mercredi 6 juin 2007

Les sept samouraïs (Shichinin no samurai)


Doit-on encore présenter Les sept samouraïs ? Dire qu’il s’agit là du film le plus célèbre d’Akira Kurosawa ? Qu’il embrasse en 3h15 une multitude de sujets ? Qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre intemporel ? Allez bon, expliquons un peu tout cela alors.

Nous sommes en 1955. Akira Kurosawa, alors âgé de 45 ans, est célèbre dans le monde entier pour avoir révélé le talent du cinéma asiatique avec Rashomon cinq ans plus tôt. Il signe ici son dixième long métrage, mais j’imagine probablement pas l’effet que celui-ci va produire sur le monde du cinéma, à l’instar de Rashomon…

Doté d'un budget très conséquent pour l'époque de 500 000 dollars et ainsi considéré pendant longtemps comme le film le plus cher de l'histoire du cinéma japonais, le film a connu un tournage épique qui s'est étalé sur plusieurs mois dans un village isolé en haute montagne et balayé par les intempéries. En conflit régulier avec les responsables de la société de production Toho qui finançait le projet, Akira Kurosawa dû s'expliquer en personne devant ses producteurs qui souhaitaient arrêter le tournage.

D'une durée initiale de 3h20, Les Sept samouraïs a été largement coupé lors de sa sortie originelle en Europe et aux Etats-Unis pour atteindre les 2h10. Long mais sans longueurs, le film n’est pas qu’un vulgaire film d’action, c’est aussi un tableau où les sentiments humains se dessinent : respect, amitié, amour, paternité, vengeance, égoïsme, paranoïa… Autant de facettes de l’être humain que Kurosawa croque dans toute sa splendeur et sa décadence.

Mais outre son aspect humain, Les sept samouraïs représente aussi une sommité formelle remarquable : Kurosawa dessine, mine de rien, une mise en scène remarquable, constituée d’une photo soignée (passé de peintre sans doute) et d’un souci de profiter de chaque innovation technique du cinéma, et du sens qu’elle peut apporter, comme la profondeur de champ. Néanmoins, Kurosawa a l’intelligence de ne pas faire passer sa réalisation avant l’histoire ou ses comédiens.

Comédiens convaincants d’ailleurs, dont on retiendra pourtant les performances de Takashi Shimura, en chef des samouraïs, et (une fois encore) celle de Toshiro Mifune : Les Sept samouraïs marque en effet la septième collaboration d'Akira Kurosawa avec son acteur fétiche. Au total, les deux hommes travailleront ensemble à seize reprises. Ici, ce n’est pas tant un combattant un peu dingue qu’il interprète, mais un grand gosse ne cherchant que la reconnaissance de ses pairs et à s’amuser, au combat de préférence. A la fois décalée et drôle, fantasque et pourtant maîtrisée, sa performance est inoubliable.

Lion d'argent au Festival de Venise 1954, doublement nominé aux Oscars 1957, pour ses décors et ses costumes, Les Sept samouraïs a été le film qui a définitivement placé Kurosawa au panthéon des légendes du cinéma, après sa découverte mondiale avec Rashomon. Il n’en est pas moins un film qui a dépassé le stade du cinéma de genre pour atteindre le statut d’œuvre de référence, et si 50 ans plus tard on en parle toujours, c’est qu’il y a une bonne raison. Que toute personne ayant vu ce film comprendra.

Note : *****

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