vendredi 8 août 2008

Michou d'Auber


Thomas Gilou n’est pas un cinéaste très fin, soyons honnêtes, alors quand il décide de parler de tolérance sur fond de guerre en Algérie au travers des yeux d’un enfant, on est en droit de s’attendre à quelque chose de grave avec Michou d’Auber.

Heureusement, on évite le trop sentimental ou le trop « humour gras » ; on peut même dire que le film est une comédie dramatique dans le bon sens du terme… si ce n’est qu’on verse parfois trop dans la surenchère. Je m’explique.

Tout commence avec l’adoption d’un maghrébin par une bonne femme répondant au doux nom de Nathalie Baye. De peur que son Gérard Depardieu de mari, caractériel et accessoirement ancien militaire résolument gaulliste, ne prenne la mouche de voir le gosse, elle décide de le teindre en blond et de le faire passer pour un pur Français du nom de Michou. Déjà là, c’est foutu : comment ne pas voir directement que ce n’est pas un franchouillard le môme ? Hors, personne ne le remarque !

On n’évite pas non plus de nombreux effets mélodramatiques :le couple en crise car stérile, ce qui les conduit un peu à l’adultère, le frère maltraité qui vient chercher son petit frère mais le laisse là s’il peut lui donner de l’argent, le dur retour du père biologique… Rien ne nous est épargné. L’idée de Thomas Gilou reste la même que dans ses autres films : traiter de la différence sur un mode comique, sauf qu’avant c’était en mode mineur (La vérité si je mens !) et ça passait ; ici, la sauce ne prend pas, et le discours contre les méfaits français en Algérie est dilué dans une scène ridicule de dispute entre George et ses « amis ».

Reste une Nathalie Baye simple, qui n’en fait pas de trop contrairement à Depardieu qui fait du Depardieu. On a connu l’acteur plus inspiré, et on espère vraiment qu’il ne tiendra pas sa promesse en stoppant sa carrière avec ce film. Mathieu Amalric est hélas trop rare, et Philippe Nahon est rencardé au rang de figurant quasiment. Reste le jeune Samy Seghir qui, pour son âge, se débrouille bien même face à des acteurs comme Baye ou Depardieu.

Un film mineur, même si on attendait pas spécialement grand-chose de ce cinéaste, et qui se veut sincère parce qu’inspiré d’une histoire vraie. Il a pourtant tendance à être un peu propagandiste en stéréotypant la France profonde des années 60. Même si on peut le comprendre, Gilou ne fait que rentrer dans le jeu de ceux qu’il attaque. Dommage.

Note : *

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