lundi 3 juillet 2006

Inside Deep Throat


Un documentaire un peu trop classique que cet Inside Deep Throat.

Petit rappel historique : en 1972, en pleine explosion des mœurs dans une société post-Woodstock, le porno marche gentiment jusqu’à ce qu’un film fasse son apparition, un film qui va non seulement révolutionner le genre mais aussi toute une manière de vivre. Ce film, c’est Gorge Profonde, porno décalé (une femme voit son clitoris se situer dans sa gorge !) qui va devenir le film le plus rentable de l’histoire (25 000 dollars investis, 600 millions de bénéfices !) mais aussi le plus polémique (mafia, censure, procès…).

Evidemment, en partant sur un sujet pareil, on sait que le documentaire ne va pas être du sucre pour salon de thé. Le piège qu’il va surtout falloir éviter, c’est de dévoiler des images de Gorge Profonde qui n’auront pas spécialement leur place dans un documentaire d’investigation. Hélas, les cinéastes succombent à la tentation.

Déjà à la base, on est déstabilisé : on s’attend à un brûlot contre la morale américaine, une ode à la libération sexuelle, une attaque envers la mafia qui contrôle une partie du monde du cinéma… Rien de tout cela. Au mieux, on a l’impression d’assister à un making of de Gorge Profonde, avec ses interviews du réalisateur, de l’acteur et de quelques personnes ayant participées au tournage.

De temps à autre cependant, les réalisateurs veulent jouer les Woodward et Bernstein (journalistes du Washington Post ayant enquêté sur l’affaire du Watergate, et dont l’indic était surnommé… Gorge profonde) et comprendre le comment du pourquoi : d’où venait cet engouement pour le porno ? Quel rôle la mafia a-t-elle réellement joué dans l’exploitation du film ? Pourquoi le gouvernement a-t-il réagi de telle façon face au succès populaire du film ? A travers quelques témoignages, les cinéastes veulent qu les réponses se dévoilent d’elles-mêmes. Seulement voilà : ce qu’on apprend, on s’en doutait déjà !

A ce moment-là, on se dit que c’est pas grave, que l’essai était intéressant. Sauf que là, tout dérape : on montre les images de cul du film. Et on se dit que l’intérêt de ces images dans le documentaire est inexistant. Et c’est à ce moment-là que le postulat tombe : Inside Deep Throat n’est rien de plus qu’un documentaire voyeuriste, prétentieux, creux et misant tout sur son sujet pour trouver du public.

On retiendra donc qu’il est facile de s’attaquer à un sujet épineux pour faire un documentaire ; savoir en tirer parti et réaliser un travail constructif dessus l’est beaucoup moins, et ce n’est pas Inside Deep Throat qui nous démentira.

Note : **

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