vendredi 8 août 2008

Hard Candy


La pub peut parfois s’avérer un bon entraînement pour passer au long métrage de fiction. C’est de cette manière que David Slade a réalisé son premier film Hard Candy.

Sur base d’une actualité inquiétante (la pédophilie sur le net), David Slade signe un film angoissant, incisif et froid comme un scalpel. Inspiré par l’actualité (des jeunes filles au Japon qui entamaient des relations sur Internet avec des hommes plus âgés, leur fixaient rendez-vous, et les attendaient avec plusieurs amis pour les agresser), Hard Candy s’amuse à brouiller rapidement les pistes en inversant les rôles : la proie n’est peut-être pas cette jeune fille innocente, que l’auteur s’amuse à comparer métaphoriquement au petit Chaperon Rouge. Cette manière de changer les rôles constitue le point fort du film, puisque dès cet instant on ignore comment cela va tourner. Hélas, Slade ne s’arrête pas là et pousse le sadisme très loin. Si quelques répliques prêtent à sourire chez les cinéphiles, l’ambiance glauque, parfaitement rendue au demeurant, est supplantée par un étirement e longueur d’une séquence de castration qui, si elle démarre bien et évite le voyeurisme, lasse très vite. Et c’est ainsi pour l’ensemble des scènes, étirées jusqu’à épuisement.

La mise en scène de Slade ne convainc qu’à moitié elle aussi. Si, comme précédemment cité, l’ambiance huis clos angoissant est au rendez-vous, il y a hélas le plaisir trop fort de faire son premier film qui est là, et si l’ensemble est de bonne facture, les quelques scènes de tensions, comme lorsque Hayley cherche des photos de mineures, filmées caméra tremblantes, donne le tournis mais pas la satisfaction de voir un bon film. Ces passages sont courts mais hélas bien présents, et gâche l’ensemble qui semblerait cohérent et réussi sans cela.

D’autant que niveau interprétations (même si elles sont pu nombreuses), il n’y a rien à redire. Si Patrick Wilson en fait parfois un peu trop dans l’angoisse de se retrouver eunuque, la jeune Ellen Page domine véritablement le film, le portant toute seule et le hissant vers son sommet. On aurait presque envie de dire que pour elle, le film vaut le détour.

Multi récompensé au Festival du Film de Sitges 2005, sélectionné à Deauville 2006, Hard Candy (dont le titre en argot désigne les mineures participant à des forums de discussions) n’est qu’une semi réussite, Slade ayant prouvé qu’il sait installer son récit mais ne sait pas toujours le maîtriser. On verra au prochain essai.

Note : ***

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