samedi 30 juin 2007

Taps


Toute star qui se respecte doit bien commencer par un premier film un jour. Alors autant s’arranger pour que le film soit quelque chose de bon. Et sur ce coup, Sean Penn a eu du flair avec cette critique des écoles militaires connue sous le nom de Taps.

Pourtant, s’il tire son épingle du jeu, ce n’est pourtant pas lui qui l’emporte, ni Timothy Hutton dans le rôle principal. Non, les deux grandes stars de ce film restent Georges C. Scott, dans un rôle faisant écho à Patton en plus minable et usé, et surtout Tom Cruise, hallucinant en troufion assoiffé de bataille, calibré pour la guerre dans toute son horreur. Le temps de leurs apparitions, ces deux acteurs éclipsent le reste de la troupe, l’un pour le charisme qu’il dégageait, l’autre pour la véritable passion qui l’habite, parfait exemple du lavage de cerveau que subisse les jeunes dans ce genre d’institution.

C’est bien là le thème central du film : dénoncer non pas ces écoles mais ce qu’elles enseignent. Comment, à force d’admiration et d’un peu de lavage de cerveau, une troupe de gamins décident de se battre pour empêcher la fermeture de leur école. Leur absurdité n’a d’égal que l’entêtement du plus haut gradé de la bande, fils de militaire et fervent admirateur du colonel déchu après un accident ayant coûté la vie à un civil. Ce n’est pas tant une charge contre les militaires que contre leur éducation. Becker refuse toutefois de se fâcher avec eux en séparant les jeunes idéalistes des vieux de veille ayant connu les champs de bataille. Et c’est là que le film pêche, par cette agressivité à moitié assumée qui fait qu’on ne sait plus très bien à quoi s’en tenir : satire ou drame ? D’autant que le film sombre assez facilement par moment dans le pathos récurrent à ce genre de film. Dommage.

La mise en scène de Becker n’arrange rien, n’offrant aucun élément qui nous permettrait d’y voir plus clair. De bonne facture, elle n’a rien d’exceptionnel (peut on demander plus au réalisateur de Code Mercury ?), même si les conditions de tournage ne furent pas des plus faciles. Il reste néanmoins un bon directeur d’acteur, offrant à Tom Cruise (comme dit précédemment) un rôle en or, et à Sean Penn un premier rôle idéal.

Il y a donc bien matière dans ce film, mais hélas elle n’est que partiellement exploitée. Si le film fut un succès surprise, c’est sans doute pour avoir permit à une bande de jeunots de briller, accompagné du vétéran Scott. On ose à peine imaginer ce qu’aurait donner le film en des mains plus expertes et, surtout, plus radicales.

Note : ***

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