lundi 13 août 2007

Lord of War


Andrew Niccol, valeur sûre du cinéma moderne ? Oui, oui, définitivement oui comme le prouve son dernier film Lord of War.

Il faut dire que Niccol est un géant de l’écriture : Truman Show, Bienvenue à Gattaca, S1m0ne sont autant d’exemples qui prouvent ses talents de scénariste. Des sujets originaux mais également teinté d’acidité, évoquant une réaction vive au monde contemporain : la télé-réalité qui implique le voyeurisme, l’élitisme de la société et la différenciation des classes ou encore le star-system dans toute sa superficialité. Cette fois, on change un peu la donne, et plutôt que de parler d’un trafiquant de drogue on parle d’un trafiquant d’arme. Niccol a aussi en tête une attaque en bonne et due forme des puissances mondiales prônant la paix alors qu’elles sont les plus grandes sources de procuration d’armes aux pays en guerre…

L’ennui, c’est que son scénario ne tient pas toues ses promesses (et, soyons honnêtes, la réalisation n’est pas l’aide nécessaire). Le hic ? Une mauvaise gestion de l’esprit du film et de son rythme. D’une part, cette volonté initiale de choquer (un anti-héros absolu rendu sympathique par un cynisme permanent) qui hélas sombre vite dans le convenu, même le prévisible sur le dernier tiers du film ; ensuite, le film qui s’annonce assez vif sur le début tire quelque peu en longueur par moments, ce qui fait perdre au film la tonicité qui faisait sa force. Enfin, le message final, certes important à connaître, ressemble plutôt à un message enfantin (on accuse les petits alors que les grands ne sont pas mieux) dont la force se perd dans un consensualisme exacerbé. Vu le génie de Niccol au niveau de l’écriture, il aurait pu manier différemment son propos et l’introduire subtilement mais efficacement dans son récit.

De plus, si Niccol est un cinéaste sachant s’entourer, il n’est pas non plus des plus prodigieux une caméra à la main. Peut-on lui en vouloir, alors qu’il ne s’agit que de son troisième film ? non, car l’ensemble est de bonne facture. Certaines scènes sont même sidérantes d’impact (la scène d’intro + générique) ou vraiment impressionnantes (l’atterrissage de l’avion sur la route de campagne). Mais il conviendra de voir le travail de Niccol dans quelques années, aguerri par l’expérience des tournages.

De même, sa direction d’acteur s’en trouvera améliorée, car on a plutôt l’impression qu’il laisse un peu trop de liberté à ses comédiens. Sauf qu’il sait, une fois de plus, très bien s’entourer : Nicolas Cage est d’une sobriété remarquable, Bridget Moynahan et Ethan Hawke sont respectables mais ce sont bel et bien Jared Leto et Eamonn Walker en dictateur sadique qui tirent leurs épingles du jeu. On regrettera juste de ne pa profiter un peu plus de Ian Holm mais bon, la prestation générale étant de bonne qualité, on n’en tiendra pas rigueur.

Niccol a cependant le mérite d’aborder, de manière originale, le problème des armes à feu, sujet choc surtout dans un pays comme les USA, où Bowling for Columbine avait déjà fait l’effet d’une bombe. Niccol continue donc son travail d’analyse sur les dérèglements du monde moderne, et vu la qualité globale du film, on ne peut rester qu’admiratif de la nouvelle oeuvre d’un cinéaste qui s’annonce, de plus en plus, incontournable dans le paysage cinématographique contemporain.

Note : ***

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