vendredi 8 juillet 2005

Killer's kiss


Après le semi-échec personnel de Fear and Desire (Kubrick le retira lui-même des projections), Kubrick entreprend de réaliser un deuxième long-métrage, toujours tiré d'un scénario de son propre chef, et qui s'intitule Killer's Kiss.

L'histoire, très simple, est celle d'un boxeur qui va s'amouracher d'une danseuse vivant en face de chez lui. La danseuse, en ayant assez des avances de son patron, va chercher à fuir avec le boxeur, mais évidemment le patron ne va pas tolérer ça... Une histoire cousue de fil blanc donc pour un scénario vraiment pas original.

Les interprétations, à de rares exceptions près, ne sauve aucunement le film, pire l'enfonce, les jeux des acteurs étant très fades et peu crédibles.

Non, si l'on veut chercher du bon dans ce film, il faut chercher du côté de la réalisation. Bien qu'il soit encore jeune et inexpérimenté, Stanley Kubrick affiche déjà une solide connaissance de la lumière et du cadre. En effet, reprenant la majorité des codes du film noir, Killer's Kiss contient, malgré quelques erreurs, des scènes d'une esthétique renversante : trois ombres s'avancant dans une ruelle des plus sombres, le cadre des escaliers raides du dancing, et bien sûr un match de combat saisissant, d'une rare brutalité et d'une originalité constante dans sa manière d'être filmé (Kubrick s'inspira beaucoup de son premier court, Day of fight, et ce fut ces scènes-là qui inspirèrent les combats de Scorsese pour Raging Bull).

Métaphorique également, les prsonnages étant souvent comparés à des poupées ou mannequins pour prouver le vide de leur existence. A souligner d'ailleurs une séquence finale renversante, où le héros se bat avec le patron dans une salle remplie de mannequins, une scène très maîtrisée et d'une rare intensité.

Très loin d'être un chef-d'oeuvre donc, et peut-être meilleur si Kubrick n'avait pas dû supporter tous les postes sur ces seules épaules (producteur, scénariste, réalisateur, directeur photo et monteur), constitue pourtant une preuve que l'on naît avec le talent, à l'image de Stanley Kubrick...

Note : ***

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