dimanche 10 juillet 2005

Boulevard du Crépuscule (Sunset Boulevard)


Probablement le film le plus sombre et le plus agressif de Billy Wilder que ce Boulevard du crépuscule.

En effet, le plus agressif car il attaque non seulement l'industrie du cinéma mais également le commun des spectateurs ; sombre car il traite de la mort lente de la vie des stars.

Pour interpréter ce récit ayant pour thème la décrépitude des anciennes stars et le star-system à Hollywood, Wilder convoque déjà une très grande équipe : William Holden, la grande Gloria Swanson, son modèle Erich Von Stroheim et dans leurs propres rôles Cecil B. DeMille et Buster Keaton, entre autres. Un vibrant hommage au cinéma muet donc, dont une séquence marquante est restée dans les annales (la fameuse partie de cartes).

Si Wilder attaque donc le business du cinéma hollywoodien, qui plongea dans l'ombre toutes les grandes stars du muet à l'arrivée du parlant, Wilder en veut aussi aux spectateurs d'oublier qui étaient ces grandes vedettes, celles qui ont justement forgé l'image de rêve d'Hollywood. Image de rêve également critiquée au cours d'une scène où la jeune amie de Holden dit qu'elle a eu recours à la chirurgie esthétique pour correspondre à un certain modèle...

Cette décrépitude que vit donc Swanson, c'est Holden qui va en subir les conséquences en devant écrire l'adaptation de l'histoire de Salomé pour cette vedette mégalomane et isolée. Inutile de dire à quel point les acteurs sont prodigieux, frôlant chacun la perfection.

Wilder est toujours aussi irrévérencieux, glissant toujours ses petites pointes d'humour noir et se permettant de conter l'histoire à travers la voix d'un mort. Fantastique, et le film aurait peut-être été encore plus incroyable si Wilder avait gardé sa scène d'intro originale, qui consistait à un débat entre morts à la morgue jusqu'à arriver à l'histoire de ce piètre dramaturge.

Un immense hommage donc, un film de cinéphile également, et une réussite totale qui installa pour l'éternité Wilder au rang des génies inégalables. Et c'était encore bien peu de chose...

Note : *****

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