vendredi 26 août 2005

Rusty James (Rumble Fish)


L’un des films les plus subtils que j’ai pu voir que ce Rusty James.

Il faut dire qu’aux commandes, ce n’est pas n’importe qui : Francis Ford Coppola. Et niveau acteurs, il ne s’est pas fait avoir : Matt Dillon, Mickey Rourke, Dianle Lane, Nicolas Cage, Chris Penn, Dennis Hopper, Laurence Fishburne, Tom Waits, Sofia Coppola… Que des inconnus à l’époque, ou presque. Et il convient de saluer leurs interprétations, toutes plus magnifiques les unes que les autres, en particulier Mickey Rourke, tantôt lunatique tantôt sauvage, qui prouve qu’il était bel et bien un acteur d’exception. Coppola, révélateur de talent et directeur d’acteur immense.

Mais Rusty James, dans le fond, c’est quoi ? Eh bien d’abord, c’est avant tout un film sur l’adolescence. Attention, on est loin de ces bêtes teenages-movies du style American Pie ou de ces agressions verbales et visuelles comme les films de Larry Clark ; non, avec Coppola, on fait dans la poésie, la métaphore, la beauté, presque la magie…

De poésie et de métaphore, le scénario en est rempli, à travers cette histoire d’un ado paumé qui ne rêve que d’une chose : ressembler à son grand frère. De fil en aiguille, et de manière très subtile, celui-ci fait comprendre à Rusty que la vie c’est autre chose que les bagarres et les soirées arrosées, que parfois, tel un poisson combattant, un « Rumble Fish », on fini par se battre non seulement avec tout le monde mai également avec soi-même, et que la solution à cette lutte psychique et physique permanente n’est peut-être rien d’autre que la liberté, la vraie ; voilà pourquoi Rusty réussira, sur les conseils de Motorcycle Boy, là où son frère a volontairement échoué : trouver sa liberté en quittant les petites eaux de son quartier pour l’immensité de l’océan… Et il convient de montrer que la vie n’est qu’une brève étincelle dans le temps, en témoigne ses nuages et ce soleil montrés en accéléré.

La beauté, Coppola en fait l’élément distinctif de son film : dans un sublime noir et blanc, il offre une vision particulière du monde, sa vision qu’il transmet à son personnage de Motorcycle Boy, daltonien. Pourtant, dans cet aspect morose de la vie, quelques touches de couleurs viennent illuminer l’écran, rendre important des détails qui peuvent paraître superflus mais qui pourtant sont d’une importance capitale : les poissons. D’un point de vue technique, c’est un Sin City avant l’heure. Coppola tire également le meilleur parti de son noir et blanc, jouant comme un magicien avec les contrastes et la profondeur de champ.

De magie, il fini par en être question à certains moments, afin de suivre la réflexion de Rusty ; un exemple frappant est quand celui-ci meurt quelques instants et voit ce qu’il a perdu à trop vouloir être rebelle…

Un film à la fois poétique et esthétique, où Coppola se pose à la fois en sociologue, artiste, philosophe et technicien hors pair ; dis Francis, quand est-ce que tu nous reviendra comme ça ?

Note : *****

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