dimanche 9 juillet 2006

L'étrangleur de Boston (The Boston Strangler)


Un excellent thriller que cet Etrangleur de Boston.

Partant de faits authentiques, L’étrangleur de Boston raconte l’enquête concernant un serial killer ayant pour habitude de tuer ses victimes en profitant de son métier de plombier. L’histoire ne fut jamais clairement élucidée, l’assassin présumé souffrant de schizophrénie (donc de dédoublement de personnalité) et n’ayant donc jamais été clairement reconnu coupable…

Un film de serial killer de plus me direz-vous ? Pas exactement. Cette fois, ce n’est pas tant l’assassin en lui-même qui est exploité ici (celui-ci n’apparaissant qu’à la moitié du film et son nom étant cité de suite, pour annuler d’office les pistes des policiers…) mais bel et bien l’âme humaine et ses méandres, le côté sombre de l’homme. Un mari adultère aime étrangler les femmes pour ses plaisirs sexuels, un intellectuel savoure les jeux sadomasochistes, un pauvre diable dort à même les ressorts de son lit en collectionnant les sacs à mains… Autant de personnages troubles et dérangés qui constituent une galerie effrayante du Boston contemporain (les faits se déroulant durant les années 60, à l’époque de l’assassinat de Kennedy). Ce n’est que parmi ses malades que l’on retrouve l’assassin, finalement le moins probable puisque schizophrène. Une façon de dire que la société est malade, et comme le précise l’épilogue, qu’il faudrait songer à soigner les gens avant qu’il ne soit trop tard…

A la réalisation, un habitué du cinéma pop-corn intelligent puisqu’il s’agit de Richard Fleischer, réalisateur entre autres de 20 000 lieues sous les mers, Les Vikings, Tora ! Tora ! Tora ! ou encore Soleil vert. Déjà habitué au thriller avec L’assassin sans visage, Fleischer impose ici son style, à savoir une mise en scène sans fioritures, efficace dans sa manière de créer une ambiance : nous sommes en plein Boston des années 60, en prise à la paranoïa collective alors que le pays subit déjà une grave crise personnelle (guerre du Vietnam, assassinat de Kennedy…). La petite touche qui fait la différence, c’est que Fleischer apporte un nouvel élément de la construction narrative : le split-screen. Ce procédé qui consiste à diviser l’écran en plusieurs morceaux fut en effet utilisé pour la première fois dans ce film, et sera réutilisé plus tard avec talent par de nombreux cinéastes, Brian De Palma en tête…

Reste que le trio d’acteurs est excellent : Georges Kennedy est l’archétype du détective consciencieux tandis qu’Henry Fonda joue les investigateurs avec son calme habituel. La performance à saluer est donc celle de Tony Curtis, qui trouve là le rôle de sa carrière (vu que c’est quasiment toujours un contre-emploi qui constitue le clou d’une carrière…) en abandonnant les playboys ou les comiques de service pour devenir ce psychopathe halluciné. La scène finale, où il mime dans le vide la reconstitution d’un meurtre, est littéralement bluffante, tout comme son regard continuellement vide sur ce visage déformé.

Un film qui fit date dans l’histoire du cinéma pour son procédé technique, et une preuve de plus qu’il faut réhabiliter Richard Fleischer a rang des cinéastes incontournables. Un thriller angoissant, analysant la folie du meurtrier tout autant que la société dans laquelle il évolue. Une réussite du genre.

Note : ***

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