vendredi 8 août 2008

Voleurs de chevaux


Le passage du court au long métrage ne se fait pas toujours avec réussite. Malheureusement, c’est le cas de Micha Wald et de son Voleurs de chevaux.

Le film n’est pas une daube, attention ; c’est juste qu’il se veut ambitieux mais hélas ne convainc qu’à moitié. Il est toujours plaisant de voir un film belge délaissant un peu le côté documentaire pour flirter avec la fiction pure et dure, mais là hélas on reste sceptique.

Reprenons : nous avons deux fois deux frères, dont les histoires sont contées en chapitres différents. Dans la première, deux volontaires engagés dans l’armée soviétique tentent d’atteindre un niveau de vie aisé mais ce font piquer leurs chevaux par les deux autres frères du film, dont le deuxième chapitre décrit leur relation. Le vol se passe d’ailleurs mal, et le dernier chapitre expliquera comment la vengeance d’un des frères dérobés s’effectuera.

Ce qui est dangereux quand on divise son film en morceaux, c’est qu’il faut savoir gérer chaque partie pour qu’elle ne soit ni meilleure ni moins bonne que les autres, histoire d’avoir un film cohérent. C’est certainement là que Voleurs de chevaux perd de sa superbe.

Premièrement, on assiste à la formation militaire des deux premiers frères. Hommage (mal) dissimulé ou pur hasard, toujours est-il que cette partie aurait pu s’intituler « Full Metal Jacket chez les Soviets » tant les ressemblances sont frappantes et souvent maladroites : l’officier antipathique (mais adieu les insultes cultes pour un langage digne d’un dandy), le soldat brimé par ses camarades, l’entraînement à la dure, rien ne nous est épargné sauf que dans un film pour la famille, ça fait moyen, et si le film se veut adulte ça fait plutôt léger.

La deuxième partie est peut-être la plus intéressante, analysant le rapport qu’il existe entre les deux autres frères du film, rapport ambigu et dangereux. Il laissera pourtant rapidement sa place à la fameuse vengeance dans la troisième partie, basique.

A ne pas en douter, Micha Wald voulait créer un spectacle visuel et émotionnel intense : au froid des décors naturels du Nord contraste la chaleur humaine entre les personnages du film, entre frères mais aussi entre l’un d’eux et sa fiancée. Malheureusement, si la reconstitution historique (l’histoire se déroulant fin du 19e siècle) est à la hauteur de ses espérances, le reste ne suit pas nécessairement et plombe l’ensemble du film. Les images sont belles, en effet, mais ne dégage rien de particulier, ne captive pas l’attention ni ne font vibrer les sentiments du spectateur. Un spectacle vide, quoi de plus grave au cinéma !

Cependant, il ne faudrait pas oublier le point fort du film : ses interprètes. Le trio Adrien Jolivet/Grégoire Colin/Grégoire Leprince-Ringuet fonctionne il est vrai, et si parfois ça glisse dans la surenchère dan l’ensemble cela reste des performances honorables.

Une petite déception donc, pour une fois qu’un film belge voulait sortir des sentiers battus, il s’embourbe. La prochaine sera peut-être la bonne Micha…

Note : **

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