dimanche 22 juillet 2007

Le Seigneur des Anneaux : le retour du roi (Lord of the Rings : return of the king)


« J'ai consacré ces sept dernières année de ma vie à écrire, réaliser et produire la Trilogie du Seigneur des anneaux. ce fut une odyssée épuisante, finalement assez proche de celle de nos personnages, Frodon et Sam, avec peu de sommeil, une vie qui n'a plus rien de normal et de nombreux moments où l'on se demande si on arrivera un jour au bout... Aux deux années de préproduction ont succédé 274 jours de tournage, eux-mêmes suivis par trois ans de post-production. Chaque étape du processus de création apportait son lot de défis, pour lesquels le plus souvent, la solution était à inventer. Régulièrement, une question me revenait : n'aurait-il pas été préférable de faire autre chose que Le Seigneur des anneaux ? La réponse a toujours été non. D'abord parce que j'ai eu la chance de travailler avec certains des acteurs et des techniciens les plus talentueux que l'on puisse trouver dans le monde. Pendant toutes ces années, chaque jour m'a prouvé que nous partagions une véritable passion pour l'oeuvre de J.R.R. Tolkien. Cet amour nous a donné l'énergie, le courage de tout surmonter ; il nous a poussés à donner le meilleur de nous-mêmes pour ces films. Je serai éternellement reconnaissant à New Line Cinema de m'avoir offert la chance de porter à l'écran ma vision du Seigneur des anneaux. Le professeur Tolkien a dit autrefois que 'la marmite de soupe, le chaudron de l'histoire a toujours bouillonné, et qu'y ont été continuellement ajoutés de nouveaux ingrédients, délicats ou moins raffinés'. A présent, je suis heureux de laisser ces films vivre leur vie dans ce monde et devenir ce que cette génération, ou les prochaines, voudront faire d'eux. Que ma contribution soit en fin de compte jugée 'délicate ou moins raffinée' n'est pas essentiel pour moi. désormais, elle existe. La Trilogie ne m'appartient plus, elle est maintenant entre les mains de ceux pour qui ces films ont été faits : les gens qui aiment ces livres et ont toujours aimé le cinéma ». Ainsi s’ouvrait le dossier de presse du Seigneur des Anneaux : le retour du Roi, par ces mots écrits de la main de Peter Jackson.

L’humilité qui découle de ce discours n’est pourtant pas appliquée au troisième film de la trilogie. En effet, il semble que le Retour du Roi, dont 20% ont été retournés après la sortie des deux premiers films, ait voulu placer la barre des effets spéciaux si haut que même les créateurs ont eu du mal à gérer par la suite. Prenons par exemple les plans d’effets spéciaux : en général, on en compte 200 par film. La Communauté de l’Anneau en comptait 540, les Deux Tours 799 ; le Retour du Roi n’en contient pas moins de 1488, ce qui donne une idée sur leur importance dans le récit, quitte à étouffer un peu ce dernier. Même problème pour la violence : on est passé de 118 mots à l’écran dans le premier film à 468 dans le deuxième pour terminer avec 836 dans le troisième ! Un besoin de faire « de trop », pour impressionner le public – chose inutile vu que le public était déjà conquis et largement fasciné.

Bien qu’il ait prétendu que le Retour du Roi était son livre préféré de la trilogie, Peter Jackson n’a jamais nié détester plusieurs éléments, comme l’armée des morts par exemple, qu’il ne pu supprimer pour ne pas décevoir les fans. Il a également du insérer l’épisode de l’araignée géante, lui qui st un arachnophobe convaincu. Il a également du gérer plusieurs éléments… indépendants de sa volonté : la destruction de la tour de Sauron, par exemple, ne devait en aucun cas ressembler à l’effondrement du World Trade Center. Enfin, étrange coïncidence, la ressemblance troublante de Gothmog, le lieutenant des Orcs, avec le leader des aliens dans Bad Taste. Joli clin d’œil égocentrique. Après, on ne sait pas trop ce qui s’est passé, mais Peter Jackson semble avoir perdu la superbe qui caractérisait sa réalisation dans les Deux Tours, cédant un peu trop facilement à la débauche d’effets spéciaux et aux batailles immenses. Délaissant l’intimisme et la quête de soi qui faisaient du Seigneur des Anneaux bien plus qu’une épopée fantastique, le Retour du Roi semble un peu en retrait par rapport aux deux films précédents, certes plus abouti que la Communauté de l’Anneau mais moins que les Deux Tours, plombé de surcroît par une dernière demi-heure longue et bavarde, en comparaison de l’heure de bataille en Terre du Milieu réellement titanesque et dense (avec oliphants, pirates, armée de morts, bras droit de Sauron et nazguls à profusion).

Côté acteurs aussi, une petite baisse de tension, et un crime impardonnable : la suppression pure et simple de Saroumane du récit, geste qui ne plu d’ailleurs pas du tout à Christopher Lee. Reste Andy Serkis, toujours aussi bon, et Viggo Mortensen comme à son habitude. Elijah Wood frôle le même degré de qualité que dans la Communauté de l’Anneau, notamment sur la fin, mais on regrette les bons mots trop rares cette fois de John Rhys-Davies et de sa compétition avec Orlando Bloom. Regrets aussi de n’avoir pas beaucoup droit à Hugo Weaving une fois encore, tandis que le roi fou fait plus rire qu’autre chose.

Mais les faits sont là : le Retour du Roi était l’apothéose de la trilogie : 1408% de bénéfice pour New Line, pulvérisation du record de box-office pour le week-end d’ouverture (250 millions de dollars), deuxième film de l’Histoire à dépasser la barre du milliard de recettes après Titanic, et il empocha les 11 Oscars pour lesquels il concourait, la trilogie devenant ainsi la plus nominée de l’Histoire des Oscars avec 30 nominations (Le Parrain en affichant 28 et la saga Star Wars 21). Une réussite totale donc, et pourtant pas autant qu’elle aurait pu l’être au niveau artistique. Avec une mégalomanie moins poussée qui consista à refaire un cinquième du film (pour le rendre plus « immense ») et sans doute un appât du gain moins prononcé, agrémenté d’une vision plus maîtrisée comme celle des Deux Tours, le Retour du Roi aurait pu atteindre les sommets, d’autant qu’il repoussait encore les limites posées par son prédécesseur. Un bon film au demeurant, mais un gâchis quand on imagine ce qu’il aurait pu être.

Note : ***

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