jeudi 23 août 2007

Hantise (Gaslight)


Qui a dit que les vieux films étaient nazes, poussiéreux, sans imagination ? Parce qu’après avoir vu Hantise, vous ne verrez plus les choses sous le même angle !

Remake d’un film anglais homonyme sorti en 1940 (et dont les producteurs ont tenté, en vain, de détruire toutes les copies), Gaslight est l’histoire d’une femme qui, installée depuis peu dans la maison de sa défunte tante, croit devenir folle tandis que son mari s’éloigne d’elle. Un policier, qui voit le reflet de la tante dont il était amoureux dans la jeune épouse, se souvient également du crime odieux perpétré dans cette maison des années auparavant…

Il faut savoir que le film fut nominé pour sept Oscars : Meilleur acteur (Charles Boyer), Meilleure actrice (Ingrid Bergman, remporté), Meilleur second rôle féminin (Angela Lansbury), Meilleure direction artistique (remporté), Meilleure photographie, Meilleur film et Meilleur scénario. Une honte quelque part puisque Georges Cukor ne s’est pas vu nominé pour ce film, alors que c’est bel et bien sa réalisation qui offre au film son côté étrange.

Sa mise en scène se base en fait sur les détails. Une broche qui disparaît, la lumière qui faiblit, le brouillard de Londres, un gant… Cukor joue aussi avec l’expressionnisme en adaptant le décor à son héroïne : un bric-à-brac incroyable, où le désordre règne, parallèle à la folie croissante du personnage de Bergman. Il s’amuse même à faire de l’ironie, en faisant chanter l’opéra Lucia Di Lammermoor à Ingrid Bergman (cet opéra est célèbre pour une scène où la dite Lucia devient folle à lier…).

Une Ingrid Bergman des plus surprenantes d’ailleurs : que ceux qui s’attendent à une héroïne romantique à la Casablanca oublie vite cette idée : Bergman frôle la démence à la perfection. Rien d’étonnant après avoir étudié les malades mentaux dans une institution pendant des jours, mais ce que Cukor a réussi, c’est-à-dire tirer le meilleur d’une actrice que l’on avait déjà enfermé dans un type de rôle, est tout bonnement hallucinant. Un Oscar amplement mérité, comme l’aurait été celui de Charles Boyer, le séducteur français par excellence pour les Américains, qui compose là un mari inquiétant, qu’on ne peut cerner correctement… Face à ses deux monstres sacrés, Joseph Cotten (vous vous souvenez, l’ami de Welles dans Citizen Kane) se défend tant bien que mal. Et comment oublier les débuts d’Angela Landsbury, l’inoubliable Jessica Fletcher de la série Arabesque.

Malgré le temps qui passe, Gaslight reste un petit bijou du genre dit « thriller », surfant sur la mode des femmes victimes comme Soupçons d’Hitchcock, Angoisse de Jacques Tourneur ou Caught de Max Ophüls, le tout avec un air de film victorien. Et que le film a un peu vieilli et ne fait plus peur est sans importance : ce n’est qu’un détail.

Note : ***

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