samedi 29 juillet 2006

Phantom of the Paradise


Qu’on se le dise, Brian de Palma n’est pas un amateur. Contemporain du « Nouvel Hollywood » (qui réunit la génération Scorsese, Coppola et autres Spielberg), on souvent tendance à l’oublier, tout au mieux à le classer comme technicien hors pair. Mais pourtant, il en a déjà signé des chefs-d’œuvre, et Phantom of the Paradise en est un !

Brian de Palma, c’est aussi le roi du « pastiche », n’hésitant pas à s’inspirer directement (quand il ne remake pas carrément) de ses modèles pour construire un film, tout en oubliant pas d’y apporter sa touche personnelle. Ainsi, comment oublier Scarface, Les Incorruptibles (avec sa séquence digne du Cuirassé Potemkine), Mission : Impossible, Obsession (qui s’inspire de Vertigo), Pulsions lorgnant du côté de chez Psychose, Blow Out adaptant Blow Up au monde du ciné, Body Double qui s’inscrit dans le sillon de Fenêtre sur cour… Bref, que du lourd. Et pour son huitième film (déjà), De Palma s’attaque au mythe du Fantôme de l’opéra, teinté de Faust et avec cette éternelle ombre d’Hitchcock planant tout le long du film (à l’instar de cette scène, jubilatoire, parodiant la scène de la douche de Psychose).

Et déjà, De Palma affiche une rigueur et une technique irréprochable. Un exemple marquant reste cette scène de la répétition, filmée en split-screen, où Winslow Leach pose une bombe dans un accessoire que l’on emmène sur scène, sous les yeux du propriétaire du Paradise… Entres effets de montage (surimpressions notamment), mouvements de caméra ou techniques particulières, De Palma prouve qu’il a du talent à revendre. Il possède même l’humour noir qui permet au film de ne pas sombrer dans le grand n’importe quoi en offrant par exemple le rôle du magnat musical fou au compositeur du film, Paul Williams…

Des acteurs très à l’aise dans leurs personnages d’ailleurs, avec mention à Paul Williams justement, qui joue les diables blonds avec une conviction sans faille. De leurs côtés, Jessica Harper chante bien, William Finley joue les psychotiques à merveille tandis que George Memmoli est idéal en producteur avide et Gerrit Graham se déchaîne. Car oui, j’oubliais de le préciser, De Palma est également un excellent directeur d’acteur…

Evidemment, on ne peut parler de Phantom of the Paradise sans parler de sa b.o., typique des années 70 mais qui, avec le recul, donne au film une nouvelle dimension kitsch, qui permet à l’œuvre de mieux vieillir encore. Entre le rockabilly et la pop, le métal et l’opéra, tous les genres sont mélangés pour créer une bande son aussi décalée que l’ensemble du film.

Grand Prix au Festival d’Avoriaz 1975, le film ne pêche vraiment que par son final, un peu foutraque, où l’on a l’impression d’assister à quelque chose qui n’a rien à voir avec l’ensemble de l’œuvre. Mais tant pis, car pendant 1h30 on a passé un moment… d’enfer.

Note : ****

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