vendredi 8 août 2008

Cronicas


Pour son second film, Sebastian Cordero s’attaque aux médias qui ne s’intéressent qu’aux sujets brûlants, et dénonce le jeu de la manipulation pratiqué par la télévision dans une Amérique latine où « ce que l’on montre à la télévision ne peut être que la vérité ».

Démarrant comme un énième thriller avec serial killer pédophile, police incompétente et journalistes fouineurs au menu, Cronicas migre très vite vers le drame humain, vers la satire des médias manipulant une société illettrée en lui proposant des émissions chocs. Le suspens de la chasse à l’homme et les violences urbaines (une scène de lynchage plus vraie que nature) se voient alors supplantés par une confrontation psychologique entre un journaliste et son informateur. On se croirait presque dans un remake du Silence des agneaux si l’ensemble du film pouvait soutenir la comparaison.

Ce n’est pas tant la faute des comédiens, par ailleurs excellents John Leguizamo et Damian Alcazar (auquel on souhaite bonne chance pour la suite), que la réalisation peu tonique de Cordero. Le réalisateur semble en effet si sûr de son histoire qu’il semble laisser les comédiens aller à leur guise, et les suivre de sa caméra. Hélas, la psychologie demande aussi un contrôle absolu de l’univers qui l’entoure, et Cordero filme les entretiens entre le journaliste et le suspect comme de simples dialogues. Aucune tension, presque aucune émotion, mais c’est pourtant là que Cordero cible son intérêt. Du coup, la fin devient prévisible, les confrontations peu passionnantes et le reste du film, forcément délaissé, n’intéresse plus vraiment non plus. La morale de l’histoire perd alors toute sa saveur, alors qu’on déplorait déjà l’arnaque de ne pas voir plus souvent Alfred Molina à l’écran.

Il reste quand même à souligner la partition d’Antonio Pinto, déjà compositeur sur des films comme Central do Brasil, Avril brisé, La cité de Dieu et plus récemment Lord of war.

Un film qui n’a donc de thriller que le nom, où l’importance de la télévision dans le quotidien des gens est décrite à grands coups via un scénario préalablement trempé dans le vitriol. Après le Mexique et le Brésil, c’est donc au tour de l’Equateur de tenter de se faire une place au sein des productions mondiales. Dommage que l’ensemble est un peu fade pour réellement marquer les esprits.

Note : **

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