vendredi 8 août 2008

The road to Guantanamo


The Road to Guantanamo relate l'histoire de quatre jeunes Anglais, qui, partis célébrer le mariage d'un ami au Pakistan, se retrouvent embarqués dans la paranoïa post-11 septembre. Ils ne rentreront chez eux que deux ans plus tard, après avoir connu l'enfer de la tristement célèbre prison de Guantanamo, réputée pour ses maltraitances et ses emprisonnements arbitraires.

Le film, inspiré de faits réels, est une sorte de docu-fiction : une histoire vraie reconstituée par des acteurs, les interviews des vraies personnes étant parsemées ça et là. Pour être honnête, ce procédé ne tient pas plus du cinéma que de la télévision. Ce n’est pas pour être méchant, mais on a plu l’impression d’assister à une émission controverse plutôt qu’à une œuvre cinématographique. Cela n’a pas empêché Michael Winterbottom et Mat Whitecross de repartir auréolé de l'Ours d'Argent des Meilleurs réalisateurs à la Berlinale de 2006…

Ok, le sujet méritait d’être développé pour toucher le maximum de personnes possible. Et reconnaissons-le, Winterbottom et Whitecross ont su trouver les bons acteurs pour ça, et recréer le climat de paranoïa ambiante, du risque mortel de l’Afghanistan ou de la torture de Guantanamo (plus soft ici qu’on a voulu le dire dans la presse, même si ce n’est vraiment pas de tout repos…). Mais l’attaque documentaire demande un minimum de rigueur et surtout d’objectivité. Problème ici : nous avons le récit des 3 malheureux, mais aucune opposition pour contredire leurs histoires. En ne se plaçant que d’un côté de la barrière, les cinéastes perdent pas mal de crédibilité, d’autant que la construction du film laisse à penser à un règlement de compte avec les USA qu’à un récit tragique.

Le sujet de The Road to Guantanamo peut en effet laisser penser que Michael Winterbottom avait la volonté de réaliser un film de propagande, cependant il préfère nuancer ce point de vue : "Je ne pense pas que lorsque vous faite un film vous espérez avoir un résultat spécifique. La vérité est, que les films n'ont pas d'énormes impacts en général. Donc à la fin, je pense que nous sommes plus concernés par l'impact que le film a sur les individus, et particulièrement les trois garçons dont nous racontons l'histoire. (...) Ce qui leur arrive est extraordinaire et terrible, et je pense qu'il est bon que les gens en entendent parler, et il est bon qu'ils voient que ces trois garçons ordinaires ont été pris dans ces évènements (...) Si vous regardez les détails de leurs expériences, vous réalisez que ces choses ne sont pas comme ça dans le vrai monde." Manière délicate de se laver les mains et décliner ses responsabilités.

Un film à prendre avec des pincettes donc, tant le sujet, épineux, est émouvant mais chargé malgré lui d’une arrière-pensée : dénoncer la guerre antiterrorisme menée par le gouvernement Bush et celui de Blair. C’est humain mais le procédé est vicieux.

Note : **

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