samedi 9 juillet 2005

Easy Rider


Première réalisation du génial Dennis Hopper que ce Easy Rider.

Alors attention, si Hopper se retrouve aux commandes, c'est pourtant bel et bien un film d'ami, écrit par lui et Peter Fonda, Fonda également producteur et acteur dans ce road-movie avant-gardiste.

Il faut dire qu'à l'époque, les mœurs ne sont pas très poussées : les cheveux longs font peur et ne sont pas considérés comme des gens normaux, le rock n'est qu'une musique de sauvage... Dans cette Amérique coincée et conservatrice, le mouvement hippie est une véritable révolution. Et c'est cet état d'esprit, ce mode de vie qu'ont choisi Fonda et Hopper pour ce film.

Il faut savoir qu'à l'époque, Fonda et surtout Hopper ne sont pas souvent en contact avec la réalité, loin de là : il n'est pas rare qu'Hopper arrive raide défoncé sur les plateaux. Pour preuve, le montage original d'Hopper durait 4h ; les producteurs ont du se raviser et surtout tenter de trouver une logique au film pour en réduire le montage à 1h30.

En dépit d'un tournage folklorique et d'une post-production prise de tête, Easy Rider s'inscrit dans la lignée de ces films d'auteurs qui font mal, très mal.

Dans une Amérique bien pensante, deux motards voyagent, s'arrêtant ci et là pour se rouler un petit joint, se faire arrêter, rencontrer un avocat alcoolique alias Jack Nicholson, se rendre au carnaval de la Nouvelle-Orléans avec des prostituées, finir la gueule sur le tarmac...

Crinière au vent et mégot à la bouche, Hopper et Fonda sont grandiose, autant devant la caméra en tant que junkie à la recherche d'une vie qui leur conviendrait que derrière la caméra, montrant l'étroitesse d'esprit des USA à la fin des années 60.

Ca sniffe, ça fume, ça b****, ça fait le con mais surtout, ça profite de la vie, au rythme d'une b.o. rock endiablée vouant le culte de l'herbe et de la liberté de penser. C'est ça qui dérangeait tant les autorités de l'époque, la liberté individuelle. Et c'est ça que Hopper et Fonda mettent en avant. Un choc des cultures immense pour un pays soi-disant si ouvert.

Seul bémol du film, ses moments d'exaltation toxico : la scène du carnaval par exemple, si elle commence très clairement, fini dans un mélange de visions étranges qu'il est difficile de comprendre sans avoir fumé au préalable. L'effet en jette, on se croirait vraiment aussi pété qu'eux, mais on est vite perdus.

Le final, quant à lui, est d'une férocité et d'une acidité sans pareille, démontrant que dans le pays, finalement, être intelligent et indépendant de corps et d'esprit n'est pas le meilleur moyen de faire de vieux os...

Une véritable ode à la liberté donc, servi par des comédiens entièrement dévoué à leur personnage comme à leurs convictions ; un film qui allait défoncer les dernières barrières du puritanisme américain...

Note : ****

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