lundi 29 août 2005

Lost Highway


Peut-être le film le plus sombre de David Lynch que ce Lost Highway.

Il faut dire que le film commence mal ; dans un appartement en désolation, un homme reçoit un coup de sonnette : on lui annonce la mort d’un homme. Revoilà le même appartement avec le même homme, bien plus propre sur lui, marié à une splendide épouse mal fagotée. Quelques temps plus tard, ils reçoivent à la suite 3 cassettes vidéos : la première montre leur immeuble ; la deuxième les montre en train de dormir ; la troisième montre le meurtre de la femme…

Le voyeurisme, thème cher à Lynch, est donc le starter de ce récit alambiqué, car par après ça va devenir beaucoup, beaucoup plus compliqué.

Ce qu’il y a de bien avec ce cinéaste, c’est qu’on ne sait jamais si ses scénarios révèlent du génie ou s’il a fumé quelque chose de sévère avant de les écrire ; parfois même on se demande si il sait ce qu’il veut dire… Ici, pas de problème, le film tourne rond, mais conserve néanmoins ses zones d’ombres ; n’espérez donc pas comprendre à la première vision…

Pour former un des deux couples (le même en réalité ?), Lynch a fait appel à Bill Pulman et Patricia Arquette : un acteur ambigu et une actrice aussi belle que talentueuse. Avec ça, impossible de plomber le film, d’autant qu’Arquette est encore plus sublime en blonde platine, ressemblant étrangement à Marilyn Monroe…

Dans ses choix musicaux, Lynch choisi le plus approprié à son récit : d’une part les musiques entêtantes, angoissantes et fascinantes du génial Angelo Badalamenti ; d’autre part, du costaud signé Marilyn Manson, Rammstein ou encore Nine Inch Nails… A noter d’ailleurs les apparitions furtives de Twiggy Ramirez et Marilyn Manson… en acteurs pornos !

Car oui, c’est nouveau, Lynch parle de porno, sauf qu’ici c’est pour créer un malaise encore plus intense et attaquer une certaine caste américaine très friande de ce genre de chose… Le voyeurisme, encore et toujours.

Bien sûr, on ne peut parler d’un film de David Lynch sans souligner la qualité exceptionnelle des images. Une fois de plus, Lynch soigne sa photographie mais surtout l’usage de ses couleurs et son cadrage, tout comme la composition de plan dont chacun est toujours riche de symboles. Nouvelle influence d’Hitchcock visiblement.

En résumé, Lost Highway c’est quoi ? Eh bien Lost Highway c’est le parcours initiatique d’un dérangé du cerveau, un parano à tendance schizo ; Lost Highway c’est un film sur le voyeurisme exacerbé des Américains qui en sont presque à sortir avec une caméra dans la rue pour filmer tout et n’importe quoi ; Lost Highway c’est un bijou de photographie ; Lost Highway, c’est un chemin sinueux de plus dans la filmographie de Lynch, comme si celui-ci voulait nous entraîner sur une route que lui seul connaît, sans issue, dans le seul but de s’accorder un temps de réflexion sur le monde, de se souvenir plus ou moins d’histoires qu’on dû vivre, quitte à les fantasmer un peu ; Lost Highway, c’est la route à ne pas prendre quand on cherche un bête divertissement et pas un film d’auteur de grande qualité ; Lost Highway, c’est un film déroutant et dérangeant de prime abord, saisissant et terriblement fascinant quand on y regarde de plus près, comme les phares d’une voiture sur une autoroute déserte…

Note : ****

vendredi 26 août 2005

Soupçons (Suspicion)


Pour moi, l’un des meilleurs Hitchcock que ce Soupçons.

Pourquoi l’un des meilleurs ? Car il me semble qu’Hitchcock atteint une maturité technique et dramatique proche de la perfection.

Prenons d’abord le scénario : tout commence bien quand une petite bourgeoise tombe amoureuse d’un flambeur. Ils se marient, vivent heureux un moment mais voilà que le dit époux avoue sa pauvreté. Déjà un mensonge financier, pour la petite bourgeoise, ça commence mal. Mais de fil en aiguille, elle en vient à soupçonner son chéri de vouloir l’assassiner pour récupérer son argent…

D’un point de vue construction littéraire, le film est une véritable perle ; on fini nous-même par douter quant à la sincérité ou à la culpabilité du personnage de Cary Grant… Il faut dire que Sir Alfred joue constamment avec nos nerfs, fournissant ça et là des informations qui vienne renforcer nos opinions jusqu’à ce qu’un autre élément vienne tout fausser…

Bien sûr, Cary Grant joue à merveille l’ambivalence, tour à tour séducteur, flambeur, amoureux et colérique, on fini aussi par se méfier de lui. Pour l’époque, un choc !

Attention ne lisez pas si vous ne voulez pas connaître la fin !!!

C’est d’ailleurs là le souci, qui contraint Hitchcock à changer sa vision de l’histoire pour répondre aux demandes du studio qui désirait un happy-end ; Hitchcock, lui, voyait Grant coupable, d’où cette merveilleuse manière de tromper le spectateur…

Voilà vous pouvez lire :-)

Victime de toute cette machination, Joan Fontaine est elle aussi magnifique, laquelle finit par nous rendre coupable de ne pouvoir l’aider à s’en sortir.

Bien sûr, un film d’Hitchcock doit aussi contenir sa part d’éléments forts : un exemple des plus frappants dans le film est le célèbre verre de lait ; Hitchcock avouera quelques années plus tard dans son entretien avec François Truffaut avoir eu l’idée de placer une ampoule dans le verre de lait qu’on soupçonne empoisonné afin de rendre cet élément particulièrement menaçant et la scène plus tendue ; effet réussi ! Et ce n’est qu’un des multiples effets du film…

Un petit bijou cinématographique donc, et un film phare dans la carrière d’Hitchcock car il signait la première de quatre collaborations avec Cary Grant, l’homme qu’Hitchcock rêvait d’être ; vu son machiavélisme dans le film, on était pas loin de la vérité…

Note : *****

Rusty James (Rumble Fish)


L’un des films les plus subtils que j’ai pu voir que ce Rusty James.

Il faut dire qu’aux commandes, ce n’est pas n’importe qui : Francis Ford Coppola. Et niveau acteurs, il ne s’est pas fait avoir : Matt Dillon, Mickey Rourke, Dianle Lane, Nicolas Cage, Chris Penn, Dennis Hopper, Laurence Fishburne, Tom Waits, Sofia Coppola… Que des inconnus à l’époque, ou presque. Et il convient de saluer leurs interprétations, toutes plus magnifiques les unes que les autres, en particulier Mickey Rourke, tantôt lunatique tantôt sauvage, qui prouve qu’il était bel et bien un acteur d’exception. Coppola, révélateur de talent et directeur d’acteur immense.

Mais Rusty James, dans le fond, c’est quoi ? Eh bien d’abord, c’est avant tout un film sur l’adolescence. Attention, on est loin de ces bêtes teenages-movies du style American Pie ou de ces agressions verbales et visuelles comme les films de Larry Clark ; non, avec Coppola, on fait dans la poésie, la métaphore, la beauté, presque la magie…

De poésie et de métaphore, le scénario en est rempli, à travers cette histoire d’un ado paumé qui ne rêve que d’une chose : ressembler à son grand frère. De fil en aiguille, et de manière très subtile, celui-ci fait comprendre à Rusty que la vie c’est autre chose que les bagarres et les soirées arrosées, que parfois, tel un poisson combattant, un « Rumble Fish », on fini par se battre non seulement avec tout le monde mai également avec soi-même, et que la solution à cette lutte psychique et physique permanente n’est peut-être rien d’autre que la liberté, la vraie ; voilà pourquoi Rusty réussira, sur les conseils de Motorcycle Boy, là où son frère a volontairement échoué : trouver sa liberté en quittant les petites eaux de son quartier pour l’immensité de l’océan… Et il convient de montrer que la vie n’est qu’une brève étincelle dans le temps, en témoigne ses nuages et ce soleil montrés en accéléré.

La beauté, Coppola en fait l’élément distinctif de son film : dans un sublime noir et blanc, il offre une vision particulière du monde, sa vision qu’il transmet à son personnage de Motorcycle Boy, daltonien. Pourtant, dans cet aspect morose de la vie, quelques touches de couleurs viennent illuminer l’écran, rendre important des détails qui peuvent paraître superflus mais qui pourtant sont d’une importance capitale : les poissons. D’un point de vue technique, c’est un Sin City avant l’heure. Coppola tire également le meilleur parti de son noir et blanc, jouant comme un magicien avec les contrastes et la profondeur de champ.

De magie, il fini par en être question à certains moments, afin de suivre la réflexion de Rusty ; un exemple frappant est quand celui-ci meurt quelques instants et voit ce qu’il a perdu à trop vouloir être rebelle…

Un film à la fois poétique et esthétique, où Coppola se pose à la fois en sociologue, artiste, philosophe et technicien hors pair ; dis Francis, quand est-ce que tu nous reviendra comme ça ?

Note : *****

L'emmerdeur


Le film qui allait lancer à la fois le genre « duo populaire » et confirmer la carrière de Francis Veber que cet Emmerdeur.

Veber, qui était déjà connu pour son Grand blond avec une chaussure noire, offre donc à Edouard Molinaro cette lutte émotionnelle, cette « guerre des nerfs » entre un abruti fini et un terrible tueur à gages. Veber a donc trouvé son style : un duo improbable, des situations rocambolesques servies par des dialogues savoureux, le tout avec l’andouille attendrissante, François Pignon.

Pour jouer le « couple », deux acteurs monstrueux mais radicalement différents : Lino Ventura, avec son gabarit d’ancien catcheur, sa gueule imperturbable et sa froideur à stopper net un régiment d’enragés ; en face, dans le rôle de Pignon, Jacques Brel, grand émotif, chanteur adulé mais surtout maigrichon et sensible.

Si le duo n’est pas aussi célèbre et applaudi que celui de Richard-Depardieu, il fonctionne pourtant à merveille, et tourne si rond que Veber parvient à nous convaincre : celui qui fais pitié, ce n’est pas tant Brel et ses gaffes que Ventura qui doit les supporter en silence.

Ce qu’on peut juste reprocher au film à l’heure actuelle, c’est la réalisation : hélas trop faible, trop classique et pas assez inventive, elle semble vieillir terriblement, si bien qu’au bout de 32 ans le film, malgré une durée courte de 1h30, est un peu long à se mettre en place et surtout ne parvient pas toujours a captiver le spectateur.

Mais heureusement, le véritable intérêt reste cette notion de couple impossible, qui sera la base de nombreux films plus tard, bons et moins bons…

A noter que L’emmerdeur fut un tel succès qu’il connu un remake par un certain Billy Wilder sous le nom de Buddy, Buddy, mettant en scène (une fois de plus) le couple Lemmon-Matthau, un remake par ailleurs relativement réussi…

Une sympathique comédie, un peu vieillie mais dont les deux interprètes principaux continuent encore et toujours à nous fasciner…

Note : ***

mardi 23 août 2005

Bully


Nouvel opus choc sur la jeunesse américaine de Larry Clark que ce Bully.

En effet, aux Etats-Unis, le cinéaste indépendant et dérangeant par excellence reste cet ancien photographe qui adore une chose par dessus tout : montrer la face très sombre de la jeunesse américaine. Il l’avait fait avec Kids et Another day in paradise, il le refera via Ken Park, et ici il s’attaque au fait divers avec Bully.

Car en effet, l’histoire est basée sur des faits réels : une bande d’ado massacra un de leurs amis le 14 juillet 1993 en Floride, et ne ressentir jamais le moindre sentiment de culpabilité après cet acte…

Clark choisi donc le soleil pour parler de son histoire, en opposition avec le caractère ténébreux des « héros » du film. C’est là le plus grand atout du film : une brochette d’acteurs inconnus et pourtant grandioses, dirigés par un très bon metteur en scène.

Plus abouti que Kids, Bully reste néanmoins très dérangeant, tant au niveau de la forme que du contenu. Bon, pour le message, on est ok, c’est là l’un des films les plus réalistes et les plus sombres sur le véritable problème de l’Amérique : sa jeunesse en perdition, en manque de repère, déboussolée et désabusée, sans pour autant que quiconque réagisse…

Mais là où on tolère moins, c’est dans la manière d’aborder le sujet : le film est vulgaire, trash, à la limite du porno fauché parfois, complaisant dans sa violence et son langage cru. A force de vouloir faire trop réaliste, Clark perd une partie de son public qui préférera sans doute la modération de Another day in paradise ; ici, on enchaîne allégrement scènes de cul, violence gratuite, prostitution et misogynie. C’est choc, ça fais réfléchir, mais ça fini aussi par lasser.

La conception du meurtre par contre vient ajouter à ce drame social une touche de polar pour teenager, plus barbare que Cursus fatal mais dans une veine machiavélique tout à fait semblable. Quant au meurtre lui-même, il reste l’un des éprouvants et des plus terrifiants de l’histoire du cinéma.

Un film qui mitige donc, à la fois réflexion sur une société condamnée et un voyeurisme certain sur la vie sexuelle et junkie des ados des USA, qui n’ont pas besoin de vivre dans des ghettos pour mal finir. Dommage que Clark oublie parfois l’aspect sociologique de son récit au profit d’une montée d’adrénaline qui fini par laisser de marbre…

Note : **

Super Size Me


Le documentaire choc sur Mcdonald’s qui fait grand bruit à sa sortie que ce Super Size Me.

Petite explication du titre : le Super Size est en fait un menu spécial servi dans les Mcdonald’s, très prisé aux USA ; il s’agit de tout « en grand » : un litre de coca, une portion géante de frites et un BigMac comme on ose à peine en imaginer.

Si Morgan Spurlock a choisi de parler de ce sujet dans son documentaire, c’est soi-disant pour convier les gens à réagir aux dangers de la malbouffe : aux USA, l’obésité est la deuxième plus grande cause de mort naturelle après le tabac ; chaque jour, un Américain sur quatre visite un fast-food ; les frites, qui constituent l'accompagnement principal des repas servis dans les fast-food, sont le plat de légumes le plus consommés aux Etats-Unis, et les américains consomment plus d'un million d'animaux par heure, principalement sous formes de steaks hachés ou d'escalopes de volailles (il faudrait en outre faire plus de sept heures de marches pour brûler les calories contenues dans un menu Super Size) ; deux adultes sur trois et 9 millions d’enfants sont atteints d’obésité, ce qui peut entraîner divers problèmes de santé, de l’hypertension au diabète, du cholestérol aux risques d’attaques cardiaques, de fatigabilité aux problèmes d’érection…

Alors forcément, vu comme ça, les fast-food n’ont rien de vraiment attirant. Et pour appuyer encore plus son point de vue, Spurlock se proclame lui-même cobaye et se fixe un règlement quasi-absurde : pendant 30 jours, il devait manger exclusivement dans les restaurants de la firme, et ne consommer que des produits qui y sont vendus, y compris l'eau. Il s'est en outre astreint à systématiquement commander l'option Super Size, lorsque le serveur la lui proposait. Il s'imposait de goûter à tous les produits présents dans le menu, au moins une fois. Enfin, effectuer trois repas par jour : petit déjeuner, déjeuner et dîner. Pour faire tout cela, il était suivi d’une équipe de médecins, de diététiciens et de sa femme.

En voyant le film, on ne peut s’empêcher de faire des liens ave Bowling for Columbine et Michael Moore : les deux documentaires s’attaquent à des problèmes très graves mais surtout aux USA, beaucoup moins importants en Europe par exemple ; la mise en scène usant et parfois abusant de divers effets (animations, splits-screens…) donne un aspect « d’jeuns » afin d’attirer un maximum d’ado à voir le film avec plaisir ; enfin, Moore et Spurlock dans leur manière d’aborder les choses (vision très subjective et questions importantes auxquelles peu de gens savent répondre) sont également très semblables.

Pourtant, malgré la véracité et la frayeur que le film peut créer, on se sent moins concerné, peut-être à tort, par ce problème de mauvaise nutrition ; il faut dire que la population européenne est moins friande de fast-food, en tout cas moins que les Américains. C’est là le hic du film, comme le fut celui de Bowling for Columbine et surtout Fahrenheit 9/11.

Ce qui peut déranger aussi, c’est la quête absolue d’authenticité de Spurlock, qui plonge de temps en temps son film vers des images plutôt limites : était-ce nécessaire de filmer le documentariste en train de vomir ? De même l’opération du mec aux 8 litres de soda par jour était-elle obligée d’être aussi poussée et longue dans le traitement ?

Malgré ces quelques défauts, qui peut-être empêcheront plus d’un de regarder le film jusqu’au bout, Super Size Me reste un des grands docu de cette décennie, soulevant le danger des grosses boîtes du style Macdonald’s ou Pepsi qui non seulement mettent la main sur le marché de la nourriture mais aussi sur les écoles, notamment dans l’enseignement (en 2003, le magazine télévisé américain "90 minutes" s'est intéressé aux liens existant entre éducation et nutrition aux Etats-Unis ; ainsi, dans un lycée américain, un distributeur de la marque Pepsi y déverse des calories en canette. Pour 80 000 dollars par an, le géant de la boisson a obtenu du proviseur le droit d'installer en exclusivité ses distributeurs dans l'établissement. Dans une autre école, les élèves apprennent à lire en déchiffrant les logos MacDonald's et Pepsi sur des programmes informatiques subventionnés par ces mêmes poids lourds de l'alimentaire).

A noter qu’à la suite du succès à Sundance du film, Macdonald’s a arrêter de vendre le Super Size au menu ; les responsables nieront le rapport avec le film… Inversement, suite au procès qu’intentèrent deux adolescentes envers Macdonald’s (et qui ouvre le film), une loi surnommée « Cheeseburger » fut votée au Sénat, stipulant qu’il était interdit dorénavant d’attaquer en justice des fast-food pour cause d’obésité… Ah là là ces Américains…

Note : ****

vendredi 19 août 2005

Accords et désaccords (Sweet and Lowdown)


Hommage de Woody Allen au jazz que ce Accords et désaccords.

L’histoire : celle d’Emmet ray, génie de la guitare dans les années 30. C’est bien simple, c’est le plus grand… après Django Reinhardt. Emmet, c’est un peu le Poulidor du jazz, l’éternel frustré du manouche d’origine belge (Belgium en force ^^).

A travers ce destin étrange, Allen brosse le portrait d’un artiste extrêmement doué mais utilisant mal ses dons, se reposant sur ses lauriers, proxénète à ses heures perdues et incapable d’aimer quelqu’un d’autre qu lui-même. Film autobiographique ? Certainement : Allen aussi est doué, très doué, mais frustré par Bergman ; il a profité de ses actrices pour créer ses chefs-d’œuvre, quant à l’incapacité d’aimer et un haut taux d’égocentrisme, quel cinéaste a été plus imbu de lui-même que Woody, tournant des films sur sa propre vie intime ?

Dans le rôle principal, Sean Penn. Plutôt étrange de choisir cet acteur rebelle et à l’allure sauvage pour incarner un personnage allenien par excellence ; pourtant, Penn se débrouille extrêmement bien, incarne à la perfection l’artiste misogyne qui tout en paraissant complaisant nous devient attachant. A noter sa dernière scène du film, virage à 180° de son interprétation globale du film.

Un court moment, Uma Thurman vient lui tenir la main, le promener comme Woody Allen le désire ; c’est surtout une attaque directe mais plutôt faible de l’opportunisme des journalistes et écrivains.

Là où Allen s’amuse, c’est à nous montrer qu’il est maître du récit, que l’analyse profonde de la structure narrative n’a plus de secret pour lui. Ainsi, il s’amuse à nous raconter une scène de trois manières différentes, toutes au plus cohérente les unes que les autres, et dont on ne parvient pas à trancher. Ce qui a de bien, c’est que ça relève un peu plus le rythme qui finissait par devenir monotone.

Maître de sa caméra, Allen passe pourtant de longs moments à montrer un Sean Penn s’amusant à la guitare ; l’hommage au jazz est beau, mais un peu plus de retenue au profit d’une analyse approfondie d’Emmet Ray aurait été mieux. En effet, on a l’impression que Woody ne nous montre que la surface du personnage, au mieux une petite couche supérieure ; il faut vraiment attendre le final pour montrer une remise en question psychologique du héros.

Un bon film donc, pas LE chef-d’œuvre de Woody Allen mais un agréable moment et cinématographique et musical.

Note : ***

dimanche 14 août 2005

The Rocky Horror Picture Show


LE film culte des années 70 que The Rocky Horror Picture Show.

A la base, une œuvre musicale de Richard O’Brien (qui joue Riff Raff dans le film) ; s’en suit alors une adaptation cinématographique par Jim Sharman, qui réunit un casting inconnu à l’époque et devenu des stars maintenant : Susan Sarandon (qu’on ne présente plus) et Brad Botswick (le maire déjanté de Spin City), Tim Curry (éternel second rôle des Trois mousquetaires où il incarne le Cardinal Richelieu ou de A la poursuite d’Octobre Rouge en passant par le rôle du clown dans Ca) et Meat Loaf (rocker devenu acteur, notamment dans Fight Club…)… Pour le reste du casting, c’est surtout au théâtre qu’ils se sont illustrés.

Malgré son titre, le film n’est pas un film d’horreur ; c’est un hommage, hommage justement à d’anciens vieux films de série Z sensés être horrifiques ou de science-fiction. On passe donc par une multitude de références, de la plus connue à la plus oubliée : dans les grandes lignes, on fait des clins d’œil à La nuit du chasseur, King Kong, Frankenstein… Frankenstein qui est même le fondement du film.

En effet, l’histoire est celle du docteur Frank N. Furter, travesti perverti et à tendance nympho. C’est lui qui va montrer au jeune couple que forme Brad et Janet ce qu’est la vie, le sexe…

Ce qui est impossible à cacher, c’est qu’il s’agit d’une comédie musicale : environ 80% du film est chanté ! Mais c’est tant mieux, les musiques étant entraînantes et les paroles pleines de sens et d’intelligence.

Dans leurs rôles, les acteurs sont fabuleux : de Susan Sarandon en petite bourge coincée à Brad Botswick en fiancé un peu couard en passant par les frères et sœurs Riff Raff et Magenta alias Richard O’Brien et Patricia Quinn… Chacun se libère, s’extériorise pleinement, surjoue encore et encore ce qui rend le film totalement délirant car bien sûr, il ne faut pas le prendre au sérieux… de prime abord. Pourtant, celui qui éclipse tout le monde est et reste 30 ans plus tard Tim Curry en docteur travello et mégalo : il cherche l’orgasme continuellement et n’hésite pas à se prendre pour Dieu en créant l’homme parfait pour cela… Excessif, extravagant, choquant pour les puritains, il trouve pourtant là le rôle de sa carrière, celui qui aurait dû le propulser dans la légende… Le hasard des fois…

Les morceaux eux s’enchaînent aussi bien que les plans, et l’ambiance délire ne faiblit jamais en cours de route, soutenue par un kitschisisme absolu et exacerbé, aspect déco non négligeable qui a permis au film de rester unique et jamais copié dans la suite de l’histoire du cinéma.

Pourtant, si le film se veut immoral à première vue en parlant ouvertement de sexe et en ayant pas peur de mélanger hétérosexualité et homosexualité, le constat final et subtil est bien plus intéressant : en effet, la véritable morale du film (il faut dire qu’il n’y en a pas toujours dans ce genre de film) c’est de vanter les mérites d’une certaine forme d’épicurisme voir d’hédonisme et une libération sexuelle mais surtout une libération au niveau des mœurs quant à la vie nocturne que peuvent (doivent ?) mener les jeunes.

The Rocky Horror Picture Show, où le sommet de la comédie musicale irrésistible, une expérience cinématographique inédite à la morale libertine, et une véritable bombe contre un puritanisme exacerbé ; on comprend pourquoi aux USA ce film est devenu une référence incontournable… Bref, un film qui ne peut être décrit convenablement mais doit être vu. Et vite.

Note : ****

jeudi 11 août 2005

La fueur de vivre (Rebel without a cause)


Le film qui a transformé James Dean en icône que cette Fureur de vivre.

Il faut dire qu’à l’époque, l’acteur est applaudi unanimement pour A l’est d’Eden d’Elia Kazan mais c’est véritablement son interprétation de Jim Stark qui va le transformer en référence incontournable de la culture pop.

Si La fureur de vivre fut un énorme succès en son époque, cela n’a rien de vraiment étonnant : Les Etats-Unis sortaient de la Guerre de Corée, l’Actor’s studio venait révolutionner le paysage cinématographique et les mythes prenait vie (Marlon Brando dans L’équipée sauvage deux ans plus tôt) tandis que la jeunesse se rebellait contre la société, voulant plus de ceci et moins de cela. La fureur de vivre s’inscrit donc dans cette lignée contestataire, sublimant une jeunesse qui ne veut que son indépendance et des parents dépassés et vieux jeu.

C’est là le souci du film, qui comme tout ceux s’inscrivant dans la même optique (s’établir ans l’ère du temps…) : ça a vieilli. Terriblement. La mise en scène, si subtile soit elle (usage particulier des couleurs, cadrage spécifique) n’a pas été véritablement gâtée par le temps, et si elle est encore regardable on sent que le film atteint ses 50 ans. Beaucoup d’interprétations aussi ne rentre plus dans la légende.

Pourtant, et c’est là l’un des principaux intérêts du film avec son scénario, les rôles majeurs sont grandioses : James Dean, Sal Mineo et Nathalie Wood. A eux trois, ils symbolise l’entièreté de la jeunesse de l’époque : le rebelle, la fille aimante, l’homosexuel non avoué. James Dean est ainsi l’ado indépendant, qui n’a pas peur de côtoyer le danger pour s’affirmer ; Nathalie Wood est la jeune fille qui regrette le manque d’affection de ses parents, quitte à fuguer pour leur faire implicitement comprendre ; enfin Sal Mineo incarne une sorte d’artiste, le gosse un peu paumé sans ses parents, l’orphelin qui ne cherche l’affection, l’amour de l’autre, en particulier ici avec le personnage de James Dean ; à noter que pour l’époque, traiter aussi ouvertement de l’homosexualité relève véritablement de la révolution… A noter aussi les destins tragiques de ces trois acteurs : outre la fin prématurée de James Dean à 24 ans, Nathalie Wood décédera en 1983 à 41 ans suite à une noyade quant à Sal Mineo, il sera abattu devant chez lui un soir de 1976, à 37 ans…

Une œuvre phare dans l’Histoire donc, surtout cinématographique, qui a malheureusement vieilli mais dont le charme certain permet de voir avec nostalgie, et c’est surtout à voir pour James Dean, qui tel un Jean Vigo était un génie absolu qui aurait pu radicalement changer la face du cinéma actuel ; en dépit, il l’a marqué de son fantôme pour l’éternité…

Note : ***

mercredi 10 août 2005

Terminator


En 1985, un jeune cinéaste dont on ne connaissait presque rien arrive au Festival d'Avoriaz avec son film sous le bras. Son nom : James Cameron. Son film : Terminator. Résultat : un grand prix et un statut depuis culte!

Comme beaucoup de films SF, Terminator serait né d'un rêve du cinéaste, celui d'un cyborg s'élevant parmi une mare de flammes. Seulement voilà, à l'époque, Cameron n'a réalisé que Piranhas 2 ; on est encore loin des méchants Aliens, des profondeurs de l'Abyss,du remake True Lies et des bateaux nommés Titanic. Donc, on ne lui offre pas beaucoup de moyens au Cameron. Que cela ne tienne, le film se passera dans le présent plutot que le passé.

Ensuite il faut les acteurs. Au tout début, on propose le rôle du gentil à Schwarzeneger, révélé par Conan le barbare, et celui du Terminator à Lance Herriksen. Mais Schwarzie veut le rôle du méchant, et il finit par l'obtenir. Il est difficile maintenant d'imaginer un autre acteur interprété avec tant de brio (le personnage devant être inexpressif, imposant et ne réciter que 17 phrases sur tout le film...).

Il ne reste alors plus qu'à mettre en scène. Dépourvu de gros budget, le film doit donc prfois joué sur le système D, privilégiant les effets spéciaux et les maquillages.

Ces derniers deviendront rapidement des modèles du genre. Et encore maintenant, ils semblent avoir tous bien vieilli, sauf peut-être le char du futur et le cyborg en lui-même losqu'il se déplace (on sent que c'est de la vieille animation...). Mais pour le reste, cela reste très crédible.

Mélangeant habilement SF et action, suspens et émotion, Terminator révéla Cameron et Schwarzie au monde entier et devint en plusd'un véritable succès critique et public une oeuvre majeure du genre et un incontournable du cinéma. Un statut culte qu'il n'a pas volé...

Note : ****

samedi 6 août 2005

Les 4 Fantastiques (Fantastic 4)


Nouvelle adaptation comics désastreuse que ces 4 fantastiques.

Il faut croire que Stan Lee perd la boule pour accepter de tels films, et qui plus est faire une apparition dedans ! (le facteur de l’hôtel, c’est lui)
Commençons tout de même par le point positif : les effets spéciaux. De toute évidence, les effets sont très réussis, encore qu’ils seront dépassés d’ici une (très petite) poignée d’années. Impressionnant est aussi le maquillage de la Chose, qui laisse transparaître des mimiques d visage ; pour le reste du corps, il aurait pu être mieux fait je pense, beaucoup mieux.

Voilà, les bonnes choses sont finies. Reste donc tout le reste (soit 80%) du film qui coince.

Les acteurs d’abord : issus pour la plupart de séries télés (Jessica Alba from Dark Angel, Michael Chiklis from The Shield, Julian McMahon from Charmed…), aucun ne joue véritablement juste durant tout le film. Ca sur-joue, ça sous-joue mais c’est très rarement parfait. Mention cependant à Michael Chiklis, peut-être le meilleur du casting qui tente tant bien que mal de donner une dimension humaine nécessaire à la Chose. Mais bon, on le préfère quand même en flic ripou dans The Shield (avis perso…). Pour le reste du casting, c’est plutôt un tremplin médiatique (encore que Jessica Alba aurait pu s’en passer vu Sin City et sa plastique parfaite…).

Le plus sinistre des aspects raté est très certainement le scénario ; tout au long du film cette question nous revient sans cesse : mais que va-t-il se passer ??? Invisible Girl va-t-elle ressortir avec le professeur Elastic ? La Chose va-t-il accepter de voir son meilleur ami mourir pour redevenir normal ? Von Doom va-t-il devenir le maître de l’univers ? Après une violente dispute le groupe va-t-il vraiment se séparer ? Va-t-on encore longtemps devoir supporter ce scénarii débile ?

A l’humour très potache qui n’arrache quasiment jamais de sourire, parfois trop subtil pour les enfants et pas assez pour les adultes, le film ne trouve pas son public. Qu’importe, les effets spéciaux sont là, à défaut de scènes d’action véritablement palpitantes, filmées platement par un cinéaste engagé parce qu’il ne coûtait pas trop cher.

C’est là qu’est le gros problème du film ; il s’annonce directement comme un film à pognon ; acteurs méconnus et donc pas cher, cinéaste pas très réputé pour pas dire pas du tout, scénario que les producteurs ont pu écrire eux-mêmes… C’est trop. Dans d’autres mains, et avec une autre brochette d’acteurs, sans oublier un peu plus de subtilité et un constat final autrement tourné (acceptation de sa propre différence dans le cas de la Chose par exemple…) le film aurait pu avoir un autre style, un panache certain, un charme intéressant.

A défaut, Les 4 fantastiques s’inscrit comme un film trop ciblé pour les enfants et sera complètement oublié d’ici 5 ans, même par les fans ; dommage.

Note : *

mardi 2 août 2005

Vaillant

Légère déception à plume que ce Vaillant.

Surfant sur la vague des films d’animations, de plus en plus à la mode chez les petits comme chez les grands, John H. William, déjà producteur des deux Shrek, décide cette fois de mélanger Histoire et dessin animé. Voici le résumé :

« Angleterre, 1944. L'issue de la guerre repose sur des "aviateurs" fringants et casse-cous, qui portent des messages en France au péril de leur vie : ce sont... des pigeons ! Mais la mythique "Escadrille Royale des Pigeons de Combat" est décimée par d'impitoyables faucons allemands et il ne reste plus qu'une bande de "bleus" encore à l'entraînement !

Vaillant, frêle et maladroit, Bugsy, qui ne cherche qu'à déserter, ou leurs idiots de compères, ne sont absolument pas prêts pour le combat ! Parachutés en France, ces cinq pigeons balourds réussiront-ils à retrouver les souris résistantes sans tomber dans les griffes des faucons ? Le destin de l'Angleterre est entre leurs ailes ! »

Alors chouette, encore d délire en perspective ! … Eh ben non !

Bien sûr, d’un point de vue purement technique, le film est une franche réussite : l’animation atteint une fois de plus les sommets, encore plus dans la complexité que représentait des gros plans de pigeons en train de voler, de se faire voler dans les plumes, etc. Non, d’un point de vue réalisation, rien à redire, la technique est véritablement aboutie.

C’est plutôt au niveau scénario que ça coince ; si l’histoire en elle-même est agréable et une jolie manière d’apprendre aux enfants des aspects méconnus de la Guerre (la plus haute distinction militaire que l'armée britannique puisse remettre à un animal est la Dickin Metal ; sur les 53 qui ont été remises durant la Seconde Guerre mondiale, 31 le furent à des pigeons), c’est dans l’un des aspects incontournables de ce genre de film qu’on sent le manque : l’humour. Devenu incontournable depuis Shrek, utilisé depuis très souvent avec tact (bien sûr, certaines exceptions confirment la règle), l’humour de Vaillant ne parvient pourtant pas à décoller. Il y a bien entendu des moments drôles, mais pas hilares. En fait, tout est dans la bande-annonce, à l’exception peut-être d’une souris névrosée et pyromane qui aurait amplement gagnée à être mieux exploitée, tout comme une certaine dose d’insolence, d’anti-conformisme qui n’aurait pas non plus été négligeable.

C’est sans doutes là le point faible du film, de se prendre parfois trop au sérieux, sans compter que le scénario comporte ses lacunes et est d’un académisme certain. Dans le style volaille influencée film de guerre, Chicken Run est de loin plus réussi.
Une véritable prouesse technique donc et un film drôle mais pas mémorable, qui ne peut se vanter d’entrer dans le panthéon des classiques du genre comme Shrek ou Monstres & Cie… Pourtant, c’était pas loin.

Note : **