vendredi 8 août 2008

Narco


De temps à autre, le cinéma français veut abandonner son cinéma dit « d’auteur » pour surfer du côté du cinéma de genre. C’est un peu le cas de Narco comme vous allez le constater.

Tout d’abord, il y a cette volonté de mélanger les styles : comédie, thriller, science-fiction, action… En soi, une jolie idée. L’ennui, c’est que les Français sont moins aptes à faire du cinéma pop-corn que les ricains, c’est un fait (et absolument pas péjoratif). D’une part, ils n’ont pas ce sens de l’entertainment, ensuite ils n’ont pas spécialement les moyens financiers pour réaliser des effets spéciaux déments (tout le monde ne s’appelle pas Luc Besson). Si le côté comédie est en revanche lui bien mieux gérer, les ambitions des deux cinéastes a hélas été trop grande pour leur budget, et c’est bien triste. Il y a toujours ce côté US qui vient poser son ombre sur la réalisation qui, pourtant, ne s’en sortait pas trop mal, si ce n’est une mauvaise gestion de son rythme (les hommages, comme ce clin d’œil à Forrest Gump ou à La valse des pantins ne changent rien).

D’autant que la direction d’acteur était là pour suivre. Et pour cause : un casting comme celui-là, ça vous donne du tonus ! Guillaume Canet en rêveur loser, Zabou Breitman en femme fatale, Benoît Poelvoorde en karatéka dingo, François Berléand en producteur avide, Guillaume Ganielle en artiste refoulé, Jean-Pierre Cassel en papa poule et même un certain Jean-Claude Van Damme dans une séquence hilarante ! De ce côté, c’est vrai que tous sont au top, surtout Breitman et, comme à son habitude, Poelvoorde, qui sans spécialement varier de ses habitudes crée un personnage aux confins du dégoût mais qui nous est finalement sympathique car drôle malgré lui. C’est certainement le point fort de ce film, des personnages maîtrisés par leurs interprètes qui en tirent le maximum.

Pour le reste, hélas, c’est moins la joie. Le scénario par exemple, sur une idée de base géniale, s’essouffle sur la longueur, pour sombrer dans le classicisme (l’homme qui veut retrouver sa dignité) qui fait qu’au final, on s’ennui sur la dernière demi heure. Pour un film de 1h45, dur ! D’autant que beaucoup de détails sont en totale adéquation avec l’esprit un rien absurde qui règne dans ce film (les jumeaux assassins par exemple).

A n’en pas douter, Narco avait un potentiel extraordinaire, hélas exploité à moitié. En ressort donc un film qui ne convainc qu’à moitié, mais on attend le prochain film du duo Lellouche-Aurouret pour se faire une idée précise, car ces deux-là possèdent visiblement leur propre univers. Reste à ce qu’ils en tirent pleinement profit pour nous bluffer complètement.

Note : **

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