lundi 3 juillet 2006

Les frères Grimm (Brothers Grimm)


Du divertissement costaud mais hélas superficiel que ces Frères Grimm.

Il faut dire pour la défense du film que la barre était placée très haut : en effet, voilà près de 7 ans que l’on attendait le retour de Terry Gilliam, génial réalisateur de L’armée des 12 singes et surtout Brazil, dont le projet The man who killed Don Quixotte fut victime de l’acharnement du sort. Alors quand on sait qu’au générique se trouve quelques acteurs aux noms évocateurs (Matt Damon et Heath Ledger en tête d’affiche, Monica Bellucci en sorcière se préoccupant de sa beauté éternelle…) et que l’univers des contes des frères Grimm est juste ce qu’il faut au cinéaste pour offrir un film unique, on ne pouvait que s’attendre à un petit chef-d’œuvre en soi.

Hélas, hélas, trois fois hélas, rien de tout cela. Non pas que le film soit mauvais, loin de là. On peut même dire que dans le genre divertissement pété de thunes, Les frères Grimm s’en tirent très bien, avec des effets spéciaux maîtrisés et un univers un peu particulier.

Mais ce n’est pas tant le spectateur que le cinéphile qui parle ici. En soi, Frères Grimm est un film de bonne facture, divertissant, amusant, stylisé, bref un film pop-corn standard réalisé dans le feutré. Sauf qu’à la réalisation c’est Terry Gilliam, et là on passe tout de suite à autre chose.

Parce que Terry Gilliam, c’est quand même l’un des cinéastes les plus décalés et les plus visuels de sa génération, pour ne pas dire du paysage cinématographique mondial actuel. Créant constamment un univers oppressant, angoissant et délirant, où la peur se mêle aux cadrages qui font sortir le film des sentiers battus, on était en droit de s’attendre à quelque chose de cette trempe avec ce film. Mais où sont les trouvailles de Bandits, bandits, Brazil ou même Las Vegas Parano ? Si on peut pardonner à Terry Gilliam d’avoir cédé aux pressions des studios, on tolère moins facilement la vente de son âme et de sa personnalité au profit d’un standard hollywoodien.

Si encore les acteurs venaient à nous surprendre, mais non. On ne leur en veux pas, mais le trio de tête est loin d’être inoubliable… Matt Damon semble effacé, Moncia Bellucci se fait bie rare et Heath Ledger ne semble pas toujours en accord avec son personnage… Rien de bien méchant, et des interprétations convenables dans l’ensemble, mais pas de quoi se relever la nuit non plus.

Même le scénario n’est guère passionant. Si Gilliam nous a déjà fasciné (Brazil, Armée des 12 singes) ou déçu (Las Vegas Parano) avec ses scénarios, ils avaient au moins un point commun : ils étaient imprévisibles. Or ici, on sent la scène suivante arriver comme si on était devin. Et si le manichéisme n’est pas loin, c’est surtout la prévisibilité du scénario qui plombe tout.

A titre de comparaison, Frères Grimm est à Terry Gilliam ce que Noces funèbres est à Tim Burton : l’assurance d’avoir les studios en poche, quitte à sacrifier un peu de son univers. On apprécie, mais sans plus. On se dit que ça sent le déjà vu, mais en moins bien. Et on se dit qu’on attend impatiemment le prochain film du cinéaste pour le voir revenir à son propre univers, sans autre influence que la sienne…

Note : **

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