dimanche 29 juillet 2007

La vie est belle (It's a wonderful life)


Au royaume des cinéastes optimistes, aucun ne saurait égaler la référence absolue, cet immigré sicilien qui vouait un amour démesuré aux USA : Frank Capra. Et il convient de dire que La vie est belle est probablement son œuvre la plus légendaire.

Dans son autobiographie, Frank Capra écrit : « La Vie est belle n'était fait ni pour les critiques blasés, ni pour les intellectuels fatigués. C'était mon type de film pour les gens que j'aime. Un film pour ceux qui se sentent la, abattus et découragés. Un film pour les alcooliques, les drogués et les prostituées, pour ceux qui sont derrière les murs d'une prison ou des rideaux de fer. Un film pour leur dire qu'aucun homme n'est un raté ». Il s’agit là du meilleur résumé possible qu’il soit pour ce film. Le film est en effet une ode à la bienfaisance, où une bonne action trouve toujours récompense : George ne part jamais en voyage, mais fonde une famille heureuse ; il se bat pour les pauvres gens mais ceux-ci lui rendront bien en temps voulu, etc. Film à la morale joyeuse pour autant ? Pas sûr, puisque le personnage du financier qui « trouve » les 8000 dollars à l’oncle de George, n’est jamais puni. Si les bonnes actions sont effectivement récompensées, les mauvaises ne sont pas sévèrement punies pour autant…

Cette ombre au tableau n’entache en rien la magie du film, s’apparentant fortement au conte A Christmas Carol de Dickens d’ailleurs. Il y a un côté désuet dans le film (Dieu et ses anges sous formes d’étoiles…) proche de la bondieuserie (les prières sont toujours exaucées) mais aussi ce symbolisme populaire que c’est à Noël que les miracles arrivent. L’apparition de l’ange, plutôt farfelu d’ailleurs, confirme cette hypothèse.

La vie est belle est non seulement un film sur le bonheur mais est également une avancée technique : auparavant, on représentait la neige à l'écran avec des cornflakes peints en blanc. Mais, ils faisaient tant de bruit en tombant qu'on devait réenregistrer les dialogues plus tard. Pour ce film, Frank Capra tenait à enregistrer directement le son. Ainsi, une nouvelle technique fut inventée, utilisant un produit chimique de lutte contre le feu, du savon et de l'eau. Cette mixture était projetée à haute pression à travers une machine à vent ce qui permettait de faire tomber la neige silencieusement. Le département son de la RKO reçut d'ailleurs un Oscar spécial pour le développement de cette nouvelle technique. A noter que la ville de Bedford Falls fut intégralement construite dans les studios de la RKO à Encino en Californie. Le plateau a été bâti en deux mois et reste l'un des plus grands décors jamais construit pour un film américain : 16 000 mètres carrés. Il comprenait 75 magasins et immeubles, une rue principale de 275 mètres, une usine et un quartier résidentiel.

Et qui de mieux que James Stewart pour incarner cet américain moyen à qui arrive le miracle de Noël ? Si Cary Grant fut pressenti un temps, on ne regrette pas que ce soit Jimmy qui ait obtenu le rôle, rendant le personnage drôle, touchant bref humain. Rien d’étonnant qu’au final il fut nominé à l’Oscar du Meilleur acteur pour ce film (qui reçut encore 4 autres nominations mais ne reçut aucune récompense).

Aussi bien Capra que Stewart affirmèrent que La vie est belle était leur film préféré. Pourtant, il ne connut qu’un succès modéré. Ce n’est qu’en 1974, lorsque les droits d’auteur ne furent pas prolongés, qu’il commença à se frayer un chemin dans la conscience des Américains. Depuis, il ne se passe pas un Noël où une chaîne de télévision ne propose ce merveilleux film au programme. Et pourtant, Frank Capra n’avait jamais eu l’intention de réaliser un « classique de Noël ».

Note : *****

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