dimanche 24 juin 2007

The Host (Gwoemul)

Ah le ciné asiatique, celui sur lequel on fonde de nombreux espoirs quant à l’avenir. Faut dire qu’ils ont du potentiel, et même du gros au vu de la nouvelle génération d’acteur qui explose aux yeux de tous, à l’instar de Joon-ho Bong et son The Host.

Joon-ho Bong, c’est déjà le papa génial de Memories of murder, le polar qui a tout pulvérisé sur son passage il n’y a pas si longtemps. On était évidemment curieux de savoir comment il allait passer d’un genre (policier) à un autre (fantastique pur et dur) : la réponse est simple, tout en finesse et réussite ! Du fantastique, Bong ne retient en fait que certains aspects, préférant surfer au gré de es humeurs entre la comédie, le drame et le cinéma engagé.

« Comme c'était le cas dans Barking dogs never bite et Memories of Murder, c'est le conflit entre la quotidienneté et l'imaginaire, entre la réalité coréenne et les caractéristiques du cinéma de genre, que j'ai voulu mettre en scène ». Vu comme ça, on comprend mieux le mélange de genres dans la désinvolture la plus totale. Un exemple : la bête est accusée de propager un virus, on condamne les lieux et soumet les gens à une batterie de tests… Ca ne vous rappelle pas quelque chose ? Vache folle, grippe aviaire et autres problèmes du même style trouvent ici un écho très réel. Même la face sombre de l’Amérique est dénoncée ici. Bon, dit comme ça, on pourrait croire au film un rien politique prise de tête, mais il n’en est rien ; si les moyens déployés pour le film n’étaient pas aussi énormes, on pourrait d’ailleurs croire à une série B qui s’autoparodierait. D’ailleurs, dans sa première moitié, The Host ne se prend jamais vraiment au sérieux ; en revanche, dans la seconde partie, le film devient plus sombre, le suspens allant crescendo jusqu’à l’affrontement final entre la Bête et l’Homme. Il y a aussi cette analyse de la cellule familiale typique, pour laquelle la Bête ne représente qu’une épreuve de plus. Sur une idée très simple donc, Bong a réussi à créer une histoire à plusieurs niveaux de lecture, ne se limitant jamais à un seul aspect du film.

Côté technique, histoire de faire baver un peu plus les fins connaisseurs, les effets spéciaux ont été confiés à la société The Orphanage (des anciens d’ILM), responsables notamment des succès Sin City, Hellboy ou Harry Potter et la Coupe de Feu, tandis que la Bête doit sa conception à Weta Workshop, la boîte d’un certain Peter Jackson qui s’est illustrée sur la trilogie Seigneur des Anneaux et King Kong… Cependant, nouvel éclair de génie du cinéaste coréen, les effets spéciaux (assez nombreux mais intelligemment distillés) ne sont pas là pour remplir le film mais plutôt pour frimer, la réalisation de Bong se suffisant à elle-même vu sa qualité : comment oublier ce premier quart d’heure de carnage ? Jouissif.

Côté acteurs, on ne peut évidemment pas s’attendre à des interprétations occidentales auxquelles nous sommes habitués, ce qui déstabilise donc un peu de prime abord, mais rapidement les comédiens nous font oublier qui ils sont pour devenir leurs personnages à part entière. Justes mais pas inoubliables, ils sont loin d’être déplaisants et cadrent parfaitement avec l’ensemble du film, surtout la jeune Ah-sung Ko qui joue Hyun-seo.

Un petit bijou, qui fait pas forcément flipper mais dont le décalage constant et le discours en profondeur en font un divertissement de haut de gamme et un film d’auteur à part entière. Il ne subsiste qu’un seul défaut majeur à mon sens : maintenant, je ne regarde plus les tritons de la même façon…

Note : ****

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