A force de trop tirer sur la corde, force est de constater que la saga de l’espion british le plus aimé de sa Majesté (et des spectateurs de cinéma en général) commençait à battre sérieusement de l’aile avec l’opus Meurs un autre jour : trop de gadgets, trop d’invraisemblances, trop de mou dans l’action, trop, trop… Il a donc fallu 4 ans entre ce film et Casino Royale pour que la sauce soit remaniée de A à Z.
Un bien pour un mal ? Plutôt un mal pour un bien à mes yeux. Exit donc le bellâtre aux cheveux sombres et à l’humour so fine, le verre de Martini à la main, place au gros dur blond aux yeux bleus qui a aussi facile à tuer que du mal à sourire. Basta la valise et la bagnole high-tech, vive la débrouillardise à l’ancienne, presque à la commando j’ai envie de dire. Et joie pour les féministes, la james bond girl n’est plus ici une potiche sexy mais une vraie personne ambiguë, fatale et tout et tout. N’en déplaise aux nouveaux fans de 007, mais pour moi c’est pas James Bond ça, c’est Jason Bourne. Faut dire que l’adaptation de la trilogie de Ludlum a agit comme une immense claque dans le domaine du film d’action et d’espionnage, alors aujourd’hui faut assurer. La nouvelle génération de spectateurs 15-25 ans n’est plus la même que celle qu’avait Sean Connery ou Roger Moore en leurs temps, les choses changent.
En plus, c’est long. Hitchcock avait cette magnifique phrase « La durée d’un film devrait être adaptée à l’endurance de la vessie humaine ». 2h30 pour un Bond, c’est pas un peu abusé ? D’autant que dans ces 2h30, il y a peut-être 50 minutes d’action pure, le reste beaucoup de bla-bla. A titre d’exemple, cette partie de poker qui dure plus longtemps que la séquence guignolesque de la poursuite sur le chantier en Afrique au début du film.
Pourquoi sauve-je le film alors ? Car s’il s’éloigne de l’univers de Bond de mon enfance, il en conserve quand même certains éléments et reste, indifféremment de ma conscience de fan de la série, un film dans l’ensemble réussi. Historiquement, Casino Royale est la première mission de Bond, avant même Dr No et il faut donc voir le personnage de Bond comme un jeune espion fraîchement agrégé d’un double zéro, un tantinet impulsif et radical. Cette énergie est canalisée par une femme, Vesper, pour laquelle il est prêt à tout arrêter. Tout au long du film, des réponses sur l’avenir de Bond nous sont données : la maîtrise de soi, le déni de l’amour pour survivre… Ensuite, comme je l’ai dit, les scènes d’action si invraisemblables restent-elles sont efficaces, notamment les 20 premières minutes du film (l’obtention du double zéro en flash-back + la poursuite en Afrique) ainsi que la séquence finale à Venise.
Pas encore tout à fait un James Bond digne de la série, Casino Royale a eu le mérite de dépoussiérer le mythe ; reste à voir si à l’avenir ce mythe va renaître de ses cendres et s’améliorer ou disparaître au profit d’un Bond américanisé : froid, violent, efficace, bref militaire – l’opposé de l’espion flegmatique le plus célèbre du monde.
Note : ***
vendredi 23 octobre 2009
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4 Comments:
Bonsoir
Je suis bien d'accord avec vous sur l'analyse du nouveau Bond = Bourne. Ca fait plaisir à lire :)
D'ailleurs c'est encore plus flagrant dans un second opus bien pire encore.
http://www.robbymovies.com/2009/05/quantum-of-solace.html
A bientôt.
Je ne suis pas complètement d'accord. Je n'aimais pas Bond avant, et je ne suis pas un grand fana de la saga Bourne. J'adore ce Casino Royale, le nouvel acteur qui l'incarne, le nouveau souffle de 007, la présence d'Eva Green, l'absence des gadgets useless, l'intrigue bien ficelée qui rebondit, l'humour désinvolte. Bref, je l'ai déjà vu de nombreuses fois et chaque visionnage est un plaisir et les 2h30 passent très vite.
Oui ce Bond ci ressemble fort a Jason Bourne MAIS si on relit Flemming on se rend compte que son personnage est très dur, en fait.
Oui, je chicane, je le reconnais!
voilà un james Bond digne de nom qui permet à la saga de retrouver un souffle dont elle avait bien besoin.
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