samedi 17 septembre 2011

Habemus Papam

Faire un film sur la religion n’est jamais chose aisée, et n’est pas Pasolini ou Scorsese qui veut. Oser se moquer de la religion est encore plus audacieux, mais c’est souvent fait dans l’excès (Dogma, de Kevin Smith) et, forcément, la pilule passe mieux pour la plupart. Mais quand Moretti s’attaque à la papauté et à la crise de Foi, j’étais en droit de m’attendre à quelque chose de vraiment intéressant, forcément subversif, peut-être grandiose. En fait, il n’en est rien : Habemus Papam est décevant à plus d’un titre.

Il y avait par exemple matière à un huis-clos intéressant, où l’enfermement du spectateur dans un décor unique, fut-il immense comme le Vatican, aurait permis de mieux s’attacher à la solitude du personnage. Eh bien non, Moretti préfère se perdre (et perdre mon attention) en déambulant dans Rome, et encore, la Rome quelconque, les rues qui pourraient être celles de n’importe quelle autre ville. C’est d’autant plus dommage que les scènes se déroulant dans le Vatican sont justement très belles, avec des décors forcément somptueux mais aussi des costumes très bien faits. En dehors de ces murs, hélas, de la banalité.

Je m’attendais aussi à un humour subtil, peut-être absurde, en tout cas caustique : la rencontre entre le Pape et un psy, sous l’œil du Conclave, est d’ailleurs très drôle. Hélas, le reste du temps, Moretti se fourvoie dans un humour prévisible, à la limite du grotesque, avec de fausses bonnes idées (le Conclave qui joue au beach-volley ; ouais, pourquoi pas, mais à petite dose svp…). Finalement, on ne rit pas beaucoup, d’autant que Michel Piccoli, certes agréable mais pas aussi inoubliable que j’ai pu entendre, transcrit l’angoisse de son personnage par un regard bovin et une mine défaite. Point de légèreté dans ce film.

Et puis, surtout, Moretti aurait pu réaliser un sublime film sur la crise existentielle et celle de la Foi, mais il se contente d’une approche freudienne assez maladroite d’un mec qui veut pas de responsabilités au crépuscule de sa vie. Peut-être suis-je passé à côté de la référence à Tchekov, mais j’avoue ne pas l’avoir lu, et quand bien même à mes yeux un film doit pouvoir se lire au premier degré sans prérequis. Malgré une idée de base plus qu’intéressante et alléchante, Habemus Papam est donc une déception, une ironie qui refuse de s’assumer. Dommage.

Note : *