jeudi 31 mai 2007

Les cinq secrets du désert (Five graves to Cairo)


Billy Wilder n’a pas toujours été le cinéaste indépendant que l’on connaît : il aussi dû travailler pour les studios à ses débuts, et Les cinq secrets du désert fait partie des films de commande qu’il a reçu.

Réalisé pendant la guerre (1943), clairement propagandiste (comment les Alliés ont pu vaincre Rommel en Afrique), Les cinq secrets du désert part d’une idée relativement simple et déjà vue : un officier britannique se retrouve malgré lui dans un hôtel où débarque les Allemands, dirigés par le Maréchal Rommel, et prend l’identité d’un valet mort quelques jours plus tôt. Mais le dit valet était en fait un espion, et l’Anglais se voit contraint de jouer double jeu, tout comme la servante française qui attendait elle aussi les Allemands…

Le trio vedette, composé de Franchot Tone, Anne Baxter et Erich Von Stroheim, est en effet mémorable : Tone joue les Anglais typiques, tour à tour cynique et à l’humour acide, sans sombrer dans l’excès ; Anne Baxter reste convaincante avec ce petit accent français, déstabilisante dans son aversion pour les Alliés et se refusant à jouer les sentimentales comme aurait pu l’être son rôle ; mais celui qui écrase tout et tout le monde, c’est Von Stroheim, dont la simple présence électrise l’écran. Selon la légende, Von Stroheim, cinéaste maudit, proposa de nombreuses idées à Wilder concernant son personnage, et le résultat est là : un Rommel plus vrai que nature, froid, implacable mais pas tortionnaire, un poil arrogant mais respectueux, dont l’homosexualité latente est plus d’une fois sous-entendue. Pour compenser ce trio relativement dramatique (même si l’officier britannique à le sens du bon mot), Wilder propose un Akim Tamiroff angoissé et un Fortunio Bonanova en général italien à la créativité étouffée, tant comme militaire que comme chanteur d’opéra. Deux rôles comiques qui allègent le film et le rendent plus agréable.

Le film se distingue aussi par son côté plus psychologique que dans les autres films du genre. Certes, il y a bien quelques scènes de batailles et de bombardements, mais l’ensemble se déroulant en huis clos, sous tension permanente, donne au film une autre dimension, moins tape à l’œil et qui aurait fini par être dépassée. L’humour distillé tout au long du film, surtout dans les dialogues, et le sens du détail sont les autres éléments d’un scénario dont la simplicité est rapidement occultée par une écriture peu commune pour l’époque.

Enfin, la réalisation de Wilder permet au film de tenir la distance : d’un noir et blanc remarquable (par ailleurs nominé aux Oscars), elle possède un rythme soutenu, constant, où les rebondissements se chevauchent sans se tirer dans les pattes ou, pire, lasser le spectateur. Il y a bien entendu des erreurs de réalisme (les Allemands parlant anglais à leur espion, un seul homme se lançant à la poursuite du traître…) mais on en fait vite table rase.

Un film de commande réussi, moins personnel que certaines œuvres de Wilder mais néanmoins plaisant.

Note : ***

lundi 28 mai 2007

M le laudit (M)



Il est des chefs-d’œuvre qui, des décennies plus tard, ne perdent rien de leur puissance évocatrice, ayant réussi à s’inscrire dans un climat social autant qu’à donner ses lettres de noblesse au cinéma. M le maudit fait assurément partie de ces œuvres magistrales.

Aux commandes, il y a Fritz Lang, cinéaste déjà légendaire à ce moment-là, l’égal d’un Griffith ou d’un Chaplin au niveau du talent et du génie. Perfectionniste, Lang est tout aussi formidable conteur que technicien remarquable. Ses films ont changé la face du monde cinématographique (Métropolis) et dans cette obscure période allemande qu’est la montée au pouvoir du nazisme, Lang va signer une de ses œuvres les plus remarquables.

Lang soigne d’abord sa mise en scène : métaphores et symboles sont ainsi disséminés un peu partout dans le film, ce qui permet plusieurs niveaux de lectures fascinants. En homme cultivé, il glisse quelques références culturelles : l’air que siffle le meurtrier, extrait du Peer Gynt de Grieg, est d’une importance capitale et surtout, angoissant à souhait, seul thème musical du film puisque Lang n’abandonne pas ses idées du muet, ou peut-être implique-t-il que le cinéma d’alors doit commencer à se taire pour exister… Il y a aussi cette référence à Jack L’éventreur, lorsque le meurtrier écrit directement à la presse, se vantant de ses exploits macabres… Lang rend également un hommage (à moins que cela ne soit une ancienne influence) à l’expressionnisme allemand, disparu à l’époque mais dont els adeptes sont encore nombreux. Cela lui permet également, en jouant des ombres, de faire passer n’importe qui pour un meurtrier potentiel (d’où le titre original L’assassin est parmi nous)…

Il se concentre aussi sur sa direction d’acteur, remarquable mais dont Peter Lorre éclipse toutes les interprétations, criminel malade pour lequel on en sait si on doit avoir du mépris, de la haine ou de la pitié… Un acteur qui hélas, par la suite, ne sera jamais vraiment reconnu à sa valeur, malgré d’excellents rôles comme dans Le faucon maltais…

Lang s’amuse aussi, à travers son scénario, à jouer avec nos nerfs. L’écriture est tout simplement excellente, véritablement maîtrisée et cohérente. On peut cependant sentir une rancœur de Lang, vis-à-vis du public, puisqu’il fut longtemps soupçonné d’avoir assassiné sa première femme… Du coup, Lang remet l’innocence de chaque individu de la société en cause. L’influence des nazis joue également un rôle, puisque Lang retranscrit la paranoïa grandissante au sein de la communauté, et les délations de plus en plus fréquentes…

Mais là où Lang impressionne encore plus, c’est dans sa capacité à critiquer implicitement, surtout à l’aide d’un montage très équivoque : avec des parallèles, par exemple, Lang compare la police à la pègre. Il n’hésite pas non plus à dénoncer la justice des hommes, cruelle et dont il faut grandement se méfier ; rien d’étonnant à ce que le juge du procès populaire du meurtrier ressemble à un membre de la Gestapo et que les malfrats comme la police, agissent presque comme les officiers SS d’Hitler à l’époque…

Un film remarquable en tout points de vue donc, qui non seulement ne vieillit pas, mais en plus possède une valeur historique essentielle et reflète parfaitement le génie de ce cinéaste.

Note : *****

vendredi 25 mai 2007

Le vent se lève (The Wind that Shakes the Barley)


Palme d’Or au Festival de Cannes 2006, Le vent se lève permettait à Ken Loach de revenir sur les devants de la scène et de recevoir enfin le prix tant convoité. Hélas, une fois encore, le jury semble avoir opté pour la facilité dans son vote.

Depuis quelques années déjà, Cannes n’est plus que l’ombre d’elle-même : celle qui récompensa des films comme La dolce vita, Blow-Up, Conversation secrète ou Taxi Driver semble désormais s’en tenir à la « surprise » du Festival, comme le furent Fahrenheit 9/11 ou L’enfant dont les Palme d’Or surprirent tout le monde (et, franchement, déçurent tout autant). Cette fois, c’est plus la carrière de Loach que son film que l’on veut récompenser, comme pour se racheter de temps d’années d’oubli. Mais une fois encore, le résultat n’est pas à la hauteur des espérances.

L’intérêt majeur réside dans le nom de Loach à lui seul : cinéaste engagé, chacun connaît sa manière plutôt radicale d’évoquer l’Histoire ou du moins ce qui cloche dans notre monde actuel. L’indépendance de l’Irlande, qui conduisit aussi à la naissance de l’IRA, est un sujet fort, qui méritait qu’on s’attarde avec grande attention sur lui. Pourtant, au fil du temps, le film ne nous emporte pas, pire il nous semble bien long. Loach est un cinéaste vieillissant, et bien qu’il conserve une certaine puissance évocatrice, le rythme de son film est bien trop lent pour réellement envoûter. Seuls quelques scènes de combats parviennent réellement à captiver, et encore sans pour autant laisser béat d’admiration. Reste cette fascination pour des décors naturels magnifiques, de la campagne irlandaise aux villes rustiques que Loach prend un certain plaisir à filmer – et nous, à contempler.

Le scénario pourtant est digne d’intérêt. S’approchant de la tragédie par moments (l’exécution du traître, la lutte fratricide finale…), les événements décrits dans le film trouvent, selon Loach, un écho dans le monde contemporain : "Tout comme la guerre d'Espagne, ils représentent un moment crucial : comment une longue lutte pour l'indépendance peut être contrecarrée, au moment même où elle va aboutir, par un pouvoir colonial qui, tout en se débarrassant de son empire, sait parfaitement maintenir ses intérêts stratégiques. C'est là toute l'habileté de gens comme Churchill, Lloyd George, Birkenhead et les autres. Une fois coincés, quand il n'est plus vraiment dans leur intérêt de refuser l'indépendance, ils cherchent à diviser le pays. Ils soutiennent ceux qui, à l'intérieur du mouvement d'indépendance, acceptent que le pouvoir économique reste entre les mêmes mains (...) C'est une manipulation par le pouvoir central en place : des mouvements aux intérêts divergents s'unissent alors contre l'oppresseur commun. Inévitablement leurs intérêts contradictoires finissent un jour par éclater. Je suis certain que la situation est la même aujourd'hui dans un pays comme l'Irak, où la résistance aux Américains et aux Britanniques rassemble nombre de gens qui découvriront qu'en fait leurs intérêts divergent quand les Américains auront enfin été forcés de partir." Et à ceux qui reprocheraient à son film d'être "anti-britannique", Loach répond : "J'ai envie que les spectateurs voient les personnages au-delà de leur nationalité. Ce n'est pas un film sur les Anglais qui tabassent les Irlandais... Les gens ont beaucoup plus de points communs avec des étrangers de la même condition sociale qu'avec, disons, ceux qui sont au sommet de leur échelle sociale (...) En Irlande, les Britanniques ont laissé derrière eux de terribles séquelles, et les forces de progrès ont souffert d'un énorme recul après le traité. Malgré cela, et malgré toutes les souffrances, le fait est que les Britanniques se sont retirés. Il y a là un élément d'espoir." D’accord, mais pourquoi un tel parti pris alors ? Il est triste de voir avec quel facilité les Anglais sont attaqués dans ce film, qui souligne certes leurs actions ignobles mais qui ne semblent pas trouver pardon aux yeux de Loach ; preuve en est avec le seul Britannique rendu sympathique dans ce film est un jeune soldat à moitié irlandais… On regrettera aussi quelques clichés comme cette histoire d’amour entre Damien et Sinead qui viennent un peu alourdir le propos, qui se suffisait pourtant amplement à lui seul.

La direction d’acteur de Loach est en effet toujours aussi impeccable : les acteurs, pour la plupart amateurs (excepté Cilian Murphy), sont convaincants., même si on regrettera un tout petit manque d’implication de leur part.

Reste à souligner une musique mélancolique réussie, dans une tradition irlandaise qui confère au film une ambiance à la foi nostalgique et triste, bref qui sert très bien le tout.

Dommage donc que Le vent se lève ne tienne pas toutes ses promesses, où la frustration d’assister à un pamphlet un peu trop manichéen (les gentils Irlandais contre les très vilains Britanniques) qui ne ressemble pas au Loach des grands jours gâche le plaisir de voir la Palme d’Or 2006. Loin d’être un échec mais pas le chef-d’œuvre espéré non plus.

Note : **

lundi 21 mai 2007

The Doors


Que toute personne célèbre ayant un destin tragique se rassure : elle passera d’une manière ou d’une autre à la postérité avec l’adaptation de sa vie au cinéma. On ne compte plus ces biopics, de qualités inégales, qui ont traité de stars qui ont marqué notre époque. Evidemment, Jim Morrison ne pouvait y échapper, mais malheureusement c’est Oliver Stone qui s’est chargé de réaliser The Doors.

Le projet a pourtant traîner longtemps : pas moins de 20 ans ont été nécessaires pour qu’un cinéaste réussisse enfin à faire revivre l’idole de toute une génération. Des noms comme Tom Cruise, Jason Patric et même John Travolta ont circulés pour incarner Morrison (Travolta sympathisa même avec le reste du groupe, qui le jugea finalement trop gentil pour le rôle). Finalement, c’est Stone qui hérite du projet, et songe dans un premier temps à un chanteur pour le rôle principal. Heureusement, Val Kilmer ne veut pas laisser passer l’occasion, et avant l’audition il mémorise les paroles de toutes les chansons écrites par Morrison, mieux, il envoie une vidéo de lui en train d’imiter Morrison en concert à Stone. Et Kilmer obtient le rôle. A sa sortie, le film est applaudi par certains fans mais décriés par d’autres. En outre, Ray Manzarek, qui a refusé plusieurs fois son aide au réalisateur, dénonce le film comme une horrible représentation du groupe, pour ne pas dire un mensonge malgré les apparitions furtives de Patricia Kennealy (maîtresse du vrai Morrison), John Densmore (le batteur des Doors) et Robby Krieger (guitariste du groupe).

Au vu du résultat final, c’est vrai qu’il y a de quoi être déçu : Stone tente un film psychédélique, en phase avec son personnage et sa vision du monde… Très bien sauf si on ne prend pas soi-même du LSD : là, on se rend compte de l’arnaque !

Le vrai problème, c’est Oliver Stone aux commandes. Non pas qu’il soit mauvais (il impose même le respect dans la reconstitution des concerts) mais disons qu’il n’était pas le cinéaste le mieux placé : on rêve de ce qu’aurait pu être le film aux mains d’un Coppola (qui a fréquenté l’UCLA en même temps que Morrison) ou d’un Scorsese (qui a pleinement vécu cette période de contestation et de révolution musicale). L’ennui en fait avec Stone, c’est que l’on sen dans sa mise en scène un égocentrisme handicapant, persuadé de tenir un chef-d’œuvre et donc de pouvoir en faire quelque chose d’original avec. Certes la démarche du film psychédélique est sympa, mais ne tient pas la distance sur 2h15 et surtout contraste de trop avec certaines scènes filmées de manière conventionnelle. De plus, à trop se concentrer sur son personnage, Stone passe à côté d’une chose qui méritait pourtant qu’on s’y attarde : la situation aux Etats-Unis dans les années Vietnam. Même en à-côté, un tel sujet, surtout pour un cinéaste engagé comme Stone, aurait du être beaucoup plus développés ; hélas, il n’en est rien. On pourra aussi regretter que Stone se veut réaliste (le vrai visage de Morrison, ses excès, ses colères comme cette scène où il balance une télévision sur ses amis, anecdote authentique) alors qu’il traite l’histoire du point de vue de Morrison même, comme cette légende selon laquelle des esprits indiens se seraient emparés du corps du chanteur lorsqu’il était enfant. Un manque ttal de rigueur qui non seulement fait vieillir le film mais en plus le rend un peu trop impénétrable si on ne s’éclate pas un bon coup avant de le voir.

Heureusement, le choix de Val Kilmer fut le meilleur investissement de la production : plus d’une fois, Kilmer épate, impressionne, va jusqu’à devenir l’incarnation vivante de Morrison. Il faut dire que l’acteur n’a eu peur de rien : se mettre des lentilles spéciales pour quand le chanteur était stone, pousser la chansonnette, vivre pendant un an comme Morrison, allant jusqu’à porter ses vêtements – et durant le tournage se casser un bras en sautant dans le public. Le résultat est là : Val Kilmer est bon, très bon, tellement bon que même les véritables Doors et le biographe de Morrison s’inclinent devant tant de réalisme. Il en arrive même à éclipser ses partenaires, de Meg Ryan à Kyle MacLachlan en passant par Michael Madsen, pourtant très bons eux aussi. Et si on regrettera que Val Kilmer ne fait jamais 22-28 ans mais bel et bien sa trentaine à l’époque, on notera une troublante ressemblance entre lui et le véritable Morrison. Les mystères de la vie quand même…

On regrettera donc que Stone se veut, une fois encore, en possession de la Vérité, alors que Morrison est dépeint plus comme un monstre que comme le génie qu’il était assurément, poète incompris et trop dépendant des drogues. Reste au film la prestation admirable de Val Kilmer (assurément le rôle de sa vie, n’ayons pas peur des mots) et la musique, toujours aussi immense après 40 ans, des Doors. Rien que pour ça, on ferait bien l’impasse et on regarderait le film une fois encore.

Note : **

vendredi 18 mai 2007

Raisons d'Etat (The Good Sheperd)


Avec un acteur derrière la caméra, on a déjà eu droit au meilleur comme au pire. Robert de Niro nous avait déjà montré ce dont il était capable avec Il était une fois dans le Bronx il y a 13 ans, du moins le croyait-on… grave erreur au vu de The Good Sheperd !

Après avoir mûri le projet pendant 10 ans, et s’être fait la main sur The Score de Frank Oz en attendant, De Niro nous revient avec un récit à 100 lieues de son premier film.

La première chose qui nous frappe est la révélation du vrai metteur en scène qui sommeille en De Niro : exit l’influence marquée de Scorsese, De Niro réalise comme il le sent, en prenant son temps (2h40), en ne souciant visiblement pas des contraintes hollywoodiennes (très peu d’action, beaucoup de (longues) réflexions) et en nous éclairant sur quelques touches plus personnelles : la reconstitution historique, le parcours initiatique du héros, son déchirement entre le Bien et le Mal, la figure paternelle tronquée… Autant de petites choses qui reviennent dans ce second film, qui a eu bien raison de ne pas se précipiter pour être bien clair. On regrettera juste plusieurs longueurs, comme le premier amour du héros, qui n’apporte finalement rien de neuf au récit dans sa suite. Mais le film ne pouvait pas faire moins de 2h15, ça c’est un fait, donc on peut encore pardonner.

En fait, ce problème semble venir surtout du scénariste Eric Roth, habitué des biopics réelles ou imaginaires (Forrest Gump, Révélations, Ali, Munich) mais qui, si on admire son souci du détail, ne peut s’empêcher lui d’apporter un petit quelque chose de cinéma pop-corn dans ses scripts. On ne lui en tiendra pas complètement rigueur non plus, vu la qualité globale de l’histoire et son côté réaliste (les personnages ayant réellement existés, sous d’autres noms).

Surtout qu’avec un scénario dense comme celui-ci, une multitude de personnages apparaissent et les amitiés et la réputation de De Niro aidant sans doute, nous assistons à pluie de stars ! Du lot, c’est assurément Matt Damon qui se démarque, tout en silence et en non-dits, replié sur lui-même, dont le mutisme finit par être des plus efficaces. Il n’interprète pas son modèle paranoïaque, il l’incarne complètement : froid, précis, implacable et bougrement intelligent, bref un véritable agent des services secrets, à l’opposé d’un James Bond. A ses côtés, les autres acteurs livrent des interprétations toutes plus honorables les unes que les autres, d’une Angelina Jolie à bout de nerfs à un John Turturro impeccable, en passant par des William Hurt, de Niro ou Alec Baldwin dont on ne peut jamais dire s’ils sont amis ou ennemis.

Bien que souffrant d’un léger académisme par moment (on aurait aimé une mise en scène un peu moins en retenue pour certaines scènes, comme une musique autrement plus efficace bien que cette dernière s’avère de qualité), The Good Sheperd est un exercice réussi pour De Niro, qui confirme qu’il est encore loin d’avoir montré tout son talent en tant que cinéaste. On espère juste ne pas devoir attendre encore 13 ans avant un nouveau film.

Note : ***

dimanche 13 mai 2007

Lucas in love

Un petit truc fort sympa, pour les fans


George Lucas In Love (VO ST Français)
envoyé par Sac_a_Dos. - L'info internationale vidéo.

vendredi 11 mai 2007

Carrie


Brian de Palma est un cinéaste trop souvent mésestimé alors qu’il pourrait revendiquer le même statut qu’un Coppola ou un Spielberg. Un réalisateur incroyable car très adroit, technicien remarquable qui n’a hélas pas toujours su choisir les bons scénarios mais qui a cependant créer plus d’un film culte, à l’instar de Carrie.

Bien qu’il soit déjà reconnu à l’époque par les critiques (Sisters) et les cinéphiles (Phantom of the Paradise), De Palma ne jouit pas encore du statut de cinéaste bankable, ce fameux statut qui lui permettrait de travailler dans le circuit hollywoodien avec des moyens à la hauteur de ses ambitions. Il lui faut donc un succès populaire, et comme à l’époque les films d’horreur cartonnent autant y aller pour une adaptation d’un roman de Stephen King (à noter qu’il s’agit de la première adaptation d’un roman de cet écrivain). A sa sortie, le film fait fureur : succès public et critique, deux nominations aux Oscars (Sissy Spacek et Piper Laurie) et pour la deuxième année consécutive le Grand Prix au Festival d’Avoriaz. Hollywood n’accueille pas encore le cinéaste avec le tapis rouge, mais il a assurément réservé sa place pour l’avenir.

Comme dit précédemment et plusieurs fois répété chez les cinéphiles, Brian de Palma est un réalisateur virtuose, digne héritier de son modèle absolu Alfred Hitchcock (d’ailleurs le nom du collège "Bates High" est une référence directe à Norman Bates, héros du film Psychose) avec un goût certain pour l’esbroufe ; Carrie est ainsi un petit catalogue du savoir-faire de De Palma, entre profondeur de champ et plans-séquences hallucinants, en passant par le fameux split-screen qu’il affectionne tant. Il s’amuse aussi à faire quelques essais (pour la séquence finale du rêve de Sue, Amy Irving fut filmée en reculant, puis on inversa la pellicule afin de donner une apparence étrange à la scène), bref De Palma s’éclate et du coup nous aussi.

Côté acteurs, c’est la surprise : John Travolta joue son premier rôle au cinéma tandis que Piper Laurie revient après 15 ans d’absence. Pour Sissy Spacek, l’histoire est plus magique : initialement prévue pour le rôle de Chris (tenu par la jolie Nancy Allen), elle doit sa chance à son mari qui insista auprès de De Palma pour qu’elle passe une audition pour le rôle de Carrie. De Palma fut conquis, et ne devait pas s’en plaindre : Spacek était si professionnelle qu’elle garda le faux sang sur elle trois jours pour être identique dans chaque scène, se plaignant même que le sang ne soit pas réel mais soit du sirop et des colorants alimentaires ! Si avec le recul l’actrice n’est pas des plus inoubliables, elle n’en reste pas moins indissociable de ce rôle, par sa timidité et son physique ordinaire.

On regrettera seulement que le scénario soit un peu trop prévisible, d’autant que certaines images hantent pendant longtemps nos esprits (la crucifixion de la mère, le massacre de l’école, la destruction de la maison). De Palma, cinéaste culte par excellence, signait là l’un de ses films si pas des plus réussis au moins des plus populaires, référence pour toute une génération et échauffement à quelques chefs-d’œuvre qui devaient suivre.

Note : ***

mardi 8 mai 2007

The Big Lebowski


Dans les frères célèbres du cinéma, il y en a deux qu’on adore citer comme des références incontournables. Non, il ne s’agit pas des Wachowski. Non, encore moins les frères Dardenne : à en choisir deux, on opte pour les Coen, cinéphiles touche-à-tout et pourvu d’un humour bien à eux qui fait souvent mouche comme The Big Lebowski.

A la base se trouve la volonté des frangins de réaliser une pure comédie après Fargo. Ils se disent alors qu’un film dans la veine du Privé de Robert Altman pourrait être sympa. Ethan et Joel se mettent donc à écrire un scénario avec leurs amis Jeff Bridges, John Goodman et Sam Elliott en tête, où l’histoire d’un looser à qui il n’arrive que des noises, devant supporter en plus son ami Walter un peu à la masse. Voilà, vous connaissez maintenant la genèse d’une des comédies les plus abouties de ces dernières années.

Car évidemment le film ne se prend pas au sérieux une seule seconde. Comment faire autrement quand son héros est un chômeur invétéré et fier de l’être ? Les frères Coen voulaient simplement s’éclater, et ils réussissent allègrement à travers notamment un scénario brillamment écrit. Tout d’abord, il y a cette capacité à tourner chaque scène au ridicule, à l’absurde alors qu’en d’autres mains elle aurait pu être traite de manière très sobre. Mais qu’il s’agisse d’une agression du Duc dans son appartement ou d’un échange de valise sur un pont, tout déraille dans la joie et l’allégresse. Le secret tient sans doute dans la construction soignée de chaque personnage : le Duc, baba cool qui aurait mieux collé dans les années hippies que dans les années Bush Senior, auquel le spectateur finit par s’attacher voir s’identifier ; Walter, son meilleur ami, véritable star du film, vétéran du Vietnam avec ce que ça comporte de traumatisme (et hop, le règlement de cmpte avec l’Amérique va-t’en-guerre), qui fait hurler de rire à chaque apparition ; Donny, clin d’œil des frères Coen à Fargo (si ce pauvre Steve Buscemi se voit intimer l’ordre de se taire constamment, c’est parce qu’il ne voulait pas le faire dans Fargo) ; Maude, artiste totalement underground ; le « Big » Lebowski, milliardaire prétentieux et infâme ; autant d’archétypes poussés à leur paroxysme, ce qui en fait des personnages risibles sans arrière-pensée. Même les méchants du film, les nihilistes ou Jacky Treehorn, deviennent drôles. Enfin un élément qui a son importance : le dialogue. Rarement les frères auront atteint un tel niveau dans leurs films, pourtant drôles.

Force est de constater que si le scénario tient largement la route et que les dialogues sont savoureux, il fallait tout de même les interprètes adéquats pour illustrer tout ça. Pas de soucis pour les frangins qui connaissent du monde, et du beau : Jeff Bridges, les récurrents Jeff Goodman, Steve Buscemi, John Turturro et Peter Stormare, Ben Gazzara, Sam Elliott ou encore Julianne Moore et Philip Seymour Hoffman. Il est difficile de se départager entre cette brochette exceptionnelle de talents, mais comme dit précédemment c’est Goodman qui rafle tout sur son passage, hilarant dans son esprit carré et contradictoire, insouciant et proche de la folie. A noter pour la petite anecdote que son personnage est inspiré du scénariste-réalisateur John Milius, autre clin d’œil de cinéphile des frangins. Et pour la peine, on saluera aussi la performance éclair mais totalement jubilatoire de John Turturro en Jesus (pas celui que vous croyez) qui, comme ces grands comédiens dans d’autres films (De Niro dans Brazil, Keitel dans Pulp Fiction) marque le film en l’espace de cinq minutes.

Côté réalisation, Joel Coen sait y faire, sans aucun doute, et il s’amuse ici à jouer avec sa narration : l’histoire étant subjective (nous voyons tout du point de vue du Duc finalement) on a droit à quelques séquences mémorables de rêves étranges, sans oublier cet aspect déconnecté de la réalité qui plane sur tout le film, comme un trip sous acide que Duc aime tant. Aucune prise de tête, et c’est ça le plus rageant, c’est que Joel semble réaliser ce film en toute simplicité alors qu’en réalité, il est très subtil et difficile à rendre, imprimant un rythme effréné à son action sans perdre qui que ce soit en chemin.

The Big Lebowski est donc ce qu’il convient d’appeler un chef-d’œuvre ; ce n’est pas pour rien que Premiere l’a élu numéro 1 des 50 plus grandes comédies de tous les temps. En attendant, allons faire un bowling.

Note : *****

samedi 5 mai 2007

Le dernier nabab (The last tycoon)


Il y a de ces films dont le simple nom fait rêver et qui, une fois vu, laissent un goût désagréable en bouche, comme la sensation d’être passé à côté de l’essentiel, que le film aurait pu être bien meilleur avec une autre approche. Comme Le dernier nabab.

Pour comprendre pourquoi ce film est alléchant, citons le casting : Robert de Niro, Robert Mitchum, Jack Nicholson, Donald Pleasence, Tony Curtis, Jeanne Moreau, Ray Milland, Dan Andrews, Theresa Russell et Angelica Huston, réalisé par Elia Kazan sur base d’un roman de F. Scott Fitzgerald. De quoi en faire baver plus d’un ou, comme disait Louis B. Mayer (grand patron de la MGM à l’époque), « il y avait plus d’étoiles que dans le ciel lui-même ».

L’histoire se base en fait sur Irving Thalberg, célèbre producteur de la MGM dévoué corps et âme à son art. Détestant les réceptions mondaines et les télévisions, refusant d’être crédité à ses films, Thalberg était ce qu’il convient d’appeler un bourru de travail. Chef de studio à l’âge de 21 ans, il travailla 16 heures par jour pendant 12 ans d’affilée. Il finit usé et mourut d’une défaillance cardiaque à l’âge de 37 ans. Il a souvent été signalé que Thalberg était un rebelle timide, un peu comme De Niro… D’où le choix de l’acteur par Kazan.

Quelle plus belle récompense pour De Niro de travailler avec le fondateur de l’Actor’s Studio ! Le hic, c’est qu’il ne savait pas dans quel film il venait d’être engagé… Un peu d’historique : Sam Spiegel, producteur comblé (African Queen, Sur les quais, Le pont de la rivière Kwaï, Soudain l’été dernier ou Lawrence d’Arabie pour ne citer que ses plus gros succès) sentant sa fin approcher (il avait 75 ans à l’époque) voulait faire un film somptueux sur l’Hollywood des années 30-40, celui qui avait fait sa gloire et sa fortune. Il acheta pour la peine les droits d’un roman de Fitzgerald, auteur jugé inadaptable, et confia le script à Harold Pinter, scénariste qualifié mais sans plus. Vu qu’il investit 5,5 millions de dollars en fond propre, Spiegel demanda un cinéaste hors pair pour ce film, en l’occurrence Elia Kazan. Si le film partait d’une bonne intention, la suite devait montrer que personne n’était à sa place…

En effet, le moins que l’on puisse dire est que Le dernier nabab ne devait pas s’inscrire à cette époque-là. Le récit de Fitzgerald était mordant, acide envers un Hollywood clinquant, empire de l’industrie cinématographique. Bref, un récit qui aurait parfaitement convenu à l’agressivité cinéphilique du Nouvel Hollywood, qui aurait pu amener le film vers une satire des plus corrosives et des plus somptueuses sur l’aspect sombre d’Hollywood. Le casting était déjà installé, puisque face aux vétérans Mitchum et Curtis se trouvaient De Niro et Nicholson. En dépit, le film d’un septuagénaire était aux mains d’un cinéaste de 66 ans que tout le monde déclarait fini. Spiegel refusait de voir ce film autrement que comme un hommage à un Hollywood d’antan, ce qui contraria par ailleurs Kazan.

Le cinéaste détestait en effet le scénario de Pinter, luttant désespérément pour faire disparaître les scènes d’amour qui occupait la moitié centrale du film, arguant aussi qu’aucune action n’avait lieu dans le film. Spiegel étant buté, et Pinter ne répondant jamais aux messages de Kazan, le cinéaste du faire bon gré mal gré ce film qu’il savait être son dernier. Hélas, malgré son talent, il ne pu empêcher le film de sombrer dans les abîmes.

Le film est donc faible, inintéressant et d’une platitude constante. Les femmes décrites par Fitzgerald sont impossibles à rendre à l’écran, et ce n’est pas Ingrid Boutling qui changera cette idée. L’actrice n’a en effet aucun charme particulier et ne possède pas non plus un jeu transcendant. On peut croire qu’elle est en partie responsable de l’échec du film, mais pas seulement elle. En effet, Robert de Niro n’est pas des plus convaincants non plus dans son rôle. S’il semble avoir clairement saisi l’essence de son personnage (il a même été jusqu’à perdre 20 kilos en un mois pour cela), son jeu s’effectue en retenue, est lisse comme on ne le voit pas souvent au point de devenir ordinaire. Pour sa défense, il faut reconnaître que le film ne lui offre aucune occasion d’exploser, les dialogues étant très plats et le film étant gangrené par une histoire d’amour ennuyeuse et inutile.

Le scénario est donc pesant, monocorde où rien ou presque ne se passe. On aurait aimé connaître le fonctionnement des studios de l’époque, on y a pas droit, tout au plus avons-nous la dispute entre les producteurs et le syndicat des scénaristes en toile de fond, mais c’est bien peu consistant. C’est à Kazan que revient tout de même le mérite de s’être battu pour empêcher le film d’être un échec complet, en créant par exemple ce merveilleux plan final (qui n’était pas dans le scénario) où Stahr, après avoir été renvoyé des studios, s’enfonce dans les ténèbres d’un studio jamais utilisé…

Kazan était conscient de l’échec qui l’attendait, et il y avait de quoi : un film aussi puissant que celui-là ne devait pas être fait par les anciens d’Hollywood mais par la nouvelle génération qui dynamitait les codes préétablis. Un Coppola ou même un Scorsese auraient pu emmener ce film au firmament ; en dépit, les étoiles qui s’y trouvent perdent de leurs éclats, le temps ne les aidant certainement pas. Un gaspillage cosmique.

Note : **

mercredi 2 mai 2007

Les guerriers de la nuit (The Warriors)


Il existe certains films qui traversent les époques de manière plutôt discrètes si bien qu’on en vient à les oublier quelque peu. C’est un tort, car il y a parfois comme The Warriors des petites perles qui ne demandent qu’à être vues et savourées.

A New York, où une centaine de gangs se partagent les rues, les combats font rage. La bande la plus puissante, les Gramercy Riffs dirigés par Cyrus, désirent unifier les forces et convoquent tous les gangs à un rassemblement pacifique. Mais la réunion dérape et finit dans le sang : Cyrus est assassiné. Ce meurtre, attribué par erreur aux Warriors, déclenche sur eux la vengeance de tous les autres. La lutte pour la survie commence, le long du trajet de 40 kilomètres qui les relie à leur quartier général...

Nous voici à l’époque où les grandes villes américaines sont infestées de gangs divers et faisant la loi dans les quartiers généralement pauvres. En 1976, un producteur du nom de Lawrence Gordon est fortement intéressé par un roman de Sol Yurick intitulé Les guerriers de la nuit, l’histoire de voyous pris au piège chez l’ennemi (histoire en réalité basée sur Anabasis de Xénophon, le récit de mercenaires Grecs isolés dans les lignes ennemies Perses après la bataille de Cunaxa (-410)) mais craint de ne pas trouver de fonds suffisant vu le sujet et le manque de premier rôle pouvant intéresser une star. Néanmoins, en 1977, la Paramount est intéressée et file le scénario à Walter Hill, qui en réécrit une bonne partie.

Durant le tournage, la réalité rejoint la fiction : de vrais gangs jouent dans le film, un autre « protège » les véhicules pour 500 dollars la journée, une scène est interrompue par l’intervention de la police et lorsque des acteurs se rendent dans un magasin, les gens craignent d’être attaqués ! A cela il faut ajouter un tournage exclusivement de nuit et en extérieur, ce qui n’arrange rien mais le film est bouclé en 60 jours.

La sortie se fait évidemment avec quelques soucis : par exemple, un gang menace l’équipe pour avoir copié leur style vestimentaire sans leur autorisation. Mais le plus dur reste à venir : le film original est classé X aux Etats-Unis, non pour sa violence mais pour sa portée subversive : la commission de contrôle jugea en effet le film doté d'une "portée incitative, dans la mesure où il donne une vision très réaliste de la guérilla urbaine que des gangs peuvent développer pour conquérir une ville." Plusieurs scènes (notamment au début) sont donc retirées, le film passant d'un durée de 94 à 84 minutes.

Il est certain que le film a vieilli, mais ce petit côté rétro, bien ancré dans fin des années 70 qui fait aujourd’hui son charme. Des jeunes ne vivant que de violence, on aurait pu craindre une influence d’Orange Mécanique mais il n’en est rien : les personnages nous deviennent rapidement sympathiques (autant que faire se peut) et on compatit à leur détresse. La mise en scène de Walter Hill n’a peur de rien (1000 figurants pour la réunion au début du film) et prend d’emblée le parti pris de styliser la violence : exemple avec l’un des combats, qui se déroule dans des toilettes pour hommes, bénéficiant d'une chorégraphie complexe et qui nécessita cinq jours complets de travail pour être tourné. Il n’y a d’ailleurs presque pas de sang dans ce film et la mort n’est jamais montrée directement. Ce qui séduit le plus sans aucun doute est ce côté fantastique du film : une ambiance nocturne, un univers hostile, des personnages étranges qui le compose (on pense par exemple aux Baseball Furies, que Walter Hill créa parce qu’il aimait le baseball et le groupe Kiss) et un sentiment d’urgence constant. Il y a ce côté vampire des gangs, qui aiment l’odeur du sang la nuit tombée…

Elément-clé du film : l’absence de vedette. Argument peu porteur d’un point de vue commercial mais qui permet au spectateur de prendre le récit tel qu’il est et non pas comme un divertissement cinématographique : on imagine mal une star jouer les ados rebelles. Pour l’anecdote, on proposa à Robert de Niro un petit rôle, mais il refusa (1977 étant l’année de New York, New York et Le dernier nabab). Dans l’ensemble ils sont plutôt justes, certains se débrouillant mieux que d’autres mais au final, si aucun ne nous a vraiment marqué, pas un ne nous a vraiment exaspéré non plus. C’est déjà ça.

Film méconnu d’un cinéaste sous-estimé, The Warriors a perdu de sa force mais n’a rien perdu de son éclat écarlate, de ce flirt entre le thriller et le fantastique, teinté d’un certain désespoir dans la représentation d’une certaine jeunesse américaine, celle en perte de repères au sortir du Vietnam. La situation n’a pas beaucoup changée…

Note : ****