vendredi 8 août 2008

Viva Zapatero !


Pamphlet envers la dictature médiatique de Berlusconi, Viva Zapatero ! propose une réflexion sur la liberté d’expression au sein de son pays, l’Italie, où le même homme contrôle à la fois l’Etat et la majorité des médias.

Il faut dire que depuis Bowling for Columbine, le documentaire est un genre redevenu à la mode, ou du moins popularisé comme le moyen de communication le plus libre qu’il soit dans le monde du cinéma. Quoi de plus normal donc, dans un pays où en dire trop à la TV est devenu un danger, que la comédienne satirique Sabina Guzzanti ait choisi ce support pour exprimer son mécontentement envers la situation grave que connaît le pays, ainsi que le fait que la liberté d’expression soit si outrageusement bafouée.

N’hésitant pas à s’en prendre aux politiciens ou à franchir les Alpes pour rejoindre des « collègues de la satire » comme Karl Zéro ou encore le créateur des Guignols de l’info, histoire d’étayer sa thèse de totalitarisme médiatique en Italie (pour les Italiens donc, vu que les autres pays sont déjà au courant de l’histoire…) la réalisatrice tente par tous les moyens qui lui sont possibles d’ouvrir les yeux au peuple, de lui faire comprendre le caractère fasciste qui envahit l’Italie et ses télévisions. D’accord, à condition de laisser la parole à l’adversaire.

En effet, et c’est là le plus grand reproche que l’on peut faire à la réalisatrice : l’égocentrisme. Ce n’est pas tant pour dénoncer Berlusconi, intention plus que louable, que pour réhabiliter son émission que Guzzanti fait cette démarche. Preuve irréfutable : les divisions de son film se font par des extraits de son spectacle, sorte de best of où elle reconnaît des attaques satiriques mais, bizarrement, qu’elle justifie immédiatement. Les questions qu’elle pose sont constamment les mêmes, et c’est à peine s elle laisse ses opposants lui répondre. Il faut dire que parfois, ça foire, à l’image de ce politicien qui parvient à la coincer, alors que Guzzanti tente d’enchaîner sur autre chose pour reprendre le dessus…

On regrettera aussi, j’ignore si c’est pour remplir la durée du film ou non, de terminer le film sur le final de son spectacle, certes élément déclencheur mais dont, finalement, on se fout un peu vu le sujet global du documentaire : la dictature de Berlusconi sur les médias. On a l’impression que, vicieusement, Guzzanti tend à faire pitié ; inversement, cela confirme ce que l’on pensait avant, comme quoi Guzzanti reste plus égocentrique que journaliste dans cette histoire qui aurait mérité un meilleur traitement, même si Viva Zapatero ! est travaillé.

N’usant d’aucun effet superflu et soulignant les incohérences d’un gouvernement manipulé (ou manipulateur, au choix), Viva Zapatero ! est probablement le plus grand brûlot anti-Berlusconi qui ait été fait. A l’heure actuelle, puisque Berlusconi n’est plus au pouvoir, on a l’impression que le film a perdu de l’impact, mais il suffit de voir la Rai Uno pour se dire que les choses, décidemment, ne changent que rarement…

Note : **

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