lundi 29 août 2005

Lost Highway


Peut-être le film le plus sombre de David Lynch que ce Lost Highway.

Il faut dire que le film commence mal ; dans un appartement en désolation, un homme reçoit un coup de sonnette : on lui annonce la mort d’un homme. Revoilà le même appartement avec le même homme, bien plus propre sur lui, marié à une splendide épouse mal fagotée. Quelques temps plus tard, ils reçoivent à la suite 3 cassettes vidéos : la première montre leur immeuble ; la deuxième les montre en train de dormir ; la troisième montre le meurtre de la femme…

Le voyeurisme, thème cher à Lynch, est donc le starter de ce récit alambiqué, car par après ça va devenir beaucoup, beaucoup plus compliqué.

Ce qu’il y a de bien avec ce cinéaste, c’est qu’on ne sait jamais si ses scénarios révèlent du génie ou s’il a fumé quelque chose de sévère avant de les écrire ; parfois même on se demande si il sait ce qu’il veut dire… Ici, pas de problème, le film tourne rond, mais conserve néanmoins ses zones d’ombres ; n’espérez donc pas comprendre à la première vision…

Pour former un des deux couples (le même en réalité ?), Lynch a fait appel à Bill Pulman et Patricia Arquette : un acteur ambigu et une actrice aussi belle que talentueuse. Avec ça, impossible de plomber le film, d’autant qu’Arquette est encore plus sublime en blonde platine, ressemblant étrangement à Marilyn Monroe…

Dans ses choix musicaux, Lynch choisi le plus approprié à son récit : d’une part les musiques entêtantes, angoissantes et fascinantes du génial Angelo Badalamenti ; d’autre part, du costaud signé Marilyn Manson, Rammstein ou encore Nine Inch Nails… A noter d’ailleurs les apparitions furtives de Twiggy Ramirez et Marilyn Manson… en acteurs pornos !

Car oui, c’est nouveau, Lynch parle de porno, sauf qu’ici c’est pour créer un malaise encore plus intense et attaquer une certaine caste américaine très friande de ce genre de chose… Le voyeurisme, encore et toujours.

Bien sûr, on ne peut parler d’un film de David Lynch sans souligner la qualité exceptionnelle des images. Une fois de plus, Lynch soigne sa photographie mais surtout l’usage de ses couleurs et son cadrage, tout comme la composition de plan dont chacun est toujours riche de symboles. Nouvelle influence d’Hitchcock visiblement.

En résumé, Lost Highway c’est quoi ? Eh bien Lost Highway c’est le parcours initiatique d’un dérangé du cerveau, un parano à tendance schizo ; Lost Highway c’est un film sur le voyeurisme exacerbé des Américains qui en sont presque à sortir avec une caméra dans la rue pour filmer tout et n’importe quoi ; Lost Highway c’est un bijou de photographie ; Lost Highway, c’est un chemin sinueux de plus dans la filmographie de Lynch, comme si celui-ci voulait nous entraîner sur une route que lui seul connaît, sans issue, dans le seul but de s’accorder un temps de réflexion sur le monde, de se souvenir plus ou moins d’histoires qu’on dû vivre, quitte à les fantasmer un peu ; Lost Highway, c’est la route à ne pas prendre quand on cherche un bête divertissement et pas un film d’auteur de grande qualité ; Lost Highway, c’est un film déroutant et dérangeant de prime abord, saisissant et terriblement fascinant quand on y regarde de plus près, comme les phares d’une voiture sur une autoroute déserte…

Note : ****

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