jeudi 21 juillet 2005

Bonnie & Clyde


Bonnie and Clyde, l’épopée romanesque et tragique du plus célèbre couple de gangsters des USA.

Tout se passe donc dans les années 30, au coeur sauvage de l’Amérique, laquelle connaît sa tristement célèbre dépression. Difficile de s’en sortir là-bas, surtout honnêtement. C’est ainsi que Bonnie Parker, serveuse, va se joindre à Clyde Barrow pour attaquer des banques. Et, au passage, tuer une dizaine de personnes.

Pour représenter le couple à l’écran, deux acteurs aussi beaux que talentueux : Warren Beatty et Faye Dunaway. Pour les magnifier, un Arthur Penn e grande forme et ne tenant guère compte de la morale et de la censure de l’époque.

Pour l’anecdote, c’est à François Truffaut que les scénaristes ont pensé pour réaliser le film, lequel refusa car il ne pouvait abandonner le tournage de Fahrenheit 451. Ils proposèrent alors à Godard, qui promis de torcher l’affaire en une quinzaine de jours. Sur ces paroles, les scénaristes se tournèrent donc vers Arthur Penn.

Nous sommes donc en 1967, la censure fait rage et ne tolèrera ni sexe, ni violence, ni apologie du mal. Autant d’éléments fondateurs du film.

En effet, comment parler d’un couple sans parler de sa sexualité ? Sauf qu’ici, on joue plutôt sur la métaphore : Clyde, impuissant, ne se sent vraiment homme qu’avec une arme à la main ; Bonnie, frustrée par ce manque, cherche le plaisir et l’excitation dans le crime : à défaut d’orgasme sexuel, les amoureux se contentent d’orgasme criminel.

De violence, le film en regorge pas mal : forcément, on parle de banditisme, il est logique qu’à un moment ou l’autre ça dérape. C’est ainsi qu’on peut voir un banquier se faire tuer à bout portant par Clyde dans la voiture, la vitre brisée et couverte de sang. Pour l’époque, quelle révolution !

L’apologie du mal, on ne peut pas vraiment l’appeler comme ça ici : non, disons plutôt que c’est une glorification de l’amour et une vision des choses un peu romancée ; enfin quoi, c’est du cinéma, pas du documentaire non plus. Mais c’est ça qui posa problème à l’époque, qui créa les polémiques, cette magnificence du couple Beatty-Dunaway/Barrow-Parker. D’où peut-être sa déception aux Oscars, alors qu’il fut nominé 10 fois.

Pourtant, en dépit de cet aspect qui pouvait choquer moralement (et surtout attirer financièrement) les descendants des victimes et même des criminels, le film est une véritable réussite : savant mélange d’humour et d’action, d’amour et de réflexion, le film a parfois tendance à partir vers le western grande époque bien que l’histoire se déroule dans les années 1930. Il faut dire qu’on est en pleine campagne du Texas, ça joue.

Les acteurs, on ne peut que s’incliner devant eux, tout d’abord le couple vedette bien sûr, mais également ses seconds rôles, pour le moins prestigieux : entre Gene Hackman en frère de Clyde ou Gene Wilder en otage qui fait copain-copain, mon coeur balance. Aucun ne fait de mauvais pas, aucun ne sur-joue ou ne sous-joue, non, chacun respire la grande interprétation.

Et cette petite musique, glorifiée par ce montage impeccable, ne permet que de distiller encore plus l’ambiance du moment : la Dépression et la répression. En effet, les flics en prennent pas mal pour leurs grades là-dedans, notamment celui qui parvint à arrêter, de manière définitive, le couple mythique…

Un film immense donc, révélateur d’une époque aussi bien historique que cinématographique, bombe de libération dans un cinéma étouffé alors ; comme quoi les criminels de légende peuvent aussi servir à quelque chose de bien…

Note : ****

0 Comments: