dimanche 29 juillet 2007

Sin City

Depuis quelques années, comics, séries et dessins animés ont la cote à Hollywood question adaptation, pour le meilleur ou le plus souvent pour le pire. Evidemment, quand on apprend l’adaptation de trois comics de Frank Miller (Sin city, The Big fat kill et That yellow bastard), l’émoi est fort vu le graphisme soigné de la BD. Et la surprise Sin City est de taille.

Evidemment, un tel projet en intéressait plus d’un, et le nombre de stars à s’être bousculées au portillon pour la peine est légion : Leonardo di Caprio, Michael Douglas, Kate Bosworth, Adrien Brody, Christopher Walken, Willem Dafoe, Steve Buscemi, Jessica Simpson et Anthony Michael Hall furent ainsi pressentis ou du moins ont auditionné pour un rôle dans la production ; Johnny Depp faillit même avoir son propre segment, qui fut finalement abandonné (mais que l’on retrouvera peut-être dans Sin City 2 ?). Pour les grands gagnants, le tournage est costaud : Jessica Alba évite soigneusement les scènes de nu, paradoxalement Elijah Wood ne rencontrera Mickey Rourke pour la première que lors de la promo, Rodriguez endosse les fonctions de réalisateur, scénariste, producteur, directeur de la photographie, un des compositeurs de la bande-originale et chef monteur, fait appel à Hans Zimmer qui décline poliment l’invitation (trop de boulot sur Batman Begins) mais conseille deux de ses amis pour le reste de la b.o., et clame haut et fort qu’il en réalise pas une « adaptation » mais une « translation » du comics (pour preuve, ce sont les BD originales qui serviront de storyboard). Le tournage s’effectue majoritairement devant un fond vert, et la légende veut que chaque image du film ait été retouchée pour obtenir ce qui fait la curiosité d film à sa sortie : le mélange de noir et blanc et de couleur (technique pourtant utilisée auparavant, mais à moindre dose il est vrai comme Rusty James ou Pleasantville).

Ne tournons pas autour du pot : c’est bel et bien cette prouesse technique (et son casting aussi à la rigueur) qui a attiré les foules. Il faut dire qu’au final (et plus encore en dvd qu’au cinéma, format numérique oblige), le rendu est saisissant : jamais un noir et blanc aura été aussi contrasté et esthétique tout en restant moderne : magie de l’ordinateur, qui confirme que l’avenir du cinéma passera par-là. Bonne ou mauvaise chose, chacun fera son jugement… Toujours est-il que l’idée de rajouter un objet, une partie du corps ou un personnage entier en couleur dans cet univers grisâtre est assez bonne, soulignant une violence parfois un peu trop poussée, plus crue encore que dans les précédents films de Rodriguez.

Ce dernier possède néanmoins assez de talent pour faire passer un bon moment au spectateur tout en se faisant plaisir : aux actions fulgurantes et explosives est opposée une ambiance sombre et glauque, agrémentée d’un climat hostile dans une ville-ordure. Nous sommes en plein film noir des années 30 transposé dans le pire des mondes actuels. Hélas, Rodriguez n’est pas non plus un génie du septième art, et on regrette un manque de personnalité flagrant à travers tout le film, qui ressemble plus à une BD animée qu’à un vrai métrage, contrairement à son frère 300 sorti il y a peu.

On remarquera aussi une certaine faiblesse du scénario, ayant du mal à trouver le bon rythme malgré un bon agencement des histoires. Outre les critiques plus que virulentes de l’Eglise et de l’Etat, c’est surtout la proposition d’une galerie de personnages plus fascinants les uns que les autres qui est le véritable atout du script. Du flic pourri au justicier hors-la-loi en passant parle flic usé, le tueur muet ou la brute amoureuse, que du bonheur.

Bonheur provenant sans doutes des interprètes de ces personnages : casting prestigieux mais inégal, chacun a néanmoins un moment de grâce à un moment ou l’autre du film. Reste à départager : Clive Owen et Mickey Rourke dominent l’ensemble du film, Benicio Del Toro, Nick Stahl et Rutger Hauer semblent s’éclater tandis que Jessica Alba est en mode mineur, peu aidée par un Bruce Willis que l’on a connu plus inspiré en antihéros de référence. Mais une fois encore je le répète, chacun montre qu’il sait jouer.

Un moment de cinéma sympa, absolument pas prise de tête, qui constituait surtout pour Rodriguez l’occasion de relever un défi technique et, pour nous, de savourer 2h de gueules amochées, de jolies pépées se trémoussant dans les bars tandis qu’à l’autre bout de la ville un flic ripou et sa bande se font massacrer par des prostituées. Sale ville, bon film.

Note : ***

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