dimanche 16 juillet 2006

La Cible (The Target)


Le premier film (et non des moindres) de Peter Bogdanovich que cette Cible.

Fin des années 60, un jeune cadre, évoluant dans un climat serein et normal, se découvre un penchant de plus en plus grand pour les armes, et se voit pris d’une irrésistible envie de tuer à tout va. Pendant ce temps, un ancien acteur de film d’horreur décide de tirer sa révérence…

Pour son premier film, Bogdanovich ne dispose pas de beaucoup de moyen. Néanmoins, il parvient à obtenir Boris Karloff ce qui, en plus de lui assurer un petit succès, offre à son récit une dimension unique, comme un écho à la réalité. Pour preuve, Bogdanovich joue lui-même le rôle d’un cinéaste… Il n’empêche, le manque d’argent se fait hélas ressentir sur le film, qui s’il y gagne en efficacité perd un peu par la récurrence des plans similaires et des décors limités. On en tiendra pas rigueur évidemment, mais cela fait prendre au film un léger coup de vieux…

Coup de vieux que le scénario ne subit pas. Heureusement d’ailleurs, vu son sujet : ce n’est pas tant les pulsions meurtrières d’un individu et la tension de savoir si l’acteur succombera ou non qui importe, c’est le regard que lance Bogdanovich sur la société moderne. De manière implicite, Bogdanovich prouve que de nos jours, ce ne sont plus les vampires et autres créatures qui effraient les gens, mais leurs voisins. Pourquoi avoir peur d’un loup-garou alors que son propre fils peut s’avérer un meurtrier en puissance ? Bogdanovich démontre la fin d’une époque, de toute une génération qui pouvait se balader tranquillement en rue, qui criait à la vue d’un Frankenstein ou d’une Momie ; dorénavant, plus rien ne les effraie, si ce n’est les faits divers. Un hasard si l’époque du film coïncide avec l’abolition du code Hays, de la censure et par-là même un changement de ce qui choque ou non ? Pas sûr…

Dans son propre rôle, Karloff est impressionnant, acteur fatigué, usé par des années de métier mais dont, au final, personne ne se souvient. On ne peut hélas pas en dire autant de Tim O’Kelly, qui en fait parfois un peu trop pour rendre son personnage de cadre moyen taré crédible.

Dommage donc que le film n’ait pas eu un budget plus confortable, ce qui aurait amélioré probablement l’ensemble du film et surtout permis de trouver des acteurs plus audacieux, plus expérimentés pour accompagner Karloff. On est dans un film influencé Roger Corman, et ça se sent. Mais bon, dans le fond on s’en fiche alors autant savourer le film.

Note : ***

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