samedi 31 octobre 2009

La vengeance dans la peau (The Bourne Ultimatum)


Suite et fin des aventures de notre agent CIA amnésique préféré avec La vengeance dans la peau, et comme le titre l’indique ça va gicler !

Globalement, j’y vois les même défauts que dans le volet n°2 (la rédemption, les explications interminables, la fin tirant encore plus en longueur) mais la différence près c’est que ce troisième film, peut-être conscient de ses limites, mise quasiment tout sur l’action, et le fait bien !

Bien sûr, tout n’est pas parfait (le combat entre Bourne et l’autre agent, formé comme lui, à Tanger, m’insupporte tant il aurait pu être grandiose mais est juste sympa tant son ultradécoupage le rend illisible) mais la plupart du temps les choses marchent (la poursuite en voiture est digne des tout grands films d’action hollywoodiens) et font passer le film assez vite.

Et, cerise sur le gateau, Matt Damon est désormais Bourne l’arme ultime, froid comme une lame de rasoir et efficace comme une bombe à neutron. L’archétype du tueur expérimenté, de l’action-star qui veut sa vengeance et en finir une bonne fois pour toutes, sans pour autant tomber dans le personnage sans relief.

Un joli jeu d’acteur de la part de Damon qui confère un petit plus au film, le plaçant au-dessus du deuxième film mais, hélas, un cran en-dessous du premier qui reste, définitivement, l’action-movie le plus sympa et intelligent de ces dernières années. Mais quelle trilogie, qu’on se le dise !

Note : ***

jeudi 29 octobre 2009

La mort dans la peau (The Bourne Supremacy)


C’est quand le premier opus est devenu la référence du box-office que les producteurs se sont dit « allez, on se fait la trilogie Jason Bourne ! ». Ben oui mais non…

Qui dit suite ne dit pas forcément (même rarement) même qualité que le précédent. Et c’est là que ça coince : même si l’histoire reste prenante, le scénario diminue en densité, en tension, et se perd dans des pérégrinations émotionnelles de Bourne là où le premier film avait le mérite (et la force) d’aller droit au but. Il faut du temps pour que ça démarre un peu, et surtout la quête de rédemption de Bourne ramollit tout, et on comprend assez vite comment cela va se dénouer.

Reste que le réalisateur remplaçant Doug Liman, Paul Greengrass, connaît son métier et offre quelques scènes nerveuses, bien foutues, à l’image de son film Bloody Sunday. De son côté, Matt Damon est toujours aussi bon, mais faute de véritable partenaire à qui se frotter n’atteint pas toujours le degré de qualité qu’il pouvait obtenir dans le premier film.

Un divertissement agréable donc, mais un peu trop mou pour être aussi marquant que le premier film. Rien d’honteux mais rien de transcendant.

Note : ***

mardi 27 octobre 2009

La mémoire dans la peau (The Bourne Identity)


En 2002, ça n’allait pas fort chez les espions : rien de croustillant à ce mettre sous la dent, et même James Bond bandait un peu mou depuis GoldenEye en 1995. C’est alors que, sans crier gare, tel un félin, surgit Jason Bourne dans son premier film La mémoire dans la peau.

Le constat s’effectue d’emblée : c’est plus une claque, c’est une bombe nucléaire. Un rythme soutenu et tendu du début à la fin, des performances physiques surprenantes, des cascades inédites, des combats réalistes et violents, bref que du neuf !

Sans temps mort, le film est autant un thriller qu’un film d’action et une quête initiatique. Dans le rôle titre, Matt Damon trouve le personnage qui lui collera longtemps à la peau, celui de cette ancienne arme fatale du gouvernement américain devenu gênant car sans mémoire mais ayant conservé ses réflexes conditionnés.

La force du film réside peut-être dans cette capacité de faire du spectaculaire avec « presque rien » : un combat bref et violent devient un ballet mortel hyper chorégraphié et découpé, une course-poursuite en Mini renvoie Bullitt au permis de conduire… Tout est transcendé, élevé au maximum de son potentiel. Gros point fort du film : un montage impeccable, bref et archi découpé, qui n’aura de cesse d’influencer le cinéma d’action les années suivantes puisque nous sommes toujours dans cette mouvance (qui va parfois à l’outrance comme dans Quantum of Solace).

Impressionnant, aussi efficace que ne l’est son personnage principal, La mémoire dans la peau s’est d’emblée imposé comme une référence en la matière, forçant même James Bond à s’adapter en le copiant (Casino Royale) et restant encore aujourd’hui un exemple à suivre et un modèle d’un genre qui pourtant ne cesse d’évoluer. La très grande classe.

Note : ****

dimanche 25 octobre 2009

La Jetée


Drôle de film que cette Jetée. Concernant le scénario, histoire de vous dévoiler le concept, c’est celui qui a inspiré L’armée des 12 singes de Terry Gilliam ; voici donc un pauvre quidam vivant dans un avenir apocalyptique projeté dans le passé (par la pensée) afin de trouver des remèdes aux fléaux que connaît la Terre du futur. Rappelons que nous sommes en 1962, que la Guerre froide relance un intérêt considérable pour les avancées technologiques et que l’avenir ne s’annonce pas des plus joyeux…

Ce qui frappe réellement dans ce film, c’est l’anarchisme de Marker, l’anticonformisme qui le pousse à rejeter toute base préétablie du cinéma : en plus de refuser la notion même de métrage comme on l’entend, il s’offre l’audace de faire un film égocentrique, que lui seul peut comprendre : flash-back, flash-forward, on fini par se perdre dans le temps et dans l’histoire, ce que voulait justement Marker : nous perdre pour mieux nous faire pendre conscience du danger de plus en plus proche (et si la troisième guerre mondiale n’était pas demain mis aujourd’hui voir commencée hier ?).

Pourtant, Marker ne rejette pas une certaine forme de poésie, notamment dans une histoire d’amour vouée à l’échec puisque l’âme du héros tombe amoureuse d’une femme bien vivante mais dans le passé. Mêler science-fiction et poésie n’est pas toujours facile, mais Marker l’a réussi !

Véritable réflexion sur l’image (la mentale, son pouvoir, la cinématographique en faisant écho à Vertigo d'Hitchcock, le souvenir malléable, périssable, jamais fiable), réflexion sur le procédé cinématographique (un film n’est-il pas une succession d’images ? Certes elles bougent, mais en y regardant de plus près, il en faut 24 légèrement différentes pour créer le mouvement, alors pourquoi ne pas se concentrer sur une seule ?), réflexion sur l'Homme, son passé, son présent, son avenir), La Jetée s’inscrit dans l’Histoire du cinéma comme un court-métrage unique, visionnaire, sublime, un essai filmé aussi poético-fantastique que philosophique et fortement esthétique ; un chef-d’œuvre de trente minutes incroyable.

Note : *****


Le film est dispo ici : http://www.dailymotion.com/relevance/search/chris+marker/video/xz5cs_la-jetee-1962_creation

vendredi 23 octobre 2009

Casino Royale


A force de trop tirer sur la corde, force est de constater que la saga de l’espion british le plus aimé de sa Majesté (et des spectateurs de cinéma en général) commençait à battre sérieusement de l’aile avec l’opus Meurs un autre jour : trop de gadgets, trop d’invraisemblances, trop de mou dans l’action, trop, trop… Il a donc fallu 4 ans entre ce film et Casino Royale pour que la sauce soit remaniée de A à Z.

Un bien pour un mal ? Plutôt un mal pour un bien à mes yeux. Exit donc le bellâtre aux cheveux sombres et à l’humour so fine, le verre de Martini à la main, place au gros dur blond aux yeux bleus qui a aussi facile à tuer que du mal à sourire. Basta la valise et la bagnole high-tech, vive la débrouillardise à l’ancienne, presque à la commando j’ai envie de dire. Et joie pour les féministes, la james bond girl n’est plus ici une potiche sexy mais une vraie personne ambiguë, fatale et tout et tout. N’en déplaise aux nouveaux fans de 007, mais pour moi c’est pas James Bond ça, c’est Jason Bourne. Faut dire que l’adaptation de la trilogie de Ludlum a agit comme une immense claque dans le domaine du film d’action et d’espionnage, alors aujourd’hui faut assurer. La nouvelle génération de spectateurs 15-25 ans n’est plus la même que celle qu’avait Sean Connery ou Roger Moore en leurs temps, les choses changent.

En plus, c’est long. Hitchcock avait cette magnifique phrase « La durée d’un film devrait être adaptée à l’endurance de la vessie humaine ». 2h30 pour un Bond, c’est pas un peu abusé ? D’autant que dans ces 2h30, il y a peut-être 50 minutes d’action pure, le reste beaucoup de bla-bla. A titre d’exemple, cette partie de poker qui dure plus longtemps que la séquence guignolesque de la poursuite sur le chantier en Afrique au début du film.

Pourquoi sauve-je le film alors ? Car s’il s’éloigne de l’univers de Bond de mon enfance, il en conserve quand même certains éléments et reste, indifféremment de ma conscience de fan de la série, un film dans l’ensemble réussi. Historiquement, Casino Royale est la première mission de Bond, avant même Dr No et il faut donc voir le personnage de Bond comme un jeune espion fraîchement agrégé d’un double zéro, un tantinet impulsif et radical. Cette énergie est canalisée par une femme, Vesper, pour laquelle il est prêt à tout arrêter. Tout au long du film, des réponses sur l’avenir de Bond nous sont données : la maîtrise de soi, le déni de l’amour pour survivre… Ensuite, comme je l’ai dit, les scènes d’action si invraisemblables restent-elles sont efficaces, notamment les 20 premières minutes du film (l’obtention du double zéro en flash-back + la poursuite en Afrique) ainsi que la séquence finale à Venise.

Pas encore tout à fait un James Bond digne de la série, Casino Royale a eu le mérite de dépoussiérer le mythe ; reste à voir si à l’avenir ce mythe va renaître de ses cendres et s’améliorer ou disparaître au profit d’un Bond américanisé : froid, violent, efficace, bref militaire – l’opposé de l’espion flegmatique le plus célèbre du monde.

Note : ***

mardi 20 octobre 2009

Un prophète


Jacques Audiard est un cinéaste étonnant, surprenant, épatant : il est probablement le seul cinéaste français aujourd’hui à pouvoir mixer aussi subtilement et efficacement cinéma de genre et cinéma d’auteur. En témoigne son Prophète pour le moins étrange.

Tout commence durement, sèchement, avec une forte dose de réalisme : un jeune beur se retrouve plongé dans un milieu carcéral violent, sans concession, où la seule chance de survivre est d’attaquer le premier, où la corruption est monnaie courante et où il faut choisir son clan avec intelligence. Le climax sera atteint avec un premier meurtre violent, tendu, presque insoutenable. Et puis, comme ça, le film vire de temps à autre dans le fantastique, parfois teinté d’humour, avant de céder la place à de la pêche scorsesienne (la séquence de la vie en prison fait penser aux Affranchis) ou du réalisme pur.

Point de vue technique, Jacques Audiard est un as, sachant précisément ce qu’il fait à chaque plan. Mais c’est chez les acteurs qu’il faut aller chercher le meilleur, du jeune (et surprenant) Tahar Rahim en passant par des seconds rôles convaincants, mais surtout (à mes yeux) avec Niels Arestrup, acteur épatant, imposant sa présence à chaque scène, centre de tous les regards et inquiétant à souhait.

Bémol(s) ? Un scénario trop simple (simpliste ?) et une longueur de métrage bien trop grande (un film de deux heures aurait suffit). Reste que ce Prophète est l’annonce du talent d’un cinéaste qu’il serait temps de reconnaître bien mieux que ce qu’il ne l’est maintenant, ne serait-ce que pour son audace.

Note : ***

dimanche 18 octobre 2009

Là-haut (Up)

Je voudrais tout d’abord souhaiter mes plus sincères condoléances à tous les animateurs de la terre : eh non messieurs, si vous ne bossez pas chez Pixar, c’est que vous ne bossez pas chez les maîtres du monde.

Moi qui trouvait déjà Ratatouille et Wall-E incroyables d’un point de vue technique et de maturité (surtout le second, malgré un discours écolo léger), voilà que Pete Docter (Monstres & Cie) vient nous asséner un fameux coup sur le pif avec son Up !

Je ne me souviens pas d’un seul film d’animation estampillé Disney contenant autant d’images jamais vues, des personnages qui saignent (du sang bien rouge !) à ce plan choc de l’annonce de la stérilité de la femme de Carl ! Et si j’ai trouvé l’animation moins impressionnante (faut dire que Wall-E a placé la barre très haut) bien que superbe (la course-poursuite entre les chiens et l’oiseau, en point de vue subjectif, est vraiment prenante), force est de constater que l’esthétisme est très présent (magnifiques plans de la petite maison volante dans un immense ciel vide) et le côté cartoon sympa.

Mais la dureté des plans cités confirme mon opinion selon laquelle le film est souvent en déséquilibre, oscillant trop entre le basique et l’enfantin (somme toute l’histoire est très simple) et l’inventif (les chiens qui parlent, surtout le méchant : dément !) et le fortement symbolique (la quête, le voyage initiatique, l’élévation de soi d’où le titre Up qui supplante totalement cette énième traduction stupide de titre en Là-haut).

Enfin, là, j’avoue, je pinaille, je cherche la ptite bête, midi à 14 heures, j’encule les mouches. Mais voilà, c’est pas de ma faute : quand Pixar nous habitue à la quasi-perfection, faut pas s’étonner si on devient intransigeant. Reste que Up est une grosse claque de Pixar. Comme d’hab.

Note : ***