vendredi 8 août 2008

L'auberge espagnole


Autant être honnête, je me suis senti un peu ridicule à la fin de L’auberge espagnole. Venais-je de louper quelque chose ? Ce film dont on dit tant de bien, n’était-il finalement qu’un faux semblant de réussite salué par une critique française égocentrique ?

Le début réconfortait pourtant : sur un ton un peu décalé, un jeune étudiant coincé doit partir en erasmus à Barcelone histoire d’avoir une bonne place une fois le diplôme en poche. Très vite plongé dans la cité hispanique, où sa seule attache est un couple de français dont la femme, aussi coincée que lui, ne laisse pas indifférent notre étudiant, on doit pourtant attendre un petit moment avant de voir pointer cette fameuse « auberge espagnole » où Allemagne cohabite avec Angleterre et autre Italie. Le constat est simple : cette maison représente, à sa manière, l’Europe actuelle, bordelique à souhait, avec une bonne entente peut-être mais ça dépend quand même des moments.

L’ennui, c’est que l’on sombre vite dans le stéréotype : l’Anglaise très stricte sur la propreté, l’Italien beau gosse, l’Allemand très précis dans ses travaux, l’Espagnole très… séduisante, etc. Là, le film perd pas mal de la crédibilité qu’il avait pu obtenir avec son aspect réaliste : cohabitation pas toujours facile, beuverie entre amis, petits tracas entre les couples… Le film surfe donc entre deux eaux alors qu’une seule nous plait vraiment.

Romain Duris semble, par ailleurs, étonnamment sage, loin de ses personnages un peu barrés dont il a l’habitude et dans lesquels, il faut le dire, il excelle. Ok que le héros se doit d’être réservé, mais arrivé un moment le changement est trop radical pour être réellement convaincant. Du coup, les autres profitent de l’occasion pour se surpasser entre eux, et c’est l’Anglaise Kelly Reilly et la Belge Cécile de France qui remportent le morceau. Un bien pour un mal finalement, même si Romain Duris n’est pas mauvais non plus.

Reste la mise en scène de Klapisch, qui tente quelque chose de nouveau par moments mais abuse aussi parfois des effets faciles et, en fin de compte, inutiles, comme cette multitude de splits-screens tout au long du récit. Klapisch mise quand même tout sur la mise en scène, puisqu’il faut avouer que son scénario est trop léger pour pleinement tenir le spectateur en haleine, et si quelques réflexions pseudos philosophiques prêtent à sourire ou même à réfléchir, ça ne fait pas tout. Un peu plus de travail (mais il faut dire que Klapisch se concentrait surtout à l’époque sur la production de Ni pour, ni contre (bien au contraire)) n’aurait pas té un luxe, et L’auberge espagnole aurait alors pu atteindre les sommets.

Dommage donc, que le film ne tienne pas toutes ses promesses. Oh ça oui, on a envie de partir en erasmus quand on voit le film ; mais était-ce le seul but ?

Note : **

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