vendredi 8 août 2008

J'aurais voulu être un danseur


Alain Berliner (Ma vie en rose) revisite la comédie musicale avec amour et tendresse pour son film J'aurais voulu être un danseur. Semi-réussite.

La vie est pleine de mystères, et parmi ceux-ci la mémoire inconsciente en est un fameux : comment, malgré nous, nous reproduisons les actes de nos aïeuls, même s'ils sont un peu fous. C'est là le point de départ du dernier film de Berliner, amoureux transi du monde musical comme il l'avoue lui-même (il a failli faire des études dans ce domaine). Sous l'impulsion d'un genre hélas un peu négligé aujourd'hui, Berliner rend hommage à Cole Porter, George Gershwin mais aussi Fred Astaire, Gene Kelly et par suite logique Stanley Donen, Vincente Minnelli ou encore Jacques Demy.

Plus que dramatiquement drôles, les illusions des hommes de la famille Maréchal sont touchantes : devenir danseur à un âge où l'on prend généralement sa retraite dans ce milieu. On aurait envie de dire un rêve de gosse, sauf que les gosses en question ont la trentaine et une famille à charge ; tout de suite, les choses sont beaucoup moins drôles... mais qu'importe ! Bien qu'il ne justifie pas leurs actes (toute malédiction qui se respecte termine mal, c'est bien connu), le cinéaste ne peut s'empêcher de présenter ses personnages, celui de François surtout, avec une tendresse qui nous fait devenir le personnage sympathique.

Vincent Elbaz y est aussi sans doute pour quelque chose, tant son interprétation épate, pas seulement au niveau des claquettes (même si cela en laissera plus d'un bouche bée, moi en premier je l'avoue) mais surtout par son jeu tour à tour drôle, grave et enjoué, un peu à l'image du film. Le reste des comédiens suit plus ou moins, si ce n’est Jean-Pierre Cassel définitivement dans son élément. Cécile de France, malheureusement, reste un peu en retrait.

Connaissant les limites de son genre, le film ne se veut pas prétentieux et vise surtout à rendre le spectateur heureux, lui offrir des rêves plein la tête et, qui sait, peut-être créer des vocations. Où est le problème alors ? Eh bien le problème, c’est que Bruxelles ou même Paris, ce n’est ni Broadway ni Hollywood : il faut savoir s’avouer vaincu. Berliner veut pourtant y croire, et tente même d’aller plus loin, mais se perd en chemin et nous avec : science-fiction avec effets spéciaux un peu ratés soyons francs, drame, comédie, musical, c’est bien, mais on y perd vite son latin. Au final, on a comme un goût de bizarre dans la bouche, ne sachant pas trop ce que l’on vient de voir. Et on évitera de parler d’un final prévisible comme pas deux.

Une réussite en demi-teinte, plus proche de l’échec, mais dont les acteurs et surtout l’amour du genre qui s’en dégage, associé à l’audace et le courage de Berliner de tenter cette aventure, mérite qu’on ne le maltraite que gentiment.

Note : **

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