mardi 23 août 2005

Bully


Nouvel opus choc sur la jeunesse américaine de Larry Clark que ce Bully.

En effet, aux Etats-Unis, le cinéaste indépendant et dérangeant par excellence reste cet ancien photographe qui adore une chose par dessus tout : montrer la face très sombre de la jeunesse américaine. Il l’avait fait avec Kids et Another day in paradise, il le refera via Ken Park, et ici il s’attaque au fait divers avec Bully.

Car en effet, l’histoire est basée sur des faits réels : une bande d’ado massacra un de leurs amis le 14 juillet 1993 en Floride, et ne ressentir jamais le moindre sentiment de culpabilité après cet acte…

Clark choisi donc le soleil pour parler de son histoire, en opposition avec le caractère ténébreux des « héros » du film. C’est là le plus grand atout du film : une brochette d’acteurs inconnus et pourtant grandioses, dirigés par un très bon metteur en scène.

Plus abouti que Kids, Bully reste néanmoins très dérangeant, tant au niveau de la forme que du contenu. Bon, pour le message, on est ok, c’est là l’un des films les plus réalistes et les plus sombres sur le véritable problème de l’Amérique : sa jeunesse en perdition, en manque de repère, déboussolée et désabusée, sans pour autant que quiconque réagisse…

Mais là où on tolère moins, c’est dans la manière d’aborder le sujet : le film est vulgaire, trash, à la limite du porno fauché parfois, complaisant dans sa violence et son langage cru. A force de vouloir faire trop réaliste, Clark perd une partie de son public qui préférera sans doute la modération de Another day in paradise ; ici, on enchaîne allégrement scènes de cul, violence gratuite, prostitution et misogynie. C’est choc, ça fais réfléchir, mais ça fini aussi par lasser.

La conception du meurtre par contre vient ajouter à ce drame social une touche de polar pour teenager, plus barbare que Cursus fatal mais dans une veine machiavélique tout à fait semblable. Quant au meurtre lui-même, il reste l’un des éprouvants et des plus terrifiants de l’histoire du cinéma.

Un film qui mitige donc, à la fois réflexion sur une société condamnée et un voyeurisme certain sur la vie sexuelle et junkie des ados des USA, qui n’ont pas besoin de vivre dans des ghettos pour mal finir. Dommage que Clark oublie parfois l’aspect sociologique de son récit au profit d’une montée d’adrénaline qui fini par laisser de marbre…

Note : **

0 Comments: