vendredi 8 août 2008

Taxidermia


Présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 2006 dans la section Un certain regard, Taxidermia est une fable étrange, une saga familiale qui prend tout et tout le monde à contre-pied.

Adapté de deux nouvelles de l’écrivain hongrois Lajos Parti Nagy, le film est un véritable OVNI cinématographique, un patchwork d’images trash sur un scénario étrange. Le thème principal du film, la recherche désespérée d’amour, trouve écho dans trois histoires qui semblent distinctes mais qui forment un tout cohérent. En réalité, György Pálfi a souhaité mettre en image une vision déformée du modèle de la saga familiale défini par l'écrivain allemand Thomas Mann. Il explique : "Le modèle de Thomas Mann est le suivant : en trois générations, le grand-père lance le clan dans le monde, le père porte la famille au sommet de la société et le fils renonce aux valeurs fondatrices de la réussite. Dans Taxidermia, ce schéma est repris, déformé, amplifié et bouleversé. J'envisage ce film, l'histoire de ces trois générations, comme un film à sketches. Un film à sketches qui n'obéit pourtant pas aux règles traditionnelles du genre, car c'est bien ici une histoire complète qui en émerge. (...) J'ai voulu créer à travers ce destin un monde où résonnent des interrogations intemporelles."

Pourtant, je ne peux m’empêcher de rester sceptique quant à la morale de certains plans ; je ne parle pa tant de ces plans étranges (un homme pissant du feu…) que de ces moments douteux, à l’image de la baise du cadavre de cochon, la masturbation du soldat sur l’image de la Petite fille aux allumettes ou de ces enfilades de séquences scatos. Va pour jouer la carte de la provoc, mais il y a des limites à ne pas dépasser sous peine de libérer ses pulsions plutôt que de vouloir s’exprimer artistiquement.

Par delà l’aspect provocant, la mise en scène de Pálfi mélange les genres avec singularité. De ce côté-là, pas de doutes, le cinéaste sait ce qu’il fait, et parvient même à créer une série d’images décalées, parfois horribles mais qui laissent assurément une trace dans nos esprits, tout comme cette séquence où le fils décide de devenir une œuvre d’art (séquence infecte mais d’une redoutable efficacité dans le gore maîtrisé).

Une œuvre fascinante et dérangeante, assurément originale, trop peut-être, et dont le fond reste trop glauque pour être réellement apprécié.

Note : ***

0 Comments: