vendredi 8 août 2008

Esquisses de Frank Gehry (Sketches of Frank Gehry)


Avec Esquisses de Frank Gehry, le cinéaste Sydney Pollack signe le portrait authentique d’un artiste unique mais à l’ego surdimensionné, adulé par certains, décriés par d’autres : l’architecte Frank Gehry, à qui l’on doit notamment le musée Guggenheim à Bilbao, la Cinémathèque française de Bercy et le Walt Disney Concert Hall de Los Angeles.

Il est surprenant de voir un cinéaste comme Sydney Pollack réaliser un documentaire sur Frank Ghery (même si son éclectisme n’est plus à prouver), d’autant qu’il avoue d’emblée ne rien connaître au documentaire et encore moins à l’architecture. Mais l’amitié entre les deux hommes est telle que Pollack a surmonté ses craintes pour délivrer un hommage à l’architecte de légende, artiste génial, souvent incompris et à tendance mégalomane.

L’idée de nous montrer comment un génie fonctionne au travail est très intéressante à partir d moment où Pollack nous montre tout, de la genèse d’un projet à son élaboration avant sa construction finale. Pour illustrer le point fort de Ghery, ses esquisses, Pollack tourne une partie en 35mm et une partie en numérique. L’avantage est de pouvoir être proche de la réalité d’une part et magnifier les œuvres de l’architecte d’autre part.

Pollack ne sombre pas non plus dans une glorification absolue de l’architecte, en n’hésitant pas à comparer les points de vue de différents intervenants, pro ou anti Gehry, du critique d’art aux stars people. Un refus de parti pris qui nous aide à forger notre propre opinion sur cet artiste vraiment unique. C’est sans doute là le grand intérêt du documentaire, permettre à chacun sa propre interprétation de ce qu’il voit à l’écran : un génie un peu trop prétentieux, un artiste incompris mais uniquement parce qu’il le désire, un homme presque double en somme.

D’une durée idéale, sans trop forcer sur sa narration, le film tient en haleine le spectateur qui découvre, ébahi, le processus de création de Gehry, clairement anticonformiste. Le plaisir de voir que Pollack ne prend aucun parti et se dévoue complètement à son film, premier du genre pour lui, est communicatif, et on se dit qu’Esquisses de Frank Gehry est aussi instructif qu’amusant. Et ce ne sont pas tous les documentaires qui peuvent se targuer de ces qualités.

Note : ***

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