vendredi 29 juillet 2005

Crimes et délits (Crimes and misdemeanors)


Probablement l’un des meilleurs films de Woody Allen que ce Crimes et délits.

A travers deux histoires distinctes et pourtant semblables, Allen pose ses questions et apporte son opinion sur l’un de ses sujets les plus cher : la religion. Sujet rébarbatif s’il en est, difficile à mettre en image ; d’autant plus grand est le mérite de Woody d’y être arrivé.

Dans la première histoire, nous suivons un ophtalmologue persécuté par sa maîtresse avec qui il a rompu ; dans la deuxième, un documentariste se voit dans l’obligation financière de faire le portrait de son beau-frère, producteur télé applaudi sauf par Woody Allen.

A travers ces deux récits, Allen se demande si Dieu est vraiment la voie à suivre, et surtout qu’arrive-t-il quand on commet un acte irréparable ? Dieu ou toute autre autorité nous punira-t-elle un jour ?

Dans le premier cas, on assiste à un regret du passé, à une répercussion d’autrefois sur le présent ; preuve en est avec ces flash-back récurrents du personnage central, Martin Landau, irréprochable. D’un autre côté, on frôle plus l’adultère quand le documentariste alias Woody Allen tombe amoureux d’une productrice. Une histoire commence mal et l’autre semble aller vers le bonheur, mais dans un final étincelant de strass et paillettes, le monde s’inverse, et l’ophtalmologue qui pour avoir réfuté Dieu un temps et lui préférer des manières expéditives se voit torturé puis libéré à son réveil à la religion, tandis que celui pour qui tout allait visiblement s’arranger voit son rêve cinématographique et romanesque s’écrouler. Chacun avait commis ses crimes et ses délits, mais chacun a reçu sa punition appropriée.

D’un point de vue technique, le film est irréprochable : nous sommes en 1989 et Woody Allen est alors au sommet de son art, d’une perfection sans nom dans la réalisation ; la photographie est très soignée et la direction d’acteur est impeccable.

D’un point de vue stylistique, Allen rompt un peu avec ses habitudes privilégiant légèrement le drame et surtout la réflexion à l’humour ; bien sûr, il ne renie pas ses origines, et le nombre de répliques cinglantes et amusantes est élevé, du moins dans la partie entre Woody Allen et Mia Farrow, histoire amusante en totale opposition (complémentarité ?) avec l’histoire de Martin Landau.

Film à portée philosophique, n’ayant pour référence que le propre univers allenien (séquence hommage à Annie Hall quand Landau se revoit à un dîner en famille et où il questionne son père sur le pardon et la pénitence des fautes que l’on commet…), Crimes et délits reste pour moi l’un des sommets de la carrière de Woody Allen, à la fois comédie acide et pure tragédie métaphysique ; de l’art.

Note : ****

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