mercredi 30 décembre 2009

[REC.] 2


Le premier [REC.] m’avait à son époque fait une forte impression : bien que lent à démarrer, la tension allait crescendo dans ce faux reportage virant à l’hécatombe zombiesque en un peu moins de 1h30, au final tendu comme l’élastique de slip d’un puceau face à Carmen Electra nue. Mais, au vu du final, je ne cachais pas une certaine appréhension de cette suite tout en restant attentif à la suite démente qu’elle pourrait constituée.

En fait il n’en est rien : [REC.] 2 est une daube. Bon, allez, soyons sympas, disons qu’il y a encore quelques petits moments qui procure un frisson. Mais ça s’arrête là.

Tout d’abord parce que la force du film est détruite. La caméra subjective faisait la force du traitement dans le premier opus ; ici, le procédé est galvaudé (on passe d’une caméra subjective à… un split-screen d’images subjectives, soit une prise de vue traditionnelle avec l’ubiquité d’une caméra) et si dans un premier temps on garde cette idée de « filmer pour avoir une trace », force est de constater que les auteurs, en panne d’inspiration, bâclent le travail à mi-chemin, lorgnent chez Cloverfield et se plantent royalement.

Côté scénar, le vide : et on répète la même histoire (des couillons qui vont découvrir que c’est pas joli joli ce qui se passe dans l’immeuble), les twists sont lourdingues et le final est très ridicule (et, pire, laisse la porte à un numéro 3).

Je continue ? Ca va pas non, bande de sadiques !

Note : *

lundi 28 décembre 2009

Entuziazm: Simfoniya Donbassa

Dziga Vertov vient de réaliser L’homme à la caméra quand il tourne Entuziazm, un film extraordinaire qu’il situe aux confins du documentaire et de l’avant-garde, et où il expérimente sur le son, sans bien sûr oublier d’explorer le potentiel des images. Idéologiquement conforme à la ligne du parti communiste au pouvoir, le film célèbre les effets du plan quinquennal de Lénine à travers son application dans la région du Donbass où se situaient les plus grands charbonnages du pays.

Dziga Vertov qui joue avec le son. Pourquoi pas ? Sauf que je trouve cela moins séduisant que L'homme à la camera, où le concept de kino-glaz était à son apogée (l'œil-camera, qui voit des choses que personne ne peut voir). Ici ok, il y a un jeu sur le son industriel, le film est assez avant-gardiste de ce point de vue. Mais c’est s’éloigner de ce qui fait justement le charme des films soviétiques d’alors, cette recherche menée sur le cinéma comme art visuel avant tout.

Et puis que c'est lent. Que c'est redondant. Que c'est nauséabond ! L'homme à la camera était propagandiste, bien sûr, mais moins violemment que celui-ci. Il y avait dans le premier le culte du corps, de l’intellect, du marxisme : en soi rien de particulièrement condamnable si ce n’avait pas été inscrit dans le cadre propagandiste. Mais ici, Vertov va au bout de l’idéologie : il dénonce l’alcoolisme des ouvriers, il dénonce les riches patrons, il dénonce la religion, et prône le communisme comme solution parfaite et violente.

Vraiment pas convaincu.

Note : **

samedi 26 décembre 2009

Les Barons


Qui connaît le prénom de la cigale dans La fourmi et la cigale ? Réponse à la fin.

En attendant un Baron, c’est quoi ? C’est un gars qui a compris le secret de la vie : on naît avec un nombre de pas précis, et passé ce nombre, tu meurs. En gros, un Baron, c’est quelqu’un qui fout rien de sa journée pour pas user inutilement ses pas.

Le film est, pardon pour la comparaison mais je la trouve cocasse, du Woody Allen version arabe : une autodérision permanente et même une grosse influence narrative de Annie Hall par moments (les face-camera, le retour en enfance, etc.). C’est dynamique, mené par des acteurs bien sympathiques qui donnent à des personnages bien croqués toute leur saveur.

Gros problème pourtant : le film ne sait jamais vraiment de quel côté pencher, entre la comédie pure et la comédie dramatique (voir le drame simple), trop de moments sérieux plombant la bonne humeur générale du film. C’est ainsi que l’on passe de séquences drôles à un apitoiement du personnage principal ou, pire, un passage à tabac très dur de ce dernier. Le film aurait du être à l’image du final, un grand moment de comédie sur fond dramatique (les Belges vont adorer d’ailleurs !).

Pour un premier film cela reste néanmoins honorable, techniquement c’est assez propre et, surtout, le film a le mérite de s’éloigner de cette sale mode de filmer caméra à l’épaule, style frères Dardenne. Le cinéma belge n’est pas dépressif, il sait même être drôle ! Qu’on se le dise ! Et c'est pas un signe de la fin du monde ça.

(Le prénom de la cigale ? Steven. Steven Cigale)

Note : ***

jeudi 24 décembre 2009

The Limits of Control


Qu'on se comprenne : c'est vraiment pas un film pour amateurs, mieux vaut connaître un peu le Jarmusch avant de s'y frotter.

On est dans du radical ici, Jarmusch n’y va plus avec le dos de la cuillère. L’influence d’Antonioni est plus que jamais évidente, tant au point de vue esthétique (esthétique du vide, autrement dit le personnage devant un fond uni ou presque) que narratif (il ne se passe RIEN dans le film).

On a beaucoup parlé du casting. Le casting. Un casting 5 étoiles qui défile à raison de 5 minutes par personne ! L’acteur ou l’actrice arrive, fait trois petits tours et puis s’en va. Difficile de réellement les juger sur une performance aussi courte, mais l’essentiel de la troupe se montre assez sympa, de l’énigmatique Tilda Swinton au vieux John Hurt.

Les scènes se répètent, et c'est très clairement voulu. Le film fonctionne sur le mode cyclique, on part d’un point, on fait quelques scènes, et on revient à ce même point (seul l’endroit change, et encore). Ca parle cinéma, musique, science, art, bohémiens. Jarmusch réflechit sur son propre art, d’abord, sur l’Art en général, ensuite. Ca se termine dans un meurtre dont on ne comprend ni les tenants ni les aboutissants, ou presque. Chacun son interprétation le moment venu. Moi j’y vois un appel au refus du conformisme, un rejet de la tradition, du convenu, du classique, du standard. Du pur cinéma moderne.

Les limites du titre, ce sont celles du contrôle de soi ; celle du héros, qui pratique le zen et les arts martiaux ; celles du méchant (sur le monde ?) ; celles du spectateur devant ce film. Ce n'est pas du léger, et il aura beaucoup de détracteurs, tant Jarmusch va loin cette fois dans l'inaction.

Personnellement, j'aime les films qui me laissent positivement perplexe, qui me force à réfléchir pour en comprendre le sens et l'intérêt. Avec celui-ci, je suis servi.

Note : ****

mardi 22 décembre 2009

Avatar


James Cameron ceci, Avatar cela, 11 ans d’attente, révolution de la 3D, bla bla. 300 millions de dollars, c’est sûr, faut les rentabiliser, alors on fait un buzz de dingue.

Premier constat : visuellement, c’est la grosse claque. Je veux pas stresser George Lucas, mais Weta (déjà à l’œuvre sur Le seigneur des anneaux) sont en train de les écraser à coup de bottes pointure 53. C’est propre, net, parfaitement calculé, fluide, bref ils deviennent presque transparents tant ils sont réussis, ce sont des effets spéciaux de dingue. Je ne crois pas qu’on reverra une planète sauvage aussi aboutie avant quelques années. Le bestiaire, en plus de son côté impressionnant, est savoureux de « réalisme ».

Mais pour le reste ? Je vais suivre le mouvement des mécontents et dire la fameuse phrase : « tout ça pour ça ». 300 millions de dollars : on aurait pu en consacrer au moins un petit à l’écriture d’un vrai scénario. Ici, c’est Pocahontas chez les Schtroumpfs irakiens : l’étranger ténébreux qui va tomber amoureux de la princesse des sauvages et découvrir la beauté de la Nature, alors que les vilains pas beaux GI Joe veulent leur péter la gueule à coup de bulldozer et de bombes pour piquer les ressources naturelles des dits sauvages à des fins purement économiques. C’est du Disney en plein : les gentils vraiment gentils contre les méchants vraiment méchants (avec même la traditionnelle mort d’un parent de l’héroïne, comme Disney aime en faire). Logique : 300 millions, faut attirer toute la famille, et la seule recette efficace à ce jour c’est Disney alors autant les copier. Ah oui, autre détail significatif : tant qu’à faire, Cameron surfe sur la vague écolo (non mais respectez la nature, svp, bande de brutes, ou elle va s’énerver !) et sert de la réflexion à deux balles sur 2h40.

Déjà ça, c’est agaçant. Mais alors perdre ce qui fait la saveur d’un Cameron au passage fait mal, là non ! Et ça filme l’initiation du héros (vachement longue d’ailleurs), et ça filme la jolie nature (virtuelle mais bon), et ça filme l’Amour naissant. Mais côté action, que dalle ! Cette fameuse bataille dantesque qui devait être un film à elle toute seule dure à peine 15 minutes et on a déjà vu bien mieux. Il y a bien des moments de ci de là mais quand ce n’est pas surchargé d’effets spéciaux, ce qui donne un côté cinématique de jeu vidéo plutôt qu’autre chose, c’est assez basique, surtout venant de la part du réalisateur de Terminator, Aliens ou True Lies. Cameron s’efface donc, perd ce qui faisait sa personnalité (le subtil mélange d’action et de réflexion, l’importance de la Femme…) et tend vers des généralités.

Et tant qu’à faire, concluons en beauté : la 3D. S’il appelle ça une révolution, j’appellerai ça une arnaque. Oh oui, les effets spéciaux sont bien mis en valeur ça c’est sûr. Mais le reste ?? Aucune accroche du spectateur (alors que certains plans auraient pu être juste énormes) et, pire, une fâcheuse tendance à n’utiliser la 3D parce que c’est fashion, sans recherche esthétique (la profondeur de champ) ou attractive (des effets pour scotcher). Moi-même critique envers certains effets faciles de la 3D (comme les utilisent les films d’horreur en ce moment), je me rend compte que c’est bien là le seul intérêt à ce jour de ce procédé qui n’a rien de révolutionnaire rappelons-le (c’est exaspérant d’entendre dire que c’est l’avenir du cinéma alors qu’il y a plus de 50 ans que ça existe).

L’argent a donc finalement été le plus fort : c’est bien beau de faire le film le plus cher de tous les temps, mais faut avoir l’audace de ne pas céder à la pression en faisant n’importe quoi pour attirer le public, comme ici servir une histoire pour enfants de 4 ans et aucune violence. Un divertissement moyen sympathique, mais un Cameron décevant. Je retourne voir Terminator 2 tiens.

Note : *** (tendance **)

dimanche 20 décembre 2009

Darkman


Sam Raimi et les super-héros, première !

Ici, point de grandiloquence (je veux dire cinéma pop-corn) comme dans Spiderman mais un véritable travail psychologique du personnage, torturé, fou, meurtri. Ce n’est pas tant la naissance d’un super héros qui intéresse ici le réalisateur mais sa lutte entre le Bien et le Mal et la frontière entre la raison et la schizophrénie entre son ancienne et sa nouvelle personnalité. De plus, Raimi prend souvent à contre-pied : Frances McDormand en héroïne romantique, fallait oser ! Un faux héros qui ne songe qu'à se venger, même Batman de Tim Burton (auquel le film ressemble parfois, tant au point de vue visuel que musical) et Spiderman n'osent pas aller si loin.

Un mot sur les acteurs : s’ils sont globalement convaincants, j’avoue ne pas les avoir trouvé exceptionnels, pas même Liam Neesson pourtant le meilleur de tous. Et si le choix de McDormand comme héroïne romantique est audacieux comme je l’ai dis, force est de constater qu’elle n’est pas habituée à ce genre de rôle…

Les maquillages sont grandioses, et les effets spéciaux en général tiennent encore le coup. Mais malgré des scènes d'action efficaces (la poursuite en hélicoptère notamment) et un humour qui rappelle parfois celui d'Evil Dead, il manque quelque chose à ce film pour être un chef-d’œuvre.

En dépit, très bon divertissement.

Note : ***

vendredi 18 décembre 2009

La gueule ouverte


Une petite anecdote assez drôle pour commencer : à la même époque que le film de Pialat, Jacques Rouland, homme de télévision français, sortit une comédie intitulée La gueule de l’emploi. Le film eut un joli petit succès, si bien qu’un propriétaire de cinéma à Lorient commanda le film, mais se trompa dans le titre et reçut La gueule ouverte. Sans visionner le film, il fit une vaste campagne publicitaire dans les journaux régionaux disant « Du nouveau dans la comédie française : LA GUEULE OUVERTE de Maurice Pialat ». Sachant que le film de Rouland parle de deux acteurs escrocs et celui de Pialat d’une femme atteinte de cancer, imaginez la tête des spectateurs le samedi soir allant voir le film de Pialat pensant se détendre pour la soirée !

Voici la seule chose drôle concernant ce film.

Une fois encore, le style Pialat fait mouche : des plans-séquences qui s'enchaînent, des acteurs merveilleux (Hubert Deschamps en tête), une authenticité et une émotion certaine... Bref, un film honorable.

Mais voilà, moi, la mort, la maladie, c'est un sujet qui me gêne, surtout quand c'est si frontal, si personnel en plus. Je me sens voyeur, je me sens impuissant, bref je me sens mal. Et du coup, je décroche du film.

Je ne peux donc juger objectivement ce film, qui regorge manifestement de qualités visuelles et narratives, et je m’en veux. Mais la passion à ses limites, et malgré mon admiration pour Maurice Pialat, il est probable que je ne revoie jamais ce film tant il fut pour moi éprouvant et, quelque part, malsain.

Je regrette, mais c’est comme ça.

Note : **

mercredi 16 décembre 2009

Broken Flowers


C’est l’histoire d’un mec au regard vide. C’est l’histoire d’un Dom Juan qui n’est plus que Don, aujourd’hui préoccupé par une lettre qui lui annonce un hypothétique fils. L’histoire d’un loser qui ne voit pas d’herbe plus verte ailleurs, se rendant compte qu’il est bien triste tout seul, mais qu’il n’aurait pas été plus heureux avec ses anciennes maîtresses.

C’est l’histoire d’un mec qui ne fait rien comme les autres. C’est l’histoire d’un cinéaste qui ne voit dans le road-movie que le côté « quête initiatique », tout Jim Jarmusch qu’il est. L’histoire d’un réalisateur qui se fout du comment et du pourquoi, qui préfère observer un paumé qui cherche un sens à sa vie, quitte à ne jamais savoir la vérité : Don a-t-il réellement un fils ? Est-ce ce jeune en voyage rencontré à l’aéroport ? Celui passant en voiture à la fin ? Et qui est la mère ? Et si c’était un coup de Winston ? Et si c’était Don lui-même qui s’était inventer cette lettre pour bousculer sa vie morose ?

C’est l’histoire d’un acteur incroyable. C’est l’histoire d’un Bill Murray inoubliable, pince-sans-rire, dont le regard vide, presque l’air de chien battu, est d’une puissance énorme. L’histoire d’un acteur qui porte le film sur ses épaules sans se forcer, écrasant même ses collègues féminines pourtant toutes plus belles et talentueuses les unes que les autres.

C’est l’histoire d’un film drôle, teinté d’absurde, à la fois doux et amer, comme tous les films de Jarmusch. L’histoire d’un film différent des autres, d’un film à part. Un film à la b.o. à nouveau géniale, et sans véritable fin.

C’est l’histoire d’un amoureux du cinéma qui ne se lasse pas du cinéma de Jarmusch. Qui ne cesse d’être surpris. Et qui ne peut s’empêcher de crier au génie à chaque fois. Et de l’assumer.

Note : ****

lundi 14 décembre 2009

Le vélo de Ghislain Lambert


Bon sang que c’est difficile à réussir les films sportifs. Il y a évidemment ce risque de ne pas toucher un large public (surtout si ils sont, comme moi, peu enclin à s’intéresser au sport) mais il y a aussi cette apologie de l’effort humain pour atteindre les sommets, qui rappelle à d’autres spectateurs (une fois encore, présent) qui n’arriveront jamais à un tel niveau. Eh ben c’est là la force du Vélo de Ghislain Lambert.

En quoi ? Parce que le film ne s’intéresse que partiellement au vélo. Parce que le film ne s’intéresse pas à l’effort surhumain. Parce que le film ne s’intéresse même pas à un héros, comme Merckx, ou celui qui a évolué dans son ombre, comme Poulidor, mais à un perdant, à un loser de première catégorie qui n’a pas eu les jambes à la hauteur de ses espoirs.

C’est donc à travers Ghislain que le réalisateur dresse le portrait d’un quidam, susceptible d’être n’importe qui, et qui ne rêve simplement que de devenir quelqu’un. Et qui de mieux que Benoît Poelvoorde, acteur au physique peu facile et à l’accent belge si prononcé, pour incarner ce rêve de réussite, lui qui est devenu si vite une des valeurs les plus sûres du cinéma francophone ? D’autant qu’il est pile-poil dans le registre qu’il maîtrise à la perfection, celui de la comédie dramatique.

Mais au-delà de la performance de l’acteur, il faut rendre justice au superbe travail effectué par Philippe Harel qui propose un film à la fois juste, sincère et amoureux du vélo, dénonçant ses dérives mais ne pouvant s’empêcher de l’aimer et de le magnifier, tout comme il magnifie la Belgique et ses décors naturels si peu utilisés et pourtant qui rendent si bien à l’écran, sans chauvinisme aucun.

Film méconnu et pourtant réussi, Le vélo de Ghislain Lambert est à découvrir absolument par tous les amateurs du monde de la Petite Reine. Et même les autres.

Note : ****

samedi 12 décembre 2009

Les Autres (The Others)


Le fantastique est un genre merveilleux, mais finalement assez difficile de véritable réussite. Alors quand un bijou comme The Others survient, ce serait un crime de ne pas en profiter.

Le film aborde dans un premier temps des thèmes par dizaines : la famille, la claustrophobie, la folie, la solitude, la vie après la mort, la religion, la guerre... Et puis quel suspens : qui sont ces Autres ? Des fantômes ? Les nouveaux serviteurs ? L'imagination d'une Grace devenant folle ? Le double twist final est par ailleurs grandiose. Attention, cependant, avertissement : ne regardez pas ce film pour avoir la trouille car ici, c’est définitivement la psychologie qui est mise en avant.

Habilement construit, sacrément bien filmé, l'ambiance est parfaite, le film très simple (un décor, peu de lumière et peu d'acteurs) mais d'une efficacité redoutable. Amébar semble effectivement avoir compris qu’un film peut, avec de l’ingéniosité, être efficace avec peu de moyens (ici l’ambiance est travaillée grâce aux décors, au son et la lumière exclusivement, aucun autre gros effet).

Mais surtout, le film est un tremplin énorme pour Nicole Kidman, aussi belle que talentueuse, décidément aussi magnifique dans la lumière du Moulin Rouge (sorti à la même époque) que dans les ténèbres des Autres. Elle démontre, avec ses airs de Grace Kelly, qu’elle est l’une des plus grandes actrices de sa génération.

Assurément l’un des meilleurs films fantastiques de la décennie, ni plus, ni moins.

Note : ****

jeudi 10 décembre 2009

Lost in La Mancha


Depuis l’avènement du DVD, il est incroyable de voir le nombre de making of réalisé pour servir de bonus sur une édition à venir. Mais il est arrivé puisque en voici al preuve qu’un making of survive là où un film a échoué ! Voici donc Lost in La Mancha, le premier making of d’un film jamais fini de l’histoire du cinéma !

L’idée de base était donc de raconter la genèse de ce qui, de toute évidence, aurait pu être le chef-d’œuvre de Terry Gilliam, The man who killed Don Quixotte, avec svp Jean Rochefort, Johnny Depp et Vanessa Paradis dans les rôles principaux ! Mais, suite à une série d’événements parfois surnaturels (une inondation en plein désert !) et souvent plus que contraignant, le film n’a jamais vu le jour.

Ce documentaire est incroyable, non pas tant par sa forme (clairement influencée, à moins que ce ne soit un hommage, par Terry Gilliam) mais par son propos : comment un réalisateur visionnaire se voit, malgré lui, transformé en Don Quichotte moderne dont les moulins sont des producteurs avares, des conditions météos horribles et des imprévus de santé pour ses acteurs.

Derrière le making of, c'est le destin d'un Gilliam malchanceux qui se profile, condamné à souffrir à chaque film et encore plus sur ce projet maudit. Le film n'en est pas moins le portrait d'un cinéaste meurtri et, plus loin encore, une évocation de l'accouchement pénible d'un cinéaste et de son film, quand celui-ci peut voir le jour, sans quoi la douleur est plus insupportable encore, notamment quand on voit le chef-d’œuvre qu'aurait pu être The Man Who Killed Don Quixotte.

Si Truffaut, Minnelli ou autres Woody Allen avaient déjà pu montrer qu’un film pouvait être dur à faire, aucun n’aura eu cette puissance lyrique et réaliste qu’a Lost in La Mancha, parfait manuel de ce qui pourrait arriver de pire à qui voudrait faire un film. Surréaliste.

Note : *****

mardi 8 décembre 2009

Coffee and Cigarettes


Un jour comme tant d’autres. Je vois la vie en noir et blanc magnifiquement contrasté, de grands morceaux de rock en tête. Pressé, j’ai tout de même le temps pour un petit café et une bonne cigarette. Direction donc le café du coin. Quelle surprise de voir l’endroit si bien fréquenté !

A quelques mètres, Roberto Benigni et Steven Wright discute de manière absurde. Un peu trop à mon goût, si bien que je n’adhère qu’à moitié.

A la table voisine, des jumeaux blacks semblent s’emmerder. Arrive alors le garçon, Steve Buscemi, qui leur cause d’Elvis et de sa théorie du jumeau maléfique. J’accroche déjà un peu plus.

Dans le coin de la pièce, j’aperçois Iggy Pop, rejoint par Tom Waits. Les écoutant, les observant, je suis hilare : Iggy Pop le sauvage se fait maltraiter par Tom Waits le marrant. Ca cause musique, café, cigarettes, c’est très drôle. J’adore !

Et puis j’entends une voix rauque derrière moi. Je me retourne et voit deux vieux Italiens, identiques à ceux de Ghost Dog, qui recause café et cigarettes. La classe car ils sont hilarants aussi dans leur genre.

Puis j’aperçois deux tables sur ma droite : à la première, une vraie bombe glaciale, Renée, mais elle n’a rien d’intéressant. A la seconde, deux Français, dont l’un refuse de croire que son pote l’a appelé sans raison grave. Un peu lourdingue.

Puis la surprise ! J’aperçois Cate Blanchett et sa cousine (une vraie jumelle, on dirait la même avec deux coupes différentes). Je les écoute et sourit à défaut de m’esclaffer. Mais ça reste fun.

A ma gauche, Jack et Meg White, du groupe White Stripes. Je ne regarde pas trop, ça ne m’intéresse pas des masses. Ca ne parle même pas de café ou de cigarettes.

J’entends à l’étage supérieur une voix familière : celle d’Alfred Molina. Vient alors une autre voix que je connais bien, Steve Coogan. A les entendre, ils seraient cousins ! Je me marre autant qu’avec Iggy et Tom ou les deux gangsters vieillissants.

Et puis j’ai un flash : imaginez que RZA et GZA arrivent, commence à boire un thé et se fasse servir par un Bill Murray déjanté ! Ce serait trop drôle ! Mais là je délire. Sûrement le café.

Et puis, à l’écart de tout ce monde, j’aperçois deux vieux gars, les paupières tombantes, qui rêvent d’un autre monde. Après avoir bien ri, leur discussion me refroidit un peu, comme quand j’avais regardé Night on Earth de Jim Jarmusch… Du coup, je me dis que ma pause n’a pas été une franche réussite malgré de grands moments.

Oh mais dis donc, je suis à la bourre moi ! Garçon, du café et un paquet de clopes svp !

Note : ***

dimanche 6 décembre 2009

Les Bronzés font du ski


« Ce soir… Je vais conclure. »

Qui ne connaît pas cette réplique ? Et ce n’est qu’une des 1729 répliques cultes du film sur les vacances le plus culte de l’Hexagone ! (et de moi vu que je ne suis pas Français)

Si le premier volet des Bronzés était sympa mais sans plus (jouant trop la corde du mélodrame sur la fin), ce second film est tout simplement une bombe de bonne humeur, une enfilade inhumaine de gags tous plus drôles les uns que les autres, abandonnant le sérieux même dans les scènes qui y semblent l’être pour virer à la farce, à l’ironie voir la moquerie (les bobos parisiens interprétés par Gérard Jugnot et Josianne Balasko en prennent pour leur grade).

C’est un film qui s’inscrit dans une certaine logique de l’humour, celle de ces screwball comedies américaines bien déjantées (je pense aux Marx Brothers ou Laurel et Hardy) jaugeant savamment le timing entre deux gags (le temps que le spectateur reprennent son souffle) ce qui en fait une des comédies françaises les plus populaires de tous les temps (aussi souvent diffusée qu’un De Funès, excusez du peu de la comparaison !).

Moi, en tout cas, c’est le fou rire 75 minutes non stop à chaque fois que je le regarde. Soit la prochaine fois la 59207ème.

Note : *****

vendredi 4 décembre 2009

Assaut (Assault on Precinct 13)


Tout commence en 1959, quand Howard Hawks réalise Rio Bravo. Puis, en 1970, Georges Romero nous fait découvrir sa Nuit des morts-vivants. Deux films, deux influences majeures pour un jeune gars nommé John Carpenter, encore en culottes courtes à l’époque. En 1979, l’heure est enfin venue pour lui de rendre hommage à ces grands films, en les associant à sa manière et en proposant Assaut.

Il faut dire qu’à ce moment-là, Hollywood n’est plus trop friand des productions de westerns classiques, et que le fantastique ben ça limite quand même le public potentiel. Carpenter a alors l’idée de projeter son Rio Bravo dans un contexte actuel, où un commissariat se retrouverait la proie d’un gang sans merci. Mine de rien, c’est un formidable outil sociologique que propose là Carpenter, démontrant que la violence urbaine n’est pas un phénomène actuel mais déjà ancien.

La mise en scène est très subtile. D’une part, l’ambiance qu’elle installe en jouant des contrastes (une violence sous-jacente dans un décor très calme, un commissariat assiégé par des bandits…), de la musique entêtante et des effets de style (les premiers tirs qui ne font que briser des vitres et faire voler de manière hypnotique des feuilles déchiquetées) est géniale ; d’autre part, pour un film fauché, elle contient assez d’action pour tenir la distance (même si, en comparaison, le remake Nid de guêpes est une grosse claque).

Dommage que le scénario manque parfois de cohésion, laisse des questions sans réponses ou trouve des raccords un peu incongrus. Tout ne s’enchaîne pas sans peine et cela fait perdre au film de sa superbe. Il n’en demeure pas moins qu’Assaut signait les débuts professionnels d’un cinéaste trop sous-estimé et pourtant capable, comme ici, d’œuvres non-négligeables pour ne pas dire intéressantes. Eh John, z’auriez pas un clope ?

Note : ***

mercredi 2 décembre 2009

Stella Dallas


Je le dis tout net : le mélodrame, c’est pas mon truc. Autant dire qu’ici, je ne vais pas me retenir.

Le film est larmoyant, agaçant (ouh quelle est énervante la gamine !), prévisible, et bla bla bla. Bon je veux bien croire que les codes étaient sensiblement différents il y a 70 ans mais tout de même, moi, ça me laisse froid. Ou plutôt non, le discours conservateur me révolte : une mère doit savoir se sacrifier pour le bonheur de ses enfants. Chiotte ! Je préfère alors cette dimension tragique qui veut que la mère, n’ayant pas eu accès à la bourgeoisie, reporte tout sur sa fille. C’est de la psychologie facile mais elle marche toujours.

Cela étant, le film vaut à lui seul le déplacement pour la belle, la talentueuse, l’incroyable Barbara Stanwyck, merveilleuse dans ce rôle de femme prolétarienne rêvant de bourgeoisie et qui, à défaut d’y accéder, fait tout pour que sa fille y arrive. Elle apporte au film un vent de folie, de liberté de ton, même d’humour qui sont les bienvenus dans ce film bien triste.

C’est bien là le seul intérêt à mes yeux.

Note : *