lundi 11 juillet 2005

Boogie Nights


Deuxième film et véritable premier succès de Paul Thomas Anderson que ce Boogie Nights.

Sans faire de jeux de mots (oserais-je ? Allez j’ose ^^) il fallait en avoir (ça y est c’est fait ! lol) pour illustrer la vie artistique de Dirk Diggler, star du porno des années 70. Mais PTA n’est pas du genre à qui on impose mais qui s’impose, et voilà comment mettre en œuvre l’un de ses projets les plus chers.

Car oui, les plus cher, P.T. Anderson ayant déjà réalisé dans sa jeunesse un court-métrage sur Diggler ; si ce n’est qu’à l’époque, le film ne valait pas un clou et fut massacré par tout ceux qui le virent. Qu’à cela ne tienne, P.T. Anderson ne s’est pas laissé démonter et le voilà de retour avec son pote Dirk.

La véritable classe du film, c’est de faire un film sur le cul sans en montrer un seul ! Oui bon, il y a un peu de nudité, mais que diable, de nos jours il y en a dans tous les films. Puis c’est de porno qu’on parle là, et on voit rien ! De la décence qui contribue à la qualité du film.

D’un point de vue mise en scène, Paul Thomas Anderson annonce clairement la couleur : il est fan de Scorsese et il ne peut le cacher ! De toute façon, ça saute aux yeux : narration scorsesienne (gloire - chute aux enfers - rédemption), fluidité et nombreux mouvements de caméra, PTA pousse même l’hommage à son paroxysme à travers un final mémorable, référence directe au final de Raging Bull. Quant à la composition des plans et l’usage des couleurs, PTA en a déjà compris les secrets.

Il ajoute même à son film cette aura, cette ambiance fin seventies – début des eighties grâce notamment à une b.o. soignée et très présente.

Mai comme si ça ne suffisait pas, Paul Thomas Anderson bluffe tout le monde à travers son scénario : certes la narration est emprunte à Scorsese mais également à Altman dans la manière de mixer une multitude de personnages ; de plus, le véritable trait de génie du film est la lecture multiple qu’il offre : en situant son héros à la fin des années 70 et au début des années 80, Paul Thomas Anderson fait le parallèle entre les mœurs de la société, l’évolution du cinéma porno mais également du cinéma en général : la fin d’une époque, le début d’une autre ; la fin d’une génération, la relève de la suivante… De plus, le parallèle entre la carrière de Diggler et l’état du cinéma porno est aussi frappante, sa chute dans la drogue se faisant parallèlement au passage direct vers la vidéo pour le porno, le retour gagnant de l’un redonnant un nouveau souffle à l’autre…

Niveau casting, Paul Thomas Anderson s’entoure de ceux qui deviendront ses habitués et travailleront avec lui sur d’autres films : William H. Macy, Ricky Jay (le gros chef op’ barbu), Alfred Molina, Julianne Moore reviendront dans Magnolia ; John C. Reilly et Philip Baker Hall eux étaient déjà présent dans Hard Eight et reviendront aussi dans Magnolia ; seuls Luis Guzman et Philip Seymour Hoffman reviendront et dans Magnolia et dans Punch-Drunk Love, Philip Seymour Hoffman fidèle des fidèles car il est le seul à avoir également tourné dans Hard Eight et donc à avoir fait tous les films de PTA jusqu’ici. Cet attachement aux acteurs fait également partie de la patte P.T. Anderson. A noter qu’ayant travaillé avec des acteurs d’une certaine renommée outre-Atlantique comme Adam Sandler ou Mark Wahlberg et d’autres véritables icônes du star-system (Tom Cruise), Paul Thomas Anderson ne regrette d’avoir travaillé qu’avec un acteur : Burt Reynolds, lequel était très prétentieux sur le tournage et refusait les indications de Paul Thomas Anderson ; ironie du sort, il trouvait là son meilleur rôle pour lequel il recevra une nomination aux Oscars… A noter qu’au niveau de l’équipe technique, P.T. Anderson travaille aussi souvent avec les mêmes personnes, que ce soit en production, en direction photo ou en musique originale (Jon Brion, compositeur attitré sauf ici sur Boogie Nights).

Une véritable bombe donc, qui explosa dans le paysage cinématographique voilà 7 ans et qui révélait celui qu’on considère aujourd’hui comme le grand maître de demain….

Note : ****

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