vendredi 19 août 2005

Accords et désaccords (Sweet and Lowdown)


Hommage de Woody Allen au jazz que ce Accords et désaccords.

L’histoire : celle d’Emmet ray, génie de la guitare dans les années 30. C’est bien simple, c’est le plus grand… après Django Reinhardt. Emmet, c’est un peu le Poulidor du jazz, l’éternel frustré du manouche d’origine belge (Belgium en force ^^).

A travers ce destin étrange, Allen brosse le portrait d’un artiste extrêmement doué mais utilisant mal ses dons, se reposant sur ses lauriers, proxénète à ses heures perdues et incapable d’aimer quelqu’un d’autre qu lui-même. Film autobiographique ? Certainement : Allen aussi est doué, très doué, mais frustré par Bergman ; il a profité de ses actrices pour créer ses chefs-d’œuvre, quant à l’incapacité d’aimer et un haut taux d’égocentrisme, quel cinéaste a été plus imbu de lui-même que Woody, tournant des films sur sa propre vie intime ?

Dans le rôle principal, Sean Penn. Plutôt étrange de choisir cet acteur rebelle et à l’allure sauvage pour incarner un personnage allenien par excellence ; pourtant, Penn se débrouille extrêmement bien, incarne à la perfection l’artiste misogyne qui tout en paraissant complaisant nous devient attachant. A noter sa dernière scène du film, virage à 180° de son interprétation globale du film.

Un court moment, Uma Thurman vient lui tenir la main, le promener comme Woody Allen le désire ; c’est surtout une attaque directe mais plutôt faible de l’opportunisme des journalistes et écrivains.

Là où Allen s’amuse, c’est à nous montrer qu’il est maître du récit, que l’analyse profonde de la structure narrative n’a plus de secret pour lui. Ainsi, il s’amuse à nous raconter une scène de trois manières différentes, toutes au plus cohérente les unes que les autres, et dont on ne parvient pas à trancher. Ce qui a de bien, c’est que ça relève un peu plus le rythme qui finissait par devenir monotone.

Maître de sa caméra, Allen passe pourtant de longs moments à montrer un Sean Penn s’amusant à la guitare ; l’hommage au jazz est beau, mais un peu plus de retenue au profit d’une analyse approfondie d’Emmet Ray aurait été mieux. En effet, on a l’impression que Woody ne nous montre que la surface du personnage, au mieux une petite couche supérieure ; il faut vraiment attendre le final pour montrer une remise en question psychologique du héros.

Un bon film donc, pas LE chef-d’œuvre de Woody Allen mais un agréable moment et cinématographique et musical.

Note : ***

0 Comments: