jeudi 20 juillet 2006

Marathon Man


A une époque où les USA subissent des retours de vestes phénoménaux (Vietnam, Watergate…), le thriller paranoïaque domine avec brio l’ensemble des productions. Des films comme Serpico, Les hommes du Président, Conversation secrète ou encore Les trois jours du Condor sont autant de chef-d’œuvre qui ont su tirer profit de cette période sombre. Et Marathon Man n’est pas en reste, histoire d’un jeune étudiant en histoire qui se retrouve malgré lui impliqué dans un trafic de diamants appartenants à un ancien officier nazi.

Aux commandes, John Schlesinger, réalisateur britannique déjà impressionnant dans sa manière de traiter de l’amitié et du sexe dans Macadam cowboy. Il retrouve une foi de plus Dustin Hoffman donc pour dénoncer quelques trucs qui n tournent plus très rond au pays de l’Oncle Sam. Sa réalisation est efficace, bien qu’elle prend un peu de temps à tout mettre en place. Une fois tous les éléments en place, l’angoisse grimpe vitesse grand V. Le sommet du stress réside sans doute dans cette douloureuse scène de torture où Laurence Olivier arrache à vif les dents de Dustin Hoffman. Une scène qui choqua tellement lors des projections tests qu’elle du être écourtée…

Pour les amateurs, le choc Hoffman-Olivier constituera un morceau de choix : la vieille génération face aux acteurs de l’Actor’s studio. Anecdote : pour être au top de son jeu, Dustin Hoffman passa réellement des nuits blanches et courait vraiment plusieurs kilomètres pour être crédible. Lorsque Laurence Olivier apprit cela, il lui demanda : « Pourquoi ne pas tenter de jouer ? C’est bien plus simple ! ». Toujours est-il que chacun est vraiment bon dans son rôle, Hoffman jouant comme à son habitude les américains moyens pris malgré lui dans une histoire qu’il ne maîtrise pas ; Roy Scheider est plus que correct mais c’est surtout Laurence Olivier qui écrase tout et tout le monde, dans le rôle de cet ancien SS. Une scène troublante est d’ailleurs celle où le docteur Szell parcourt le quartier juif pour trouver acquéreur de ses diamants : Olivier démontre alors une angoisse profonde et maîtrisée, qui atteint son sommet lorsqu’il est reconnu par d’anciennes victimes.

Si Marathon Man est un thriller efficace, il n’en reste pas moins une réflexion sur la société contemporaine, constamment sous pression par le gouvernement. Qui est juste et qui est mauvais, impossible à dire. C’est sans doute pour cela que l’ombre du maccarthysme plan tout au long du film, à travers la mort du père du héros. On décide de s’attaquer aux petits communistes alors qu’on laisse les grands en paix, un peu comme on s’acharna sur de petits officiers nazis au profit des chefs qui trouvèrent facilement refuge en Amérique Latine pour la plupart…

Un thriller maîtrisé donc, qui laisse un temps de répit de prime abord pour pouvoir se lancer pleinement dans un marathon contre la mort. Implacable et impeccable.

Note : ***

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