samedi 9 juillet 2005

La dame de Shanghai (The Lady from Shanghai)


Pas le meilleur et pourtant un très grand Orson Welles que cette Dame de Shanghai.

A Cuba, Michel, marin irlandais en quête d'un embarquement, sauve d'une agression une jeune femme, Elsa. Le mari d'Elsa, avocat célèbre, offre à Michel d'embarquer sur son yacht pour une croisière vers San Francisco. Elsa et Michel s'aiment. Grisby, l'associé de Bannister, s'aperçoit de cet amour. Il veut disparaître et propose à Michel 5000 dollars pour signer un papier dans lequel il confesse l'avoir tué.

Pour la petite histoire, Welles ne voulait pas tourner ce film ; il trouvait l'histoire vraiment mauvaise. Seulement, pour mettre en œuvre une pièce de théâtre, il avait besoin d'argent et c'est ainsi qu'il promit à Harry Cohn, patron de la Columbia à l'époque, de réaliser un film pour lui. Ainsi naquit La dame de Shanghai.

Welles connut ainsi plusieurs difficultés sur le tournage, d'abord par le contrôle de Cohn et d'Errol Flynn, puis par sa liaison avec Rita Hayworth, l'actrice principale, avec qui il devait divorcer quelques mois plus tard. Mais ce qui tracassait surtout Welles, c'était la médiocrité du scénario (même si, personnellement, je ne trouve pas le scénario si mauvais que ça). C'est ainsi qu'il se lança lui-même le défi de faire une mise en scène unique, inédite afin de donner un peu de relief au film. Et il faut dire qu'il a réussi !

En effet, comme dans bon nombre de films de Welles, la plupart des plans sont composés de manière incroyable, certains ayant en plus une valeur sémantique inouïe ; pas de doutes, Welles était vraiment un maître dans l'art du cadrage. Welles permit même au film de rentrer dans la légende grâce à sa scène finale, scène ultra-célèbre ou Welles, Hayworth et Everett Sloane (ami de Welles et acteur de la compagnie Mercury, compagnie dirigée par Welles) s'affrontent dans un palais des glaces. D'une grande complexité, d'une symbolique plus que frappante, d'une avance sur son temps énorme, cette scène est très étudiée aujourd'hui dans les écoles de cinéma et permis au film de ne pas sombrer dans l'oubli et à Welles d'asseoir un peu plus son image de génie inégalable.

Malheureusement, le film connu de nombreuses coupes (de 2h30 il passa à 1h22) et personne ne tînt compte des notes de Welles concernant le montage. Celui-ci avouera même plus tard qu'il désapprouvait son film, mais il ne le renia pas pour autant (un peu comme Le criminel).

Un film qui vaut plus pour sa légende et sa mise en scène que pour sa qualité globale sans doutes, malgré une voix-off ténébreuse signée Welles lui-même, qui aurait peut-être été un immense chef-d'œuvre si, pour une fois, on avait laissé Welles travaillé comme il le voulait. En dépit, il reste un très très grand film d'un cinéaste maudit...

Note : ****

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