attendu mais néanmoins inventif et, heureusement d’ailleurs, un Buster Keaton toujours aussi drôle et charismatique.

Note : ***

vendredi 20 novembre 2009

The Yards


James Gray est un cinéaste rare. Hormis le doublé qu’il nous a offert en enchaînant La nuit nous appartient et Two Lovers il y a peu, force est de constater que le bonhomme prend son temps entre chaque film (6 ans entre Little Odessa et The Yards).

Mais cela vaut le coup d’attendre : The Yards, par exemple, est à la fois dans la continuité et à l’opposé total de Little Odessa. Un véritable tour de force !

Au point de vue visuel par exemple, Gray continue de travailler ses plans comme des peintures, attachant une grande importance à la lumière (ici, très influencée par Georges de la Tour mais faisant aussi écho au travail de Gordon Willis sur Le Parrain). Exit aussi les plans figés de Little Odessa, place à des plans plus vivants, plus serrés sur les acteurs aussi. Mais surtout, place à une plus grande tension dans les scènes, parfois ponctuées d’explosions de violence à l’instar de cette bagarre non-simulée entre les personnages de Whalberg et Phoenix.

Ce n’est plus non plus un film intimiste, mais un opéra moderne sur les destins tragiques d’une famille sans grande prétention mafieuse de prime abord. Pour illustrer cela, Gray sait s’entourer en confrontant deux générations d’acteurs formidables, l’ancienne (James Caan, Faye Dunaway, Ellen Burstyn) comme la nouvelle (Charlize Theron, Mark Whablerg surprenant de sobriété et un Joaquin Phoenix déjà grandiose).

Formidable révision formelle de ses thèmes, The Yards est un film qui fut sous-estimé à sa sortie ; à la lumière de ce jour, il est plus que temps d’installer James Gray au panthéon des grands cinéastes de demain.

Note : ****

mercredi 18 novembre 2009

Micmacs à Tire-Larigot


Premières minutes, une mine explose à la gueule d'un soldat. Quelques minutes plus tard, Dany Boon se prend, par un manque de bol phénoménal, une balle dans la tête : il est cloué au sol, le sang coule lentement, autre angle, toujours le sang qui s'écoule très lentement sur le visage de l'acteur. Comme comique, j'ai déjà connu plus fin.

Mais le problème est que le film se veut drôle, sort de burlesque contemporain et esthétique. Pourtant c’est jamais drôle, tout au plus ça fait sourire. La faute à quoi ? Je ne sais pas trop : du rythme il y en a, de l’humour aussi, mais il ne fonctionne pas systématiquement, prévisible et redondant (les crises de Basil, le corps tordu pardon contorsionné de la Môme Caoutchouc).

Tout aussi prévisible est le scénario par ailleurs : le pauvre mec qui perd tout et va se venger des vilains messieurs qui fabrique des armes, jusqu’à un final pitoyable et mal venu dans ce film (je vous laisserai juger si vous tenez jusque là).

Les acteurs s'emmerdent aussi, en tout cas ils ont l’air. Et que dire des personnages qui sont de faux "types" pas drôles, Jeunet usant jusqu’à la corde ce ressort comique qui ne fonctionne plus qu’à moitié aujourd’hui : hormis Omar Sy et ses expressions « à couper les cheveux en quatre » et inévitablement André Dussolier qui excelle dans les rôles de méchants caricaturaux, c’est bien pauvre. Marielle, Pinon, Moreau, quel dommage pour eux d’être sous-employé ; quant à Dany Boon, s’il s’en sort bien, il ne pourra probablement jamais se débarrasser de son étiquette Chtit (pourquoi diable le faire parler en flamand alors qu’il vit à Paris dans le film ?).

Encore un peu ? L’esthétique est fade, sans vie, sans imagination, et les private joke tombent à plat (les tas de panneaux publicitaires de Micmacs à Tire-Larigot). Jeunet semble réutiliser les ingrédients de son univers mais sans imagination, comme si il le faisait juste pour faire plaisir aux gens (il n’est pas le seul cela étant : se souvenir de Promets-moi de Kusturica).

Un film-soufflé, retombé aussitôt après être sorti du four, ce qu'il devient au final. Argh !

Note : *

lundi 16 novembre 2009

Night on Earth


Night on Earth, ou quand un cinéaste adepte des récits proches de l’enfilade de sketchs… Ben fait réellement un film à sketchs.

7:07 pm, Los Angeles
Le premier segment met en scène Gena Rowlands et Winona Ryder. Le duo fonctionne bien dans la dualité, la morale est mignonne (vit tes rêves, quels qu’ils soient) et esthétiquement c’est propre. Assez drôle, on se demande juste un peu le rapport avec le reste du film…

10:07 pm, New York
Le second segment et l’un des plus drôles avec Rome est déjà beaucoup plus jarmuschien : la rencontre improbable entre un black survolté de Brooklyn, sa belle-sœur au langage peu châtié et un chauffeur de taxi d’origine allemande. C’est la confrontation culturelle qui est ici en jeu, comme lors de cette discussion sur les prénoms respectifs des hommes (Helmut, qui ressemble presque à « helmet » ou casque en anglais, et Yo-yo). Difficile aussi de ne pas relier le personnage de Rosie Perez au « fuck » facile à celui qu’elle avait un an auparavant dans le film de Spike Lee Do the right thing. Hilarant, dynamique, doux-amer sur sa fin, probablement le meilleur segment du film.

4:07 am, Paris
Autre segment, autre thème : la différence. Cette fois, c’est un noir (Isaac de Bankolé) qui, ne supportant plus les blagues racistes et les remarques désobligeantes, prend une aveugle en stop (magnifique Béatrice Dalle). Et face à cette femme différente de par sa cécité, c’est le chauffeur qui va cette fois devenir intolérant… Ca pourrait être manichéen, c’est surtout assez drôle dans le sens de la répartie du personnage de Dalle, qui ne se laisse jamais faire. Et le final est jubilatoire.

4:07 am, Rome
L’autre segment comique du film, porté par un seul acteur : Roberto Benigni. On savait que le trublion italien pouvait être incroyable devant la caméra de Jarmusch (cfr Down by law), il est tout simplement irrésistible ici. Ou comment il tue accidentellement un prêtre en parlant de citrouille, de brebis et de sa belle-sœur ! La personnalité de l’acteur est si forte qu’elle tire tout le segment dans sa folie humoristique et rebooste le film vers les sommets.

5:07 am, Helsinki
Hélas, Jarmusch dose mal cette fois son effet de retour à l’amertume après 1h40 de rigolade. Si tout commence bien par un réveil du trio endormi et une dispute dans le taxi où tout le monde s’étrangle (du typiquement burlesque), les dernières minutes morbides effacent le sourire que l’on a pu avoir jusque là pour laisser place à un choc émotionnel trop intense pour être digéré rapidement.

Ajoutant à cela que chaque acteur est bon, que Jarmusch sait comment filmer de nuit et rendre l’espace restreint d’un taxi suffisamment intéressant pour ne pas être pesant, et que la musique leitmotiv de Tom Waits est, à l’image du film, douce-amer, et on se rend vite compte que derrière sa lacune de film à sketchs (variations de rythme et inégalité des segments), Night on Earth est un pas de plus de Jarmusch dans sa réflexion sur les relations humaines. Et quelle réflexion. Un grand film de Jarmusch. Encore un.

Note : ****

samedi 14 novembre 2009

Arnaques, crimes et botanique (Lock, stock and two smoking barrels)

Vous connaissez Guy Ritchie ? En dehors de la mention « ex-monsieur Madonna », c’est aussi un cinéaste qui a le mérite de ne pas laisser indifférent : soit on aime, soit on aime pas.

Perso j’aime. Bien sûr, je comprends parfaitement les arguments des détracteurs : esbroufe visuelle, scénario tiré par les cheveux et compliqué pour rien, violence omniprésente, film plus proche du clip que du vrai métrage…

Oui mais moi, j’aime bien ! D’abord parce que la violence est diminuée par un humour so british que j’affectionne particulièrement. Ensuite, parce que le scénario est surtout prétexte à une enfilade de situations cocasses et burlesques totalement invraisemblables mais souvent jouissives. Enfin, parce que l’esbroufe visuelle, passé de réalisateur de clip et de pub oblige, ne dessert pas le récit mais, au contraire, ouvre une nouvelle perspective à un public qui de prime abord ne serait peut-être pas venu voir ce genre de film (les jeunes).

Bon évidemment je reconnais que, parfois, on est dans la surenchère et que ça plombe un peu le tout, mais globalement ce film iconoclaste (comme le sera tout autant Snatch) est un pur moment de divertissement sous emphét, sans réelle prétention à mes yeux. A noter enfin les bons acteurs et la b.o. tout simplement géniale.

Note : ***

jeudi 12 novembre 2009

Cecil B. Demented


Et que vive le cinéma underground !

Vibrant hommage à ce cinéma mésestimé et aux cinéastes sous-estimés eux aussi (Otto Preminger, Samuel Fuller, Sam Peckinpah…) même s’ils ont évolué dans le monde d’Hollywood, Cecil B. Demented possède un point de départ plus qu’honorable – et plus que tentant. D’autant que les personnages sont réellement déjantés !

Cependant, il y a un problème de cohérence assez conséquent. Pour vanter le cinéma underground, rien n’aurait été plus efficace qu’un véritable film underground, ou du moins fauché, or ici, on sent que John Waters a eu assez de moyens pour réaliser son film sans se soucier ; pire, il se formate lui-même dans un standard hollywoodien qu’il prétend dénoncer. Le film est en effet trop propre, trop convenu et trop « classique » (cfr le final qui évoque Sunset Boulevard) pour être crédible.

Et puis il y a cet humour un peu gras, qui fait tache : autant c’est marrant de voir ces jeunes fous de cinéma hors norme se torturer quand le personnage de Griffith dit lamentablement son texte, autant le côté branché sexe pour faire cool (la séance collective de masturbation, la partouze finale) tombe à plat.

Dommage donc, que le film ne tienne pas toutes ses promesses, car potentiel il y avait. Vraiment.

Note : **

mardi 10 novembre 2009

Angoisse (Experiment Perilous)


Ca commence comme un bon Hitchcock : un pauvre quidam, sur base d'une rencontre fortuite et d'une erreur de bagages, va se retrouver mêlé à une histoire de jalousie et de meurtres. L'introduction laisse même présager, avec ce train luttant contre les courants d'eau une nuit d'orage, à du bon fantastique. Inutile de dire la petite excitation montant en moi en à peine 5 minutes.

En fait, il n'en sera rien : le film virera très vite dans le policier bâclé et le mélodrame tirant en longueur. Tant d'éléments méritaient d'être développés et sont laissés à l'abandon. Tourneur, visiblement, ne sais pas gérer le budget qu'on lui a octroyé cette fois. On devine bien vite qui est qui et qui (a) fait quoi, et l’histoire d’amour naissante entre le médecin et l’objet de toutes les convoitises est d’une lourdeur que je n’ai pas appréciée. Ajoutons à cela que je n’ai pas trouvé les acteurs particulièrement convaincants…

Reste quelques bons moments (le final possède une certaine tension en soi) mais une histoire trop pâle (surtout qu'Hitchcock et Cukor feront bien mieux sur le même principe de manipulation de la conjointe pour la rendre folle avec Rebecca ou Suspicion pour l’un et Gaslight pour l’autre) pour prétendre atteindre le niveau de La Féline, I Walked with a Zombie ou dans le genre policier La griffe du passé.

Note : **

dimanche 8 novembre 2009

Sanjuro


La première fois que j’ai vu Yojimbo, ce fut une énorme claque (vous l’avez peut-être remarquer si vous êtes un fidèle de mon blog ; sinon, honte à vous !). Alors de savoir qu’une suite existait, avec l’inénarrable Toshiro Mifune, je n’ai pas résisté longtemps avant de voir Sanjuro !

De prime abord, c’est une suite assez déstabilisante. Il faut dire qu’elle est presque opposée au premier film ! Mais le film se passant j’ai bien vite cru comprendre où voulait en venir Akira Kurosawa.

Yojimbo, c’était une réponse de Kurosawa au western américain. Une sorte de commentaire ironique, se moquant ouvertement de la violence en la réduisant à la farce et, le cas échéant, à un moment très bref. Kurosawa ne pouvant, en tant que maître du cinéma, se permettre de faire deux fois le même film, opte pour une nouvelle solution. Toujours pour dénoncer la violence, il confère à son film un côté… comédie pure !

En effet, n’en déplaise aux puristes des films de samouraïs, Sanjuro ne contient presque pas de combats, et le peu qu’il contient est vite résolu quand il n’est pas tout simplement réduit au ridicule (cfr le duel final). Mais l’élément frappant est l’esthétique même du film, qui confine clairement à celles du dessin animé et du manga. De la sorte, le récit pour le moins basique (et moins intéressant que Yojimbo, il faut bien le dire) garde sa saveur et donne envie au spectateur de savoir comment va finir le film. Et Kurosawa de continuer sur sa lancée humaniste en dénonçant l’usage de la violence comme solution à chaque problème.

J’en ai déjà parlé moult et moult fois mais la performance de Toshiro Mifune est, comme à chaque fois, un vrai régal. A noter aussi le reste du casting très drôle et qui semble, au Japon, être du 5 étoiles.

Un peu moins fascinant que le premier, le scénario étant un peu trop léger et la surprise de Yojimbo étant passée, Sanjuro n’en est pas moins une franche réussite, ou comment un film d’action se transforme grâce à l’humour et la distanciation en pamphlet pacifiste. Génial !

Note : ****

vendredi 6 novembre 2009

Watchmen


Le film s’ouvre sur un affrontement violent, qui ferait passer Jason Bourne pour une gonzesse, et se conclut par une mort biblique (une chute) d’un ancien « héros ». Cut. Générique : naissance et fin des super héros, Nixon en dictateur, la paix aux chiottes. Retour sur un smile taché de sang, celui du Comédien, dont la trace de sang indique justement minuit moins cinq, comme l’horloge de l’Apocalypse. La fin du monde est proche, celle des héros aussi.

Le film est d’une richesse visuelle et narrative incroyable. Prenant le pari de rejeter l’entertainment hollywoodien (aucune star, 2h30, peu d’action, énormément de psychologie), le film est une œuvre postmoderne par excellence, faisant écho tout du long à l’histoire de l’art : peinture (La Cène, Andy Warhol), photographie (clin d’œil à Annie Leibovitz), musique (Mozart y croise Simon & Garfunkel), cinéma (Dr Folamour, Mad Max), littérature. Le film est chargé de symboles : par exemple, dès qu’un héros va sombrer, une vitre se brise (le Comédien, Dr Manhattan, Ozymandias). L’esthétique est ultrasoignée, Snyder impose sa patte. Ce gars est un magnifique plasticien.

Je réagis peu face à l’histoire car je la connais d’à travers les comics, respecté scrupuleusement par ailleurs, comme l’était 300. Elle reste prenante car elle s’écoule lentement : Snyder se fout de l’objectif final, il pose les bases de chacun de ses personnages, et c’est bien mieux comme ça. Dans l’intime, c’est l’universel qui apparaît : l’amour, la haine, la vie, la mort. Chaque personnage n’est ni bon ni mauvais, juste humain.

Il y a un jeu phénoménal sur la temporalité : le passé et le présent se confondent pour un futur incertain. Flash-back et flash-forward s’entremêlent et brouillent les cartes. Il y a aussi une profonde réflexion sur la religion, notamment avec le personnage de Dr Manhattan, dieu vivant mais impuissant.

Le final est effrayant, mais d’une logique imparable. Le dernier plan laisse place à toutes les interprétations possibles : la Vérité va-t-elle éclatée ? Va-t-on la dissimuler ? Va-t-on seulement s’y intéresser ?

Le générique final défile. Dernière pierre d’un édifice qui vient de bousculer Hollywood, l’adaptation de comics, le film de super-héros. Snyder est grand, qu’on se le dise ; Watchmen est certainement son œuvre ultime tant sa richesse équivaut celle des plus grandes œuvres de l’histoire de l’art.

Note : *****

mercredi 4 novembre 2009

Whatever Works


Un retour à New York, un acteur qui ressemble à Woody, une histoire d’amour compliquée : y a pas à dire, j’attendais assez bien ce Whatever Works. Et quelle déception !

Woody fait de l'humour, mais juste pour cacher un profond mépris de l'humanité. Cynisme et sarcasme deviennent ici méchants, en total contraste avec le reste du film plutôt mièvre. D'ailleurs, ça ne m'a pas paru du pur Allen : le message est violent (l’humanité est idiote) et asséné 1h30 durant, avant de laisser place à une morale bienveillante et sirupeuse d’un « faites ce que vous voulez, tant que ça marche », tant qu’on trouve le bonheur. Un discours moralisateur peut-être malvenu de la part d’un cinéaste angoissé depuis des années qui, en faisant justement n’importe quoi pour trouver le bonheur, c’est fourvoyé dans des situations pour le moins délicate (la rupture avec Mia Farrow pour sa fille adoptive, quand même).

Larry David est génial, mais trop peu présent. C’est bien dommage car on sent le gars à l’aise dans le personnage, qui n’en fait ni trop ni trop peu, typiquement allenien. Evan Rachel Wood, sosie pubère d’une Scarlett Johansson, est plastiquement magnifique (parole de mâle moyen), et joue plutôt bien, mais son personnage est lui en revanche assez fade, assez stéréotypé (la blonde un peu coconne) et déjà vu aussi dans Annie Hall. Les autres n’en parlons pas, ils font uniquement décoration.

Reste cette bonne idée de l'adresse au spectateur critiquée par les autres personnages, même si Annie Hall allait plus loin. C’est ça le problème : Woody Allen, ce génie débordant d’imagination, ressert les même plats, même si il tente de les améliorer (ici les autres personnages sont interpellés par l’adresse spectatorielle de Boris, alors que dans Annie Hall ils ignoraient celles d’Alvy Singer).

En bref, et cela me fait mal de le dire tant ce cinéaste compte pour moi, un Allen en demi-teinte et une déception si on considère qu'il revient dans une ville qui l'a si bien inspiré par le passé. Whatever doesn't works.

Note : **

lundi 2 novembre 2009

True Lies


C’est en 1991 que sort La Totale !, film de Claude Zidi mettant en scène un agent secret cachant son métier à sa femme qui s’ennuie. Un peu comme nous. Heureusement, il arrive que des surdoués du cinéma aient un jour un geste envers nous, pauvres spectateurs, et proposent de recommencer à zéro. Qui a dit que les remakes étaient toujours inutiles ?

Car True Lies, c’est ça : de l’action, de l’émotion, de l’humour, même de la parodie, et une classe inégalable. Rien d’étonnant : c’est sieur James Cameron aux commandes. Oui oui, James Cameron, le mec qui avait déjà bousculé Ridley Scott en proposant un Aliens aussi bon (meilleur ?) que le premier et en révolutionnant le cinéma SF et les effets spéciaux avec les deux premiers Terminator.

Il retrouve d’ailleurs son vieil ami Arnold Schwarzenegger, surprenant tant il est à l’aise dans le genre de l’action mais surtout dans le registre de la comédie où il a excellé plus d’une fois (chez Cameron mais aussi chez McTiernan). A ses côtés, Jamie Lee Curtis est irrésistible (et sacrément bien foutue) et Tia Carrere est juste une BOMBE SEXUELLE !

Basique (les méchants terroristes qui veulent attaquer les USA) mais bourré de rebondissements, d’action, de gags et de dialogues savoureux (« Tu as tué des gens ? – Oui mais c’était des méchants… »), le film est donc réalisé de main de maître par James Cameron, juste bluffant quand il s’agit d’impressionner et qui n’hésite pas à se moquer du genre pour le rendre encore plus divertissant et, surtout, aidant ainsi True Lies à se démarquer de ces productions vues et revues qui ont peuplé Hollywood fin des années 80 début des années 90.

Sans prétention, pur entertainment qui remplit haut la main sa tâche, True Lies devrait être un cas d’école à Hollywood, parfaite symbiose du savoir-faire et de l’intelligence, de l’universalité et de l’auteurisme d’un cinéaste qui s’épanouit dans des productions pétaradantes ou dantesques. James Cameron, putain de génie.

Note : ****

samedi 31 octobre 2009

La vengeance dans la peau (The Bourne Ultimatum)


Suite et fin des aventures de notre agent CIA amnésique préféré avec La vengeance dans la peau, et comme le titre l’indique ça va gicler !

Globalement, j’y vois les même défauts que dans le volet n°2 (la rédemption, les explications interminables, la fin tirant encore plus en longueur) mais la différence près c’est que ce troisième film, peut-être conscient de ses limites, mise quasiment tout sur l’action, et le fait bien !

Bien sûr, tout n’est pas parfait (le combat entre Bourne et l’autre agent, formé comme lui, à Tanger, m’insupporte tant il aurait pu être grandiose mais est juste sympa tant son ultradécoupage le rend illisible) mais la plupart du temps les choses marchent (la poursuite en voiture est digne des tout grands films d’action hollywoodiens) et font passer le film assez vite.

Et, cerise sur le gateau, Matt Damon est désormais Bourne l’arme ultime, froid comme une lame de rasoir et efficace comme une bombe à neutron. L’archétype du tueur expérimenté, de l’action-star qui veut sa vengeance et en finir une bonne fois pour toutes, sans pour autant tomber dans le personnage sans relief.

Un joli jeu d’acteur de la part de Damon qui confère un petit plus au film, le plaçant au-dessus du deuxième film mais, hélas, un cran en-dessous du premier qui reste, définitivement, l’action-movie le plus sympa et intelligent de ces dernières années. Mais quelle trilogie, qu’on se le dise !

Note : ***

jeudi 29 octobre 2009

La mort dans la peau (The Bourne Supremacy)


C’est quand le premier opus est devenu la référence du box-office que les producteurs se sont dit « allez, on se fait la trilogie Jason Bourne ! ». Ben oui mais non…

Qui dit suite ne dit pas forcément (même rarement) même qualité que le précédent. Et c’est là que ça coince : même si l’histoire reste prenante, le scénario diminue en densité, en tension, et se perd dans des pérégrinations émotionnelles de Bourne là où le premier film avait le mérite (et la force) d’aller droit au but. Il faut du temps pour que ça démarre un peu, et surtout la quête de rédemption de Bourne ramollit tout, et on comprend assez vite comment cela va se dénouer.

Reste que le réalisateur remplaçant Doug Liman, Paul Greengrass, connaît son métier et offre quelques scènes nerveuses, bien foutues, à l’image de son film Bloody Sunday. De son côté, Matt Damon est toujours aussi bon, mais faute de véritable partenaire à qui se frotter n’atteint pas toujours le degré de qualité qu’il pouvait obtenir dans le premier film.

Un divertissement agréable donc, mais un peu trop mou pour être aussi marquant que le premier film. Rien d’honteux mais rien de transcendant.

Note : ***

mardi 27 octobre 2009

La mémoire dans la peau (The Bourne Identity)


En 2002, ça n’allait pas fort chez les espions : rien de croustillant à ce mettre sous la dent, et même James Bond bandait un peu mou depuis GoldenEye en 1995. C’est alors que, sans crier gare, tel un félin, surgit Jason Bourne dans son premier film La mémoire dans la peau.

Le constat s’effectue d’emblée : c’est plus une claque, c’est une bombe nucléaire. Un rythme soutenu et tendu du début à la fin, des performances physiques surprenantes, des cascades inédites, des combats réalistes et violents, bref que du neuf !

Sans temps mort, le film est autant un thriller qu’un film d’action et une quête initiatique. Dans le rôle titre, Matt Damon trouve le personnage qui lui collera longtemps à la peau, celui de cette ancienne arme fatale du gouvernement américain devenu gênant car sans mémoire mais ayant conservé ses réflexes conditionnés.

La force du film réside peut-être dans cette capacité de faire du spectaculaire avec « presque rien » : un combat bref et violent devient un ballet mortel hyper chorégraphié et découpé, une course-poursuite en Mini renvoie Bullitt au permis de conduire… Tout est transcendé, élevé au maximum de son potentiel. Gros point fort du film : un montage impeccable, bref et archi découpé, qui n’aura de cesse d’influencer le cinéma d’action les années suivantes puisque nous sommes toujours dans cette mouvance (qui va parfois à l’outrance comme dans Quantum of Solace).

Impressionnant, aussi efficace que ne l’est son personnage principal, La mémoire dans la peau s’est d’emblée imposé comme une référence en la matière, forçant même James Bond à s’adapter en le copiant (Casino Royale) et restant encore aujourd’hui un exemple à suivre et un modèle d’un genre qui pourtant ne cesse d’évoluer. La très grande classe.

Note : ****

dimanche 25 octobre 2009

La Jetée


Drôle de film que cette Jetée. Concernant le scénario, histoire de vous dévoiler le concept, c’est celui qui a inspiré L’armée des 12 singes de Terry Gilliam ; voici donc un pauvre quidam vivant dans un avenir apocalyptique projeté dans le passé (par la pensée) afin de trouver des remèdes aux fléaux que connaît la Terre du futur. Rappelons que nous sommes en 1962, que la Guerre froide relance un intérêt considérable pour les avancées technologiques et que l’avenir ne s’annonce pas des plus joyeux…

Ce qui frappe réellement dans ce film, c’est l’anarchisme de Marker, l’anticonformisme qui le pousse à rejeter toute base préétablie du cinéma : en plus de refuser la notion même de métrage comme on l’entend, il s’offre l’audace de faire un film égocentrique, que lui seul peut comprendre : flash-back, flash-forward, on fini par se perdre dans le temps et dans l’histoire, ce que voulait justement Marker : nous perdre pour mieux nous faire pendre conscience du danger de plus en plus proche (et si la troisième guerre mondiale n’était pas demain mis aujourd’hui voir commencée hier ?).

Pourtant, Marker ne rejette pas une certaine forme de poésie, notamment dans une histoire d’amour vouée à l’échec puisque l’âme du héros tombe amoureuse d’une femme bien vivante mais dans le passé. Mêler science-fiction et poésie n’est pas toujours facile, mais Marker l’a réussi !

Véritable réflexion sur l’image (la mentale, son pouvoir, la cinématographique en faisant écho à Vertigo d'Hitchcock, le souvenir malléable, périssable, jamais fiable), réflexion sur le procédé cinématographique (un film n’est-il pas une succession d’images ? Certes elles bougent, mais en y regardant de plus près, il en faut 24 légèrement différentes pour créer le mouvement, alors pourquoi ne pas se concentrer sur une seule ?), réflexion sur l'Homme, son passé, son présent, son avenir), La Jetée s’inscrit dans l’Histoire du cinéma comme un court-métrage unique, visionnaire, sublime, un essai filmé aussi poético-fantastique que philosophique et fortement esthétique ; un chef-d’œuvre de trente minutes incroyable.

Note : *****


Le film est dispo ici : http://www.dailymotion.com/relevance/search/chris+marker/video/xz5cs_la-jetee-1962_creation

vendredi 23 octobre 2009

Casino Royale


A force de trop tirer sur la corde, force est de constater que la saga de l’espion british le plus aimé de sa Majesté (et des spectateurs de cinéma en général) commençait à battre sérieusement de l’aile avec l’opus Meurs un autre jour : trop de gadgets, trop d’invraisemblances, trop de mou dans l’action, trop, trop… Il a donc fallu 4 ans entre ce film et Casino Royale pour que la sauce soit remaniée de A à Z.

Un bien pour un mal ? Plutôt un mal pour un bien à mes yeux. Exit donc le bellâtre aux cheveux sombres et à l’humour so fine, le verre de Martini à la main, place au gros dur blond aux yeux bleus qui a aussi facile à tuer que du mal à sourire. Basta la valise et la bagnole high-tech, vive la débrouillardise à l’ancienne, presque à la commando j’ai envie de dire. Et joie pour les féministes, la james bond girl n’est plus ici une potiche sexy mais une vraie personne ambiguë, fatale et tout et tout. N’en déplaise aux nouveaux fans de 007, mais pour moi c’est pas James Bond ça, c’est Jason Bourne. Faut dire que l’adaptation de la trilogie de Ludlum a agit comme une immense claque dans le domaine du film d’action et d’espionnage, alors aujourd’hui faut assurer. La nouvelle génération de spectateurs 15-25 ans n’est plus la même que celle qu’avait Sean Connery ou Roger Moore en leurs temps, les choses changent.

En plus, c’est long. Hitchcock avait cette magnifique phrase « La durée d’un film devrait être adaptée à l’endurance de la vessie humaine ». 2h30 pour un Bond, c’est pas un peu abusé ? D’autant que dans ces 2h30, il y a peut-être 50 minutes d’action pure, le reste beaucoup de bla-bla. A titre d’exemple, cette partie de poker qui dure plus longtemps que la séquence guignolesque de la poursuite sur le chantier en Afrique au début du film.

Pourquoi sauve-je le film alors ? Car s’il s’éloigne de l’univers de Bond de mon enfance, il en conserve quand même certains éléments et reste, indifféremment de ma conscience de fan de la série, un film dans l’ensemble réussi. Historiquement, Casino Royale est la première mission de Bond, avant même Dr No et il faut donc voir le personnage de Bond comme un jeune espion fraîchement agrégé d’un double zéro, un tantinet impulsif et radical. Cette énergie est canalisée par une femme, Vesper, pour laquelle il est prêt à tout arrêter. Tout au long du film, des réponses sur l’avenir de Bond nous sont données : la maîtrise de soi, le déni de l’amour pour survivre… Ensuite, comme je l’ai dit, les scènes d’action si invraisemblables restent-elles sont efficaces, notamment les 20 premières minutes du film (l’obtention du double zéro en flash-back + la poursuite en Afrique) ainsi que la séquence finale à Venise.

Pas encore tout à fait un James Bond digne de la série, Casino Royale a eu le mérite de dépoussiérer le mythe ; reste à voir si à l’avenir ce mythe va renaître de ses cendres et s’améliorer ou disparaître au profit d’un Bond américanisé : froid, violent, efficace, bref militaire – l’opposé de l’espion flegmatique le plus célèbre du monde.

Note : ***

mardi 20 octobre 2009

Un prophète


Jacques Audiard est un cinéaste étonnant, surprenant, épatant : il est probablement le seul cinéaste français aujourd’hui à pouvoir mixer aussi subtilement et efficacement cinéma de genre et cinéma d’auteur. En témoigne son Prophète pour le moins étrange.

Tout commence durement, sèchement, avec une forte dose de réalisme : un jeune beur se retrouve plongé dans un milieu carcéral violent, sans concession, où la seule chance de survivre est d’attaquer le premier, où la corruption est monnaie courante et où il faut choisir son clan avec intelligence. Le climax sera atteint avec un premier meurtre violent, tendu, presque insoutenable. Et puis, comme ça, le film vire de temps à autre dans le fantastique, parfois teinté d’humour, avant de céder la place à de la pêche scorsesienne (la séquence de la vie en prison fait penser aux Affranchis) ou du réalisme pur.

Point de vue technique, Jacques Audiard est un as, sachant précisément ce qu’il fait à chaque plan. Mais c’est chez les acteurs qu’il faut aller chercher le meilleur, du jeune (et surprenant) Tahar Rahim en passant par des seconds rôles convaincants, mais surtout (à mes yeux) avec Niels Arestrup, acteur épatant, imposant sa présence à chaque scène, centre de tous les regards et inquiétant à souhait.

Bémol(s) ? Un scénario trop simple (simpliste ?) et une longueur de métrage bien trop grande (un film de deux heures aurait suffit). Reste que ce Prophète est l’annonce du talent d’un cinéaste qu’il serait temps de reconnaître bien mieux que ce qu’il ne l’est maintenant, ne serait-ce que pour son audace.

Note : ***

dimanche 18 octobre 2009

Là-haut (Up)

Je voudrais tout d’abord souhaiter mes plus sincères condoléances à tous les animateurs de la terre : eh non messieurs, si vous ne bossez pas chez Pixar, c’est que vous ne bossez pas chez les maîtres du monde.

Moi qui trouvait déjà Ratatouille et Wall-E incroyables d’un point de vue technique et de maturité (surtout le second, malgré un discours écolo léger), voilà que Pete Docter (Monstres & Cie) vient nous asséner un fameux coup sur le pif avec son Up !

Je ne me souviens pas d’un seul film d’animation estampillé Disney contenant autant d’images jamais vues, des personnages qui saignent (du sang bien rouge !) à ce plan choc de l’annonce de la stérilité de la femme de Carl ! Et si j’ai trouvé l’animation moins impressionnante (faut dire que Wall-E a placé la barre très haut) bien que superbe (la course-poursuite entre les chiens et l’oiseau, en point de vue subjectif, est vraiment prenante), force est de constater que l’esthétisme est très présent (magnifiques plans de la petite maison volante dans un immense ciel vide) et le côté cartoon sympa.

Mais la dureté des plans cités confirme mon opinion selon laquelle le film est souvent en déséquilibre, oscillant trop entre le basique et l’enfantin (somme toute l’histoire est très simple) et l’inventif (les chiens qui parlent, surtout le méchant : dément !) et le fortement symbolique (la quête, le voyage initiatique, l’élévation de soi d’où le titre Up qui supplante totalement cette énième traduction stupide de titre en Là-haut).

Enfin, là, j’avoue, je pinaille, je cherche la ptite bête, midi à 14 heures, j’encule les mouches. Mais voilà, c’est pas de ma faute : quand Pixar nous habitue à la quasi-perfection, faut pas s’étonner si on devient intransigeant. Reste que Up est une grosse claque de Pixar. Comme d’hab.

Note : ***

lundi 14 septembre 2009

Quelques photos de la Mostra 2009...

Voici quelques souvenirs de mon petit séjour à la Mostra de Venise 2009...

Le "Village" du cinéma...

Les acteurs aussi connaissent la crise...

John Lasseter (Toy Story I & II, 1001 pattes, Cars) venu présenter en avant-première mondiale le dyptique Toy Story en 3D (quelle claque !) et recevoir un prix pour l'ensemble de sa carrière
Brad Bird (Les Indestructibles, Ratatouille)

Euh... Je dois vraiment dire qui c'est ? :D

Anecdote amusante sur cette journée : lors du tapis rouge, il était quasi impossible de s'approcher des réalisateurs ci-dessus sans se faire arracher des vêtements par des fans hystériques ; quelques temps plus tard, nous attendions avec des amis l'accès à la salle projetant le documentaire d'Oliver Stone (South of Border) quand un garde nous dit de nous écarter, ce que nous faisons légèrement : et voilà comment tout à coup nous nous sommes retrouvés à quelques dizaines de centimètres de Georges Lucas, John Lasseter, Brad Bird et Andrew Stanton (Le monde de Némo, Wall-E) sans protection rapprochée et passant les mains dans les poches !

So... what else ?