dimanche 31 juillet 2005

Aniki mon frère (Brother)


Le premier film américain et, d'un point de vue strictement personnel, le premier film que j'ai découvert de Takeshi Kitano que ce Aniki mon frère.

Autant dire tout de suite que sur le coup, influencé par le nombres d'éloges reçues concernant le travail de Kitano, je m'attendais à du sensationnel, du jamais vu, de l'inédit pour un genre et un style uniques. Je connaissais Kitano l'acteur mais pas Kitano le réalisateur donc... Malheureusement, je fus déçu.

Et puis j'ai réfléchi. Je me suis dit que ce problème se posait à chaque fois : je m'attends toujours, selon les critiques professionnelles ou non et autres 'légendes' sur les films ou cinéastes que je suis à chaque fois un peu rebuté par le résultat final. Nombre de chef-d'oeuvre m'ont ainsi laissé de marbre à la première vision, et pas des moindres : Brazil, Le dernier Empereur, La dolce vita... Et comme à chaque fois, voulant être sur de mon avis, j'ai mûri le film et revisionné une nouvelle fois. Et comme presque chaque fois, je me suis rendu compte que je n'étais vraiment qu'un pitoyable clown d'avoir pensé ce que j'avais pensé.

En effet, comment avoir pu passer à côté de cette oeuvre riche et multiple?

On retrouve de tout ici : du burlesque, du polar, de l'action, du drame, de la comédie... Autant de mélange de genres que de mélange ethnique ici, particularité frappante du film : aucun blanc américain pur souche. Des Japonais, des noirs, des Mexicains, des Italiens mais pas un seul Américain d'origine. Un tour de force pour un pays où le racisme n'a pas du tout disparu...

Pour orchestrer tout ça, un Takeshi Kitano magistral : équivalent du De Palma de Scarface derrière la caméra (l'attaque finale d'Aniki contre la mafia y fait songer d'ailleurs...) et mélange d'un Buster Keaton et d'un Robert de Niro devant elle, il irradie le film d'une aura unique, qui prouve qu'entre les mains d'un autre cinéaste le film n'aurait pas été aussi réussi. D'ailleurs, le film savant mélange de polar et de film de yakusa sort des sentiers battus, et ca ce n'est pas non plus pour déplaire, renouant avec une mythologie et un style depuis longtemps passé à la trappe.

Kitano fait rire et fait peur ici, ce qui révèle déjà d'un véritable savoir-faire, mais parviens en plus à imposer une nouvelle fois ce que tout le monde appelle sa 'patte', à savoir rendre la pire des crapules attachante. Aniki tue sans vergogne mais quand Aniki meurt, on meurt avec lui de tristesse.

Bref tout ceci pour dire qu'Aniki mon frère reste à ce jour mon dernier grand choc cinématographique, découverte d’un homme, qu dis-je d'un artiste dont je n'ai pas fini de visionner ses films...

Note : ***

Sonatine


Quelle pure merveille cinématographique que ce Sonatine!!!

Resituons un peu l'histoire : Murakawa, vieux yakuza un peu las, est le jouet de clans adverses qui veulent l'éliminer lui et ses hommes. Après un léger accrochage avec ses ennemis, il se voit contraint de se cacher dans une cabane sur la plage avec une poignée d'homme. Là-bas, c'est un retour en enfance et vers la joie de vivre qui va s'opérer petit à petit...

Pas de doutes, nous sommes en présence d'un Takeshi Kitano : cadrage impeccable, humour cynique et ironique, des yakusas, la mer, la violence sans concession ou recherche de style, la mort, le suicide... Autant de thèmes propres au cinéaste.

En parlant du cadrage justement, c'est probablement l'élément fondateur de mon attirance pour ce film ; en effet, il faut savoir que Kitano prétend ne pas regarder de films, hormis les siens, et ne même pas connaître Akira Kurosawa! Un dédain évoqué envers le cinéma mais qui se ressent à travers Sonatine ; je ne sais pas si Kitano nous dit la vérité ou non mais en tout cas son style ici est irréprochable! De toute évidence, la mise en scène du cinéaste est pure, nettoyée de quelque influence que ce soit, une sorte de création neuve, un peu comme les premiers films du cinéma, ceux des frères Lumières ou de Georges Méliès...

De plus, Kitano demeure original à chaque instant, notamment dans ses démonstrations de la violence : rapide, implacable, intense. Surprenant quand on connaît la recherche de style toujours offerte au cinéma (John Woo en tête) mais pour Kitano, la violence n'a rien de beau alors pourquoi la glorifier?

C'est aussi cette habilité du cinéaste à jouer avec les émotions qui surprend, de voir ces yakuzas en train de jouer comme quand ils étaient enfants, de retrouver une certaine forme d'innocence un peu comme le style du film (d'ailleurs, intéressante scène métaphorique de voir des hommes de main de Kitano en train de se prendre pour des jouets...).

Les acteurs d'ailleurs sont très bons, sans pour autant exceller. Kitano, comme à son habitude, est d'une impassibilité déconcertante, qui séduit ou rebute, au choix. Personnellement elle me séduit...

La b.o. est magnifique également, sans pour autant atteindre celle de Hana-Bi.

D'une durée relativement courte (1h25 alors que la plupart des productions actuelles font dans les 120 minutes...) mais bien remplie, Sonatine s'inscirt directement dans les meilleurs films asiatiques, que dis-je mondiaux que j'ai pu voir, d'abord par cette contradiction humaine constante (violence-amour, adulte-enfant...) mais surtout par cet aspect authentique, influencé que par soi-même et la perception du monde qu'à Kitano. Un style qui m'a séduit au plus haut point...

Note : *****

Hana-Bi


Pour moi, l'un des meilleurs films de Takeshi Kitano que ce Hana-Bi.

Terriblement traumatisé par la fin prochaine de sa femme et la paralysie d'un de ses collègues, blessé au cours d'une fusillade, le détective Nishi quitte la police. Il va commettre un hold-up pour soulager les misères de ceux qui l'entourent. Ainsi, il lance la passion de la peinture chez son ami et emmène sa femme sur le mont Fuji pour un dernier voyage...

Légèrement plus poétique et tout aussi sombrement violent que ses autres long-métrages, Hana-Bi a pourtant été la consécration pour Kitano, non seulement au Japon où sa quotte commençait à baisser mais surtout en Europe et aux USA, intéressé par le film qui venait de remporter le Lion d'or à Venise en 1997...

De par son histoire, le film est déjà captivant, cette recherche du bonheur pour trois âmes perdues dont le centre même est l'un d'eux, condamné à perdre sa femme et devant subir la lente dépression de son meilleur ami...

Comme toujours, Kitano reste imperturbable devant la caméra, sans expression, comme s'il était vide de substance, sans vie presque, ce qui selon correspond parfaitement au personnage qu'il interprète. Pour les autres acteurs, la plupart des habitués du monde Kitano, rien à redire, s'ils ne sont pas exceptionnels ils ne sont pa pour autant très mauvais.

La musique de Joe Hisaishi est quant à elle tout simplement magnifique, comme souvent d'ailleurs, et contribue un peu plus à la mélancolie certaine qui découle du film...

Quant à la réalisation, Kitano est fidèle à lui-même avec ses silences étranges, ses actions violentes soudaines et brèves, abordant une fois de plus ses thèmes de prédilection que sont la mer, la mort, le suicide, une certaine chute aux enfers...

Un excellent film donc, amplement réussi et qui m'a autant séduit que Sonatine, et qui prouve que Kitano est un cinéaste à part mais pourtant captivant au niveau de la scène mondiale...

Note : ****

Amarcord


L'un des plus fellinien de tous les Fellini ce Amarcord.

Amarcord, cela signifie en patois 'je me souviens'. Le film est en effet un récit que l'on sent grandement autobiographique du cinéaste, entre les premiers amours et les farces faites aux professeurs pendant les cours...

Comme toujours, Fellini convie le spectateur dans son univers tant que celui ne touche à rien. C'est sans doute pour cela que Fellini travaillait rarement avec scénario.

Comme toujours, Fellini grossit les traits, caricature les gens, fait preuve d'un humour particulier qui était sa marque de fabrique. Cette scène du vieillard à bicyclette s'engueulant avec une voix sortant de nulle part est très drôle par exemple, mais ne plaira pas à tout le monde.

Les personnages que l'on rencontre dans ce film ne sont que des caricatures extrêmes tirées d'un imaginaire débordant, celui du Maestrio Fellini. De la grosse épicière à l'imposante poitrine au professeur taciturne, des copains un peu fadas à la dame de toutes les convoitises, Fellini pour ne pas se tromper exagère encore et encore, et avec un talent fou.

Au niveau de l'image, Amarcord est magnifique, à l'image de ce labyrinthe formé dans la neige. Fellini était un maître du visuel, et on reçoit une nouvelle preuve.

La musique de Nino Rota elle est toujours aussi splendide, avec une légère touche de mélancolie et d'ironie. Musique si somptueuse que les adolescents se mettront à danser dessus.

A la fin métaphorique (la femme dansant devant un aveugle...), Amarcord est probablement l'un des meilleurs Fellini, l'un des plus célèbres également, et est un film qui mérite largement une place dans une vidéothèque digne de ce nom...

Note : *****

La Strada


Probablement l'un des films les plus classiques de Fellini et paradoxalement l'un de ses meilleurs que ce La Strada.

Bien entendu, il faut entendre le mot "classique" dans le sens où Fellini n'exploite pas ses rêves, sa vie imaginaire ou non ; il raconte un drame, celui de cette jeune fille fragile et de ce forain herculéen et autoritaire.

Pourtant, le film possède une certaine originalité, savant mélange de néo-réalisme et de poésie un peu mélancolique, pas tout à fait le style fellinien mais on s'en approche grandement...

Fellini fait d'ailleurs preuve de la grande maîtrise qui le caractérise, véritable artiste maniant sa caméra comme personne, surtout à cette époque (1954).

Une fois de plus, il s'associe à Nino Rota pour la musique, devenue célèbre dans le monde entier et qui a, soyons honnêtes, contribué au succès du film, du moins un peu plus.

Pour nous faire vivre tout ça, Anthony Quinn et Giuletta Masina, l'un toujours aussi splendide, monstrueux de talent et de présence à l'écran, qu'il envahit à chacune de ses apparitions ; l'autre plus timide qui n'en demeure pas moins la touche particulière du film, une sorte de Charlot au féminin, mélange de grâce et de poésie, de sentiment et d'humour, de tristesse et de mélancolie, bref une actrice entière ayant plus héritée du muet que du parlant, ce qui lui va à ravir....

Un classique incontournable donc, l'un des sommets de la carrière de Fellini (artistique comme public) qui garde, 50 ans après, tout son charme et sa leçon de vie... Magistral.

Note : ****

8 1/2


Ou quand Fellini fait son meilleur film, le plus personnel et le plus descriptif de son univers. Et comme on sait pas quel titre lui donner, on compte alors le nombre de films que Fellini à réaliser. Et voilà d'où vient le titre 8 1/2 (Fellini estimait en effet avoir réalisé huit films et un demi, son court Boccace 70 ne comptant qu'à moitié).

Sans aucun doute le plus fellinien de tous les Fellini, où son double cinématographique Marcello Mastroeanni se trouve confronté au problème de la création. Marcello étant un cinéaste italien aimant les femmes, les réfèrences autobiographiques ne manquent pas de nous sauter aux yeux...

Le film, quasiment irracontable, est considéré par beaucoup comme "le film le plus juste et le plus sincère sur ce qu'éprouvent les auteurs en mal d'inspiration". Autant dire que ce film est donc un chef-d'oeuvre, mais pas seulement pour son aspect "semi-documentaire" si je puis dire.

En effet, les acteurs sont tous simplement prodigieux, interprétants leurs personnages issus directement de l'imaginaire du 'Maestrio' Fellini avec une justesse et une passion dévorantes.

La musique signée une fois de plus Nino Rota est dans toutes les mémoires des cinéphiles, tout comme certaines séquences à la fois loufoques, surprenantes et dirigée d'une main de fer (même si souvent chez Fellini il n'existait aucun scénario), à l'image de cette scène où Mastroeanni se voit harceler par des femmes et se défend à grands coups de fouet.

Tantôt drôle au possible tantôt dramatique, considéré par les cinéastes comme un modèle à suivre et par les critiques comme l'un des meilleurs films de tous les temps (à juste titre), 8 1/2 navigue au gré de l'humeur du cinéaste d'une manière envoûtante et captivante, le Maestro étant maître de son univers. N'est-ce pas le propre des grands génies?

Note : *****

vendredi 29 juillet 2005

Jour de fête


Premier long-métrage de Jacques Tati que ce Jour de fête.

Des forains s'installent dans un calme village. Parmi les attractions se trouve un cinéma ambulant où le facteur découvre un film documentaire sur ses collègues américains. Il décide alors de se lancer dans une tournée à "l'américaine".

Digne héritier des films burlesques et muets, surtout les Chaplin dont Tati s’inspire directement et ouvertement, Jour de fête apparaît à l’époque comme un film revigorant, un souffle comique qui ne peut faire que du bien dans le paysage cinématographique, tailladé entre films noirs américains, pas toujours réjouissants, et néo-réalisme italien décrivant les graves événements de la Guerre dont on se remets à peine.

Dans le rôle du réalisateur-scénariste-acteur, Jacques Tati bluffe par son étonnante cohésion entre modernité et tradition : inspiré Chaplin et Keaton, Tati innove pourtant dans la technique en tournant son film en couleur, laquelle joue un rôle prédominant : les couleurs sont ternes et moroses à l’arrivée des forains, tant que ceux-ci sont présents le village devient coloré et joyeux et à leur départ, les couleurs sinistres reviennent à la charge.

Au sens profond, le film de Tati s’inscrit non seulement comme une très légère critique de la France profonde, ce qui à la rigueur tient plus de l’anecdote, mais s’attaque directement à une forme de capitalisme, à travers cette vision américaine (berceau actuel du mouvement économique quand même) du maximum de rendement en un minimum de temps ; qu’importe si le village est petit, François le facteur doit aller vite, vite, vite.

Dans ce rôle, Tati est irrésistible, à la fois fantasque et rempli d’émotions. Les autres acteurs aussi sont agréables à défaut d’être mémorables, sans doute dû au fait que Tati attachait infiniment plus d’importance au son qu’aux dialogues, lesquels se voient noyés par les musiques d’ailleurs…

Un film léger et rafraîchissant donc, moment d’humour très agréable qui démontre avec conviction le talent que possédait Tati pour le burlesque et le comique silencieux ; en un mot, génial.

Note : ****

Crimes et délits (Crimes and misdemeanors)


Probablement l’un des meilleurs films de Woody Allen que ce Crimes et délits.

A travers deux histoires distinctes et pourtant semblables, Allen pose ses questions et apporte son opinion sur l’un de ses sujets les plus cher : la religion. Sujet rébarbatif s’il en est, difficile à mettre en image ; d’autant plus grand est le mérite de Woody d’y être arrivé.

Dans la première histoire, nous suivons un ophtalmologue persécuté par sa maîtresse avec qui il a rompu ; dans la deuxième, un documentariste se voit dans l’obligation financière de faire le portrait de son beau-frère, producteur télé applaudi sauf par Woody Allen.

A travers ces deux récits, Allen se demande si Dieu est vraiment la voie à suivre, et surtout qu’arrive-t-il quand on commet un acte irréparable ? Dieu ou toute autre autorité nous punira-t-elle un jour ?

Dans le premier cas, on assiste à un regret du passé, à une répercussion d’autrefois sur le présent ; preuve en est avec ces flash-back récurrents du personnage central, Martin Landau, irréprochable. D’un autre côté, on frôle plus l’adultère quand le documentariste alias Woody Allen tombe amoureux d’une productrice. Une histoire commence mal et l’autre semble aller vers le bonheur, mais dans un final étincelant de strass et paillettes, le monde s’inverse, et l’ophtalmologue qui pour avoir réfuté Dieu un temps et lui préférer des manières expéditives se voit torturé puis libéré à son réveil à la religion, tandis que celui pour qui tout allait visiblement s’arranger voit son rêve cinématographique et romanesque s’écrouler. Chacun avait commis ses crimes et ses délits, mais chacun a reçu sa punition appropriée.

D’un point de vue technique, le film est irréprochable : nous sommes en 1989 et Woody Allen est alors au sommet de son art, d’une perfection sans nom dans la réalisation ; la photographie est très soignée et la direction d’acteur est impeccable.

D’un point de vue stylistique, Allen rompt un peu avec ses habitudes privilégiant légèrement le drame et surtout la réflexion à l’humour ; bien sûr, il ne renie pas ses origines, et le nombre de répliques cinglantes et amusantes est élevé, du moins dans la partie entre Woody Allen et Mia Farrow, histoire amusante en totale opposition (complémentarité ?) avec l’histoire de Martin Landau.

Film à portée philosophique, n’ayant pour référence que le propre univers allenien (séquence hommage à Annie Hall quand Landau se revoit à un dîner en famille et où il questionne son père sur le pardon et la pénitence des fautes que l’on commet…), Crimes et délits reste pour moi l’un des sommets de la carrière de Woody Allen, à la fois comédie acide et pure tragédie métaphysique ; de l’art.

Note : ****

Blow


Blow, où l’histoire authentique de Georges Jung, premier Américain à être entré en contact et en affaires avec Pablo Eskobar.

Bon, le film parle de drogue ok. Pour être clair, il faut parler de la vie intégrale de Jung, soit près de 40 années, en faisant bien sûr le parallèle avec la libération des idées dans une Amérique puritaine, où les vieux jeu étaient dépassé par des ados tous junkies ; un peu lourd comme stéréotype non ?

Soit. Dans le rôle de Jung, Johnny Depp ; excellent, si bon qu’il sauve à lui seul le film du terrible naufrage. Bien sûr, Pénélope Cruz est également là, mais très peu de temps. Il existe aussi quelques seconds rôles intéressants à défaut d’être parfois consistants.

Le gros souci du film, c’est sa mise en scène : trop influencée par Scorsese, elle démarre pourtant bien, très bien même, dans une première demi-heure qui laisse présager un agréable moment. Mais après, ça dérape, ça tombe dans la facilité, ça s’autodétruit. Puis arrive le moment où Ted Demme décide d’aborder l’autre visage de Jung, celui d’un père aimant plus que tout sa fille. Idée intéressante mais hélas trop mal exploitée : on sombre dans le mélodrame, dans le tragique qui ne nous attire aucune pitié ; comment avoir pitié d’un homme aussi dangereux ? A trop donner à ce bandit l’image d’un saint, Ted Demme condamne son personnage à nous être indifférent.

C’est dommage car la critique du rêve américain était bien partie, plus subtil que le baroque Scarface mais au final beaucoup moins réussie dans la tragédie. Sur l’univers même de la drogue, on reste également insatisfait ; on attendait du costaud, de l’info pur et dur ; au lieu de ça, on se contente de superficiel, de chose que l’on savait déjà. Concernant le même univers, Blow est littéralement soufflé (hihi) par Traffic.

Reste donc un agréable moment d’interprétations, bien qu’inégales, où Johnny Depp démontre une fois de plus son génie d’acteur, l’ennui, c’est que ça on le savait déjà…

Note : **

mardi 26 juillet 2005

Le Parrain - 3ème partie (The Godfather, part III)


En 1990, Francis Ford Coppola connaît quelques soucis financiers. Il faut dire que ces derniers films, même si certaisn furent très réussis artistiquement, furent de cuisants échecs commerciaux. Donc, rien de tel que de reprendre une formule qui marche pour se remettre à flot, et de lancer alors un Parrain, 3ème partie.

Evidemment, l'annonce du film divisait : certains pensaient que le film allait encore surpasser les deux autres, d'autres plus réalistes imaginait le moins bon de la série. Malheureusement, ce furent ces derniers qui eurent raison, même si il est impensable de considérer Le Parrain : 3ème partie comme une daube intégrale.

Pacino reprend donc le rôle de Michael Corleone, vieillissant et cherchant une succession. Toujours aussi impeccable, Pacino retrouve d'anciens visages et en connaît de nouveaux, notamment Andy Garcia, très crédible, et Sofia Coppola, fille de, dont l'interprétation ne fut pas toujours des plus plébiscitées.

Quittant le mythe et la légende qui entourait le Parrain pour entrer dans un film typiquement américain, Le Parrain : 3ème partie ne séduit qu'à moitié, en comparaison de ses illustres modèles, mais parvient quand même à renouer avec une certaine maestria de la mise en scène, et où Al Pacino montre qu'il était aussi doué jeune que maintenant.

Cherchant un peu trop la petite bête là où elle n'est pas, mais dont le final est tout à fait grandiose, Le Parrain : 3ème partie est, à défaut d'un chef-d'oeuvre, un film qui clôture dignement la trilogie la plus célèbre et la plus mythique (avec celle du Seigneur des anneaux of course) du cinéma...

Note : ***

Pi


Premier film et première bombe du génialement dérangé Darren Aronofsky que ce Pi.

Il faut dire qu’en théorie, le film à de quoi être rébarbatif pour beaucoup : du noir et blanc très contrasté, très peu de personnage et le pire une histoire sur les maths (beurk !!!) ; sauf qu’Aronofsky ne se limite jamais à la face visible de l’iceberg, et prenant pour départ la valeur du nombre π, notre héros un peu parano va se retrouver agresser par des boursiers de Wall Street et des kabbalistes un peu dérangés…

Vous l’aurez compris, le scénario n’a pas grand-chose de conventionnel à défaut d’être exceptionnel ; en effet, partant sur de bonnes bases et se déroulant à merveille pendant près d’une heure, l’histoire s’essouffle sur la fin, comme si Aronofsky en avait eu marre d’écrire, trop impatient de passer à la réalisation.

De ce point de vue, on nage dans les mêmes eaux que Requiem for a dream ; à vrai dire, RFAD n’est qu’une copie des idées de mise en scène exploitées ici. On peut ainsi commencer à dessiner un style Aronofsky : usage d’une musique électro enivrante et agaçante, répétitions de certains plans, suite de très gros plans lors d’une prise de médicaments, dépendance du personnage aux substances illicites ou dangereuses, cadrage étudié pour la tension psychologique, usage du plan « caméra attachée à l’acteur »… Autant d’éléments qui se retrouvent ici comme dans Requiem for a dream.

La vision du film est également donnée très rapidement, à savoir l’unique version de Max, lequel ponctue fréquemment son récit de voix-off et de détails pour nous situer dans le temps. Sa paranoïa devient la nôtre, et on fini par croire que nous découvrons nous aussi le secret des 216 chiffres d’une valeur économique et métaphysique incroyable…

L’acteur principal, Sean Gullette (également scénariste sur le film) joue ainsi tant bien que mal le mathématicien dérangé, commettant parfois quelques impairs mais dans l’ensemble, il reste chargé d’énergie autodestructrice. A noter qu’il tiendra, paradoxalement, le rôle du psy dans Requiem for a dream…

Un peu intellectuel mais pourtant à la portée du grand public, le film s’impose donc une esthétique particulière, où le noir et blanc est très bien représenté par une composition de plan remarquable (tout n’est que noir et blanc, et les plans sur le jeu de Go sont fréquents).

Le Monde le qualifia à sa sortie du film « le plus expérimental depuis Eraserhead de David Lynch » ; ils n’avaient pas totalement faux, même si Pi ne possède pas cette magie que possédait Eraserhead ; au mystère et à l’aspect un peu métaphysique du film de Lynch, Aronofsky a préféré le matérialisme et l’aspect scientifique.

Pourtant, Pi reste un film étrange, unique en son genre, révélateur d’un véritable talent, dont personnellement j’attends avec impatience le prochain film ; à éviter si vous ne supportez pas l'expérimental mais en tout cas moi, j’ai pris mon pied.

Note : ***

Papillon


Cinquième film du génial Franklin J. Schaffner que ce Papillon.

Henri "Papillon" Charrière, un malfrat de petite envergure, est jugé à tort pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Celui-ci est condamné à vie dans une prison d'une colonie française : le bagne de Cayenne. Mais Papillon n'a qu'une seule idée en tête : s'évader.

Malheureusement, ses régulières tentatives sont toujours restées sans réussite. Devant son acharnement, les dirigeants l'envoient sur Devil's Island, une prison dans la prison, dont jamais personne n'a réussi à s'échapper. Une épreuve terrible pour Papillon, qui découvre l'enfer de l'environnement carcéral...

Effectivement, nous assistons à un enfer ! Comme l’avait fait Le pont de la rivière Kwaï à son époque, Papillon en vient à scandaliser le spectateur face à toutes les souffrances physiques et surtout morales que doit endurer le héros, en particulier la partie du film où il est enfermé dans la cellule d’isolement, dans le noir et en silence, ses rations réduites de moitié. Un tel réalisme, un tel impact sur le spectateur, c’est plutôt rare au cinéma, encore plus à cette époque. D’autant est plus grand le mérite du film.

Deux choses frappent plus que tout dans ce film : la réalisation et les interprétations.

Les acteurs d’abord : Steve McQueen et Dustin Hoffman, aussi immenses l’un que l’autre ! Pour Hoffman, rien de vraiment compliqué, son personnage restant un peu dans la veine de ce qu’il interprète d’habitude, mais Steve McQueen, présent dans 85% des plans, est d’une intensité incroyable ! De son caractère rebelle et empli de liberté à sa destruction morale dans la cellule, où on le voit se balancer sur place en train de chiquer et le regard vide, sans vie même, reste un moment mémorable…

Pour la réalisation, Franklin J. Schaffner est très fidèle à son style : une mise en scène épurée, une direction d’acteur incroyable et surtout une priorité de la réflexion sur l’action. Mais il n’en oublie pas pour autant l’humour, qui allège le film par moment de toute son énergie dramatique.

Là où on est un peu déçu, c’est dans le scénario ; certes très bon (le film est basé sur des faits réels qui plus est) il comporte cependant quelques longueurs un peu inutiles, des scènes dont on se serait bien passé ou, du moins, qu’on aurait préféré plus courtes. De 2h30, le film aurait pu passer à 2h-2h10 ça n’aurait pas été plus mal.

Mais qu’importe, le fait est là : Papillon fait partie de ces chef-d’œuvres des années 70, signée par un metteur en scène efficace et hélas trop peu prolifique.

Note : ****

Brice de Nice


Et une adaptation de plus d'un succès populaire que ce Brice de Nice.

L'histoire, tout le monde la connaît, celle de ce surfeur winner ascendant snowboarder, qui connaît hyper bien le batteur des Forbands, qui adore Hawaï (dont le H ne sert à rien) et qui porte des slips Gérard Klein. Ce yellowman, c'est Brice, le seul surfeur de Nice qui attend LA vague, SA vague, adepte de la philosophie de Body dans Point Break et roi de la casse. Sauf qu'un jour, son père se fait coffrer pour fraudes et Brice doit arrêter ses soirées yellow et ses concours de casse pour rentrer dans un monde qu'il ne connaît pas : celui du travail...

Bon, autant le dire tout de suite, le meilleur du film est concentré dans la bande-annonce. C'est peut-être un peu sévère comme jugement, mais en tant qu'aficionados, je me dois de dire la vérité.

Ce qui est agréable, c'est qu'on retrouve cet humour décalé, ces cassages mémorables (mais tu te trompes, il a pas cessé de t'aimer ; il t'a jamais aimé...) et ce personnage de loser malgré lui mais auquel on finit par s'attacher.

Des sketchs, quasiment tous les bons gags sont repris, du cassage par téléphone au cassage de la soirée (ça te dirais de pas venir ?). Les fans apprécient donc, mais un peu plus d'originalité n'aurait pas été un mal.

Si le scénario n'est donc en rien novateur, il a cependant l'avantage d'amener de nouveaux personnages qui à eux seuls valent le déplacement : Marius Lacaille, Igor d'Hossegor (Bruno Salomone toujours aussi méprisable et drôle) et une sirène représentée par Alexandra Lamy, indissociable de Jean Dujardin depuis la série Un gars, une fille. De tous ces personnages, c'est Marius qui accroche le plus, impressionnant Clovis Cornillac décidemment surprenant depuis quelques temps, aussi à l'aise dans des rôles dramatiques que dans des rôles plus barrés comme celui-ci. A lui seul il élève le film un cran plus haut. Bien sûr, Jean Dujardin garde ce même charisme détestable qui a fait de Brice l'icône d'une génération, mais sa maturité acquise depuis l'époque des Nous c'est nous semble avoir porté un peu préjudice au caractère enfant pourri gâté du personnage. Drôle mais plus mûr, ce qui dans ce cas n'est pas qu'un avantage...

Au niveau de la réalisation et du montage, James Huth ne fait que glorifier Brice, encore et encore, sans pour autant éteindre les autres personnages, comme je l'ai dit avant. Des effets spéciaux pas totalement réussi viennent parfois "casser" le film, qui aurait pu être un sommet du verbe à sa manière, Brice étant un peu le Prévert du cassage.

Fun et bigarrais, le film se laisse regarder avec joie, certaines répliques étant assurées de devenir cultes (c'est marrant comme ta tête ne va pas du tout avec le reste de ton corps ; t'es comme le ç dans surf : t'existes pas...) et le film ravissant tout de même les fans de la première heure qui jubilent de voir leur monstre sacré de la vanne sur grand écran. Beaucoup ont cru que le film serait un échec total et d'un point de vue critique et d'un point de vue public : il les a cassé...

Note : **

dimanche 24 juillet 2005

Casablanca


Ah là là là quel mythe ce Casablanca !

Evidemment, tout cinéphile qui se respecte connaît ne serait-ce que de nom cette légende cinématographique. Mais ce film mérite-il véritablement sa réputation ? Absolument !

Tout d’abord pour ses interprètes, à savoir une Ingrid Bergman resplendissante et surtout un Humphrey Bogart encore plus sombre et ténébreux qu’à son habitude. Même les seconds rôles son excellents, en particulier le policier un peu opportuniste…

Ensuite pour le scénario, "le meilleur scénario de tous les temps" selon Charlie Kauffman dans Adaptation. ; il est vrai qu’on y retrouve de l’action, de l’émotion, des traits du film d’espionnage et un engagement socio-politique indéniable.

Quant à la réalisation de Michael Curtiz, si elle n’a rien de vraiment exceptionnel, elle sert à merveille le récit et s’appuie énormément sur la splendide photographie qui contraste à merveille ce chef-d’œuvre noir et blanc.

Il faut aussi se dire qu’à l’époque, c’est un film relativement osé ; on aborde le thème de la Guerre, du nazisme, de la résistance, de la glorification des anti-nazis alors que l’Europe est sous le joug des armées d’Hitler (quoi de plus logique dès lors que le film ne fut jamais projeté dans sa version intégrale avant les années 60 en Allemagne…). Certes se sont des éléments sous-jacents à cette fabuleuse histoire d’amour qui sort un peu de l’ordinaire et du cliché (il est plus question de ménage à trois que d’une véritable histoire d’amour) mais les faits sont là, et Casablanca est vraiment le film pro-résistance par excellence ! Entre la glorification du soutien aux résistants et la description d’Allemands un peu rustre et d’une police pourrie, on ne sait plus où donner de la tête.

Et puis, Casablanca c’est aussi le film aux moments mythiques, de la chanson As time goes by aux multiples retournements de situation en passant par l chant de la Marseillaise couvrant le chant nazi… Ainsi que de ses répliques devenues cultes (Je suis alcoolique. –Ce qui fait de vous un citoyen du monde…)

Pour l’anecdote, le tournage fut extrêmement pénible, le scénario se modifiant de jour en jour et la fin n’étant même pas écrite, sans compter le budget très réduit et la peur des acteurs du navet que cela serait…

Un film de légende donc, entré à jamais dans l’histoire du cinéma pour son universalité et sa lecture multiple : film d’amour, film de guerre, film politique, qu’importe, l’important c’est qu’on aime…

Note : *****

jeudi 21 juillet 2005

Bonnie & Clyde


Bonnie and Clyde, l’épopée romanesque et tragique du plus célèbre couple de gangsters des USA.

Tout se passe donc dans les années 30, au coeur sauvage de l’Amérique, laquelle connaît sa tristement célèbre dépression. Difficile de s’en sortir là-bas, surtout honnêtement. C’est ainsi que Bonnie Parker, serveuse, va se joindre à Clyde Barrow pour attaquer des banques. Et, au passage, tuer une dizaine de personnes.

Pour représenter le couple à l’écran, deux acteurs aussi beaux que talentueux : Warren Beatty et Faye Dunaway. Pour les magnifier, un Arthur Penn e grande forme et ne tenant guère compte de la morale et de la censure de l’époque.

Pour l’anecdote, c’est à François Truffaut que les scénaristes ont pensé pour réaliser le film, lequel refusa car il ne pouvait abandonner le tournage de Fahrenheit 451. Ils proposèrent alors à Godard, qui promis de torcher l’affaire en une quinzaine de jours. Sur ces paroles, les scénaristes se tournèrent donc vers Arthur Penn.

Nous sommes donc en 1967, la censure fait rage et ne tolèrera ni sexe, ni violence, ni apologie du mal. Autant d’éléments fondateurs du film.

En effet, comment parler d’un couple sans parler de sa sexualité ? Sauf qu’ici, on joue plutôt sur la métaphore : Clyde, impuissant, ne se sent vraiment homme qu’avec une arme à la main ; Bonnie, frustrée par ce manque, cherche le plaisir et l’excitation dans le crime : à défaut d’orgasme sexuel, les amoureux se contentent d’orgasme criminel.

De violence, le film en regorge pas mal : forcément, on parle de banditisme, il est logique qu’à un moment ou l’autre ça dérape. C’est ainsi qu’on peut voir un banquier se faire tuer à bout portant par Clyde dans la voiture, la vitre brisée et couverte de sang. Pour l’époque, quelle révolution !

L’apologie du mal, on ne peut pas vraiment l’appeler comme ça ici : non, disons plutôt que c’est une glorification de l’amour et une vision des choses un peu romancée ; enfin quoi, c’est du cinéma, pas du documentaire non plus. Mais c’est ça qui posa problème à l’époque, qui créa les polémiques, cette magnificence du couple Beatty-Dunaway/Barrow-Parker. D’où peut-être sa déception aux Oscars, alors qu’il fut nominé 10 fois.

Pourtant, en dépit de cet aspect qui pouvait choquer moralement (et surtout attirer financièrement) les descendants des victimes et même des criminels, le film est une véritable réussite : savant mélange d’humour et d’action, d’amour et de réflexion, le film a parfois tendance à partir vers le western grande époque bien que l’histoire se déroule dans les années 1930. Il faut dire qu’on est en pleine campagne du Texas, ça joue.

Les acteurs, on ne peut que s’incliner devant eux, tout d’abord le couple vedette bien sûr, mais également ses seconds rôles, pour le moins prestigieux : entre Gene Hackman en frère de Clyde ou Gene Wilder en otage qui fait copain-copain, mon coeur balance. Aucun ne fait de mauvais pas, aucun ne sur-joue ou ne sous-joue, non, chacun respire la grande interprétation.

Et cette petite musique, glorifiée par ce montage impeccable, ne permet que de distiller encore plus l’ambiance du moment : la Dépression et la répression. En effet, les flics en prennent pas mal pour leurs grades là-dedans, notamment celui qui parvint à arrêter, de manière définitive, le couple mythique…

Un film immense donc, révélateur d’une époque aussi bien historique que cinématographique, bombe de libération dans un cinéma étouffé alors ; comme quoi les criminels de légende peuvent aussi servir à quelque chose de bien…

Note : ****

Network


Probablement la plus féroce satire sur la télévision que ce Network.

Au milieu des années 70, les informations à la télévision changent. Le journalisme perd en effet pied face au pouvoir de l'argent et la besoin croissant de divertissement. Une rédaction se bat alors pour maintenir son audience sans se compromettre, jusqu’au jour où le présentateur du J.T. annonce son prochain suicide devant les caméras ; révélation terrible dans un premier temps mais qui fait considérablement augmenter l’audimat, d’où le regain d’intérêt pour ce présentateur sombrant peu à peu dans la folie…

Devant la caméra, un quatuor de choc : William Holden en rédacteur vieux jeu et dépassé par les événements, Faye Dunaway en programmatrice arriviste, Peter Finch en présentateur dérangé et Robert Duvall en patron visant les hauts sommets. Que du lourd pour des interprétations colossales, magistrales, chacune brillant dans son registre : l’arrivisme, la faiblesse humaine, la perte de contact avec la réalité, l’appât du gain.

Rien d’étonnant d’ailleurs à voir ces acteurs se surpasser quand on connaît le metteur en scène : Sydney Lumet. Eh oui, la légende des seventies quitte Pacino-Serpico (avant de le retrouver la même année pour Un après-midi de chien) et le film policer pour se lancer dans la vision critique du monde qu’il connaît le mieux, celui de la télévision (c’est en effet là-bas qu’il a fait ses premières armes). Personne n’aurait été mieux placer pour en parler, et il le prouve à travers une mise en scène efficace et usant d’effets parfois saisissants (le retournement du big boss sur Howard Beale, usant de la même technique d’approche et de discours pour lui inculquer une nouvelle idéologie). De nos jours, seul Paul Thomas Anderson aurait peut-être pu rivaliser avec lui, PTA qui connaît très bien le monde de la télévision lui aussi (à noter que Network reste pour le jeune prodige le meilleur film de tous les temps…) mis bon, rien n’est moins sûr… En tout cas, Lumet reste efficace à 200%, optant pour un récit sans temps morts et d’une précision redoutable.

Le sentiment qui en ressort est d’autant plus traumatisant, d’autant que Beale devient trop gênant pour les producteurs qui ne peuvent le virer ; ne reste alors qu’une solution, l’ultime pour ainsi dire. Et c’est là que le constat fait mal, très mal : la télévision n’est donc qu’une machine à fric, la plus importante qu’il soit ; mais la télévision, c’est aussi comme le dit Beale, le seul véritable leader des foules, le maître à penser de la population mondiale, conditionnée (que ce soit à la violence ou à tout autre idéologie) en permanence par ce que la télévision montre, ou plutôt ce qu’elle veut montrer. Pour Lumet et les scénaristes, La téloche c’est un peu notre Big Brother à nous, sauf qu’ici on est pas dans un roman mais dans la vraie vie. Et si le film faisait mal dans les années 70, il le fait encore plus maintenant, notamment à travers ces grandes chaînes privées qui nous livre les dernières aventures d’has-been à la campagne, de couple à la recherche d’adultère, de la glorification d’un pauvre péquenot qu’on fait passer pour millionnaire pour draguer ou de la glorie éphémère d’un pseudo-artiste chanteur, seulement acclamé pour son physique, son esprit pseudo-rebelle ou pire, par pitié envers son état de santé ; pour les plus chanceux d’entre eux, un poste de plante verte dans des émissions à 23h ; pour les autres, la poubelle et le retour à l’horrible anonymat. De la mal-bouffe télévisuelle qui détruit non seulement les quelques neurones qui nous restait mais en plus peut détruire la vie de pauvres quidams qui ont cru à une vie moins ordinaire… Howard Beale, c’est une version officielle et professionnelle de tous ces jeunes qu’on va chercher au fin fond de la campagne ; Beale, c’est cet état d’esprit que chacun voudrait avoir, ce pouvoir de se rebeller contre la société de consommation et surtout contre la petite boite qui nous gave, du matin au soir, de morts et de cataclysmes, mais Beale n’est qu’un homme, et lui aussi sera endoctrinée par le pouvoir, immense et terrifiant, de la télévision…

Un film au constat amer donc, très proche de la vérité et qui, au lieu de vieillir, a pris encore plus d’ampleur en 30 ans ; la marque des chef-d’œuvres…

Note : *****

mardi 19 juillet 2005

Les 39 marches (The thirty-nine steps)


Peut-être le film le plus célèbre de la période anglaise d’Alfred Hitchcock que ces Trente-neuf marches.

Resituons quand même le contexte du film : nous sommes en 1935, Hitler vient d’arriver au pouvoir et beaucoup de gens craignent de gros problèmes ; d’un autre côté, les progrès techniques en matière d’armement surtout sont fulgurants.

C’est dans cette sombre période de l’Histoire qu’un pauvre quidam britannique va se retrouver malgré lui pris dans une affaire d’espionnage de haut vol. Non seulement il sera poursuivi par les vilains méchants, en l’occurrence des nazis même si on ne les nomme pas tel quel dans le film, mais aussi par la police Anglaise pour le meurtre présumé d’une espionne au service de sa Majesté.

Beaucoup d’éléments du style Hitchcock sont présents dans ce film : un pauvre personnage ordinaire pris dans une situation extraordinaire, la police faisant fausse route en le poursuivant, une héroïne blonde un peu farouche et réticente au début, des scènes chocs et un humour omniprésent.

Ses acteurs, Hitchcock en fait décidemment ce qu’il veut, leu faisant dépasser leurs limites pour jouer au mieux et avec convictions leurs personnages, caricaturaux certes, mais finalement attachants, telle cette pauvre fermière affublée d’un satané mari avide.

Mais là où il s’amuse le plus Alfred, c’est bel et bien dans la mise en scène, et déjà ici ça se sent : il joue avec les champs et contrechamps, insère des images dans d’autres, réalise quelques plans par-ci par-là qui, bien qu’ils semblent simples de prime abord, sont d’une complexité énorme. De la composition d’abord, de la psychologie ensuite. Hitchcock n’en a que faire des histoires vraisemblables, après tout le cinéma n’est pas fait pour sembler réaliste, il y a les documentaires pour ça.

Hitchcock sublime aussi les Highlands comme si il était du pays, avec autant de plaisir que le fera David Lean et ses dunes dans Laurence d’Arabie.

Un film agréable donc, certes ayant un peu vieilli mais comportant presque tous les éléments de la patte Hitchcock ; et rien que pour ça, ça vaut le déplacement…

Note : ***

Blue Velvet


Le film décisif de Lynch que ce Blue Velvet, preuve indéniable d’un génie hors du commun pour les uns, fantasme hermétique et superficiel d’un auteur dérangé pour les autres.

Tout commence mal c’est vrai : alors qu’il revient dans sa ville d’enfance pour tenir le magasin de son père malade, un jeune homme découvre une oreille dans l’herbe. Evénement loin d’être anodin qui conduit notre héros à se poser des questions : à qui est cette oreille ? Pourquoi est-elle coupée ? Que faisait-elle là ?

Sur ce début d’intrigue à la Hitchcock va se greffer deux histoires d’amour : celle, platonique, du héros et de son amie d’enfance et celle, perverse et sado-masochiste, du même héros avec une chanteuse que l’on fait chanter (hahaha quel jeu de mots je suis trop fort ^^)

Dans la peau du citadin mêlé de son propre chef à une histoire d’enlèvement et de viol, Kyle MacLachlan, acteur fétiche de Lynch depuis Dune ; dans le rôle de la chanteuse névrosée, Isabella Rossellini, aussi envoûtante que troublante, sensuelle que dérangée ; et dans le rôle du bad guy, Dennis Hopper, plus dingue que jamais, véritable obsédé sexuel et personnage au passé torturé. Tous, sans exception, sont parfait, avec bien évidemment Dennis Hopper en tête même si c’est Isabella Rossellini qui sera récompensée pour sa prestation.

C’est surtout au niveau de l’image que Lynch a accompli, comme à son habitude, un travail d’orfèvre : le mélange de couleur s’opère avec une fluidité exemplaire, conférant au film cet aspect de velours par moments, angoissant le reste du temps ; la lumière également joue un rôle prépondérant, quasiment rythmée par la splendide musique d’Angelo Badalamenti, dont c’est la première d’une longue série de collaboration avec David Lynch.

Dans la complaisance du voyeurisme, Lynch rend hommage à Hitchcock et son Fenêtre sur cour : bien que différents dans leur sujet, l’idée reste la même : est-ce si mal d’espionner des gens pour leur bien-être ? Quitte, pour cela, à rester passif devant un viol ? Et finalement, la victime supposée, morte ou pas ?? Autant de question qui ne trouvent leurs dénouements que dans un final sans réelle surprise mais pourtant saisissant.

A l’époque, les critiques reconnurent le génie de Lynch, mais le public ne se prononça que peu ; depuis, Lynch a ses détracteurs et ses partisans, ceux qui l’accuse de n’être qu’un cinéaste sans fond, obligé de pondre une histoire aberrante pour en dissimuler la béance du scénario ; les autres reconnaissent l’esthétisme certains de ses films et son originalité qui font de lui l’un des cinéastes les plus inimitables qui soit : personnellement, ça ne me déplait mais alors vraiment pas… Après tout, avec Lynch, peut-être que le cinéma a trouvé son rouge-gorge…

Note : ****

mercredi 13 juillet 2005

Punishment Park


Fable politique inspirée par l'application du McCarren Act, une loi d'exception votée en 1970 à la faveur d'une aggravation du conflit au Nord-Vietnam, autorisant à placer en détention "toute personne susceptible de porter atteinte à la sécurité intérieure". Dans une zone désertique du sud de la Californie, un groupe de condamnés est amené, contre la promesse de leur libération, à traverser jours le désert à pied, sans eau ni nourriture, pour atteindre le drapeau américain sans être capturés par les forces spéciales armées et motorisées lancées à leur poursuite.

Interdit de diffusion pendant plus de trente ans (le film commence seulement à pouvoir, sous certaines conditions, être vu depuis quelques semaines alors qu’il date de 1971!), Punishment Park est certainement l’un des films les plus provocateurs qui soit : dénonçant l’esprit ultra-conservateur de certains magistrats américains, le film condamne la tyrannie (c’est ainsi qu’il faut la nommer, n’ayons pas peur des mots) du pouvoir en place. Si le film, réalisé en pleine période Nixon, touchait en plein dans la cible, il a perdu un peu de sa verve sous Clinton pour, grâce à Bush, retrouver pleine possession de son pamphlet politique.

Dans sa manière d’appréhender les choses, Peter Watkins a été un précurseur : Punishment Park est en effet un des premiers films à confondre si fortement fiction et documentaire qu’on fini par ne plus savoir se repérer. Contemporain de l’Orange Mécanique de Stanley Kubrick, qui mettait en scène une jeunesse en perdition, Punishment Park lui met en scène une jeunesse abusée, séquestrée, bafouée pour avoir le courage de défendre ses opinions, surtout si elles sont contraires à celles de la majorité des citoyens américains en faveur de la guerre. C’est ainsi que de la guerre du Vietnam et de Nixon, le film a gardé sa même ampleur politico-sismique avec Bush et l’Irak. De ce point de vue, de cette capacité à s’adapter aux grands dictateurs que l’on ne veut pas reconnaître comme tel, Punishment Park ressemble à Brazil.

Ce qu’il y a de cruel dans ce film, c’est que l’on sait condamnés ces pauvres malheureux dont certains sont là par hasard ; voilà le problème du film, trop anarchiste et rebelle pour admettre les thèses de son opposant, aussi infimes soient-elles. Un parti pris intégral qui mène à une vision limitée d’une situation tout à fait plausible.

En dépit, l’aspect film fauché recoupe parfaitement avec l’aspect documentaire : deux lieux (la "salle" des jugements (vite bâclés d’ailleurs) et le désert), aucun comédien professionnel, des discours parfois insensés mais, hélas, toujours des mêmes bouches, c’est à dire les plus fortes.

Pourtant, malgré cette aversion certaine et hélas trop flagrante du film, Punishment Park se situe haut, très haut dans le style pamphlet tragique, tout aussi percutant que le style Michael Moore et beaucoup plus efficace que le léger Fahrenheit 9/11, même si les sujets sont différents.

Film choc donc, sur lequel le temps ne semble avoir emprise ni sur la forme (ô joie!) ni sur le contenu (ça c’est moins chouette…) : un chef-d’œuvre ? Allez, c’est dit.

Note : ****

mardi 12 juillet 2005

La nuit du chasseur (The Night of the Hunter)


Quand un acteur passe derrière la caméra, il subit forcément les influences de ses divers metteurs en scène et part donc sur de meilleures bases que n'importe quel cinéaste amateur. Et le rêve pour tous comédiens passant derrière la caméra (ainsi que de tout cinéaste qui se respecte) est forcement de pondre un jour une oeuvre aussi réussie que La nuit du chasseur de Charles Laughton.

Ce film fascine depuis maintenant 50 ans et fascinera toujours par sa lugubre beauté en noir et blanc, ses implications psychanalytiques, son étrange climat, l'aura ambigue de Robert Mitchum...

Magnifique Mitchum d'ailleurs, qui n'hésita pas à prendre le risque de jouer ce pasteur meurtrier, ce charismatique croquemitaine, rôle si éloigné de ce qu'il faisait d'habitude. Et quel grand bien ça lui a fait, car il trouva l'un de ses plus grands rôles, peut-être même son meilleur, dans ce rôle de psychopate qui n'hésite pas à tuer femme et enfants pour arriver à ses fins, en l'occurence une importante somme d'argent.

La photographie du film est tout simplement magnifique et le noir et blanc confère au film une garantie d'éternité, tellement ce noir et blanc là est contrasté et réussi.

Si le récit n'illustre en fin de compte qu'une lutte entre le Bien (les enfants, symboles de l'innocence) et le Mal (Mitchum himself, représentant la convoitise, le meurtre, lui-même paradoxe vivant puisque sont tatoués sur ses phalanges les mots LOVE et HATE (amour et haine)), il est illustré de manière tout à fait original et captivante, jouant même sur le jeu des ombres et offrant des images somptueuses et inégalées.

A la fois film d'horreur et conte onirique, La nuit du chasseur est le seul film réalisé par l'acteur Charles Laughton. Il avait alors 56 ans et ne récidivera (le capitaine Blight des Révoltés du Bounty décedera effectivemmment quelques temps plus tard), ce qui contribue encore à son inestimable valeur, à l'indicible mystère de ses images et à ce qu'elles contiennent de troubles et d'irrésistiblement attirant. Du génie à l'état pur.

Note : *****

Alien


1979 : le cinéma de SF a connu un changement : fini les méchants E.T. qui veulent nous coloniser, dorénavant ce sont les gentils qui ont la cote. Terminé La guerre des mondes, pour l'instant on regarde du Rencontres du troisième type.

Un jour, une affiche interpelle les clients du cinéma du coin. Le titre : Alien. Le message : "Dans l'espace, personne ne vous entend crier". Intéressant. Le réalisateur? Un certain Ridley Scott, ex-roi de la pub et réalisateur du très beau Les duellistes. L'héros du film? Non, il s'agit d'une héroine cette fois, la première fois de l'histoire de la SF.

Le film débute gentillement, magnifiquement même : pas de doutes, Scott est un artiste visuel : le Nostromo est magnifique, les effets spéciaux irréprochables, les couleurs splendides. La première demi-heure est un véritable régal des yeux, une pure merveille visuelle. Après, ça commence à chauffer : la bête est à l'intérieur du vaisseau. Un huitième passager quoi, sauf que celui-ci ne mange pas à la cantine comme tout le monde. Pas de bol, surtout pour les sept autres passagers.

Du coup, on commence à s'en faire pour eux. Scott nous aide pas : il distille une ambiance claustrophobe où la seule solution d'échapper à la bête est de sauter dans l'espace ; autrement, c'est le bouillon, si je peux dire. Même le chat s'en mêle et vient se mêler de l'histoire. Où va le monde... Donc après avoir eu droit à un magnifique space-opéra, Scott glisse vers le glauque, le sombre, l'horrifique. Parce qu'elle fait pas dans la dentelle la bête, le capitaine vous le dira. Au passage, Scott donne son message : la modernisation, c'est pas si bien que ça... Demandez à Ian Holm, il vous expliquera.

Alors que faire? Prier. Prier pour ne jamais monter dans un vaisseau spatial, prier pour ne jamais trouver un oeuf sur une planète inconnue, prier pour avoir une pilote qui s'appelle Ripley mais surtout, prier pour que ce genre de film, on en voit plus souvent...

Note : ****

Metropolis


Voici donc un monument du cinéma... Un film qui est même rentré dans le patrimoine mondial de l'UNESCO... Et bien quand on voit Métropolis on comprend pourquoi !

Bien que le film part sur la base de la SF, Métropolis dérive pourtant rapidement sur la condition de l'homme, et en particulier de l'ouvrier dans un avenir si proche et donc si terrifiant. Un postulat qui fait mouche, parabole d'un passé revenant au présent...

Le jeu des acteurs est, pour une fois, très bon, hors de tout jeu théâtral habituel dans les muets. Ce qui est sublime, c'est l'actrice interprétant Maria, tantôt Messie d'un monde meilleur tantôt androïde qui mène le monde à sa destruction. Jamais érotisme et technologie auront été associés à ce point là, et avec autant de classe...

Ce qui frappe également, c'est la démesure du film, des décors aux effets spéciaux, qui ressemble à une superproduction des studios actuels. Pas de doutes, Lang à fait fort sur ce point, très fort.

Le scénario, lui, est vraiment puissant, mélange de SF, de drame, de sartire, de film catastrophe et avec une histoire d'amour qui n'entache en rien le déroulement du récit.

Le seul point faible de Métropolis serait peut-être son introduction, laborieuse, pesante, qui rentre petit à petit dans la chair, la fascination du film venant effectivement un peu avant la moitié du film, quand l'androïde Maria fait son apparition. Dès lors, le monde devient anarchiste, les ouvriers se révoltent et Métropolis se voit détruite de l'intérieur. Et c'est là que l'on se rend compte que Métropolis, avec son message universel d'une égalité entre les classes sociales, est un pur chef-d'oeuvre.

Le pire au final, c'est que la société actuelle et celle que décrivait Lang il y a 80 ans viennent à se ressembler de plus en plus. Et ça, ça peut faire peur...

Note : *****

Brazil


Quand le plus imaginatif visuellement parlant des Monty Python s'attelle à sa troisième réalisation, ça donne Brazil.

Qu'est-ce que Brazil? Question difficile... Même un reportage n'a pas réussi à répondre à cette question...

Brazil c'est d'abord un songe de Gilliam himself, le rêve d'un homme allongé sur la plage écoutant des sonorités brésiliennes. Original comme point de départ.

Brazil c'est ensuite l'histoire de Sam Lowry, bureaucrate rêveur qui rêve de liberté, d'ailes dans le dos et d'une jolie femme. En attendant, il doit réparer les bourdes d'un système défaillant et trop hatif pour punir, surtout si il s'agit d'une erreur.

Brazil c'est ensuite un numéro exceptionnel de prestations et d'interprétations. Jonathan Pryce en tête, qui tient le rôle du dit Sam Lowry (rôle dévolu un temps à Tom Cruise puis à Rupert Everett), qui trouve rapidement le ton juste et offre une interprétation décalée, dépassée, rêvée. Doué le Jonathan. Autant que ses comparses, Kim Greist et surtout des seconds rôles merveilleux, même s'ils ne durent qu'un moment comme l'irrésistible Michael Palin, ex-Monty Python également, ou encore le rôle d'Harry Tuttle, joué par un De Niro délirant et impeccable : en 10 minutes à tout casser sur tout le film, il vole la vedette à tout le monde. Et Ian Holm et Bob Hoskins jouent également le jeux des interprétations courtes mais jubilatoires.

Brazil c'est aussi la description d'un monde dangereux, où bureaucratie et révolutions populaires forment le tableau d'un avenir pas si enviable que ça, mélange de Kafka, Orwell et son 1984 et une folie permanente influencée Monty Python.

Brazil c'est également un film de SF à l'aspect un peu vieillot adapté à la nouvelle mode. C'est cet aspect art déco, ce refus d'accéder à la facilité d'un kitsh et d'effets spéciaux à outrances qui permettent à Brazil de conserver, 20 ans après sa réalisation, son étonnante modernité.

Brazil c'est un désespoir camouflé d'un humour loufoque, frapadingue, c'est un pamphlet politique et moral critiquant les hautes sphères des gouvernements à tendance totalitaires, à l'image de ceux de Margaret Tatcher, Staline ou Georges W. Bush.

Brazil c'est un monument d'humour et d'inventivité constante, d'originalité accordée sur des airs de sambas. C'est un film très riche visuellement et scénaristiquement.

Brazil c'est LE film culte des années 80. Brazil c'est le meilleur film de Terry Gilliam. Brazil c'est tout ça, et bien plus encore...

Note : *****

Daens


Babadam, une fois n'est pas coutume (même si ce n'est pas la première fois) je vais vous parler d'un film de ce plat pays où j'habite et ce film s'appelle Daens.

Résumé d'Allociné : "Evocation de la lutte en faveur de la classse ouvrière du père Adolf Daens dans la ville d'Alost, où l'industrie connait un essor foudroyant. En épousant la cause des ouvriers, il va devenir le temoin puis l'acteur des bouleversements qui marquèrent la naissance de l'ère industrielle."

Daens, c'est donc tout un pan de l'Histoire, technologique et humaine, une lutte des classes comme l'est Germinal. Sauf qu'ici il ne s'agit pas de mine de charbon mais d'usines de fillage.

Un aspect typiquement belge du film est le mélange (nécessaire) des langues, moitié néerlandais moitié français, où l'on démontre que c'était les francophones les patrons avides et cupides. La barrière des langues, sujet épineux très bien exploité dans le film quand le contrôle de l'usine (Alost étant en Flandre je le rappelle) se fait par des francophones ne parlant pas un mot de flamand...

Le film, pour ne pas perdre de temps, est un chef-d'oeuvre, qu'on se le dise.

D'abord la réalisation, impeccable, où la photographie est tout aussi splendide que la reconstitution effrayante et terrifiante. Stijn Coninx réalise là un film exceptionnel, tou en restant sobre et efficace comme son histoire le nécessite.

Le scénario est également signé de lui d'ailleurs, très précis et très riche il vaut à lui seul le déplacement. La fidelité historique est tout simplement bluffante et étourdissante, à la fois traumatisante et amenant à la réflexion quant à l condition humaine et surtout ouvrière de cette époque encore très proche de nous... Coninx n'épargne rien ni personne, surtout pas la royauté, qui a ignoré cette histoire, ou l'Eglise, qui a préféré rejeté l'un de ses abbés plutôt que de servir au bien du peuple pauvre...

Comme si cela ne sufisait pas, les acteurs sont tout simplement magistraux, surtout Jan Declair en abbé Daens, littéralment saisissant d'émotions et de vérité, d'une puissance de jeu sans égal et visiblement convaincu du caractère révolutionnaire et jute de son personnage. Une interprétation qui restera longtemps dans ma mémoire... Les autres acteurs n'ont rien à envier remarquer, que ce soit Gérard Desarthe ou Antje DeBoeck... Tous aussi splendides les uns que les autres...

La musique est elle aussi d'une très grande qualité, à la fois sublime et triste, quelque part entre le lyrisme et la mélancolie...

Il n'est pas rare que je conseille de voir tel ou tel film, il est déjà un peu plus rare que je conseille de voir tel film de toute urgence ; pour Daens, je vous conseille vivement de quitter la pièce où vous vous trouvez et de vous le procurer car ne pas le voir serait un péché cinématographique...

Note : ****

A bout de souffle


Voilà LE film de la Nouvelle Vague, réalisé par l'un des cinéastes les plus étrange et les plus original qu'il y ait eu, je veux bien sur paler du A bout de souffle de Jean-Luc Godard!!!

Si Les 400 coups et Truffaut ont lancés la Nouvelle Vague et furent suivis par Le beau Serge de Chabrol et Hiroshima mon amour de Resnais, c'est pourtant bien A bout de souffle qui marqua l'empreinte du courant français, à savoir un déblayage des traditions.

Ici, Godard filme un film noir à l'américaine, s'aidant pour cela du charisme de Belmondo, de la superbe Jean Seberg, de décors extérieurs (fini de tourner en studio avec la Nouvelle Vague), d'une musique entêtante et de faux-raccords en veux-tu en voilà.

Original, unique même, ce film allait devenir le symbole du courant cinématographique le plus influent de tous les temps. Il faut dire que l'équipe technique se composait de Godard à la caméra, Truffaut au scénario et Chabrol en conseiller technique...

Film majeur de l'histoire du cinéma, prix Jean Vigo l'année de sa sortie, ce film est à étudier par coeur pour pouvoir se prétendre cinéphile...

Note : ***

Blade Runner


Au panthéon du cinéma de science-fiction, Blade Runner est très certainement l’un des plus illustres représentants du genre et, soyons franc, du cinéma en général aussi.

A la base, il y avait de quoi espérer quand même : un scénario sur base de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques de Philip K. Dick, un réalisateur doué aux commandes, un acteur habitué au rôle du héros aventurier… Pouvait-on cependant croire que le film connaîtrais une telle difficulté à exister et deviendrait une référence incontournable dans le monde du septième art ?

Il faut pourtant le voir pour le croire : Blade Runner est un film unique. Sans doute parce qu’il possède son esthétique propre, certainement parce qu’il regorge de qualité tant technique que scénaristique, peut-être parce qu’il traverse les époques de manière incroyable.

Rien de bien étonnant à cela d’ailleurs, à partir du moment où le film mélange les genres avec délicatesse… et efficacité. La science-fiction côtoie le film noir, l’émotion se mélange à l’action, le film humaniste à la prévention… Bref, Blade Runner ne s’enferme pas dans un genre, il tire plutôt profit des codes de chacun d’eux pour satisfaire un maximum les spectateurs. Du film noir par exemple il tire son ambiance, ses décors et ses personnages (le détective alcoolique, la femme fatale…)

Il y a aussi cette volonté, propre aux grands films de science-fiction, de faire un film sur le rôle de l’Homme dans l’univers et sur sa condition, à l’instar d’un 2001 : l’odyssée de l’espace ou d’un Metropolis dont Blade Runner s’inspire largement. Ce côté métaphysique, mis en valeur par la remise en question constante de Deckard sur son job et, surtout, lui-même, est encore plus accentué par les références bibliques du film : le personnage de Batty peut être interprété à la fois comme Jésus et comme le Diable. Son créateur est Tyrell, un homme riche, intelligent et puissant que l'on voit dans un immense lit blanc, entouré de chandelles et portant d'immenses lunettes qui lui permettent de tout voir (Dieu). Sa création, Batty, est donc Jésus et c'est pourquoi il lui dit : "tu est le fils prodige". Ceci explique pourquoi Batty se transperce la main d'un clou plus tard dans le film afin de rester en vie. De l'autre côté de la médaille, Batty est un tueur et suite au meurtre de Tyrell, nous le voyons expulsé du royaume divin (la chambre de Tyrell) et redescendre (l'ascenseur) en enfer (la ville). Le meurtre du docteur Tyrell par Batty le lie aussi de toute évidence avec la créature du docteur Frankenstein dans le roman de Mary Shelley…

Pour en revenir à Metropolis, il est plus qu’évident que Blade Runner s'inspire directement du film de Fritz Lang. D'abord et avant tout, une femme artificielle est au centre du conflit des deux films. Dans l'un, Futura (la fausse Maria ou le robot) est une créature diabolique et violente, dans l'autre, Rachael est une âme seule et triste. Joh Frederson, le maître de Metropolis, est l'ancêtre du docteur Tyrell, qui gouverne son empire cybernétique du haut de sa tour. Mais Tyrell est aussi le génie responsable de la création des Replicants ce qui en fait aussi l'équivalent de Rotwang, le scientifique fou, la mage de Metropolis. La danse de Zora (suggérée dans l'espace hors-champ de Blade Runner lorsque Deckard se rend au club de Taffey Lewis) fait écho avec celle de la fausse Maria ; la division sociale selon une hiérarchie verticale est commune aux deux films (les riches vivent en hauteur et les pauvres dans les bas-fonds) et l'utilisation spectaculaire de la lumière et des décors expressionnistes rapprochent techniquement les deux œuvres.

Technologiquement, Blade Runner a été réalisé à un moment clef dans l'évolution des effets spéciaux au cinéma. 1982, l'année de son lancement, est aussi une date mémorable puisqu'il s'agit de la naissance des images numériques au sein du septième art dans les films Star Trek II : The Wrath of Kahn et ensuite TRON. Les effets de Blade Runner ont été réalisés traditionnellement et représentent l'apogée des techniques manuelles qui, dans les années suivantes, ont été graduellement remplacées par des méthodes numériques. La construction d'une ville miniature et de modèles réduits (véhicules), la création de peinture sur verre (matte paintings), la superposition d'effets atmosphériques tels la pluie, le feu et la fumée ont fait en sorte que Blade Runner obtienne un tel succès critique… et scientifique, puisque le film a été élu meilleur film de science-fiction auprès de 60 journalistes, devançant (de peu) 2001 : l’odyssée de l’espace, Star Wars, Star Wars : l’Empire contre-attaque, Alien et Solaris de Tarkovski (à noter que Philip K. Dick arrive 4ème chez les auteurs).

Le film n’a pourtant pas été un succès. Boudé par le public, mai surtout remonté contre Scott jusqu’en 1992, sortie de la director’s cut (et seule version visible actuellement). Les différences sont, pour la plupart, subtiles, à l'exception de quatre éléments :

- La voix off de Ford qui narre les pensées de son personnage a été retirée.
- La fin heureuse que Ridley Scott fut contraint d'ajouter au film (il emprunta d'ailleurs quelques images du film The Shining) est disparue au profit de la fin originale.
- Les moments les plus violents (lorsque Pris attaque Deckard, la mort de Tyrell et lorsque Batty se transperce la main à l'aide d'un clou) ont été adoucis.
- Une seule prise de trois secondes montrant un rêve que fait Deckard après avoir parlé à Rachael dans son appartement a été rajoutée. Cette prise présente une licorne au galop dans un champ et fait peut-être référence à la licorne que découvrira Deckard à la fin du film, celle-ci en papier. Cette licorne-origami laisse sous entendre la possibilité que Deckard est lui-même un Replicant et que le rêve de la licorne n'est en fait qu'un implant. Il résulte donc de ce simple plan deux films complètement différents : l'un mettant en vedette un héros humain qui cherche à retrouver son humanité et l'autre, un Replicant qui se croit humain et qui découvre son origine véritable. Aucune autre prise de trois secondes n’a fait couler autant d'encre dans l'histoire du cinéma…

Mais si l’origine de Deckard pose énigme, à Ridley Scott de nous répondre : oui, pour lui Deckard est un Replicant, sinon comment survivre à de tels combats et tenir suspendu dans le vide avec 3 doigts ?

Il y aurait de quoi parler durant des heures sur Blade Runner : sa beauté visuelle, la richesse de son scénario, l’ambiguïté de ses personnages, sa place privilégiée dans l’Histoire du cinéma… Mais Blade Runner n’est pas un film sur lequel on disserte ; c’est l’un de ses films qui ne peuvent que se vivre, encore et encore, tant son aura nous emprisonne éternellement tant le film est fascinant.

Note : *****

lundi 11 juillet 2005

Psychose (Psycho)


Une légende à lui tout seul ce film : Psychose, en plus d'être un sommet de la carrière d'Hitchcock et du cinéma en général, et d'avoir offert une scène de la douche inoubliable, ne couta en effet que 8000 dollars à l'époque ; il en rapporta près de 17 millions rien que du vivant de maître Hitchcock!

Mais reprenons l'histoire. Une jeune femme s'enfuit avec l'argent de son patron afin de prévoir de beaux jours heureux pour elle et son compagnon. Fatiguée, elle s'arrête dans un hôtel (pour bien l'imaginer, la maison hantée du parc Disneyland Paris en est la réplique exacte) tenu par un certain Norman Bates (magnifique Anthony Perkins). La fuyarde loue alors une chambre à ce jeune homme qui ne vit qu'avec sa mère. Et voilà que la voleuse (alias Janet Leigh quand même) qui décide de prendre une douche...

La suite vous la connaissez, et pour ceux qui ne sauraient pas le dénouement je ne dirai rien, mais avouez quand même que la scène de la douche est mythique! Evidemment, on ne peut pas juger le film que sur cette scène, et le film à évidemment ses propres petites fautes, comme chaque film.

Mais le suspens est là, bien présent, et la musique (légendaire et culte) de Bernard Hermann, compositeur génialement grandiose attitré des oeuvres d'Hitchcock, agrémente le tout d'une sauce qui prend vite, très vite. Et ce pour notre plus grand plaisir.

Si le film a connu deux suites plutôt... et un remake signé Gus Van Sant lui-même, aucun des films n'arriva à la cheville de ce modèle, de cette leçon de cinéma magistralement dirigée et interprétée. De l'art quoi...

Note : *****

Fenêtre sur cour (Rear Window)


Selon moi, le meilleur film d'Alfred Hitchcock que ce Fenêtre sur cour.

Pourquoi le meilleur film ? Parce que maître Hitchcock y exploite pleinement toutes les ficelles de son style, va jusqu'au bout de ses idées et cela d'une manière absolument magistrale.

D'abord le voyeurisme, thème récurrent chez Hitchcock, est le centre même de l'histoire. S'en suit une suite incroyable de faux-semblants, d'éléments contrecarrés. Coupable ou non ? On n'en sait finalement pas grand-chose avant les cinq dernières minutes...

James Stewart, acteur hitchcockien par excellence, signe là sa plus belle performance des quatre films qu'il a tourné avec le maître (La corde, Fenêtre sur cour, L'homme qui en savait trop (deuxième version) et Vertigo) en jouant ce pauvre quidam victime malgré lui d'événements étranges, accompagné en cela par la sublime Grace Kelly, égérie de Sir Alfred qui la magnifie à chaque plan ; en retour elle joue le personnage qu'Hitchcock adore, à savoir une blonde fatale, intelligente et distinguée, véritable bombe sexuelle et qui ne se prive pas de cet atout.

Cette fois, Hitchcock ne se lance pas de défi technique, comme il le fit dans La corde (le film en seulement trois plans-séquences), Vertigo (l'illusion de vertige) ou La mort aux trousses (suite incroyable de scènes chocs, de l'attaque de l'avion à l'affrontement au Mont Rochemort) mais installe simplement sa caméra pour filmer cette histoire, et quelle perfection ! La tension est palpable et va crescendo, le cadrage est tout simplement magistral, preuve qu'Hitchcock était vraiment un génie absolu.

Evidemment, comme bon nombre de films du maître, Fenêtre sur cour a son lot d'anecdote : par exemple, Alfred Hitchcock suggéra en guise de slogan pour la sortie du film : "Fenêtre sur cour est un film si effrayant que personne ne devrait le voir s'il n'est pas accompagné" et "Si vous n'éprouvez pas ce sentiment de douce frayeur en voyant ce film, pincez-vous - vous êtes très probablement mort".

Le film fit aussi partie des « invisibles » d'Hitchcock, à savoir les cinq films qui ne ressortirent sur les écrans qu'en 1984 (Fenêtre sur cour, La corde, Mais qui a tué Harry?, L'homme qui en savait trop et Vertigo) (décidemment pas de chance pour James Stewart lol).

Fenêtre sur cour permit aussi à Hitchcock d'obtenir sa quatrième nomination aux Oscars (il en aura seulement cinq dans sa carrière).

Bref, un film incroyable, immense chef-d'œuvre que tout bon cinéphile, que dis-je, que chaque spectateur devrait avoir vu, vu et revu afin d'apprécier ce qui est assurément une preuve de génie de deux heures...

Note : *****

Le crime était presque parfait (Dial M for murder)


Parfois les petits films de certains valent les grands de beaucoup d'autres. Si je dis cela, c'est parce que selon le propre avis de maître Hitchcock, Le crime était presque parfait était un film mineur dans sa filmographie et pourtant quel film!

En effet, inutile de faire un long discours ici, nombreux sont ceux cinéphiles ou non qui connaissent ce film ; à signaler que le film fut tellement populaire qu'il connut un remake en 1998 sous le titre Meurtre parfait avec Michael Douglas (qui, vous vous en doutez, était très loin d'égaler l'original malgré des débuts prometteurs d'un certain Viggo Mortensen et la beauté de Gwyneth Paltrow équivalant cele de Grace Kelly).

Hitchcock signe donc ici une oeuvre magistrale, bien qu'il en pensait le contraire, qui respire pleinement la perfection de la mie en scène : en effet, chaque plan, chaque mouvement de caméra est soigneusement étudié, analysé, calculé comme le crime, ce qui rend le film encore plus palpitant à suivre.

Les acteurs sont très bons, de la sublime Grace Kelly au machiavélique Ray Milland. Ils servent le récit à la merveille.

Le point clé (oh quelle magnifique parabole ave le film, la clé... euh pardon je m'égare :p) du film est sans conteste l'explication du crime, précis et sans fautes, logiquement parfait à moins de cette petite poussière que le Destin nous glisse toujours dans les jambes. Et voilà comment d'un crime raté on doit retombé sur ses pieds. Splendide vraiment!

Hitchcock signe donc là une oeuvre majeure du film policier, même si le dénouement paraît quelque peu abusif (personne n'avait remarqué le détail sauf le détective bien évidemment...) mais bon, on pardonne très généreusement car des films aussi impeccables sont tellement rares...

Note : ****

La mort aux trousses (North by Northwest)


L'un des plus célèbres et des plus réussis des films d'Alfred Hitchcock que cette Mort aux trousses.

Des plus célèbres car des plus accessibles, mélange habile de suspens agrémenté de romance et d'un humour constant servi par un Cary Grant au sommet de sa forme.

Un film très drôle en effet, démarrant sur un quiproquo énorme qui conduit notre héros à être pris pour un agent de la CIA. De cette méprise suivront tentatives de meurtres, accusations d'homicides et même attaque aérienne, c'est dire.

Car ici une fois de plus, Hitchcock se lâche et fait dans la séquence culte, deux sortants plus particulièrement du lot : celle de l'avion, devenue ultra-célèbre, et celle de la lutte sur le Mont Rochemort.

Avec tout cela, Hitchcock reste maître de sa caméra, toujours aussi habile et virtuose, et même roublard puisque les décors de la Maison-Blanche furent construits sur base de photos prises incognito sous un chapeau!

Ce génie, c'était pour derrièrela caméra. Le génie de devant la caméra lui n'a rien à envier : Cary Grant est tout simplement irrésistible en publiciste pourchassé qui trouve quand même le temps de placer une réplique très drôle tandis que James Mason est sadique à souhait et Eva Marie Saint, nouvelle îcone blonde du maître du suspens, est tour à tour sensuelle et machiavélique, charnelle et dangereuse.

Ayant plus de 45 ans maintenant, La mort aux trousses reste pourtant un sommet, non suelement de la carrière d'Hitchcock, non seulement du genre mais également du cinéma. A voir et à revoir jusqu'à épuisement tellement c'est bon...

Note : *****

Les oiseaux (The Birds)


L'un des films les plus célèbres et les plus aimé d'Hitchcock que ces Oiseaux.

Alors qu'une jeune femme (alias Tippi Hedren, future maman d'une certaine Melanie Griffith...) arrive dans une petite ville dans le but d'y retrouver un homme, des oiseaux commencent à tuer tous les gens qu'ils trouvent. Ca commence par agresser Tippi, tuer un pauvre fermier et ça finira par mettre la ville à feu et à sang.

D'où viennent ces oiseaux et pourquoi tuent-ils? On l'ignore, mais des relations symboliques ou métaphoriques avec une certaine société ne m'étonnerait pas... Mais je peux me tromper.

Là où je ne me trompe pas, c'est quand j'affirme que Les oiseaux est l'un des films les plus maîtrisés et les plus aboutis de Sir Alfred Hitchcock. Ici, chaque plan, chaque scène, chaque regard même à une signification bien précise. Quittant ses meurtriers et ses faux-coupables mais gardant son art du suspens et sa vedette féminine blonde, Hitchcock s'amuse avec ses corbeaux, ses goélands, ses moineaux et autres cormorans agressifs. Toujours aussi virtuose et perfectionniste, Hitchcock ne laisse aucun détail au hasard, et signe un film respirant la perfection à chaque instant. Une scène magistrale par exemple, étant celle où pendant que Tippi Hedren se remaquille, une nuée de corbeaux (symboles de la mort s'il en est) viennent se poser, un par un, sur une cage d'enfants dans le parc juste derrière elle. Une tension qui monte crescendo pour partir en cauchemar ornithologue dès la fin de la première moitié du film.

Un sommet, tout simplement...

Note : *****

Le Dictateur (The Great Dictator)


Quand Chaplin décide de critiquer quelque chose, on sait que ça ne sera pas méchant mai très juste. C'es à nouveau le cas avec Le dictateur, probablement son meilleur film.

Pourquoi meilleur? Parce que Chaplin, encore plus que d'habitude, déborde d'énergie tant dans l'interprétation que dans la réalisation.

Parce que Paulette Godard, madame Chaplin à la ville à cette époque, est sublime, tant au niveau du talent que du physique.

Parce que l'aspect prémonitoire n'a jamais été aussi flagrant, alos qu'Hitler monte seulement au pouvoir en annexant la Pologne, Chaplin prévoit déjà, malheureusement, les folies du Führer.

Parce que le film, débordant de vitalité et de perfection, déborde aussi de génie et d'inventivité, avec ses moments cultes (inutile de les citer mais bon, repensons à la séquence de bataille, à celle du rasage sur fond de Brahms, à ce ballet auquel joue Chaplin dictateur avec la planisphère ou encore ses tests d'inventions "révolutionnaires"... Tous plus jubilatoires les uns que les autres) quitte à tirer un peu trop sur la fin (le discurs final de Chaplin le barbier)...

Parce que bien que ça fasse 60 ans qu'il ait été réalié, le film a gardé un charme indéniable, une modernité saisissante et un constat éternel, car le monde aura toujours ses dictateurs.

Parce qu'on aimait Chaplin, qu'il nous manque mais qu'il a livré avec Le Dictateur un fleuron du cinéma, indémodable et que l'on ne peut qu'aimer...

Note : *****