mardi 30 juin 2009

Fiancées en folie (Seven Chances)


Ca commence comme un Keaton habituel : un amour impossible à avouer, et puis un événement extraordinaire et une suite de malentendus qui vont amener Buster à doubler d’ingéniosité pour s’en sortir indemne.

Entre-temps le rythme va aller crescendo, de la mise en place relativement lente vers la comédie légère (les échecs des demandes en mariage de Jimmie) avant de terminer, dans un dernier tiers à couper le souffle, en un hommage au cinéma muet par excellence et au burlesque le plus pur qui soit : le film poursuite. C’est d’ailleurs dans cette dernière partie qu’aura lieu l’une des séquences les plus impressionnantes de la filmographie de Keaton : un Jimmie poursuivit par des rochers qu’il sera, un moment donné, obligé d’éviter (imaginez la performance, puisque ces rochers même faux pesaient lourd et que Keaton devait les éviter en improvisation, leur chute étant impossible à prévoir). Béni soit celui qui inventa les projections test qui forcèrent Keaton a rallonger cette scène !

Bourré d’idées (l’intro est un modèle du genre), mené à un rythme soutenu et dans un esprit bon enfant permanent (quoiqu’en dise les détracteurs qui estiment le film raciste (le traitement des personnages noirs) et misogyne (les femmes ne se marient que pour l’argent)), Les fiancées en folie est un grand Keaton, emblématique de sa conception de la mise en scène (travellings, plans d’ensemble) et véritable catharsis personnelle (Keaton à l’époque ne supportait plus les femmes de sa belle-famille), et surtout un grand film burlesque dans la grande tradition du genre. Rien que cela devrait convaincre ceux qui aiment le cinéma (ou prétendent l’aimer) de découvrir ce monument d’humour à l’ancienne !

Note : ****

dimanche 28 juin 2009

Guerre et amour (Love and Death)


Et si tout n’était qu’illusion et que rien n’existait ? Dans ce cas, j’aurais vraiment payé mon DVD de Guerre et amour beaucoup trop cher.

Encore que. Généralement on admet la maturité de Woody Allen avec Annie Hall, mais force est de constater que Guerre et amour contient beaucoup de germes du futur style du cinéaste. Il faut dire que Woody sait de quoi il parle : « J’ai pris un cours de lecture rapide et j’ai pu lire Guerre et Paix en vingt minutes. Ca parle de la Russie. » Dès ce moment, on pouvait lui faire confiance.

L'audace d'adapter ironiquement (et de manière très succincte quand même) Guerre et paix n'a d'égal que l'humour absurde et les bons mots du comique new-yorkais. Loin d’être parfait (mais existe-il dans la nature quelque chose de réellement “parfait”, à l’exception de la stupidité de mon oncle ?), le film est pourtant un exercice de style réussi, bien plus que Sleeper, où Allen démontre qu’il a du talent avec une caméra, notamment lors des scènes de batailles et avec des images bucoliques souvent proches de celles de Barry Lyndon (toute comparaison gardée).

Hommages aussi à Tolstoï, Dostoïevski, Eisenstein –




- Bergman -




et Prokofiev dont la musique est abondamment utilisée, le film foisonne de moments très drôles et de grandes réflexions philosophiques (la vie, la mort, l’amour) tournées à la plaisanterie. Et pour conclure cette article, j’aimerais terminer sur un message d'espoir. Je n'en ai pas. En échange, est-ce que deux messages de désespoir vous iraient ? Non ? Alors un commentaire personnel : ce film, c’est du génie. Je veux dire, c’est du Woody.

Note : ****

jeudi 25 juin 2009

The Aviator


Connaissez-vous Howard Hughes ? Non ? Un tort : derrière ce nom se cache en réalité un milliardaire à la vie incroyable : producteur de cinéma, figure majeure de l’aéronautique américaine, Dom Juan du tout Hollywood (Cyd Charisse, Joan Crawford, Bette Davis, Billie Dove, Olivia de Havilland, Joan Fontaine, Ava Gardner, Jean Harlow, Rita Hayworth, Katharine Hepburn, Janet Leigh, Terry Moore, Jean Peters, Jane Russell, Elizabeth Taylor, Faith Domergue, Gene Tierney et Lana Turner, excusez du peu !) qui a fini sa vie en véritable dérangé mental, obsédé par des TOC et totalement reclus de la société.

Un personnage bigger than life donc ; comment Hollywood pouvait-elle ne pas en parler ? A titre personnel, je trouve déjà cela assez amusant de voir comment l’industrie qui l’a rejeté en son temps en fait aujourd’hui un sujet de (très) long métrage…

Et attention, pour la peine un casting prodigieux : Martin Scorsese à la réalisation, Leonardo DiCaprio à la tête d’affiche et une pléiade de stars en seconds rôles (John C. Reilly, Cate Blanchett, Kate Beckinsale, Alec Baldwin, Ian Holm mais aussi les inutiles Jude Law et Willem Dafoe largement sous-exploités).

Alors bien sûr, Scorsese connaît son boulot : la réalisation est soignée, virtuose même, laissant libre cours au jeu intense et maîtrisé de DiCaprio qui trouve un rôle à la mesure de son talent. Mais il y a un mais.

Ce n’est pas parce qu’on a un personnage bigger than life, une réalisation propre et un casting 5 étoiles que le film sera bon. Ici par exemple, il y a de toute évidence un problème de durée, bien trop longue (2h45 !) surtout que plusieurs scènes auraient pu être coupées ou au minimum raccourcie : 2h à 2h20 max aurait été bien mieux à mes yeux. Mais le pire pour moi n’est pas là : The Aviator, c’est du divertissement réussi, mais sans âme. Un comble : un artiste aussi doué que Scorsese s’effaçant totalement dans cette grosse production, il y a quelque chose qui me dérange. A croire presque que le réalisateur est définitivement plus à l’aise dans des films plus modestes, plus intimistes que dans ce genre de fresque.

Et c’est ce manque d’âme qui me fait ce soir être si dur avec ce film : un film de Scorsese où l’on ne sent pas la patte du cinéaste, ce serait comme la Joconde sans sourire. Un cruel manque de génie.

Note : **

lundi 22 juin 2009

Un frisson dans la nuit (Play Misty for Me)


Eh ben mes ptits pères, pour un premier film, il a de la gueule !

Imaginez le contexte de l’époque : d’un côté on a un genre (le cinéma d’angoisse, si on peut dire) qui s’affaiblit, le grand Hitchcock étant en bout de course et Brian de Palma n’étant lui pas encore arrivé ; de l’autre, un grand gaillard à l’air sympathique qui s’est fait remarqué chez Leone et Siegel peu de temps auparavant. Et le voilà que d’un coup d’un seul, il passe derrière la caméra !

Eh bien moi je lui dis oui ! Même si la maîtrise n’est pas encore totale (quelques scènes romantiques ou mélodramatiques plombant un peu le film), force est de constater que Clint Eastwood dès le départ connaît beaucoup de choses : il a le sens du timing, le goût des ambiances travaillées, la science du cadrage surprenant (ah ces belles attaques frontales de Jessica Walter) et sait octroyer les bons rôles aux bonnes personnes (lui le héros à la cool attitude, Jessica Walter grandiose en barje de service et Donna Mills idéale en potiche aguichante).

Le scénario est assez simple mais bien pensé, et le film sait en tirer profit au maximum, notamment via quelques scènes gores qui ont du plaire en leur temps. Aujourd’hui peut-être paraîtront-elles vieillottes face à des films âpres comme Hostel ou Saw, mais moi je vais vous avouez que je les ai trouvées bien sanglantes pour un film qui approche les 40 ans !

Comme on dit chez nous : coup d’essai, coup de maître !

Note : ****

vendredi 19 juin 2009

Scarface


- Bastien, je suis votre nouveau prof de cin… Bon écoutez-moi bien je sais que vous m’aimez pas et c’est réciproque mais aujourd’hui on va parler d’un film de gangster alors attention !
- Gangster ‘sieur ?
- Tony Montana ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis
- Précisément je vais vous parler de Scarface…
- Tony Montaaaaaaaaanaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !
- Non, pas cette version-là, l’originale !
- Hein ?
- Oui, le cinéma n’est pas né dans les années 80 ; dans les années 30, on faisait déjà des films, et parfois des violents.
- Al Capone ouaiiiiiiiiiiiiis
- Effectivement, le Scarface de Hawks s’inspire de la vie de Capone, d’ailleurs ce dernier téléphona lui-même à Hawks pour le féliciter quand il vu le film pour la première fois.
- Pas possible ?!
- Si. Je vais donc vous parler de Scarface…
- Tony Montaaaaaaaaaaaannnnnnnnnnnnnnnnnnnnnaaaaaaaaa !!!!!!
- Scarface de Howard Hawks donc ! Il faut savoir que pour l’époque, le film est d’une violence incroyable, même si elle est filmée en hors-champ, et à la morale ambiguë, ce qui le rend plus puissant encore. C’est un récit très surprenant vous savez pour l’époque : des sous-entendus très forts, comme la relation incestueuse entre le frère et la sœur, et une ambiguïté de tous les instants, surtout dans la mort de Tony…
- Montaaaaaaaaanaaaaaaaaaaaaaaaaa !
- DONC, ce film possède les caractéristiques propres au film de gangster : exécutions sommaires, course poursuite, rencontre psychologique puis physique avec la police... Ensuite, je dois vous avouer que je suis personnellement très friand de tous les détails symboliques : une croix quand il va y avoir un mort, la dernière quille qui tombe quand Boris Karloff se fait exécuter au bowling, l'air que siffle Tony quand il va commettre un meurtre… D’ailleurs c'est drôle de voir que Fritz Lang et Hawks ont eu la même idée dès les débuts du parlant !
- Fritz qui ‘sieur ?
- Lang, c’est un cinéaste allemand, et dans son film M le maudit l’assassin siffle aussi une musique précise qui…
- Bah façon on connaît pas les gangsters allemands nous.
- Ouais nous c’est Tony…
- Montana, je sais ! Chez Hawks, c’est Tony Camonte. Mais figurez-vous qu’Oliver Stone n’a rien inventé avec son scénario, tout était déjà dans l’original !
- Hun…
- Et donc ‘sieur, votre film là, c’est le remake de Tony Montana c’est ça ?
- Ok, vous avez gagné : prochain cours on parlera de Delta Force avec Chuck Norris.
- Ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis Chuck Norriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis ! Chuck Nooo..
- TA GUEULE !

Note : *****

mardi 16 juin 2009

Down by law


A ma droite, un proxo pas bien méchant qui se fait enrouler par un faux ami. A ma gauche, un DJ qui se fait larguer par sa copine avant de se faire rouler par un faux ami. Au centre, les deux réunis dans une prison où un drôle de zigoto nommé Bob va venir changer leur quotidien voire un peu plus…

Une fois encore, le style de Jim Jarmusch fait mouche : un noir et blanc admirable, maîtrisé et poétique, des personnages de loosers absolus, une ambiance pour le moins étrange et fascinante (on voit finalement peu le monde qui entoure nos trois personnages, comme pour souligner la solitude dont ils sont victimes), un humour subtil distillé ça et là et une réflexion sur les relations humaines. Sans oublier bien sûr une b.o. rock, presque expérimentale.

Même si John Lurie et Tom Waits sont bons, c’est bel et bien Roberto Benigni qui domine le film, s’inscrivant parfaitement dans ce rôle d’étranger (Jarmusch adore les différences culturelles) qui vient modifier la conception du monde qu’ont les deux personnages principaux. Chaque scène avec l’acteur italien s’avère soit drôle (l’explication de son incarcération, la descente en canoë) soit poétique (quand il dessine une fenêtre dans la cellule).

Les mots manquent. D’où petit conseil : voyez le film, il parle de lui-même. Moi, il l’a fait et m’a totalement séduit en tout cas.

Note : ****

samedi 13 juin 2009

Beetlejuice


Besoin d’un bio-exorciste ? Pas de problème, appelez-le une fois, appelez-le deux fois, appelez-le trois fois et préparez vous à une grande partie de rigolade horrifique !

Que ceux qui en douteraient encore le comprennent une fois pour toutes : Beetlejuice n’est pas un film d’horreur ! C’est agaçant de s’entendre dire « ça me faisait peur à 5 ans, plus maintenant » ! Qu’ils aillent se pendre ses incultes, ils finiront fonctionnaires dans l’au-delà !

Beetlejuice est justement l’antithèse du film d’épouvante classique : ici on rit de la mort, plus fort même ce sont des morts qui veulent bio-exorciser des vivants de chez eux ! On détourne les dictons populaires (les suicidés finissent réellement fonctionnaires), on détourne les morts (le cramé qui veut arrêter de fumer) bref on détourne tout et tout le monde ! Rarement (jamais par la suite ?) Tim Burton n’aura été aussi loin dans l’humour macabre, n’aura été si audacieux avec la mort, délaissant presque son énorme défaut de manichéisme au profit d’une joyeuse comédie mortellement drôle.

Sans doute les plus difficiles critiqueront-ils les effets spéciaux datés (ce qui, je trouve, donne justement un côté touchant au film) mais je les défie de résister au véritable phénomène du film : mister Michael Keaton en Beetlejuice, inénarrable, infatigable, survolté et savoureusement trash. De la première rencontre avec le couple jusqu’à son mariage, il domine chaque scène où il apparaît, et c’est peu dire.

Eh ouais la môme, c’est le roi des fantômes.

Note : ****

mercredi 10 juin 2009

Dyptique Che : l'Argentin et Guerilla


La première question qui se pose lorsqu’on voit Che, c’est : fallait-il réellement deux films pour parler du célèbre révolutionnaire ? Eh bien quand on voit l’Argentin, la réponse est affirmative.

Résumer une vie aussi riche que celle du Che en deux heures serait un crime, ne serait-ce que parce que ça reviendrait à éluder les contours du personnage, et le contexte socio-historique dans lequel il a évolué et a fait sa place. La dilogie de Steven Soderbergh ne se concentre que sur quelques années de révolution d’ailleurs, laissant à Carnets de voyage de Walter Salles le soin de raconter la jeunesse (genèse ?) d’Ernesto Guevara.

Bon, il est évident que la mise en scène de ce premier opus est très classique, que les décors varient peu (normal, vu que c’est la jungle…) et que la narration est convenue (une suite de flash-back, le point de départ étant une interview du Che aux Etats-Unis lors de sa visite à l’ONU à New York en 1964).

Mais ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est le détachement de Soderbergh par rapport à son sujet. Au fil des années, le Che est devenu un mythe loin de la véritable histoire ; ici, le réalisateur ne prend pas parti, ne fait pas de film politique ni le portrait d'un héros ou d'un martyr : c'est le portrait d'un meneur d'hommes avec ses idées propres et qu'il défend arme au poing. C'est bien simple : le surnom "Che" doit être prononcé à peine 3 ou 4 fois sur deux heures de film. Lui est préféré le nom d'Ernesto Guevara. On supprime le mythe pour parler de l'homme.

Cet homme, c’est Benicio del Toto qui le fait revivre, et au-delà de la ressemblance troublante entre les deux hommes, on comprend très vite la raison du Prix d’interprétation à Cannes tant il compose, lui aussi, un être humain au-delà du mythe, capable d’être attentionné mais aussi d’être un chef militaire sans concession.

Si le chef-d’œuvre est loin, Soderbergh a au moins le mérite de présenter un personnage désacralisé, non plus une image historique mais un guérillero intelligent et déterminé, motivé par ses idées. Un regard rétrospectif intéressant et non négligeable qui fait la force de ce film hollywoodien standard.

Note : ***


Mais comment est-ce possible ??? Comment un même film à la base peut être si différent quand il est séparé en deux à sa sortie ???

L'Argentin jouait de la subtilité, de la démystification, de la recherche d'objectivité en ne s’attachant plus au Che le mythe mais au Che l’homme. La naissance d’une icône prenait une toute autre dimension que ce qui a pu déjà être fait sur Ernesto Guevara. Et voilà que cette suite déconne, est écœurante de parti pris (bye bye les crimes du Che, exit son voyage peu reluisant au Congo, au revoir l'implication importante des USA dans son assassinat !) et d'effets larmoyants (la mort du Che, en point de vue subjectif, sensée attirer la compassion est juste ridicule). Soderbergh semble limiter la défaite de la révolution aux Boliviens, aux rebelles d’une part (vite démoralisés, déserteurs) et aux paysans. Le cinéaste n’accorde d’importance au fait que le Che a vu trop grand, ou a trop voulu imposer ses idéaux à une population qui n’en voulait pas. Les Américains n’ont pour lui (et ses scénaristes) que peu intervenus, en formant des soldats d’élite : si le Che a perdu, c’est la faute aux siens qui l’ont trahi. Si tout cela n’est pas faux, elle ne constitue pas les seules causes de son échec en Amérique Latine !

On se retrouve donc avec un scénario gruyère, et une mise en scène d'une platitude... Je ne vous dis que ça. Les scènes se suivent et se ressemblent, il n’y a plus d’envolée lyrique, juste un regard presque de reportage, trahit comme je l’ai précisé par un final mélodramatique à souhait.

Reste Benicio Del Toro, même si lui aussi semble moins inspiré que dans le premier film.

Est-il possible que l'Argentin et Guerilla aient formé un jour le même film ? Je commence sérieusement à en douter.

Note : *

dimanche 7 juin 2009

Good Morning England (The boat that rocked)


Attention, le texte qui va suivre a été écrit par un amoureux de sex, drugs and rock’n’roll !

Flash-back : Après le succès mondial de sa première réalisation, Love Actually, Richard Curtis (également scénariste des séries La vipère noire et Mr Bean ainsi que Quatre mariages et un enterrement, rien que ça !) s'est interrogé sur son projet suivant. Il s'est alors mis à repenser à ses souvenirs d'enfance, lorsqu'il écoutait tard le soir des radios pirates qui émettaient depuis des bateaux et de plates-formes maritimes ancrées juste au-delà des eaux territoriales britanniques, à la fin des années 60. Ces stations de radio firent découvrir à un auditoire aussi nombreux qu'enthousiaste des groupes comme les Beatles, les Rolling Stones et les Kinks, et des chanteurs et musiciens tels que Jimmy Hendrix, Dusty Springfield, Janis Joplin et Aretha Franklin. Le gouvernement britannique fit de son mieux pour empêcher ces transmissions illégales qui arrivaient depuis la haute mer jusque dans les foyers de millions de Britanniques qui adoraient ce qu'ils entendaient.

Amateur d’humour second degré, de grands numéros d’acteurs et surtout de musique qui déchire, par ici la party ! Et fuck cette vieille peau d’Elisabeth II ! Rock’n’roll !

Car sur le bateau Radio Rock vous trouverez ce que vous êtes venu chercher : du plaisir ! Procuré principalement par des types comme Rhys Ifans, Nick Frost et Philip Seymour Hoffman, tandis que sur la terre ferme deux drôles de gus vous attendent, tout aussi surprenants : Kenneth Branagh (magnifique ministre réplique exacte d’un Hitler british) et, ô surprise, d’un Steve Coogan inattendu en prétentieux coincé et conservateur ! C’est aussi ça l’humour du film, proposez des situations difficilement imaginables !

Et puis, bien évidemment la b.o. : bon sang que c’est bon ! Imaginez un peu : The Kinks, The Turtles, The Beach Boys, Jeff Beck, The Who, The Hollies, Skeeter Davies, Jimi Hendrix, Otis Redding, The Supremes, Cat Stevens, The Rolling Stones ou encore David Bowie entre autres ! Du pur bonheur !

Dommage que le bateau finit par prendre l’eau, dans tous les sens du terme, et qu’en plus de certaines longueurs parfaitement dispensables le final s’avère interminable, stupide pour ne pas dire pitoyable, dénotant avec le vent de folie et d’anarchie qui régnait durant les deux premiers tiers du film.

Oh et puis merde, c’était quand même bon !!! Rock’n’roll !

Note : ***

jeudi 4 juin 2009

Shrek 3

20h : mise en route de Shrek 3, ou la suite de la suite parfaitement dispensable.

20h10 : toujours pas de sourire.

20h20 : mmmmhhhh… Toujours pas de références ciné… Ni d’humour d’ailleurs.

20h45 : non, ils vont pas oser faire un film sur les ados stéréotypé au maximum ?!

20h50 : ah ben si tiens.

20h55 : zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz…

20h56 : hein quoi qu’est ce que c’est qu’est-ce qui a qui c’est qui m’a pincé là ?

21h10 : la fin ? la fin ?

21h11 : on veut la fin !

21h12 : MAINTENANT !

21h14 : ouais allô Raoul ? Ouais la forme et toi ? Non non tu me déranges pas, je regarde Shrek 3 donc j’ai rien à foutre. Ca va ou bien ?

21h29 : allez, salut Raoul !

21h30 : générique, ouais ouais ouais, générique, ouais ouais ouais !!!

21h45 : réconfort de la pauvre personne qui a payé le dvd. Nan, sérieux, condoléances…

Note : 0

lundi 1 juin 2009

La vie d'O-Haru, femme galante (Saikaku ichidai onna)


Alors qu’il vient à Venise pour défendre son film, Kenji Mizoguchi s’entend dire qu’il est aussi grand cinéaste que William Wyler. Intrigué, Mizoguchi va voir le film de Wyler, et à la sortie confiera à son scénariste « ça va, je n’ai rien à craindre ».

Derrière cette boutade se cache pourtant une vérité : Mizoguchi est un immense cinéaste dont l’œuvre est plus complexe qu’elle ne veut le faire croire. Il suffit de revoir la scène de la tentative de suicide d’O-Haru pour s’en convaincre : filmée en plan-séquence (que Mizoguchi adorait plus que tout), avec pour décor un bois paisible, la scène est tout aussi subtile (le calme du bois contraste avec l’hystérie d’O-Haru, et la douceur de la Nature est tout de même une prison pour l’héroïne derrière les bambous-barreaux de l’écran) qu’évocatrice (toute la vie d’O-Haru est résumée dans cette séquence : errance, désespoir et solitude).

O-Haru est réellement le personnage féminin de la tragédie par excellence. Objet de toutes les convoitises et de toutes les jalousies, condamnée à être aimée mais ne pas aimer en retour, elle est aussi la quintessence de l'héroïne féminine chez Mizoguchi. Difficile en effet de ne pas voir dans cette femme vendue par son père le reflet de la vraie sœur de Kenji Mizoguchi, elle aussi vendue comme geisha en son temps (ce qui marqua profondément le cinéaste d’où cet attrait pour les femmes et en particulier les prostituées).

A la fois drôle, amer, mais avec une infinie tendresse pour son personnage, le film est aussi une preuve évidente de la maestria technique de Mizoguchi, qui réalise des plans-séquences tout simplement impressionnants ou compose des cadres très riches. A noter aussi sa magnifique direction d’acteur, en particulier Kinuyo Tanaka, actrice fétiche de Mizoguchi, qui peut ici être aussi désirable que touchante.

Keishuku, kun Mizoguchi ! (“Félicitations, monsieur Mizoguchi”, bande d’ignares!)

Note : ****